Cosmétiques solidaires

Interview de Karine Chaouch Vernay, fondatrice de Care In, « Prendre soin aujourd’hui pour demain ».

Care In est une startup familiale engagée de l’économie sociale et solidaire à impact environnemental. En mars dernier, elle a été finaliste des « Trophées des Femmes de l’ESS ». C’est à cette occasion qu’elle a été l’invitée de Marlène Schiappa.

Maitresse de conférences, professeure de lettres, histoire/géographie et sciences politiques, et psychothérapeute spécialisée dans la gestion du stress, Karine est une personnalité inspirante comme on les aime. J’ai tout naturellement voulu en savoir plus.

Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?

Dans mon adolescence, j’ai vécu un drame, la perte brutale et accidentelle de ma maman. C’est après une période de reconstruction que j’ai rencontré très tôt l’homme de ma vie, footballeur professionnel à Saint-Étienne, Mohammed Chaouch.

J’ai mis mes études en standby, et j’ai été très vite enceinte de mon fils ainé Marouane et ensuite mon cadet Rayane. Avec le travail de mon mari, nous changions de ville régulièrement : Nice, Istres, Metz, Laval, et puis de pays, à Chypre. Il est par la suite devenu entraîneur et nous sommes partis à Rabat au Maroc.

Mais le décès brutal de ma mère que j’avais vécu dans mon adolescence me hantait et m’a poussée à reprendre les études en 2007. Une phrase qui me caractérise bien c’est « ne me secouez pas, je suis pleine de larmes ». Après un Master 2, j’ai fait une thèse sur « La gestion du stress et l’intelligence émotionnelle en milieu scolaire, en entreprise, et dans le sport de haut niveau ». C’est comme cela que je suis devenue maître de conférences.

En 2010, nous nous sommes expatriés au Qatar. Nous y sommes restés quatre ans et nous sommes partis ensuite au Bahreïn et puis en Thaïlande. Il y a toujours eu un vrai équilibre dans notre couple : on a réussi tous les deux à travailler dans chacun des pays où nous nous installions.

De retour en France, mon statut de maître de conférences ne me permettait pas d’avoir un poste stable, j’enchainais les remplacements. C’est comme cela qu’on a cherché une idée pour créer notre propre entreprise.

Je réfléchissais à une mission qui fait du sens. J’ai toujours été très engagée et notamment auprès de la Croix Rouge en tant que bénévole et ensuite en tant que formatrice : aider les autres est un moteur pour moi.

Et puis pendant la canicule, l’été dernier, j’ai dû jeter des crèmes visage de qualité qui avait été altérée par la chaleur. Cela m’a interpelée et j’ai effectué des recherches : le constat a été accablant. On jette 4 tonnes de cosmétiques par jour en France !

Partant de ce constat, j’ai donc pensé aux invendus des marques. Il existe plusieurs solutions dans l’alimentaire comme Toogoodtogo, dans la mode avec la seconde main avec vinted, mais il n’y a rien dans le domaine des cosmétiques.

C’est comme cela qu’est née l’idée maîtresse de Care In : une application qui permet de lutter contre le gaspillage tout en profitant de produits de beauté et de soin de qualité à petit prix.

Care In participe à l’économie circulaire pour une consommation plus responsable, plus durable et plus équitable. L’idée est aussi de réduire l’empreinte carbone due au transport et à la destruction des produits.

Nous faisons l’interface entre les magasins et les acheteurs. Nous avons une vocation sociale avec des prix doux pour les utilisateurs qui n’ont pas le pouvoir d’achat nécessaire. Un Français sur trois est en précarité hygiénique ! Y remédier est une des missions de Care In.

Nos utilisateurs pourront également verser un don à l’association Mamama qui aide les mamans solos en situation de fragilité. L’application est développée par la junior school de Central/Supelec.

 

Quels sont tes prochains défis ?

Nous avons de bons retours des partenaires qui sont prêts à nous suivre. Le challenge est de se faire connaître du grand public. L’application est lancée depuis quelques jours seulement.

 

Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?

Je pense à ma maman partie trop tôt. Elle a été un modèle de femme forte et résiliente. Elle m’a appris à ne jamais renoncer. Elle est toujours avec moi, dans mon cœur. Ces valeurs sont très ancrées en moi et je les ressens d’autant plus en ce moment.

 

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Je pense immédiatement à « Parler d’amour au bord du gouffre » de Boris Cyrulnik.

Ceux qui surmontent un traumatisme éprouvent souvent une impression de sursis qui démultiplie le goût du bonheur et le plaisir de vivre. Il démontre que même les personnes qui ont de graves blessures affectives peuvent les transformer en grand bonheur.
Il veut montrer comment on s’engage dans le couple avec son histoire, ses fêlures et ses victoires. Et comment on transmet aux enfants une énigme, qui invite à l’étrangeté et à la créativité ? Je l’ai dévoré et je le relis régulièrement quand j’ai un doute.

 

Aurais-tu une devise ou un mantra ?

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » A. de Saint Exupéry

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.