[Evenements] startups


Interview d’Emilie Boyom, Membre Co-fondatrice & Organisatrice du B.I.G Challenge.

By Pascale Caron.

Quand on est une startup de la région sud, on a déjà au moins une fois croisé la route d’Emilie. BA06 event, Get in The Ring France, Big Challenge, autant d’événements qu’elle orchestre de main de maitre, entourée des ses acolytes et de l’équipe de bénévoles. J’ai voulu en savoir plus sur son parcours.

 

Qu’est-ce qui t’a amené à faire carrière dans l’innovation ?

Assez jeune, je ne me voyais pas continuer dans une scolarité en France. Je suis donc partie aux États-Unis, en Caroline du Nord, afin de décrocher un Bachelor Business Administration en Management et Marketing.

De retour à Paris dans les années 2000, j’ai travaillé dans le Luxe en tant que responsable marketing. J’ai commencé par un stage chez Shiseido et j’ai ensuite rejoint le Swatch Group qui comprend 18 marques horlogères : j’y suis restée 5 ans. J’ai pu me frotter à l’univers des grands groupes et j’y ai parfait ma formation. J’ai vécu des aventures incroyables, côtoyant les stars américaines comme Will Smith ou Tom Cruise.

Et puis en 2005, nous décidons avec un associé de créer une marque de montres. Nous voulions fabriquer en Chine, car ils avaient un savoir-faire horloger. C’est pour cela que nous sommes partis 2 mois là-bas visiter les usines, et arpenter les salons. Nous avons commencé avec des inspirations de Rolex en plastique, dont certains modèles étaient tombés dans le domaine public, nous étions précurseurs de « Ice watch ». Venant d’un grand groupe, nous avions accès à toutes les équipes de logistique, de comptabilité et d’administration : avec le recul nous étions inconscients des risques que nous prenions, tout était à construire et nous devions tout faire. Après les premières ventes, nous rencontrons des Coréens et décidons de lancer des montres en céramique. C’était l’époque de la J12 de Chanel et bien sûr leurs avocats nous sont tombés sur le dos. Nous avons dû engager un avocat spécialisé afin de gagner nos procès. À cette époque les incubateurs et les accélérateurs n’existaient pas, un accompagnement nous aurait surement évité tous ces écueils. En 2007 nous choisissons de lever des fonds pour créer des boutiques de marques chinoises et renforcer la distribution de notre propre marque. Mais en 2008, la crise des sub primes a mis un coup d’arrêt à nos projets.

Je venais d’avoir ma première fille, il a fallu prendre une lourde décision. : nous avons liquidé le stock. Cette aventure entrepreneuriale a été très formatrice et finalement très positive pour la suite de ma carrière.

Je choisis de faire un break et prends un congé parental pour avoir mon deuxième enfant et on redescend sur la Côte d’Azur près de ma famille. Arrivée à Nice, je me rends compte que je n’avais plus de connexions ni de réseau. Le développement durable et la RSE étaient balbutiants à l’époque et me passionnaient. Je décide de repartir en école de commerce en 2012 à Skema. J’avais alors 2 filles en bas âge de 4 ans et 2 ans. Contrairement à ce que j’imaginais, les enfants à cet âge demandent beaucoup d’attention, mais je sors quand même major de promo !

 

 

Comment t’es-tu retrouvée au BA06 ?

À Skema nous devions contribuer à des missions en entreprise et c’est à cette occasion que j’ai rencontré Georges Dao, un personnage déterminant pour la suite de ma carrière. Il était en cours de création d’un fonds en ISR (investissement socialement responsable) et cherchait 2 étudiants pour faire un benchmark. C’était une tâche titanesque, mais j’ai relevé le défi. De fil en aiguille, je fais mon stage chez lui et me voilà embarquée dans l’aventure BA06 et notamment « BA06 event » porté par L’UPE06 au démarrage. Même si je n’avais pas de compétences financières, George avait dans l’idée d’utiliser mon expérience marketing, entrepreneuriale et managériale. Je ne connaissais rien à la Tech ni à l’innovation. Ce n’était quand même pas un milieu inconnu, car mon mari était ingénieur. Je me retrouve donc employée du BA06, et s’en suit l’aventure Get in The Ring apportée par la JCE de Monaco.

Dès la 3e édition du BA06, avec ma compère Marina Péré, nous nous lançons dans les concours de pitchs et les vidéos. Nous avons coaché plus de 500 startups au cours de toutes ces années.

En 2019, George a plus de 70 ans et se résout à passer le flambeau à un entrepreneur. Sébastien Fraisse avait participé à la 2e édition du BA06 en tant qu’entrepreneur et était reconnaissant de ce que cet événement lui avait apporté. Il voulait monter un écosystème de startup et un magasine, mais il lui manquait le volet « rencontre business ». C’est tout naturellement que nous lui avons recommandé le BA06. La condition, comme au mercato de foot, était que je fasse partie du deal, et je les ai donc rejoints.

 

Comment c’est organisé le B.I.G Challenge ?

Lors d’une discussion avec Laurent Dys de CannesIsUp, nous réalisons que la pléthore d’événements organisés sur la côte nuisait à l’efficacité et nous proposons de coordonner un challenge regroupant plusieurs manifestations. Quand on pense que les startups vont à la grand-messe du CES de Las Vegas pour rencontrer EDF ! Nous avons décidé de créer notre CES à nous et nous présentons l’idée en aout 2019 au maire de Cannes. À la suite de la crise sanitaire, nous programmons la manifestation en septembre 2020 sur les iles de Lérins et au Collège international de Cannes.

Après ce premier essai, nous choisissons de repartir aux sources. Nous concevons le BIG Event en rassemblant BA06 et Get in the Ring et en organisant des activités de team building le 2e jour pour les entreprises qui le souhaitent. Le lieu sélectionné a été la Bastide Rouge, le tout nouveau Campus, qui venait tout juste d’être fini. Il n’avait pas encore été inauguré !

 

Quels sont tes futurs challenges ?

Nous sommes en cours de sécurisation du BIG Challenge pour plusieurs années, le prochain sera prévu en octobre 2022.

 

À vos agendas ! Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Actuellement je lis beaucoup de livres sur la créativité et notamment les travaux de Teresa Amabile, professeur à Harvard. Elle a étudié comment favoriser la créativité dans les entreprises et identifié des facteurs qui la facilitent ou la contraignent. Ses recherches portent essentiellement sur la motivation, l’innovation organisationnelle et, plus récemment, sur les réactions émotionnelles des individus face à des événements de leur vie professionnelle. J’ai lu, « The progress principle: Using small wins to ignite joy, engagement and creativity at work ».

J’ai apprécié également un livre sur les routines des gens créatifs et à quel moment de la journée, ton cerveau est le plus productif. Je conseille « Daily rituals: how artists work » par Mason Currey.

 

Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?

Je citerai bien sûr en premier George Dao, qui m’a ouvert son carnet d’adresses et m’a permis de rencontrer énormément de monde : cette rencontre a été décisive. Il m’a appris une chose que j’utilise encore « tant qu’on ne t’a pas dit non, tu y vas, tu ne lâches pas ».

Lors de mes études aux états unis, un professeur de marketing a également été déterminant en me disant « If there is a will, there is a way ». Depuis ce temps, je suis persuadée que tout est possible.

Ces deux devises sont devenues mes mantras.