[Nouvelles-Technologies] Conseil

Interview de Emilie Daversin, co-fondatrice de VO2 GROUP.

By Pascale Caron

Diplômée de l’ESSEC Business School, Emilie a co-fondé VO2 GROUP, une société de conseil en nouvelles technologies. C’est une entreprise de services du numérique (ESN) centrée sur l’expérience client. Ils accompagnent les grands comptes et les start-up innovantes de la stratégie à la mise en œuvre de leurs projets de transformation. Avec plus de 400 consultants, ils travaillent en synergie pour concevoir et implémenter des solutions orientées Tech, data, cloud et IA. VO2 Group a obtenu le prix Syntec/KPMG de la relation client 2021, Top 10 ESN « Champions de la Croissance » Les Échos 2022 (catégorie + 30 mois de CA) et Great Place To Work 2020.

 

 

Comment es-tu devenue entrepreneur ?

Après une école de commerce, j’ai entamé une carrière, dans le domaine de l’événementiel, en tant qu’artiste. Pendant plusieurs années, j’ai voyagé en France et à l’étranger pour de grandes marques internationales dans la mode ou le luxe. Et puis j’ai décidé de faire un break. Cette vie devenait trop prenante et j’aspirais à fonder mon propre business. Avec mon mari, nous avons développé la plateforme « Freelance Business Club ». La relation avec notre associé n’a pas fonctionné et le concept de place de marché dans ce domaine était encore trop novateur. C’est à cette époque que nous avons imaginé VO2 GROUP. Il venait du monde du conseil en nouvelles technologies. J’ai pu lui apporter un autre regard sur la manière de se développer. J’ai travaillé sur son réseau de proximité, là où nos concurrents détenaient, sans doute, une approche plus commerciale. Construire ce petit réseau nous a permis d’intégrer plusieurs grands comptes, pour croitre progressivement. Nous avons ensuite poursuivi notre développement de façon plus classique en structurant commercialement l’entreprise. VO2 Group accompagne aujourd’hui la moitié des grands comptes du CAC40 et des scale-ups innovantes, dans leur transformation digitale. Nous avons également un Lab de R&D en Intelligence Artificielle à Paris et 4 centres d’expertise au Canada, au Maroc, en Belgique et en Chine à Shanghai. Mon mari est CEO et nous avons recruté un DG en 2020. Je veille aujourd’hui à la stratégie et l’ambition de l’entreprise et suis plus opérationnellement la trajectoire de certains projets clefs.

 

Peux-tu nous parler de l’aventure Feminalink, le réseau d’influence que tu avais créé ?

Je me trouvais dans un milieu très masculin, plutôt hostile et j’ai éprouvé la difficulté d’avoir une carrière au féminin. J’ai réalisé aussi que le métier de service n’est pas reconnu, même si c’est un écosystème qui brasse énormément d’argent. Et puis en tant que femme, j’avais besoin d’être valorisée. J’ai alors décidé de me rapprocher des réseaux business, et j’ai constaté qu’un véritable enjeu existe pour les femmes. Elles sont confrontées à de nombreux challenges, quels que soient leur âge ou leur domaine de compétences. L’idée principale était de démocratiser ce statut de femmes professionnelles ou en créant un média social professionnel dédié. Voilà pourquoi j’ai voulu concevoir un LinkedIn au féminin. Je disposais déjà des équipes pour le développer. Je suis tombée amoureuse de mon produit, mais il n’a pas trouvé sa cible. C’était, trop tôt, avant #Metoo, et le projet intéressait plus les hommes que les femmes. J’ai dû abandonner au bout d’un an, malgré un investissement colossal. J’étais enceinte de mon 3e enfant. La seule qui m’ait apporté un soutien à l’époque est Clara Gaymard du fond Raise. L’échec a été très dur pour moi et j’ai eu une période de doute qui s’est transformée en burnout.

J’avais toutefois créé une communauté active que j’ai continué à entretenir et aujourd’hui j’organise des Frenchtalks au sein de V02 GROUP. Je mets en lumière des personnalités inspirantes. J’ai notamment reçu Natacha Hochet-Raab, Directrice générale EMEA & Japan FRED Paris, afin de découvrir son parcours au sein de LVMH et ses précieux conseils pour une carrière impactante. J’ai différentes casquettes : J’ai eu le plaisir de hoster le lancement du fonds « Leia Capital » destiné au financement early stage de startups féminines dans la Frenchtech. J’y participe en tant qu’investisseur. Je suis également mentore, toujours engagée pour les femmes, car je suis convaincue qu’elles ont besoin d’être valorisées et accompagnées de manière individualisée.

Quels sont tes prochains challenges ?

C’est en premier lieu de développer les Frenchtalks en lien avec des écosystèmes différents comme l’hôtellerie de luxe et l’expérience client.

Je suis très investie auprès de la FIDH, La Fédération internationale pour les droits humains. C’est une ONG qui regroupe 192 antennes dans 117 pays. Depuis 1922, la FIDH est engagée dans la défense de tous les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels tels que définis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle va fêter ses 100 ans cette année, et je fais partie des ambassadrices de cet événement.

Et bien sûr, le dernier challenge, le plus important, est de faire croitre VO2 GROUP, sans levée de fonds, car nous avons décidé de rester indépendants. Il va falloir être créatifs.

 

Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?

Plus jeune, les stars de la musique afro-américaine m’inspiraient beaucoup : très souvent des hommes d’ailleurs. J’aimais beaucoup les séries américaines sur les dynasties, leurs entreprises et empires familiaux.

Je suis très inspirée aussi par mes collaboratrices, car elles ne sont pas des femmes de pouvoir. Elles ont une vie différente de la mienne, car j’ai toujours été entrepreneure ou indépendante. Je les trouve remarquables.

 

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

 

Je recommanderais le dernier Goncourt : « la plus secrète mémoire des hommes » de Mohamed Mbougar Sarr. C’est un roman magistral d’apprentissage, une saisissante enquête sur les traces d’un mystérieux auteur mené par un jeune écrivain africain à Paris. Pendant plusieurs années je me suis éloignée de la littérature mainstream et j’ai appris à m’y replonger. Je ne suis pas intéressée par les livres sur le développement personnel, ça me barbe.

 

En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?

Oui « Fake it until you make it ».

À méditer.