MONACO INSPIRE: Catherine Barba

On l’a vue dans « Qui veut être mon associé » sur M6, mon émission favorite. Le 30 novembre dernier, elle prenait la parole lors du Monaco Inspire organisé par la jeune chambre économique de Monaco aux côtés notamment de son compère Éric Larchevêque. Son discours pétillant comme de bulles de champagne m’a électrisée. J’ai souhaité tout naturellement en savoir plus.

Qui est Catherine Barma ?

C’est une entrepreneure française pionnière du commerce électronique et de la transformation numérique. Diplômée de l’ESCP Europe, elle débute sa carrière chez iFrance avant de créer plusieurs sociétés marquantes, dont CashStore (site de cashback) et Malinea (cabinet de conseil en e-business), toutes deux revendues avec succès. En 2012, elle lance le Catherine Barba Group pour accompagner les enseignes dans leur transition digitale.

Elle s’installe ensuite aux États-Unis où elle investit dans 20 start-ups des secteurs retailtechfintech et edtech, tout en soutenant des entrepreneurs de talent comme Céline Lazorthes ou Maud Caillaux. Administratrice indépendante du groupe Renault depuis 2017, elle met son expertise au service de la transformation des grandes entreprises.

En 2022, Catherine Barba cofonde Envi, une école dédiée aux indépendants.

Monaco Inspire

Lors de son intervention à Monaco Inspire, elle a partagé un discourt fort et inspirant. Son nouveau but : coacher les entrepreneurs indépendants, une catégorie souvent oubliée, car on a que le mot start-up à la bouche. Après 25 ans passés à conseiller de jeunes pousses et à côtoyer l’univers de la French Tech, elle s’intéresse désormais à ces « entrepreneurs à leur mesure » : freelances, artisans, consultants, ou encore « slasheurs ».

Contrairement aux start-ups, où beaucoup sont appelés, mais peu réussissent, le monde des indépendants offre une voie accessible et noble. En France 10 millions de personnes travaillent à leur compte. Ce public, en quête d’autonomie, d’équilibre de vie et de sens, est au cœur de son engagement actuel.

Apprendre à « lever des clients » : le nerf de la guerre

Pour Catherine, la clé du succès dans ce cas ne réside pas dans la levée de fonds, mais dans la capacité à « lever des clients ». Elle insiste sur l’importance de maîtriser l’art de la vente : le deuxième métier de tout entrepreneur.

Son conseil phare : consacrer du temps à la prospection et à la relance. Elle estime que la réussite d’un business dépend largement du temps investi à identifier des clients potentiels, rédiger des messages percutants, et les recontacter sans relâche. « L’art de la vente, c’est la relance », affirme-t-elle, en soulignant que la persévérance est un atout crucial pour surmonter les refus et les obstacles.

Les fondements d’un business durable

Pour construire une activité indépendante pérenne, elle conseille plusieurs points. Tout d’abord une motivation profonde : l’entrepreneur doit être capable d’expliquer, en une phrase claire, pourquoi il lance son activité. Cette motivation est essentielle pour surmonter les échecs et maintenir son engagement dans les moments difficiles. Elle encourage d’ailleurs à viser « un échec par jour », une méthode audacieuse pour mesurer l’effort fourni et cultiver la résilience.
Un point fondamental ensuite est un entourage bienveillant : le soutien des proches et la présence de mentors sont primordiaux pour progresser. Elle insiste sur l’importance de s’entourer de personnes qui nous soutiennent : cela permettra à l’entrepreneur en herbe de se dépasser.
L’entreprise doit partir d’une compétence solide : il faut capitaliser sur une expertise forte, tout en restant vigilant face à l’obsolescence rapide des compétences. Elle préconise de consacrer quotidiennement du temps à l’apprentissage et à la veille.
L’important également est de bien définir sa cible : identifier précisément à qui s’adresse le produit ou service est crucial. Il ou elle doit vérifier que sa cible est assez large, solvable, et a un réel besoin que son offre peut combler.
Et bien sûr le modèle économique doit être viable : l’offre doit non seulement répondre à un besoin, mais aussi être financièrement rentable. Catherine Barba met en garde contre les modèles qui ne génèrent pas une marge suffisante.

Une pédagogie centrée sur l’action

Avec son école Envie, Catherine Barba accompagne les entrepreneurs à structurer leur offre, à définir leur singularité et à perfectionner leur discours commercial. Elle leur apprend notamment à utiliser les mots justes pour présenter leur activité. Le meilleur moyen est de s’appuyer sur le langage des clients eux-mêmes, collecté via des enquêtes et des retours d’expérience.
Elle insiste également sur l’importance de tester son idée auprès de la cible visée, avant même de lancer une offre. « Posez les bonnes questions, y compris sur le prix que vos clients seraient prêts à payer », conseille-t-elle, soulignant que les enquêtes bien menées peuvent éviter de nombreuses erreurs stratégiques.

Elle termine son intervention en affirmant que tout cela « s’apprend ». Sa passion pour l’accompagnement et la transmission reflète un désir profond de voir émerger une génération d’entrepreneurs indépendants épanouis et performants !

Crédit photo Philippe Fitte

 

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.


Élisabeth Moreno : Leadership et Impact au Féminin

Interview d’Elisabeth Moreno pour Sowl Initiative by MWF Institute.

Propos recueillis par Pascale Caron

Est-il besoin de présenter Élisabeth Moreno : ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances de 2020 à 2022. Elle a passé la majeure partie de sa carrière dans le monde de l’entreprise, de cheffe d’entreprise aux multinationales technologiques, sur quatre continents (États-Unis, Asie, Europe, Moyen-Orient et Afrique).
En 2018, elle devient vice-présidente du groupe Hewlett Packard en charge du continent africain. Autant de raisons pour moi de la contacter sur LinkedIn et c’est avec une joie non dissimulée que je vous livre notre discussion passionnée.

Au sein de notre équipe chez Monaco Women In Finance, vous êtes un vrai rôle modèle et je mesure ma chance de pouvoir échanger avec vous.

Je vous remercie Pascale, c’est également un plaisir pour moi d’échanger avec vous depuis Monaco ! J’aime beaucoup encourager les femmes qui me disent : « Je ne suis pas assez importante ou connue pour faire ça. » Je leur réponds toujours : « Arrêtez de penser que votre manque de notoriété vous empêche d’accomplir de grandes choses. Si vous pensez être trop petite pour changer le monde, essayez de dormir avec un moustique dans une chambre et vous verrez l’impact qu’il peut avoir. »

Je tiens à vous féliciter pour la création de Monaco Women in Finance, car nous avons plus que jamais besoin d’unir nos forces, nos compétences et nos expertises pour faire avancer les droits des femmes. Le combat est loin d’être gagné.

D’abord parce que les mouvements masculinistes ne nous laissent aucun répit. Il semblerait que nous perturbions les hommes, en les confrontant aux injustices que nous subissons depuis des siècles. Certains en prennent conscience et agissent pour changer les choses, tandis que d’autres opposent une résistance marquée.

Ensuite parce qu’affirmer aux femmes qu’elles détiennent le pouvoir de transformer leur vie peut représenter une charge considérable. Cela peut être un fardeau lourd à porter, et il est parfois plus aisé de penser que l’on n’a pas de prise sur les événements.

Mon expérience en tant qu’aînée d’une grande famille, m’a convaincue que le succès se multiplie lorsqu’il est partagé. Étant encore trop peu nombreuses à occuper des postes à responsabilités, il est essentiel de nous soutenir mutuellement. Je crois fermement qu’une fois cette solidarité féminine bien ancrée, de nombreux changements s’opéreront.

 

Abordons votre parcours. On connaît votre travail en tant que ministre, mais j’aimerais écouter ce qui vous a amenée à la direction de HP Afrique. Un thème qui nous tient à cœur chez MWF Institute, c’est inspirer les jeunes filles à se tourner vers les métiers de la Tech et vous êtes sans conteste une icône.

C’est essentiel de montrer que la Tech est un domaine accessible à toutes et à tous. Aujourd’hui encore plus que lorsque j’ai démarré il y a 20 ans.

J’ai débuté ma carrière en créant une entreprise dans le secteur du bâtiment à l’âge de 20 ans. Après une décennie, j’ai saisi l’impact transformateur du numérique et décidé de m’y investir pleinement. J’ai donc rejoint France Télécom, sans aucune expertise dans les télécoms, mais convaincue que la technologie et en l’occurrence internet, allaient redéfinir notre manière de travailler, d’étudier, de communiquer et de s’informer. Le poste de manager que j’ai accepté alors était une opportunité d’apprendre et d’explorer un secteur qui m’était étranger.

J’ai ensuite été recrutée par Dell, plus pour mon leadership et ma capacité à construire des équipes performantes que pour mes compétences techniques.

Un moment clé dans mon développement fut lorsque, après avoir âprement défendu mes équipes pour des augmentations salariales, un supérieur m’a dit que je ne réussirais jamais dans ce domaine parce que j’étais « trop humaine ».

Ce commentaire a renforcé ma conviction du management : le respect et la considération pour nos équipes sont essentiels à la réussite. Ce sont eux qui font la réussite d’une organisation. J’ai toujours dirigé en restant fidèle à mes valeurs, et je suis heureuse que l’avenir m’ait donné raison. Le succès vient avant tout des personnes avec qui nous travaillons, nous avons donc tout intérêt à les traiter correctement.

Après 12 ans chez Dell, Lenovo m’a sollicitée, m’offrant l’opportunité de découvrir une entreprise asiatique en pleine expansion. J’ai saisi cette chance, tout en menant un combat pour la parité et la diversité au sein des équipes. J’ai fixé un objectif ambitieux de 50 % de femmes en trois ans, et malgré le scepticisme initial, nous avons attiré des talents en créant un environnement ouvertement inclusif et inspirant.

Quelques années plus tard, HP m’a proposé de diriger leurs activités en Afrique, réalisant ainsi mon rêve de contribuer au développement technologique du continent. La pandémie m’a rapprochée des communautés expatriées, et c’est ainsi qu’à travers un concours de circonstances, mon engagement et mes valeurs m’ont menée à une carrière politique, un chemin que je n’avais jamais envisagé.

 

Pour ma part vous avez m’avez vraiment réconciliée avec la politique, car vous aviez un franc-parler. 

Merci, j’en suis sincèrement honorée, car il faut que nous toutes et tous nous intéressions à la politique si nous voulons que les choses changent.

Vous avez raison de souligner que la sincérité, la spontanéité et la franchise ne correspondent pas aux codes traditionnels de la politique. Mais cela ne m’importait guère, car je n’avais aucune intention de bâtir une carrière politique. Si tel avait été mon objectif, j’aurais certainement dû adapter mon comportement, parce que pour réussir dans un environnement, il est nécessaire d’en accepter les règles. J’aime comparer cela au football : si vous voulez changer les règles du jeu, il faut être sur le terrain, pas rester dans les gradins en spectateur. Il est essentiel de faire ses preuves avant de prétendre pouvoir influencer les choses. En ce qui me concerne, je suis entrée en politique par conviction, et non par ambition. Je m’étais promis de rester fidèle à mes valeurs, sans me conformer pour plaire ou durer. Avec le recul, je me félicite de ce choix : beaucoup de celles et ceux qui me respectent aujourd’hui le font en partie parce que je suis restée fidèle à moi-même tout au long de mon parcours politique.

 

Quelles sont les actions dont vous êtes le plus fière, durant ces deux années au gouvernement ? 

Je suis particulièrement fière d’avoir apporté une approche entrepreneuriale dans un ministère traditionnellement axé sur le militantisme et l’activisme. Forte de mon expérience d’entrepreneure, j’ai voulu introduire une dimension pragmatique. On me disait souvent : « Votre ministère, c’est celui de la parole. » À cela, je répondais : « Je vais en faire un ministère de l’action. » Je n’étais pas là pour simplement parler, bien que la parole soit cruciale, notamment lorsqu’il s’agit de lutter contre des inégalités profondément ancrées. Certes, il fallait exposer et dénoncer, mais je tenais surtout à voir des résultats concrets.

C’est dans cet esprit que j’ai contribué à la loi portée par Marie-Pierre Rixain, visant à instaurer des quotas pour briser les plafonds de verre, dans l’accès aux postes de direction. Grâce à la loi Copé-Zimmermann, des progrès avaient déjà été réalisés au sein des conseils d’administration. Le moment était venu d’étendre ces avancées aux COMEX et CODIR. J’ai donc investi toute mon énergie dans ce projet de loi, et bien qu’il ait fallu partir de très loin, celle-ci a finalement été adoptée.

J’ai également beaucoup travaillé sur les questions de violences sexistes et sexuelles, notamment pour la protection des victimes de violences conjugales, ainsi que leurs enfants. N’oublions pas que tous les 3 jours une femme meurt en France sous les coups de son conjoint ou de son ex. Nous avons mis en place des bracelets antirapprochement, nous avons doublé le nombre de places d’hébergement pour accueillir les victimes… c’est un travail de longue haleine.

Nous avons aussi porté la réforme des pensions alimentaires, un sujet crucial pour les familles monoparentales, dont 85 % sont soutenues par des femmes. Désormais, même en cas de non-paiement par le père, la CAF garantit le versement de la pension et se charge de récupérer les sommes dues. Un autre projet qui me tenait à cœur était l’ouverture de la PMA à toutes. Alors que depuis une décennie, les femmes mariées avaient accès à la procréation médicalement assistée, les femmes célibataires ou lesbiennes en étaient toujours exclues. Je ne comprenais pas comment une telle injustice pouvait persister. Nous avons donc œuvré pour cette loi, et je suis fière du résultat. J’ai également contribué à la gratuité de la pilule contraceptive pour les jeunes femmes jusqu’à 25 ans. Nous avons aussi légiféré contre les thérapies de conversion, pratiques inhumaines qui visaient à « guérir » des jeunes de leur orientation sexuelle, considérée à tort comme une maladie. Parmi les autres mesures concrètes en faveur de l’égalité des chances, j’ai lancé une plateforme de lutte contre les discriminations, en partenariat avec la défenseure des droits, Claire Hedon. Le but était que les personnes maltraitées ne soient pas abandonnées à leur sort.

Ces initiatives ont eu un impact concret dans la vie des gens, ce qui était ma priorité. Bien que mon temps en politique ait été bref, j’ai mené des combats significatifs, qui ont donné du sens à mes engagements de toujours.

Je n’aurais jamais pu obtenir ces résultats sans la coopération des entreprises et associations très engagées. En politique, on ne réussit jamais seul, surtout sur des sujets aussi complexes et vitaux. C’est grâce à ces partenariats que j’ai pu faire progresser tous ces projets qui me tenaient à cœur.

Cette expérience m’a profondément éclairée sur plusieurs sujets ; D’abord les dynamiques du pouvoir au plus haut niveau, et la complexité de la gestion d’un pays comme le nôtre. La France est un grand pays que l’on ne valorise pas toujours à sa juste mesure.

 

Parlez-nous donc de vos challenges actuels.

Je suis arrivée à un moment de ma vie où je veux recentrer mon énergie sur les sujets qui me passionnent le plus. L’un d’eux est l’impact de l’économie sur les enjeux sociaux et environnementaux de notre époque. C’est pourquoi j’ai rejoint Ring Capital, un fonds d’investissement qui soutient des hommes et des femmes en Europe et en Afrique. Nous sommes tous engagés dans la résolution de problématiques sociales telles que la santé, l’éducation, l’inclusion financière, ainsi que des enjeux cruciaux liés à la transition énergétique et environnementale.

Ces secteurs, bien que fondamentaux, ont souvent du mal à attirer des financements, car les investisseurs traditionnels les perçoivent comme relevant de l’économie sociale et solidaire, donc peu rentables. Pourtant, j’y crois fermement, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de m’investir pleinement dans ces causes.

En parallèle, j’accompagne également de grandes entreprises sur les enjeux ESG (Environnement, Social, Gouvernance). Depuis plus d’une décennie, ces sujets gagnent en importance et la réglementation devient de plus en plus complexe. Certaines entreprises sont prêtes à agir, mais ne savent pas toujours comment le faire efficacement. J’interviens donc auprès des CEO, COMEX et CODIR pour les aider à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies ESG concrètes et impactantes. Cela constitue un volet central de mon activité professionnelle.

Je poursuis aussi mes engagements philanthropiques en tant que présidente de la Fondation Femme@numérique et j’ai co-fondé il y a deux ans l’association La Puissance du Lien.

Durant mon expérience politique, j’ai pris conscience de la fragmentation croissante de notre société, exacerbée par de multiples crises. Je suis convaincue que la seule façon de relever nos défis est de travailler ensemble, en intelligence collective. Il est impératif de mobiliser des talents divers et de renforcer la solidarité à tous les niveaux : entre femmes et hommes, entre territoires, et entre générations. C’est précisément ce que nous faisons avec La Puissance du Lien. Nous créons des passerelles et renforçons la cohésion pour affronter les grands défis de notre temps. Nous organisons des conférences ouvertes à tous, nous mettons le mentorat, l’entraide et la solidarité au cœur de nos actions. Nous préparons aussi un événement majeur autour du 8 mars, centré sur la place des femmes, auquel les hommes sont bien entendu invités. Il est crucial qu’ils comprennent le rôle essentiel qu’ils ont à jouer dans la lutte pour l’égalité.

 

Quelles sont les personnes qui vous ont le plus inspirée dans votre carrière ?

Elles sont nombreuses, mais deux figures se distinguent particulièrement : Simone Veil et Nelson Mandela. Ce qui les rend si importants à mes yeux, c’est leur résilience et leur humanité. Tous deux ont traversé des épreuves d’une gravité exceptionnelle, des souffrances à la fois personnelles et historiques, et malgré cela, ils ont su préserver leur humanité et l’utiliser au service du bien commun. Je trouve cela profondément admirable, car peu d’individus possèdent cette capacité. Leur force et leur engagement montrent qu’il est possible de surmonter des obstacles immenses tout en restant fidèle à ses principes.

Simone Veil, avec une carrière remarquable, et Nelson Mandela, qui après 27 ans de prison est devenu le président d’un pays marqué par l’apartheid, incarnent des exemples exceptionnels. Leur parcours prouve qu’en dépit des circonstances les plus adverses, il est possible non seulement de survivre, mais aussi d’apporter un changement profond dans le monde.

Ce qui m’inspire chez eux, c’est autant leur dévouement envers les autres que leur capacité à réaliser des accomplissements extraordinaires. Ils ont démontré que pour atteindre de grands objectifs, il faut à la fois une ténacité inébranlable et un profond respect de l’humanité.

 

Auriez-vous un livre à nous conseiller ?

Je vous recommande « Sapiens » de Yuval Noah Harari. Cet ouvrage captivant explore l’évolution de l’humanité, de nos origines à l’ère moderne. Ce qui le rend particulièrement intéressant, c’est sa capacité à nous éclairer sur les grandes étapes qui ont façonné notre société, tout en nous offrant des clés de lecture à une époque où nous perdons parfois nos repères. Harari nous pousse à réfléchir sur notre passé pour mieux comprendre les défis de notre avenir.

Et je viens de commencer le livre d’Anne Dufourmantelle, « L’Éloge du risque », qui mène une réflexion profonde sur l’importance du risque dans nos vies. La tendance contemporaine est de rechercher la sécurité et d’éviter les dangers à tout prix. À contrario, elle démontre que les différentes formes de prise de risques — dans l’amour, la création, la pensée, sont précisément ce qui nous connecte à notre liberté et nous permettent de vivre pleinement.

 

Quelle est votre devise ou votre mantra ?

J’en ai plusieurs 😊

J’aime beaucoup la citation « Visez toujours la lune, vous atteindrez peut-être les étoiles ». Elle me rappelle que chacun peut aspirer à de grandes choses, et même si nous n’atteignons pas exactement nos objectifs, l’essentiel est de viser constamment plus haut que notre point de départ.

Une autre : « La vie te présentera déjà suffisamment de défis, ne t’en impose pas plus que nécessaire. » Nous avons parfois tendance à être très durs envers nous-mêmes. Il faut être bienveillants à notre égard pour pouvoir surmonter certaines épreuves.

Je crois aussi en cette idée issue de l’écrivaine Toni Morison : « Si tu veux lire un livre qui n’a pas encore été écrit, écris-le toi-même. » Si cela est possible, ne pas attendre que d’autres créent ou réalisent nos souhaits, en d’autres termes, être maîtresses et maîtres de notre destin.

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.


Du conseil stratégique à l'entrepreneuriat

Interview de Marion Boyadjis, fondatrice et gérante du restaurant Casa Leya et du club sport et bien-être Flexx.

By Pascale Caron

La carrière de Marion est marquée par une transition réussie du conseil en stratégie et de la finance à l’entrepreneuriat dans le secteur du bien-être et de la restauration. Depuis plus de six ans, elle dirige Casa Leya, un établissement à Nice, illustrant sa capacité à identifier et à répondre aux besoins du marché local en matière de restauration. Son nouveau projet, Flexx Nice, sera un club sport et bien-être haut de gamme qui inclura un écosystème bien être avec piscine, Sauna, hammam, un espace de co-working et un restaurant healthy.

J’ai fait sa connaissance lors d’un comité de financement d’Initiative Côte d’Azur et j’ai tout de suite été séduite par ce beau projet et par sa personnalité. J’ai tout naturellement voulu en savoir plus…

 

Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir entrepreneure ?

J’ai fait l’École Centrale Paris après une prépa. Étant à l’époque très intéressée par les matières scientifiques, j’ai découvert à Centrale qu’au final, j’étais plus attirée par les sujets de type business, économie, etc. En sortant de Centrale, les voies qui s’ouvraient, c’était soit la banque, soit le conseil.

J’ai donc commencé par la banque dans les fusions-acquisitions. J’ai travaillé chez Goldman Sachs à Londres, qui était à l’époque ce qui se faisait de mieux dans le domaine. J’ai ensuite rejoint BNP Parisbas à mon retour en France, et assez vite, je me suis rendu compte que je n’étais pas faite pour ça. Je me suis alors dirigée vers le conseil en stratégie. Je suis entrée au Boston Consulting Group, qui est la référence dans le domaine.

J’y suis restée pendant un peu plus de six ans et j’ai gravi les différents échelons jusqu’à être Principal, le grade avant Partner. Je me suis spécialisée en « Consumers Goods » : les biens de grande consommation. J’étais chef de projet senior sur la fin, et je gérais plusieurs clients en parallèle. Si mon travail était passionnant, d’un point de vue personnel, j’avais envie de changement. Avec mon mari, qui est devenu mon ex-mari et mon associé nous étions à la recherche d’une meilleure qualité de vie dans le sud, loin de Paris. On a donc étudié différentes villes de la Côte d’Azur et on est tombé sous le charme de Nice, mais sans connaître spécialement. Nous sommes restés en très bons termes et on continue à faire tous nos projets professionnels ensemble, et ça se passe très bien.

En concrétisant ce projet de vivre sur Nice, on s’est rendu compte que les jobs qu’on exerçait n’existaient pas en province, ils sont vraiment très parisiens. On s’est dit que le plus intéressant serait de monter nos propres boîtes. En partant de ce constat, j’ai fait des recherches. J’apprécie beaucoup le contact direct avec le client. Je suis attirée par le domaine de la nourriture, du sport et du bien-être. Tout cela me parle tant à titre personnel, que professionnel. J’aime les endroits où l’on vient passer un bon moment, où on est heureux d’être là. En partant de ce constat, on a fait une étude de marché pour voir sur quel positionnement monter un restaurant. Nous avons ouvert Casa Leya 1 an après être arrivés sur Nice en 2017. C’est une affaire qui tourne bien : nous avons entre 30 collaborateurs l’hiver et 60 l’été entre la salle et la cuisine. J’ai un petit peu musclé les fonctions supports qu’historiquement je faisais moi-même, comme la communication sur les réseaux sociaux, la réservation de groupes, la partie comptabilité, le contrôle de gestion et la RH. Cela me permet de libérer du temps pour d’autres taches. Je suis la gérante et j’ai 70 % des parts. Mon associé m’a surtout aidé lors de la construction du projet. On se parle régulièrement toutes les semaines. Mais c’est moi qui gère au quotidien. Il a pas mal d’entreprises à gérer de son côté.

 

Et tu te lances dans une nouvelle aventure qui est le Flexx à Nice. Mais tu vas pouvoir gérer les 2 de front ?

Oui, tout à fait. D’ailleurs, c’est rigolo parce qu’on m’a remonté qu’il y aurait des rumeurs de vente de Casa Leya, alors que pas du tout. On a bien développé le restaurant et on a acheté le fonds de commerce voisin pendant le COVID. On a eu l’autorisation d’avoir la terrasse sous les arcades du cours J.Chirac et ça, c’est super.

C’est un lieu qui est très apprécié des Niçois, au soleil en hiver, et à l’ombre l’été avec un petit air frais. Maintenant, avec l’équipe qui s’est renforcée, j’ai du temps pour me consacrer au moins partiellement à une autre activité. On avait envie de faire quelque chose dans le domaine du fitness. On s’est rendu compte qu’il y avait un manque sur le créneau haut de gamme à Nice en centre-ville et une vraie demande venant d’une clientèle CSP+. Il existe beaucoup de salles low cost, mais ce type d’offre est quasiment absent. On s’est inspirés de ce qui fonctionne bien à Paris ou à Londres. On a voulu créer un lieu de vie où il y a non seulement le côté sportif, mais également la partie bien-être spa et le coworking et aussi le restaurant. Et du coup, pour faire tout ça au même endroit, il nous fallait une belle superficie !

On souhaitait être en plein centre-ville pour toucher cette clientèle qui habite ou travaille dans le secteur. Il n’y avait pas tant de locaux disponibles que ça, à part celui du George qui avait été fermé en 2015, un emplacement absolument magnifique avec une grande hauteur sous plafond. Il est chargé d’histoire. Ça a été la première cuisine ouverte et précédemment un théâtre, un casino. Beaucoup de niçois connaissent cet endroit. On s’est projeté vraiment dans ce local, même si en termes de travaux, il y avait beaucoup de choses à faire. On l’a repris en avril dernier et on a débuté le gros œuvre dans la foulée. L’idée, c’est de proposer une expérience personnalisée à chacun. Le lieu sera un endroit exceptionnel afin de prendre soin de son corps et de son esprit : à la fois sur le côté physique et bien-être. Au niveau sportif, on aura de très beaux équipements en libre-service, en cardio et en musculation. On aura une centaine d’heures de cours collectifs par semaine et du coaching privé, avec des instructeurs, tous diplômés d’État, et que l’on a recrutés avec attention. Nabil Benhaij sera notre directeur d’exploitation. Côté bien-être, on aura une piscine dans laquelle seront organisés des cours aquatiques, un sauna, un hammam, un espace détente, des cabines de consultation, ostéopathe, diététicien et ensuite un espace soins de la marque Algotherm.

Il y aura une zone coworking : tout d’abord des places au niveau du restaurant où chaque membre pourra travailler à son rythme quand il le désire. Et on aura aussi un coworking fermé sur abonnement spécifique où des personnes qui souhaiteraient installer leur entreprise peuvent avoir un bureau qui leur est consacré à l’année. Pour la partie restauration, nous avons créé une autre marque, Foodie avec une salle qui donnera sur l’extérieur, ouverte à tous. Il y aura également une salle dans le Flexx dédiée uniquement aux membres. La cuisine sera ouverte toute la journée de 8 h à 18 h sur un concept brunch et coffee shop avec des options healthy pour la clientèle sportive. En termes de boissons, on aura une carte assez développée : beaucoup de smoothies, de milkshakes et des shakers protéinés.

 

C’est très impressionnant. Comment vont se passer les liens avec Casa Leya ?

 Une partie de l’équipe de Casa Leya va être transférée : le directeur va chapeauter les 2 établissements. Certains collaborateurs de Casa Leya travailleront à Foodie, ce qui créera des synergies. C’est une restauration qui est fermée le soir, avec un service en continu en journée. C’est le Graal pour les collaborateurs. Le reproche le plus fréquent dans la restauration, c’est qu’on travaille le soir, en coupure. Quand on a mis des annonces sur internet, on a eu pas mal de retours, parce que ces jobs sont rares et convoités. On attire du personnel qui potentiellement a des enfants et qui pourra les chercher à la sortie de l’école.

 

Mais toi, comment gères-tu ?

Je travaille en journée, car je ne suis pas impliquée de manière opérationnelle dans le restaurant. L’expérience acquise avec Casa Leya m’a permis de mettre en place une équipe solide, capable de piloter le quotidien efficacement, me libérant donc pour me consacrer également au Flexx. Le partage de certaines ressources entre les deux établissements crée une synergie bénéfique pour tous. Chez Flexx, il y aura une dizaine de coachs, le même nombre de commerciaux. Ensuite, on aura les équipes du spa et les équipes de blanchisserie et ménage, qui seront externalisées. Au restaurant, nous aurons également une dizaine de collaborateurs.

 

Quels sont les secrets de ce succès ?

Respect des réglementations, management humain et attentionné, et un engagement profond envers le bien-être de notre équipe. Nous organisons régulièrement des activités de team building, renforçant ainsi le lien et la fidélité de nos collaborateurs. Tous nos responsables sont les mêmes depuis l’ouverture, ce qui est assez rare dans la restauration : on en est très fiers.

 

Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ?

Je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs. Au BCG, j’avais surtout des contacts avec de grosses boîtes du CAC 40, pas vraiment le monde de l’entrepreneuriat. Mais à Nice, j’ai rejoint le CJD, un club où on est tous chefs d’entreprise. Là, ça a été super intéressant parce qu’on peut échanger sur tout : les galères, les succès, comment on avance. Ça aide beaucoup. En plus de ça, il y a le « Réseau Entreprendre » qui me suit et Initiative Côte d’Azur qui m’ont soutenue pour le financement.

 

Est-ce que tu aurais un livre à nous conseiller ?

À une époque, je lisais beaucoup sur l’entrepreneuriat pour m’inspirer. Un livre en particulier m’a vraiment marquée : « One to Zero » de Peter Thiel. Il nous explique comment lancer et gérer des startups d’une façon qui sort de l’ordinaire, en mettant l’accent sur l’innovation. Ce livre m’a ouvert les yeux sur l’importance de créer quelque chose de nouveau, de passer de rien à quelque chose. Ça m’a beaucoup aidée à penser différemment à propos de mes propres projets. C’était le genre d’inspiration dont j’avais besoin à ce moment-là.

 

Est-ce que tu aurais une devise ou un mantra ?

L’entrepreneuriat est un parcours semé d’embûches, mais chaque obstacle surmonté intensifie notre capacité à affronter les suivants. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts » est une devise qui résonne profondément avec mon expérience.

 

Retrouvez le club Fexx sur le site https://www.flexx-club.fr/

 

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.