[Prix] Femmes inspirantes

Communiqué de presse

Le 26 janvier dernier se déroulait à l’hôtel Hermitage de Monaco, une cérémonie de remise de prix « Femmes inspirantes », organisée par MWF Institute by Sowl Initiative. Lors de cette cérémonie, trois femmes ont été célébrées, chacune représentant un continent différent : l’Afrique, l’Occident et l’Orient.

 

Revenons à la genèse de MWF Institute, association à Monaco.

MWF Institute est né en mars 2021, sous l’impulsion de Patricia Cressot et Johanna Damar Flores. Elles ont été rapidement rejointes par une équipe de passionnées : Louisette Azzoaglio, Jean-Claude Mourad, Pascale Caron, Julie Clémentine Faure, Aude Lefevre Krumenacker et Nelly Montanera.

MWF Institute Institute est un Think Tank ; il s’agit d’une plateforme de networking pour les femmes, et d’un outil de compréhension des marchés financiers, de l’économie, du droit, des enjeux de société. MWF Institute est entouré d’un cercle exceptionnel d’experts, dans des domaines aussi variés que la finance, la philosophie, les smart city, la Tech, l’économie, l’art, etc.

Mais tout a commencé en octobre 2019, lorsque la présidente Patricia Cressot crée le webzine Sowl Initiative. D’origine libanaise, après avoir grandi en suisse, avoir eu une carrière à Paris, Luxembourg, elle s’est établie à Monaco depuis 6 ans. En parcourant 12 pays d’Afrique subsaharienne, elle se rend compte que les femmes ont une place différente selon qu’elles viennent du continent africain, d’occident ou du Moyen-Orient. En effet, l’Afrique est un matriarcat : les femmes gèrent souvent la bourse du ménage, organisent les tontines, se plient en quatre pour vendre et nourrir leur famille. En Europe, les problèmes sont différents. On parle de syndrome de l’imposteur, de patriarcat, de différence salariale, de syndrome de la reine des abeilles. L’approche orientale encore est différente : madame est souvent derrière monsieur, mais porte la famille avec le cœur.

Elle a voulu mettre en valeur ces parcours qui sont un exemple de ces 3 continents.

Elle a commencé ces articles, pendant la covid. Pascale Caron a rejoint depuis ce projet il y a 2 ans et a continué avec brio les interviews, de femmes entrepreneures. Elle en est Directrice de publication. Pascale est très active au sein de MWF et de Sowl Initiative et elle est également cheffe d’entreprise à Monaco : elle a co-fondé Yunova Pharma, laboratoire de compléments alimentaires dans la Neurologie.

 

Le prix des « Femmes inspirantes »

Le 21 décembre, le comité MWF Institute avait sélectionné 12 femmes inspirantes (4 par catégorie) parmi les 140 interviewées de notre webzine, Sowl Initiative. Au terme d’un vote ouvert à tous qui a déchainé les passions, nous avons organisé une soirée à l’hôtel Hermitage à Monaco en partenariat avec le Lions club. Lors de ce diner ont été décernés les prix, Sowl Afrique, Sowl Occident et Sowl Orient.

 Lors de cette cérémonie, chacun des prix a été remis par une personnalité de Monaco.

Prix Sowl Afrique

C’est Laurence Jenk entrepreneure et Artiste à Monaco qui a remis le prix, Sowl Afrique. Créant depuis les années 1990, JENK est connue pour ses sculptures Wrapping Bonbons aux couleurs éclatantes. Elle sculpte des bonbons plus grands que nature, de tailles variées, dans des matériaux tels que le bronze, le plexiglas, l’aluminium, le marbre et le Verre de Murano. En 2019 Laurence JENK est nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres et son travail est présent dans plus de 25 pays. Elle est représentée par de nombreuses galeries et fait partie d’importantes collections privées, publiques et institutionnelles.

Les candidates pour le prix femmes inspirantes Sowl Afrique, étaient : Awa Sagna, fondatrice de Peuhl Fulani, Katy Marcos, fondatrice Couleur Bois, Adama Ndiaye, fondatrice de la « Dakar Fashion Week » et Diane Binder, fondatrice de REGENOPOLIS.

Le prix Sowl Afrique, a été décerné à Awa Sagna, fondatrice de Peuhl Fulani une marque de prêt à porter inclusif inspiré de la culture Peuhl. Elle a fondé en parallèle la « Maison de l’Afrique — Berceau de l’Humanité » pour soutenir les artistes et les jeunes startups qui souhaitent se développer entre la France et l’Afrique.

 

Prix Sowl Occident

Le prix Sowl Occident a été remis par Nadine Renaud Cacace, Directrice du Pôle Monaco international de CFM Indosuez Wealth Management. Nadine est banquière avec plus de 30 ans d’expérience. Nous sommes heureux d’avoir eu la banque comme partenaire pour cette soirée dédiée aux femmes inspirantes. CFM Indosuez est en effet la banque leader responsable sur la Principauté avec ses 400 collaborateurs engagés, dont la moitié sont des femmes

Les candidates pour le prix femmes inspirantes Sowl Occident, étaient : Bahia Sharara, cofondatrice de Clean green Monaco, Aïda Meghraoui-Kheddar, fondatrice & CEO d’AMKbiotech, Sophie Chatelier fondatrice de la nouvelle Herboristerie et Christelle Caucheteux, fondatrice de LifeBloomAcademy.

Le prix Sowl Occident, a été décerné à Christelle Caucheteux, fondatrice de LifeBloomAcademy : une entrepreneure sociale, professeure, exploratrice en pédagogie et passionnée par l’éducation et les Ed Tech. Au sein du collège qu’elle a créé, l’équipe pédagogique accompagne les jeunes adolescents à être entrepreneurs de leurs vies. Ils développent des « Soft Skills » afin de comprendre que le savoir-être est plus important que le savoir-faire.

 

Prix Sowl Orient

Le prix, Sowl Orient a été remis par Bouran Hallani, Présidente « Les amis du Liban » à Monaco. Boubou est une Libanaise entrepreneure et fondatrice de l’Association Les Amis du Liban à Monaco. Le but le but est d’offrir des conditions de vie meilleures aux enfants libanais, quel que soit leur milieu, leur religion ou leur statut social. Au cours des années, l’association a étendu son action en venant en aide aux familles d’Haïti, de Nice ou encore d’Ukraine. En 2009, l’engagement de la Présidente des Amis du Liban à Monaco a été officiellement reconnu par les Nations Unies. Ils l’ont nommée « Ambassadrice de Bonne Volonté en Europe de L’Ouest », dans le cadre de l’initiative « Live Lebanon ».

Les candidates pour le prix femmes inspirantes Sowl Orient, étaient : Hala Dahrouge, Fondatrice et Présidente de Liban TROC, Linda Hassan, pour le poème « Liban Soufflé », Ines Baccouche Fondatrice d’Art for Ness, Sophie Leray, pour Women in Leadership.

Le prix Sowl Orient, est décerné à Sophie Leray, pour Women in Leadership. En 2008, elle a fondé le Global WIL Economic Forum (« Women In Leadership »), la première plateforme pour les femmes d’affaires dirigeantes au Moyen-Orient et en Asie. En 2016, elle a co-écrit « Game Changers: How Women in the Arab World Are Changing the Rules and Shaping the Future » sur la place de la femme dans le monde arabe. Elle est rentrée en France depuis peu et a décidé récemment de poser ses valises chez Initiative Côte d’Azur en tant que Directrice afin de soutenir l’entrepreneuriat local.

Remerciements

  • Le Lions club de Monaco, Eric Musumeci, à l’initiative de ce projet et David Sirour le Président qui a mis beaucoup de son temps et son énergie au service de cette Remise de Prix
  • Nos sponsors : le CFM Indosuez, Monaco Sécurité, Continental Invest, et le Comité des droits des femmes pour leur soutien. Ainsi que notre homme du Comité, Jean-Claude Mourad.
  • L’équipe de l’Hermitage, pour leur patience, et leur collaboration. Alexandre Vitre et son équipe.
  • Mme Bubbio responsable de la commission d’insertion des jeunes,
  • Mr Bubbio directeur de l’IMSEE
  • Céline Cottalorda déléguée des droits des femmes de la Principauté de Monaco, Gouvernement Princier,
  • Et l’amitié transfrontalière de Mme Maty Diouf, Déléguée des droits des femmes de Nice.

 


[Conférence MWF] Smart cities

 

 

 

Conférence MWF Institute: Visions et enjeux des Smart cities, dans les locaux d'Extended Monaco.

By Pascale Caron.

Lors de cette conférence, nous avons eu la chance de réunir deux intervenants de haute volée qui ont pu échanger sur la ville de demain, mais aussi d’aujourd’hui.

Tout d’abord Laurence Vanin (PHD/HDR), titulaire de la « chaire Smart City Philosophie et Éthique » à l’université Côte d’Azur. Elle est chercheur au laboratoire « Risques, Épidémiologie, Territoires, Informations, Éducation et Santé » (RETINES). Elle est également expert de l’Institut Europ’I.A, du Smart Deal et du Safe Cluster. Laurence est Directeur du Comité d’Éthique de « l’Institut du Numérique Responsable » (INR). Elle est aussi essayiste et a été nommée « Philosophe de la résilience » par Boris Cyrulnik. Son point de vue éclairant de philosophe était une manière de contrebalancer le tout technologique et apporter une perspective davantage centrée sur l’humain que sur l’usager.

Pour échanger avec elle, nous avions convié Georges Gambarini, qui représente le Gouvernement de Monaco en tant que responsable Smart City/Smart Country, et eEducation. Georges vient du monde du conseil en management technologique et a notamment travaillé en corporate finance, sur le marché des nouvelles technologies. Après un peu plus d’une dizaine d’années à l’étranger il est revenu en Principauté fin 2018 pour contribuer à l’ambition de transition numérique à Monaco. Il est spécialiste du management de l’innovation sans pour autant être ingénieur ou informaticien. Il défend une approche collaborative et drivée par l’usage de la smart city. Monaco a entamé en 2019 un programme d’envergure, Extended Monaco et nous avons organisé la conférence au cœur du réacteur dans leurs locaux ou tout est conçu.

Étant très impliquée dans l’innovation technologique et la Health Tech, j’ai eu à cœur d’animer ce panel que j’ai trouvé absolument passionnant.

Pour cela je suis d’abord partie de la définition d’une « smart city », si on en croit Wikipédia. C’est une ville intelligente, utilisant les technologies de l’information et de la communication pour améliorer la qualité des services urbains ou réduire leurs coûts. D’autres termes ont été employés pour des concepts similaires : ville connectée, cyberville, communautés électroniques. Pour mieux comprendre de quoi nous parlions, j’ai donc interrogé nos 2 invités.

 

Laurence Vanin, quel est le projet de la chaire Smart City à Nice ?

Le rôle de cette chaire est de faire un pas de côté vis-à-vis des technosciences et de réfléchir à cette ville du futur par le prisme de la philosophie et de l’éthique. Notre ambition c’est de la penser non pas seulement optimale et écoresponsable, mais aussi désirable. On la définit à juste titre comme étant intelligente. En latin, « intelligere » veut dire que tout est relié. Et en effet dans la smart city tout est relié, car l’ensemble est systémique. Mais « smart » est aussi un mot-valise : les uns y mettent de l’économie, les autres davantage d’optimisation des énergies, ou de la fluidité dans les trafics. La façon dont on conçoit la smart city donne également son orientation. Cela influe sur les décisions politiques ou industrielles, qui doivent les accompagner. Il est intéressant de se dire que « smart » pourrait nous renvoyer à quelque chose d’intelligent, de malin, d’agile, habile. Cependant le malin peut devenir catastrophique, au sens de malin, de diabolique.

Donc, quelle est cette ville dont on parle ? Qu’est-ce qu’on veut mettre derrière ces concepts de smart city et comment va-t-on en finir avec la question de la cité laboratoire ? On sait très bien qu’il existe déjà des smart cities, des quartiers qui sont smart, Monaco en est un exemple et Nice aussi. Nous faisons de belles choses en France et à l’étranger. Mais cette smart city est souvent rattachée à un projet prévu pour 2050.

Et c’est la suite qui m’interpelle en tant que philosophe. Effectivement, quand les bâtisseurs ont construit les cathédrales, ils ont mis 200 ou 300 ans. Ce temps permettait de s’habituer à l’évolution du paysage urbain, à la construction des bâtiments et de l’environnement associé, qui allait alors modifier les habitudes sociétales et culturelles des habitants. Aujourd’hui, les smart cities, poussent « comme des champignons » à une allure extrême et les hommes n’ont guère le temps de méditer les nouveaux usages liés à l’implantation de nouvelles technologies. Les générations qui auront 5 ans en 2050 ne sont encore nées, mais vivront dans des villes intelligentes bâties par leurs parents et grands-parents. Seulement 100 ans se seront écoulés entre la « machine à penser » de Turing et la Smart-City peuplées de bâtiments intelligents, de véhicules autonomes, de vivants et d’êtres hybrides. C’est pourquoi nous devons évaluer les risques et affiner le projet, car il engage notre responsabilité à l’égard des générations à venir, de cet environnement que nous sommes en train de leur créer. Faisons-nous les bons choix pour eux ?

 

Georges Gambarini, quelle est la vision de la « smart city », vue de la principauté ? Y a-t-il un modèle existant dont vous vous inspirez ?

Je rebondis tout d’abord sur la partie « smart » que vous avez évoquée, car à Monaco nous considérons aussi que ce terme peut-être perçu comme un mot-valise. C’est le concept même d’intelligence qui rend le principe de « ville intelligente », complexe à définir. Il ne faut pas oublier qu’une ville est un écosystème vivant qui comporte des êtres vivants, dès lors une ville intelligente est une ville qui comprend et s’adapte à son contexte particulier et celui de ses habitants.

Alors est-ce que Monaco est une ville intelligente ? Je pense que depuis 150 ans, elle a su montrer qu’elle en est une. Elle s’est adaptée à différents contextes et évolutions. Mais pourquoi est-ce qu’on en parle beaucoup aujourd’hui ? Car depuis une petite dizaine d’années nous observons une accélération de la montée en maturité des nouvelles technologies. Un certain nombre d’entre elles libèrent un champ des possibles en ce qui concerne la gestion de la ville et le business pour les entreprises. En Principauté de Monaco, depuis 3 ans, nous structurons notre approche autour de la smart city en prenant en compte notre conjoncture.

Il repose dans l’ensemble sur 2 principaux facteurs. Le premier, c’est notre modèle de smart city et de smart nation. Monaco est celui d’une ville-État avec une attractivité, et des valeurs déjà basées sur les meilleurs standards d’éducation, de sécurité, de quête de vie personnelle et professionnelle que nous nous devons de maintenir. Le deuxième sujet qui est très important, c’est le contexte humain et urbain de la principauté. Il n’y a pas beaucoup de villes de 38 000 habitants qui le matin, entre 7 h 30 et 9 h 30 accueillent 50 000 salariés. Cela crée une tension particulière sur un espace de deux kilomètres carrés, avec une densité urbaine quasiment unique au monde.

Pour répondre à votre question est-ce qu’on peut reproduire ce qui existe ailleurs ? On nous dit souvent que Monaco souhaite devenir le Singapour de l’Europe. Certes, nous allons nous inspirer de l’ambition, de la démarche, du rythme, de l’organisation du projet qui vont être mis en place dans ce type de ville là. Cette inspiration nous permettra de nous transformer en un modèle numérique de smart city. Pour autant les modèles reposeront sur des contextes et des valeurs différentes. La grande divergence de Monaco avec l’Asiatique Singapour, c’est que notre ville état est de culture européenne et latine avec une histoire et un patrimoine à préserver et valoriser. Singapour est indépendante depuis 1965, Monaco depuis 1297 : le poids de l’histoire et les modèles de société comptent dans l’usage des technologies, au service de la ville !

Notre patrimoine, et notre manière de voir les choses sont profondément différents. Nous nous devons donc d’avoir une démarche qui sera probablement plus low Tech et très centrée autour du respect des données personnelles et de l’individu.

Mon job c’est d’humblement essayer, de contribuer à pérenniser le modèle de la principauté en prenant en compte nos contraintes majeures comme la mobilité et le développement durable. Dans un espace fini, où nous avons optimisé chaque centimètre carré. Nous ne pouvons pas miser sur la campagne pour faire la transition, environnementale !

Il n’y a donc pas de modèle de smart city. C’est un concept polymorphique, adapté à chaque marché. Chaque ville a ses contraintes, comme des problèmes de mobilité, circulation, qualité de vie, et développement durable. Notre but est d’avoir un management efficient de la ville. La démarche environnementale est très importante dans ce projet et est gérée de façon transverse. Notre stratégie numérique est volontairement nativement écoresponsable. Nous réfléchissons également nos services numériques en doublon de ce qui existe en physique à Monaco. La relation humaine reste au cœur du service public, le numérique offre un nouveau canal. Nous ne numérisons pas pour faire des économies, mais pour rajouter du service. Nous ambitionnons sincèrement de ne laisser personne sur le bord de la route.

 

Laurence Vanin, quel est le point de vue du Philosophe ?

Je partage tout à fait ce que vous avez développé. La Smart City, la ville intelligente, ultra connectée se révèle être l’espace de nouveaux enjeux économiques, de défis écologiques, de réalisations et de prouesses techniques, elle ne peut cependant répondre aux seules exigences de l’innovation. La Smart City évoque une proposition, non pas au sens d’énoncé logique, mais plutôt pragmatiquement en qualité d’ouverture à de nombreuses possibilités liées à l’offre technologique et à la création de services nouveaux. Ces opportunités coïncident avec l’impératif de résorber les effets des excès de la consommation, et les gaspillages énergétiques qui ont notamment des conséquences tragiques sur la santé des individus, des vivants et plus généralement sur l’environnement.

Dans les projections on peut prendre l’exemple de Paris et imaginer la « smart city » qui se dresse sur la ville ancienne au milieu de ses monuments. Technologiquement, la smart city n’est pas uniquement une ville laboratoire, elle est multi-usage, multiservice, toute en hauteur avec une stratégie multiforme qui propose des bâtiments économisant l’énergie, une ville écodurable. De fait, si le cœur de la ville reste son cœur historique, la Smart city ne peut se couper de son passé. Elle ne peut s’isoler de son « âme » de ce qui fait son charme, mais également géographiquement elle renvoie à la spécificité de sa localisation.

D’un point de vue philosophique, elle ne doit pas se limiter à des exigences technologiques. Elle doit répondre aux futurs besoins liés à l’afflux des populations vers les villes, la pollution, la gestion des flux, l’économie d’énergie et l’optimisation des bâtiments, etc. Elle doit également être une ville désirable pour des humains qui auront à cœur d’y habiter, d’y demeurer, de s’y épanouir : et être au service des humains. C’est pourquoi réfléchir à la ville du futur consiste à nous demander ce que nous attendons d’elle. Comment aimerions-nous la redessiner, en dehors des propositions exposées par les acteurs du territoire, en fonction de nos désirs de citoyens, acteurs dans la Cité ?

Désormais les villes vont disposer d’un mobilier urbain connecté c’est pourquoi les usagers prennent conscience de la valeur des données, des datas d’autant que tous n’ont pas accès au langage informatique. Chacun s’interroge donc sur les liens qui s’établissent entre l’utilisateur et le collecteur de données. « Dans l’univers illimité des flux, l’État érige des murs visibles, terrestres et sous-marins qu’il veut le moins visibles possible.[1] » Et l’enjeu éthique repose sur le cadre juridique qui entoure la donnée et qui nécessite d’interroger les process (stockage, utilisation, exploitation), mais aussi la sécurisation et la gouvernance. D’autre part l’arrivée de l’I.A laisse perplexe, puisqu’un ensemble de tâches qui revenait initialement à l’humain lui échappe et est réalisé par des machines.

« Au XXe siècle, le libéralisme aura beaucoup plus de mal à se vendre. Alors que les masses perdent leur importance économique, l’argument moral seul suffira-t-il à protéger les droits de l’homme et les libertés ? Les élites et les gouvernements continueront-ils à apprécier la valeur de chaque être humain sans que cela ne rapporte le moindre dividende économique ?

Dans le passé, il y avait quantité de choses que seuls les humains pouvaient faire. Désormais, robots et ordinateurs rattrapent leur retard et pourraient bientôt surpasser les hommes dans la plupart des tâches. Certes, les ordinateurs fonctionnent tout autrement que les hommes, et il est peu probable que des ordinateurs s’humanisent dans un futur proche. En particulier, il est peu probable que des ordinateurs soient sur le point d’acquérir une conscience et se mettent à éprouver émotions et sensations. L’intelligence informatique a accompli d’immenses progrès au fil du demi-siècle écoulé, mais la conscience des ordinateurs n’a absolument pas progressé.[2] »

De la même manière, l’I.A paraît pouvoir anticiper sur les aspirations des hommes et les rendre si prévisibles qu’ils se trouvent dépourvus d’une part de leur libre arbitre. L’I.A a inventé l’homme « prédictible ».

« Transformés en fournisseurs de data, ceux-ci (les individus et les groupes que les réseaux dits “sociaux” dé-forment et reforment selon de nouveaux protocoles d’association) s’en trouvent désindividués par le fait même : leurs propres données, qui constituent aussi ce que l’on appelle (dans le langage de la phénoménologie husserlienne du temps) des rétentions, permettent de les déposséder de leurs propres propensions — c’est-à-dire de leurs propres désirs, attentes, volitions, volonté, etc.[3] »

La combinatoire de nombreuses données produit des résultats tendant à dissoudre les désirs des hommes et leur liberté dans un algorithme qui devient le référent au détriment de l’humain, qui initialement était défini comme être de liberté. La confiance qui est accordée à des magmas de code, « d’existences autonomes » entraîne un nouveau genre d’« autoaccroissement de la technique », qui produit un effet singulier : une forme d’éloignement à l’égard des humains. En effet, l’algorithme utilise les données fournies par les hommes, mais l’I.A calcule dans la froideur des automatismes informatiques et impose ce qui aura valeur de décision.

En confiant une partie de leurs tâches à la logique algorithme les hommes se dessaisissent d’une part de leurs réflexions. Ils se doivent malgré tout de conserver une part de leur capacité de décision et d’exercice de leur libre arbitre, au risque de se mettre en danger[4]. La responsabilité ne peut donc être transférée à la seule puissance de l’I.A. L’humain doit donc garder au cœur de la Smart City et des processus mis en œuvre dans sa construction, sa capacité à raisonner et à finaliser les décisions. Cela permet d’en rester maître et de ne pas s’aliéner à « la série des abstractions » en s’en remettant à la puissance métaphysique et aveugle de la technique.

En d’autres termes, la technique — souvent considérée comme neutre — n’a pas été soumise à la contrainte morale puisqu’elle avait vocation à se déployer sans limites pour servir quelques fins. C’est pourquoi elle ne peut dans le cadre de la Smart City se développer de manière totalement libre, sans être régulée, contrôlée. La puissance et l’autonomie de la technique ne peuvent comme le redoute Ellul dans son ouvrage Le système technicien justifier que la technique « soit juge de la morale. » La Smart City ne peut devenir le théâtre de la mise en œuvre des technosciences où « une proposition morale ne sera considérée comme valable pour ce temps que si elle peut entrer dans le système technique, si elle s’accorde avec lui. »

La ville de demain est une ville « machine ». Elle capte, elle répond, on va la toucher par l’intermédiaire d’écrans, elle va faire écho à nos demandes. Mais, il faudra rapidement savoir si ces services nous rendent vraiment heureux. Avons-nous envie d’être des citoyens « sous surveillance » ? Quelle humanité pour nous dans le futur ? Et comment faire ces transitions, cet accompagnement au changement pour une ville inclusive, une ville dans laquelle les citoyens vont s’épanouir ?

La sagesse consiste à se dire que cette conception de la ville du futur demeure toujours inachevée. L’humain qui la pense est un être de « l’ici et du maintenant », un maintenant qui ne sera qu’un « hier » ou qu’un « passé » pour les générations futures, qui vivront au cœur de la Smart City.

 

 

 

Georges Gambarini, quels sont vos enjeux et vos principaux projets courts termes, mais aussi long terme ?

Merci beaucoup Laurence. J’aurais aimé être votre élève il y a quelques années. En Principauté on travaille nos feuilles de route, de transformation et d’innovation dans un rythme qui est assez court terme. Globalement, nous planifions à trois ans et avons une visibilité au plus loin à six ans sur les projets plus long terme. Nous restons très collés au terrain. Nous sommes vigilants à mettre en place des garde-fous, pour ne pas tomber du mauvais côté. La capacité à réglementer rapidement est clairement une des forces d’une cité-État comme Monaco. Nous allons pouvoir évoluer beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus itérative. Actuellement l’une des priorités c’est la protection des données personnelles. Au-delà de la réglementation, la notion d’éducation est critique. Ma deuxième casquette professionnelle c’est justement la e-éducation. C’est apprendre à ces jeunes générations aussi, à ne pas sombrer dans les dérives que vous nous avez indiquées et à comprendre les opportunités, mais également les risques du monde numérique.

Concernant la smart city en Principauté nous travaillons sur trois grands axes. Tout d’abord construire les derniers maillons d’une mobilité performante, enrichir le cadre de vie par l’interaction avec les habitants, parvenir à une meilleure maîtrise de la planification urbaine et des marqueurs environnementaux.

L’expérience de la ville est un sujet important, on peut citer les abribus connectés, véritables points de repère numériques au cœur de la ville, dotée de services (Wi­Fi, capteurs écologiques, services pour touristes et résidents…). Le numérique est au cœur d’une nouvelle relation à la ville pour les résidents. Au-­delà de l’accessibilité en ligne, des informations sur le cadre de vie, la « voix de l’usager » est prise en compte dans l’application Urban Report. Elle nous permet de perfectionner l’efficacité de nos actions par la force du collectif en créant une dimension participative.

 

Georges Gambarini, où en êtes-vous de ce projet qui a démarré en 2019 ?

Sur le volet des outils numériques grand public, nous avons commencé par la mise en place d’une stratégie de plateformes qui vise à développer des applications qui regroupent plusieurs usages. L’objectif est de rationaliser les trop nombreuses applications afin de proposer un service plus lisible, de faire des économies et d’obtenir un gain carbone. C’est dans cet objectif que nous fournissons des services massifiant comme YourMonaco, Monapass, ou encore Citymapper.

Nous travaillons avec des partenaires sur des projets comme Livrici qui est l’optimisation de la livraison du dernier kilomètre. Pour cela nous utilisons des capteurs d’analyses d’images, qui monitorent les places de livraison et une interface web qui donne en temps réel l’information de disponibilité aux livreurs.

Sur le volet de la gouvernance urbaine et des outils d’aide à la décision, le 1er cycle est terminé. Nous avons déployé des piliers technologiques que sont la 5G, le Cloud et le jumeau numérique (représentation de Monaco). Nous avons développé les 1ers cas d’usage et les premiers produits sont lancés.

Maintenant dans la phase 2 on accélère. Nous avons des feuilles de route 3 ans par 3 ans. Notre plus grand enjeu réside dans l’aide à la décision, IOT, l’analyse de la data avec le respect dû aux réglementations européennes. Notre focus est axé sur l’humain. Nous ne sommes pas centrés Tech, et plutôt drivés par l’usage et la collaboration. Nous avons trouvé les bons partenaires et combiné les savoir-faire.

 

Pouvez-vous nous montrer des exemples et ce fameux jumeau numérique ?

Georges Gambarini nous a présenté 3 vidéos :

  • Monaco et son jumeau numérique dans le cadre de la gestion des projets d’urbanismes
  • L’intervention de pompiers connectés/augmentés au musée océanographique.
  • L’exemple de la relève de la garde et la prise de décision dans le cadre de la Covid.

 

 

 

 

Laurence Vanin : Quelle est la place de la femme dans la smart city de demain ?

Elle est partout. Bien évidemment, les femmes ont investi quasiment tous les métiers, les espaces de vie. Elles sont libres et citoyennes à part entière, comme les hommes. Elles ont une sensibilité ou une perception peut-être de la ville légèrement différente, plus pragmatique, mais aussi plus poétique. Parfois la smart city manque de couleurs. On a du verre ou de la verdure, c’est un peu morne non ? Peut-être serait-il pertinent d’observer ce que font spécifiquement les femmes, leur souhait de créativité ? S’il y a des lieux qui les interpellent davantage que les hommes ? Peut-être sont-elles en quête de nouveaux services ? de sécurité ? d’espaces de détente, de flânerie ? de partage en famille ou seule pour se ressourcer ? La ville du futur devra donc être inspirante et désirable, et non pas uniquement une somme de prouesses techniques.

 

La conférence s’est terminée par des questions du public. Merci à Extended Monaco pour ce moment passionnant.

 

[1] Olivier Mongin, La ville des flux, L’envers et l’endroit de la mondialisation urbaine. Ed. Fayard. Une urbanisation à plusieurs vitesses. p. 196

[2] Y.N Harari, Homo deus, une brève histoire de l’avenir, Ed. Albin Michel, p. 334.

[3] Bernard Stiegler, Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou. Ed. LLL. La Disruption. 5. Toujours trop tard. p. 23.

[4] Cf. Jean François Mattéi, L’homme dévasté, Ed. Grasset, p. 145

 


Sowl Initiative co-organise BLUE AND SUSTAINABLE FINANCE

Dans le cadre de la Monaco Ocean Week, le Centre Scientifique de
Monaco, Rosemont International et Sowl Initiative organisent une aprèsmidi
de conférences sur la « Blue and Sustainable Finance » le mercredi
24 Mars 2021.
L’objectif est d’impliquer le secteur privé face aux changements
climatiques et à la vulnérabilité de nos écosystèmes. En effet, le secteur
financier peut avoir un rôle primordial à jouer pour réunir les fonds et
mieux les distribuer pour sauvegarder notre planète. En plein pendant la
Monaco Ocean Week, la discussion sera axée sur Monaco, précurseur
dans sa «politique Blue ».

Suivez le live sur https://www.monacooceanweek.org/


[8 Mars] Virginie Broquet

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Sowl Initiative a soutenu Hassan Ndam

Sowl Initiative a soutenu Hassan Ndam pour la conférence sur la Tolerance et la lutte contre la radicalisation dans les sports de combat.