[Art] Talk

Discussion sur l’Artiste et la Femme, une prédisposition?

Par Karin Fellinger

Avec Patricia Cressot, je m’interroge sur la participation singulière des femmes
dans une démarche artistique.

Je ne crois pas forcement que les femmes possèdent une sensibilité artistique
différentes de celles des hommes.
Tout est une affaire de travail, de recherche, de tâtonnement, de patience, de
discipline et de technique.
L’Art pariétal de la grotte de Lascaux est une œuvre magistrale, possiblement issue
d’un esprit féminin, guidé par une main féminine.
Tout comme l’artiste anonyme de la grotte, mon travail est le résultat d’une
combinaison hasardeuse.
Les petits et les grands plaisirs de l’existence, dans le Sud, sont les fruits ensoleillés
d’une vie paisible et d’une douceur de l’être.
En tant que femme, suis-je « moléculairement » prédisposée à la sensibilité, à la
beauté, à l’harmonie et la célébration du sublime ?
Je ne le crois pas.

Opposition
C’est principalement une question de liberté et d’indépendance.
Le processus créatif n’est pas sexué.
Liberté acquise et indépendance conquise m’ont permis de peindre.
Je suis un esprit indépendant dans un corps de femme libre.
Je suis une artiste peintre.

Karine Fellinger, le vendredi 2 août 2019

INSTAGRAM /FACEBOOK fellingerkarinstudio

*BIO Karine Fellinger

 » Autrichienne par mon horizon généalogique et française par le biais du mariage, les premières années furent marquées par l’enchantement de la culture pastorale associé au parisianisme culturel euphorique. Les années juvéniles s’évanouissent au fur et à mesure des naissances qui se succèderont trois fois.
L’installation dans le sud de la France constitue une nouvelle rupture existentielle. La lumière cristalline des horizons pastels, les contrastes chromatiques de la nature et les fragrances saisonnières produiront des effets sensibles dans mon rapport au monde. C’est l’origine du  kaléidoscope pictural de mon travail.

Mon travail s’attache à saisir l’évocation d’un paysage, d’un portrait ou d’un objet commun. Cette évocation est une distance conceptuelle avec le sujet. Je ne me considère pas comme étant une naturaliste ou un peintre spécialisé dans la description idéalisée de l’environnement. Ma sensibilité envers la nature est constitutive dans mes œuvres. Le choix des éléments biologiques utilisés pour la création, rassemble des matériaux issus de l’environnement parmi lesquels on retrouve de la cire d’abeille, de.la toile brute biodégradable .des pigments naturels ou du sable ocre issus des carrières du Luberon.

L’utilisation des matières naturelles, compactes, dissociées ou assemblées, rend possible une scénographie gestuelle spontanée et instinctive. Le mouvement du corps et ses circonvolutions est également impliqué dans l’élaboration créative.
Jetés sur la toile, les éléments naturels sont magnifiés par les flous des tracés et des formes. La combinaison compulsive des forces créent les formes. Elles se juxtaposent jusqu’à l’achèvement. 
Peindre c’est essentiellement gratter, ajouter, effacer, cacher, salir, blanchir, brosser, retrancher, refaire… 
Mais, peindre c’est aussi pleurer, s’émouvoir, rater, recommencer, s’énerver, s’impatienter, durer, se tromper dans un rythme cadencé par un quotidien carencé et toujours insuffisant. 
Peindre c’est créer de l’abstraction.
Je reconstitue le sujet avec les mêmes composants qui façonnent la nature comme la terre qui est chauffée à vif par les morsures du soleil. Je préfère conserver à l’esprit les sensations éruptives qui génèrent une peinture. 
Une toile peut être réalisée en une heure comme en une journée, voire parfois en un mois. Combien de temps faut-il à une fleur pour exister dans la nature ?

L’aspect sculptural de mes tableaux est largement influencé par les peintres abstraits, en particulier par ceux de l’immédiat après guerre comme Dubuffet et Tapies. C’est mon deuxième arbre généalogique. »