[Jouets d'occasion] Market place
Interview de Marie Fauchille, Fondatrice de Andy family, la plateforme communautaire de vente de jouets d’occasion.
By Pascale Caron.
Après un Bachelor à l’EDHEC, un Master à ESCP Europe et une expérience chez un grand distributeur du secteur, Marie à 29 ans, se rend compte de l’impact écologique et économique des jouets. Elle est l’aînée de 7 enfants, et est déjà adepte de la seconde main ; elle décide donc de créer Andy Family ! Marie est une personnalité pétillante et pleine d’humour, habitée par une vision écoresponsable et soucieuse de la planète.
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel et qu’est-ce qui t’a amené à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Au lycée je voulais être psychologue pour mannequins, mais quand j’ai su qu’il fallait faire des études de psycho j’ai vite changé d’avis ! Ce qui m’intéressait c’était le contact humain, c’est la raison pour laquelle j’ai opté pour une école de commerce. J’ai commencé par créer ma 1re boite en B2B, mais mon manque d’expérience professionnelle m’a joué des tours et j’ai dû abandonner.
Je suis ensuite rentrée chez un grand distributeur du jouet qui a été décisif pour le reste de l’aventure. Je devais réinventer leur stratégie numérique. Si dans les magasins traditionnels ils se retrouvaient en position dominante, ce n’était pas du tout le cas en ligne face au géant Amazon.
Je me suis lancée dans une étude approfondie du secteur du jouet et j’ai proposé l’idée de créer une marketplace de seconde main. En effet les millenials dont je fais partie, sont très soucieux de l’avenir de la planète et le recyclage est vraiment dans l’air du temps. Si cette idée a été rejetée par mon employeur de l’époque, elle a quand même continué à maturer au fond de moi.
Le 17 mars 2020, étant la dernière arrivée dans le groupe, je fus la première partie, victime de la crise. J’ai senti que c’était l’opportunité de me lancer, car j’étais sûre que mon idée était la bonne. Dans mon enfance j’ai beaucoup partagé mes jouets ! Cela m’a toujours paru normal, on les achetait en braderie, je m’amusais avec, ils étaient légués ensuite à mes frères et sœurs, puis mes cousins, jusqu’à ce qu’après « 16 576 utilisations » ils soient hors d’usage.
J’ai passé le confinement à faire un sondage téléphonique auprès des personnes qui mettaient leurs jouets en ligne sur le « Bon coin » ou sur « Vinted ».
De cette étude est né Andy, en aout 2020 : mon credo était de permettre aux parents d’éduquer leurs enfants, tout en respectant l’environnement, et en faisant attention à leurs dépenses.
Comment fonctionne Andy ?
Nous sommes convaincus que le jeu est un formidable vecteur d’éducation. Il rend l’enfant actif dans ses apprentissages, et nous voulons le faire savoir !
Les vertus pédagogiques sont mentionnées sur chaque fiche produit, et nous fournissons des tutoriels, des conseils sur nos médias sociaux. Notre credo est l’éducation de manière ludique et responsable.
Chez Andy Family, nous mettons un point d’honneur à assurer la meilleure expérience aux vendeurs et acheteurs. Elle doit être la plus simple possible. Les annonces sont vérifiées avec soins et font envie. Avec des descriptifs détaillés, une équipe attentive, Andy Family renseigne les acheteurs afin de n’acquérir que ce dont ils ont besoin.
De nos jours avec la pandémie, et les pénuries qui en découlent, la consommation se fait plus locale. Quand on sait qu’un jouet sert généralement 7 mois pour une durée de vie de 15 ans, et que 95 % de ceux vendus en France sont fabriqués en Asie, leur donner une seconde vie devient une évidence.
J’ai lu que tu avais développé toi-même ta plateforme, peux-tu nous en parler ?
Dans ma jeunesse j’ai été diagnostiquée dyscalculique, si ça existe ! Ma note moyenne en maths pendant toute ma scolarité s’approchait des 8/20, et ce grâce à un travail acharné. Bref, tout ça pour dire que mon esprit logique n’est pas mon meilleur atout. Et pourtant, j’ai réussi à construire moi-même une marketplace C2C. Alors, bien sûr, c’était du no code sur Bubble. Mais vous pouvez demander à ceux qui s’y sont essayés, ce n’est pas si évident. Depuis le moment où j’annonçais l’ouverture à la mise en vente, 7 mois se sont écoulés. Je triche un peu, car j’ai été aidée par Victor, mon mari qui est développeur informatique et qui a fait la partie la plus technique, car je n’avais pas envie de faire des bêtises avec les données de paiement !
D’où vient le nom de ta société ?
Andy Family c’est une histoire basée sur l’amitié. Dans un célèbre dessin animé, Andy, qui a grandi, donne ses jouets à la petite Bonnie. C’est en nous inspirant de cette anecdote que nous avons imaginé cette plateforme de vente et d’achat de jouets d’occasion. Le jouet s’inscrit comme un passeur de témoin, un copain qui a une histoire et qui nous fait progresser.
As-tu été accompagnée pour la création ?
J’ai tout fait toute seule. Je rentre dans les prochains jours dans le programme de « Pépinière 27 » qui vont m’aider à lever les subventions de la BPI. C’est le moment d’investir plus dans mon site.
Quels sont tes futurs challenges ?
Je dois tout d’abord me focaliser sur les performances du site. Mais mon plus gros challenge est de faire connaitre Andy à un maximum de familles !
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je citerais en premier ma maman. Mon papa est mort quand j’avais 7 ans. J’étais l’ainée et la dernière avait 6 mois. Elle est un bel exemple de courage, car elle nous a éduqués en continuant de travailler.
La 2e est mon amie Marie Decamps de Tina Paris : elle a 25 ans et a déjà créé 3 sociétés. Parfois elle se demande pourquoi après deux échecs, elle persévère dans l’entrepreneuriat ? Elle se réveille chaque matin en sachant que la seule chose qui puisse l’empêcher de réussir, c’est elle-même. Son credo est d’embarquer des gens dans l’aventure avec elle et construire quelque chose qui a du sens. Elle possède une force indescriptible qui fait que malgré toutes ces galères, elle n’a pas envie de baisser les bras.
Plus classique je très inspirée par le courage de Malala et de Simone Veil qui malgré les freins et les statuquos ont fait bouger les lignes.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Je suis une fan de biographies. J’ai adoré « Bad Blood » de John Carreyrou. Je l’ai lu il y a quelque temps et depuis j’ai écouté le podcast encore plus édifiant. En 2014, la fondatrice et PDG de Theranos, Elizabeth Holmes, était considérée comme le « Steve Jobs » féminin. Sa start-up promettait de révolutionner l’industrie médicale avec une machine qui rendrait les tests sanguins beaucoup plus rapides et plus faciles. Soutenue par des investisseurs tels que Larry Ellison et Tim Draper, Theranos a vendu des actions lors d’une levée de fonds qui valorisait la société à plus de 9 milliards de dollars. Il y avait juste un problème : la technologie ne fonctionnait pas ! C’est tout un système qui est remis en question. Il est passionnant et se lit comme un thriller.
Je citerais également « L’obsession du service client » de Jonathan Lefèvre, ou les secrets d’une start-up « Capitaine Train », qui a parié sur l’expérience client et qui s’est fait ensuite racheter par Trainline. En allant à contre-courant des idées reçues sur le service client, ils ont transformé ce sujet dévalorisé en un solide levier de croissance.
Pour finir aurais-tu une devise ou un mantra ?
Oui j’en ai deux ; « La chance sourit aux audacieux » qui me parle beaucoup, et « tout ce qui nous ne tue pas nous rend plus fort ».