L’Apport de la Culture à l’Économie : un pilier du rayonnement monégasque
Propos recueillis par Pascale Caron
Le Club Eco Monaco, organisé par le Groupe Nice-Matin et le Monaco Economic Board, a accueilli une table ronde d’exception. Le thème était « L’apport de la Culture à l’Économie », un sujet qui illustre la synergie entre les dynamiques culturelles et économiques de la Principauté.
Modéré par Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin et Monaco-Matin, des intervenants prestigieux ont partagé leur expertise et leur vision, sur le rôle central de la culture, dans le développement économique de Monaco. Parmi eux, Lionel Beffre, Conseiller de Gouvernement-Ministre de l’Intérieur, Bruno Mantovani, directeur artistique du Printemps des Arts de Monte-Carlo. Egalement Catherine Alestchenkoff, directrice des événements culturels au Grimaldi Forum, Guillaume de Sardes, chargé du développement du Nouveau Musée National de Monaco, Olga de Marzio, directrice d’Artcurial Monaco et Damien Simonnelli, directeur de l’Opéra Gallery. Ce rendez-vous a mis en lumière les investissements significatifs dans la culture et leur impact direct sur l’attractivité, le rayonnement et la prospérité économique de la Principauté.
La Culture, un investissement stratégique pour Monaco
Lionel Beffre, en ouverture, a souligné que la culture représente 4,6 % du budget total de l’État monégasque, une proportion bien supérieure à la moyenne européenne, où elle avoisine souvent 1 %. Cet effort budgétaire traduit une volonté forte de maintenir une offre culturelle diversifiée, accessible et de haute qualité.
« La culture est un levier économique et un vecteur d’identité. Elle contribue à l’attractivité et au prestige de la Principauté », a rappelé le Conseiller de gouvernement, mettant en avant la continuité et la variété de l’offre tout au long de l’année. Concerts, expositions, ballets, opéras, festivals… l’agenda culturel de Monaco s’inscrit dans une logique de qualité et d’excellence qui attire un public international.
Un impact économique et touristique majeur
L’impact de la culture ne se limite pas à l’enrichissement artistique. Il s’agit d’un véritable moteur économique qui génère des retombées significatives pour l’ensemble du tissu monégasque. Bruno Mantovani, directeur du Printemps des Arts de Monte-Carlo, a rappelé l’importance des festivals dans le dynamisme local. Avec des créations d’emplois, techniciens, scénographes, musiciens, agents de sécurité, etc.
L’afflux de visiteurs et de résidents attirés par une programmation exigeante et innovante et la synergie avec l’offre hôtelière et gastronomique. En parallèle, il a insisté la gratuité du festival pour les moins de 25 ans afin de favoriser l’accès à l’art et construire une audience fidèle.
Musées, galeries et maisons de vente : des acteurs économiques de premier plan
La présence d’institutions artistiques majeures comme le Nouveau Musée National de Monaco ou l’Opéra Gallery participe également à cette dynamique. Guillaume de Sardes a mis en avant la dimension stratégique du musée, qui se positionne comme un acteur de l’économie culturelle tout en restant fidèle à une exigence de qualité. La future extension du musée, conçue par Renzo Piano, permettra d’exposer des collections encore peu accessibles au public.
Damien Simonnelli, directeur de l’Opéra Gallery, a souligné le poids du marché de l’art, qui attire de grands collectionneurs et contribue à l’attractivité de Monaco sur la scène artistique mondiale.
Olga de Marzio a mis en lumière le rôle clé d’Artcurial Monaco dans l’écosystème économique, notamment grâce à des ventes aux enchères de prestige et des événements culturels d’envergure comme Monaco Sculptures 2025.
Les retombées concrètes sur l’économie locale
Les événements et expositions génèrent des retombées économiques directes et indirectes. Avec une augmentation de la fréquentation des hôtels et restaurants, le développement du secteur du luxe et de l’art et le renforcement de la visibilité internationale grâce à la médiatisation des manifestations.
Selon une étude du Grimaldi Forum, la consommation moyenne des visiteurs culturels est estimée à 88 euros par jour, ce qui représente plusieurs millions d’euros injectés dans l’économie locale chaque année. Le Grimaldi Forum est un centre culturel et événementiel majeur de Monaco, combinant expositions artistiques, spectacles et congrès internationaux. Il accueille chaque année plus de 120 événements, générant des retombées économiques importantes pour la Principauté, notamment grâce au tourisme d’affaires et aux visiteurs culturels. Les expositions estivales sont le point fort de sa programmation et attirent un large public international. Un projet d’agrandissement est en cours pour étendre les espaces d’exposition et de congrès, positionnant Monaco au premier plan des destinations culturelles et événementielles. L’institution met également en place des initiatives pour rendre la culture accessible : comme des visites nocturnes et privatives, ainsi que la gratuité des expositions pour les moins de 19 ans.
Monaco, un rayonnement culturel international
Dans un contexte de compétition mondiale accrue entre les grandes métropoles culturelles comme Paris, Londres ou Dubaï, Monaco tire son épingle du jeu grâce à un modèle original combinant excellence culturelle et cadre de vie exclusif.
« L’Europe est en léger déclin sur le plan culturel, tandis que de nouvelles puissances émergent. La culture est un moyen essentiel de maintenir notre attractivité », a rappelé Guillaume de Sardes. La présence d’institutions culturelles de premier plan, couplée à une fiscalité attractive et une sécurité importante, incite de nombreux mécènes, artistes et collectionneurs à choisir Monaco plutôt que d’autres destinations.
L’importance du digital et de la communication internationale
Les intervenants ont insisté sur une meilleure visibilité des offres culturelles à l’international. Le lancement récent du portail culturel www.culture.mc vise à centraliser toutes les programmations et à faciliter l’accès aux événements.
Des propositions ont été évoquées pour renforcer la visibilité. Comme développer des expériences exclusives comme des visites privées, intensifier la promotion sur les réseaux sociaux et dans la presse étrangère et multiplier les partenariats public-privé pour des événements innovants. Des initiatives comme le Monaco Art Week ou les collaborations avec les grandes maisons de vente comme Artcurial intensifient cette stratégie de rayonnement.
Tous les acteurs présents ont souligné la nécessité d’innover tout en préservant l’excellence. L’objectif est de maintenir Monaco à la pointe de la scène culturelle mondiale, en intégrant des formes artistiques nouvelles et en attirant des publics toujours plus diversifiés.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative et secrétaire générale de MWF Institute.
Sur la photo, Pascale Caron avec Sophie Arnaud Deromedi, présidente des CCEs Monaco
[Tourisme] de ville en ville

Interview de Carine de Reymaeker, fondatrice de City Tour Game.
By Pascale Caron
Directrice Commerciale du Palais des Expos à Nice, Carine a une expérience de 16 ans dans le tourisme.
En juin 2022, elle a fondé City Tour Game pour offrir une visite de la ville de Nice à la fois ludique et artistique, en réalité augmentée et en mobilité douce. À travers cette initiative 100 % numérique et inscrite dans la philosophie du slow tourisme, elle promeut la transition écologique et valorise le patrimoine culturel tout au long de l’année.
City Tour Game c’est un escape game urbain et culturel, à travers 10 sites remarquables jalonnés d’énigmes. Certaines seront en réalité augmentée. Il y aura aussi un guide des « vraies » bonnes adresses typiques et/ou originales engagées dans le développement durable, et la possibilité d’explorer les pépites cachées et les meilleurs spots photo de la ville. Carine vise à offrir une expérience de visite alternative, pédagogique, respectueuse de l’environnement, et riche en découvertes et anecdotes locales.
Quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a poussée à créer ton entreprise ?
Je dois remonter à mes 11 ans. J’avais conçu une boite de jardinage où j’avais un seul client : mes parents. Je voulais gagner de l’argent, car j’étais déjà connectée avec la réalité de la vie grâce à eux. J’ai vite compris qu’il fallait se débrouiller par soi-même. C’était aussi le début du marketing, et de la publicité. Je suis de la génération culture pub et j’adorais ça. J’ai donc créé des fiches produits, des tarifs, imaginé un nom d’entreprise. Chaque prestation était à 5 francs ou 10 francs. Je faisais des devis, des factures et surtout, je veillais à me faire payer !
Je ne savais pas si j’avais envie de faire des études longues. Je me suis quand même dit « Fais un diplôme qui t’apportera un bagage. » J’ai opté pour un DUT Techniques de Commercialisation : le côté pratique avec l’intervention de professionnels m’a plu. Je suis ensuite partie à Paris faire une maîtrise sciences de gestion spécialisée en marketing.
Inconsciemment aujourd’hui je pioche dans ce que j’ai pu apprendre à un moment donné sur les bancs de l’école, et notamment pour la méthodologie et la structure. Une entreprise ou un projet, quel qu’il soit, c’est une pieuvre qui a plusieurs tentacules et il faut contrôler au minimum. Il faut être expert dans deux ou trois tentacules, mais les autres, on doit en avoir conscience et savoir les gérer. Le plus important est de s’épauler avec des sachants dignes de ce nom. Aujourd’hui, si City Tour Game réussit, ce que j’espère, ce sera 50 % par rapport à l’idée, mais aussi parce que je serai bien entourée.
Au début de ma carrière, j’ai été responsable marketing chez Renault. Je m’occupais des lancements produits et de l’évènementiel. C’était aussi le commencement du marketing digital avec l’arrivée d’Internet et des web sites. C’était aussi le début des CRMs : j’ai beaucoup appris. Et puis j’ai eu envie de rentrer à Nice pour retrouver une qualité de vie, dans l’idée de fonder une famille. Car même si je suis une acharnée du boulot, ma vie personnelle, fait partie de mon équilibre.
J’ai eu ma première fille et j’ai pris le temps de m’en occuper, mais j’ai tout de suite recherché du travail en parallèle. C’est là où je suis tombée dans le tourisme, il y a 16 ans.
À la base, c’était une société d’autocars. Le patron m’a proposé de créer et de vendre des excursions à destination du tourisme d’affaires et de loisirs. J’ai lancé ce département en ne partant de rien. Je me suis occupée de la production et de la commercialisation de ces produits touristiques.
Cette période de ma vie s’est écoulée de 2007 à 2019. Et puis, j’ai été démarchée par le Palais des congrès de Nice. Ça fait quatre ans que j’y suis. J’étais pleine d’énergie, j’avais carte blanche pour dynamiser l’activité commerciale du Palais des congrès.
Et puis je suis passionnée par les voyages depuis toujours. J’adore organiser les week-ends en famille, en couple, entre amis, les road trips. Une fois qu’on a sélectionné la destination, que ça soit le Costa Rica, les États-Unis ou Bali, je trace le cheminement et j’organise tout, les hôtels, les restos, les programmes journaliers… Déformation professionnelle ! Mais comme ça je voyage déjà en amont, pour vivre une belle aventure sur place avec mes acolytes de voyage. Personnellement, j’ai toujours cherché une activité touristique qui soit en même temps ludique et instructive. Si tu fais 10 000 kilomètres, ce n’est pas pour rien ! Mais ça peut vite être compliqué parce qu’on a tous des intérêts différents. Ça peut être l’histoire, le patrimoine, l’environnement, la biodiversité ou d’autres qui sont beaucoup plus légers, les anecdotes, les petits secrets ou juste s’amuser. Et quand tu te balades avec le guide du routard sous le bras ou avec un guide qui te fait faire une visite, tu subis. Tu n’as qu’une seule source d’information et pas forcément celle que tu cherches.
J’ai petit à petit transformé mes incertitudes professionnelles en tant que salarié, en une réflexion entrepreneuriale. J’ai commencé à monter mon projet, à l’écrire. C’est comme cela que j’ai créé City Tour Game en juin 2022.
Une autre facette de ma personnalité c’est la transmission. Je suis professeure à l’IUP Tourisme. J’ai des Masters 1 et des Masters 2. Entourée de jeunes j’ai réalisé qu’il faut démocratiser, vulgariser la culture et proposer un tourisme différent.
Dans l’offre actuelle soit tu fais du ludique (vélo, Segway), soit des visites guidées en groupe, et tu n’apprends pas forcément ce que tu as envie de connaître. Je voulais créer un tout-en-un, dans une démarche RSE. Les partenaires seront les bars, les restos, les magasins, sélectionnés sur leur authenticité, la mise en valeur le territoire, et/ou leur originalité.
J’y ai mis mon expertise et mes valeurs. C’est mon projet de vie. Parce que d’un côté, tout ce que j’ai appris à l’école, dans l’automobile et dans le tourisme, tout ça a constitué un savoir. Et de l’autre côté, je suis très, très attirée par l’innovation technologique.
Pour la suite, je cible les destinations touristiques qui ont vraiment du potentiel. La prochaine destination est Barcelone, car la taille de la ville est très similaire à Nice que je connais bien. Nous nous attaquerons après aux mastodontes que sont Paris, Londres…
J’externalise le développement à une société niçoise interactive 4D, qui est spécialiste du serious gaming. À la fin du jeu, je reverserai 1 euro par jeu vendu, à une cause environnementale qui œuvre sur le territoire. C’est important pour moi de laisser une empreinte positive et de m’inscrire dans un Tourisme Responsable et vertueux.
Comment trouves-tu le contenu ?
Pour chaque destination, je fais appel à des réseaux de greeters. Ils connaissent les bonnes adresses, les sites remarquables, les pépites. Leur aide est bien sûr couplée avec un travail de recherche, sur les réseaux sociaux, les influenceurs, les offices de tourisme.
Pour la partie culturelle, le nerf de la guerre, c’est Tom Obry, Nicestorique. Il fait des chroniques sur France Bleue. Il démocratise et vulgarise la culture. J’aime beaucoup ce garçon qui est encore étudiant en Histoire et qui explique avec des mots simples tout en supprimant tout ce qui est inutile. Il sait comment s’adresser aux nouvelles générations ! Je lui ai commandé les capsules vidéos : lorsque tu arriveras sur un site, tu auras le choix parmi trois bulles d’information. Les thématiques seront : Histoire & patrimoine, biodiversité & environnement ou petits secrets & anecdotes. Quand tu cliqueras, pendant une minute, tu auras des renseignements très spécifiques et concis par rapport à ta localisation, présentés sous le même format que ce l’on voit sur les réseaux sociaux : ludique et animé.
Quelles sont les personnes qui-t-on inspirées, dans ta carrière ?
Toutes les femmes qui ont contribué à avoir un monde meilleur. Celles notamment qui ont contribué à améliorer des conditions de vie des femmes. Simone Veil, c’est une femme admirable de par son parcours. En plus elle est niçoise ! Marie Curie aussi a été inspirante. Elles ont eu la force de caractère et l’audace malgré leur destin jonché d’épreuves.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Je lis beaucoup en rapport avec l’entrepreneuriat. J’ai un peu lâché les romans ces derniers temps ! Sinon, c’est Simon Sinek « Commencer par le pourquoi ». Ce livre m’a permis de réaliser que c’est comme ça que je fonctionne et qu’à priori je suis sur la bonne voie ! Commencer par « Pourquoi je fais ça ? » explique tout le déroulement de la suite.
Quelle est ta devise ou ton mantra ?
« Le meilleur moyen de prédire le futur c’est de le créer » Abraham Lincoln
Crédit photo @franzchavaroche

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.



