Le Burn-out de Wonder Woman
Interview d'une Wonder Woman.
By Pascale Caron
Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé de parler de moi. Je vous partage une nouvelle extraite de mon livre "Le burn-out de Wonder Woman" que j'ai co-écrit avec mon amie d'enfance Valérie Peltier qui nous regarde de là haut, car elle a rejoint les anges ....Nous avions décidé de donner les droits à des associations pour lutter contre le Burn-out, ce que nous avons fait pendant 2 ans.
La page est tournée depuis, tout cela s'est passé il y a 5 ans, mais les écrits restent et je vous les livre...
Illustrations @Daily Kat.
"Je suis sur un ring de boxe et je concours pour le prix de la meilleure start-up dans les poids moyens. Je suis arrivée en finale, je n’aurais jamais cru pouvoir accomplir de nouveau un tel exploit, un an après.
J’ai toujours cru que j’étais invincible, que la dépression l’effondrement ne passerait pas par moi. Mes tantes, ma mère, ces desperate housewives, avaient toutes sombré. Non, tout ça ne passera pas par moi. J’ai fait des études, je me suis battue pour avoir un super job, je fais du sport plus que de mesure, j’ai deux enfants merveilleux, un mari dont je suis fière.
J’ai voyagé à travers le monde pour mon travail et pour le plaisir, trop beaucoup trop. J’ai travaillé beaucoup sans relâche, je me suis évadée dans le sport, le soir, tard, trop tard.
Et il y a un an, tout s’arrête — tu n’es pas dans l’équipe de management car tu es trop clivante, me dit-on, dans les hautes sphères de mon entreprise. Moi qu’on appelait Wonder Woman, je m’effondre soudainement.
Le verdict tombe : burn-out, arrêt maladie, surrénales à plat, plus de batterie. Il s’en suit 5 mois au cours desquels la nuit est un terrible cauchemar.
Une coach qui pratique l’hypnose me soutient, me permet d’oublier et panse ma blessure. Le burn-out n’arrive qu’aux gens bien, aux passionnés qui prennent leur travail à cœur. Je me reconnais là, j’ai toujours mis de la passion dans toutes mes actions, c’est mon moteur.
Au bout de 3 mois, elle me conseille de négocier un départ de l’entreprise, si j’y retourne je risque plus tard une rechute, plus grave. Je termine donc cette collaboration qui m’avait procuré tant de joies et finalement avait fait mon malheur.
Mon amour, Philippe me soutient, j’ai une chance énorme, j’en suis consciente. Il est mon pilier, mon ancre, mon cap. Pendant cette période j’ai souvent des idées très noires et parfois j’ai envie de tirer sur la prise pour que ça s’arrête. Je me vois traversant la route complètement anesthésiée, en me disant que si une voiture m’écrase ce n’est pas grave, mais à ce moment je pense à lui et à mes fils et je me raisonne.
Au bout du 6e mois, je me rends compte que le problème ne va pas se régler en un claquement de doigts.
Je suis consciente que j’ai besoin d’aide et je décide de trouver une solution pour lâcher prise. Vous vous êtes trompée de métier — me dit la thérapeute, cette phrase résonne encore dans ma tête. Je me demande encore pourquoi à 17 ans j’ai emprunté la mauvaise voie, moi qui voulais devenir médecin ?
Le tournant a été la conversation que j’avais eue avec mon père — Je ne payerais des études qu’à mes garçons. J’ai reçu cette phrase comme un coup de poing en plein cœur, ce n’était pas mon rêve.
7e mois, le soir nous assistons à un concert de musique classique.
En me dirigeant vers la sortie, je remarque un homme très grand avec un cou de taureau. J’ai un mouvement de recul, c’est un de mes anciens chefs, il ne m’a pas vu.
C’est à cette période que tout a commencé pour moi. Il y a 9 ans, après une énième réorganisation, je me retrouve dans une équipe qui ne me ressemble pas, et sous un chef tyrannique pour qui la hiérarchie et les galons sont très importants.
Pendant 5 ans, j’ai souffert et subi de multiples brimades verbales. La cerise sur le gâteau c’est la réflexion qu’il m’avait faite en public.
Ton fils fait des études de dentaire en Roumanie : il vit en roulotte et fait la manche dans les rues ? — Un de ses beaux mots, jetés à la cantonade devant sa cour. Ce n’est seulement qu’après avoir changé d’équipe que j’ai réalisé que j’avais été harcelée moralement.
Je suis sortie de l’eau en prenant une grande respiration, comme quelqu’un qu’on a essayé de noyer.
Quelques années plus tard, il m’a appelé pour me demander des conseils pour sa fille qui n’avait pas réussi le concours de médecine. Avec le recul, j’aurais dû lui dire, J’ai acheté une roulotte, mais j’ai répondu mécaniquement en lui donnant les contacts.
Déjà le 8e mois ! Quand j’ai rencontré Philippe, je ne savais pas cuisiner, mais je me lançais des défis, comme pour mes 25 ans : je vais faire un couscous pour 25 personnes !
Me voilà donc chez ma grand-mère pour lui soutirer la recette, ce qui n’était pas chose facile, car c’est une institution chez les pieds noirs. Tu ne vas pas y arriver, tu te crois maline, laisse-moi au moins te faire les boulettes. Le lendemain après des agapes qui avaient duré jusqu’à tard dans la nuit, je reçois son coup de fil à 7 heures du matin. Elle aurait aimé que je l’appelle à la rescousse, mais j’y étais arrivée toute seule !
Je sens des progrès notables et mon cerveau qui s’ouvre. Ma thérapeute me confirme que je vais beaucoup mieux en prenant mes pouls chinois.
– Si tu n’utilises pas cette énergie à bon escient, c’est la fessée !
J’ai toujours eu une énergie débordante dans ma vie d’avant et j’en ai fatigué plus d’un. À 20 ans, j’aimais danser en boite de nuit et onduler au rythme de la musique jusque tard dans la nuit. Comme je n’avais pas d’argent, je passais mon temps sur la piste de danse pour éviter de consommer. Une soirée, une personne s’approche de moi et me dit — Tu prends quoi ? Ça a l’air d’être de la bonne. Il ne m’a pas cru quand j’ai répondu — rien.
Mais je dois trouver le bon comportement, mon body langage est encore trop abrupte. Je devrais prendre exemple sur ma belle-mère. Mère belle à peu agitée comme lui disait son fils le matin dans leur petite salle de bains en écoutant la météo marine sur France Inter. C’est une femme très douce qui ne cherche jamais le conflit, tout l’inverse des personnages féminins qui avaient bercé mon enfance.
9e mois, le temps de concevoir un enfant. Ce matin j’assiste à une formation et on nous demande de tirer une carte d’un jeu de Dixit. Un escargot, au milieu, symbolise mon cheminement vers la guérison. Tout en haut, on peut voir des barreaux éventrés et une corde à nœuds, qui m’a permis de m’échapper.
Ma RE naissance est bien là, j’ai atteint la fin d’un cycle, il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre de ma vie."
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.