« Parlons d’IA » : à Monaco, l’intelligence artificielle se conjugue au féminin et au futur
Propos recueillis pas Pascale Caron
Le 17 avril 2025, le MWF Institute a donné rendez-vous aux acteurs de la tech à Monacotech pour une matinée exceptionnelle consacrée à l’intelligence artificielle. Intitulée « Journée de la femme digitale — Parlons d’IA », la rencontre a réuni, entrepreneures, ingénieures et leaders visionnaires autour d’une ambition commune : penser une IA éthique, inclusive, et porteuse de sens.
Pascale Caron, Secrétaire Générale du MWF Institute, a ouvert la conférence « Nous remercions chaleureusement Monacotech pour son accueil et CMB Monaco pour son précieux soutien à cette initiative. ». Patricia Cressot, Présidente de MWF Institute dans son introduction à rappelé les engagements de l’association et think tank, en faveur de la place des femmes dans les métiers de demain.
Un premier panel mettant à l’honneur les métiers de la tech
Pascale Caron, également co-auteure du livre L’EntrepreneurIA, a ensuite pris la parole en tant que modératrice. L’ouvrage qu’elle a co-écrit avec le Dr Yves-Marie Le Bay rassemble 100 témoignages d’entrepreneurs qui transforment leur secteur par l’intelligence artificielle. Cinq d’entre eux étaient présents ce jour-là à Monaco pour illustrer la diversité des usages, des parcours et des visions de l’IA : trois femmes et deux hommes engagés dans des initiatives résolument innovantes.
Laura Degioanni, responsable IA et Innovation chez Saas Office, a ouvert la discussion. Venue de la finance, elle s’est formée à la data science avant de rejoindre Accenture Labs, où elle a travaillé sur la confidentialité des données et la durabilité de l’IA. Aujourd’hui, elle pilote l’intégration de solutions d’intelligence artificielle adaptées aux besoins concrets des entreprises, tout en mettant l’accent sur la responsabilité environnementale.
Hala Najmeddine, Directrice de la Recherche chez Active Asset Allocation, incarne la transversalité entre les mondes de l’énergie, de la finance et de l’IA. Après un parcours scientifique dans des institutions telles que le CEA et EDF, elle s’est tournée vers la gestion d’actifs, apportant avec elle une expertise pointue en modélisation des signaux. Sa voix est également forte, dans la défense d’une plus grande représentativité des femmes dans les disciplines scientifiques.
Aïda Meghraoui, fondatrice d’AMKbiotech, incarne quant à elle une vision humaniste et scientifique de l’innovation. Pharmacien et Immunologiste, elle a lancé son entreprise pour accélérer la recherche sur des pathologies lourdes comme le cancer du foie. En combinant imagerie hyperparamétrique et analyse IA, elle ouvre la voie à une médecine personnalisée, plus rapide et plus précise.
Du côté des entrepreneurs de Monacotech, Louis, cofondateur d’Altores, développe des chatbots souverains pour les entreprises, misant sur la protection des données et l’automatisation intelligente. Andréa, cofondateur de Maliz.ai, s’appuie sur des modèles open source pour concevoir des IA personnalisables et souveraines. Leur credo : une IA locale, éthique, décentralisée, au service des utilisateurs.
Une conversation croisée structurée autour de deux grands thèmes
Les intervenants ont été invités à une discussion structurée autour de trois grandes thématiques.
L’IA au service de l’humain et de l’éthique
Tous ont insisté sur la nécessité de concevoir des solutions technologiques en adéquation avec les besoins sociétaux. « l’IA n’a de valeur que si elle répond à un usage utile et respectueux ». Ils ont souligné les enjeux de transparence dans la conception des algorithmes médicaux.
La place des femmes dans l’IA et la tech
L’ensemble du panel a appelé à une politique volontariste pour diversifier les talents dans la tech, dès le plus jeune âge.
Marco Landi : une vision européenne et humaniste de l’IA
Le second temps fort de la matinée a été l’intervention de Marco Landi, ancien COO d’Apple Monde et fondateur de l’Institut EuropIA. Dans un entretien captivant, il a partagé son parcours hors norme, depuis ses débuts chez Texas Instruments jusqu’à son rôle clé au retour de Steve Jobs chez Apple dans les années 1990.
Mais c’est surtout son engagement actuel qui a marqué l’auditoire : « L’Europe a une responsabilité historique : proposer une IA centrée sur l’humain, respectueuse de nos valeurs démocratiques. » À travers le WAICF (World AI Cannes Festival) et le WAiFF (World AI Film Festival), il entend créer des ponts entre technologie, culture et société. Pour lui, « l’IA doit rester un outil au service de la créativité humaine, jamais une fin en soi ».
Une matinée riche en contenus, porteuse d’avenir
Les questions du public, ont confirmé l’intérêt croissant de la communauté MWF Institute pour l’intelligence artificielle.
En conclusion, Pascale Caron a annoncé la prochaine parution du livre l’EntrepreneurIA, Conseils d’entrepreneurs aux éditions Ovadia, une synthèse passionnante des témoignages recueillis sur le terrain.
Cette « Journée de la femme digitale » a démontré qu’il existe une autre manière de penser l’IA : inclusive, éthique, locale, et portée par des talents divers. Dans un contexte de mutation rapide, où l’IA façonne déjà les usages et les imaginaires, ces voix incarnent une vision résolument européenne, lucide et tournée vers l’humain.