[Mediation] Qualité de Vie au Travail

Interview de Caroline Jolly-Bellocci, Présidente de SAS MEDIATIS-MCF.

By Pascale Caron

Experte en « Qualité de Vie et Conditions de Travail », Médiateur près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, Formatrice en communication interpersonnelle et en Premiers Secours en Santé mentale, Caroline est la bienveillance incarnée. Ancien Avocat-Conseil en entreprise, c’est son expérience de vie qui l’a amenée à s’investir sur la question de la santé mentale en entreprise.

J’ai rencontré Caroline lors de la parution de mon livre, « Le burnout de Wonder Woman », dont j’ai donné les droits à des associations en lien avec le thème. Nous avions participé ensemble à des événements sur le sujet « du bien-être au travail ».

C’est tout naturellement que j’ai voulu vous la faire connaitre : une personne à rajouter définitivement dans son carnet d’adresses. La prévention des risques psycho sociaux est un point crucial en entreprise !

 

Caroline, peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à travailler sur ces sujets et créer ton entreprise ?

Je suis originaire de Nancy. Après mon baccalauréat, j’ai ressenti un besoin viscéral de rejoindre la faculté de droit. Ayant également réussi le concours d’entrée du « Centre Universitaire d’Etudes Politiques » de Nancy, j’ai suivi un double cursus pendant ma première année universitaire. Je poursuis alors mes études jusqu’à l’obtention en 1998 d’un 3e cycle en droit des affaires (DESS-DJCE). Ma vocation pour le monde de l’entreprise était ancrée !

Lors d’un de mes stages chez Usinor Sacilor à Paris La Défense, le Directeur Juridique du groupe me recommande de passer le diplôme d’avocat. Je suis finalement la seule de ma promotion DJCE à réussir le concours d’entrée au CRFPA de Metz-Nancy Lorraine. J’accède ainsi au statut d’Avocat-Conseil en entreprise.

Mon arrivée dans la vie professionnelle, je l’imagine dans l’un des « big five » à Paris et c’est tout naturellement que je postule au sein du cabinet d’avocats Ernst & Young. Une offre pour un poste à Nice s’ouvre et je l’accepte. Je n’étais jamais venue dans la région ! Je fais le choix de prêter serment avec ma promotion à Nancy en janvier 2000 avant de rejoindre Nice. Me voici avocate en droit du travail dans un gros cabinet d’affaires. Cette expérience a été très enrichissante, mais me limitait à une matière du droit des affaires.

Je souhaite alors élargir mon champ d’action et possiblement introduire une dimension internationale à mes fonctions.

C’est Maître Didier Escaut, Bâtonnier de l’époque en Principauté de Monaco, qui me répond. Il oriente ma candidature vers l’un de ses clients, qui recherchait une responsable juridique depuis plusieurs mois.

À 24 ans, je me présente aux entretiens avec une relative décontraction, sans en mesurer totalement les enjeux. Je suis rapidement recrutée et me retrouve immergée au sein de la gestion du groupe immobilier PASTOR-PALLANCA.

C’est au cours de cette expérience professionnelle de près de treize ans que je me suis forgé une solide compétence de médiateur. « Mediare » veut dire « au milieu de » et c’est ce que j’ai vécu, car j’étais très régulièrement associée aux prises de décision de ma direction. J’ai eu des moments magnifiques et je me suis dévouée corps et âme à mes fonctions avec l’implication qui me caractérise. Et puis j’ai pensé à moi : je me suis mariée et j’ai eu mon premier enfant. Ma première grossesse m’a fait repositionner mes priorités. Je décide de débuter un nouveau cycle professionnel.

Je rejoins le secteur bancaire à Nice et gère pendant 5 ans un service contentieux.

Ma seconde grossesse et les circonstances très pesantes de mon contexte de travail à cette échéance me forcent alors à me remettre totalement en question. Je suis en quête de sens et en recherche profonde d’indépendance.

Bien sûr, en tant que chef d’entreprise, nous nous retrouvons dans une forme d’isolement, mais la liberté n’a pas de prix. C’est ainsi que forte de toutes ces expériences je crée ma structure en 2019. Le choix de suivre une formation à la médiation me paraît alors évident. Mon envie est d’aborder le conflit sous un angle préventif.

Je suis donc devenue Médiateur judiciaire et conventionnel pour les entreprises. Je suis inscrite auprès de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence depuis janvier 2022. Je délivre une approche personnalisée et de proximité aux entreprises privées et publiques à chacune des étapes de leur développement grâce aux outils de la médiation préventive, de la médiation de projet et de la négociation raisonnée.

Mes valeurs sont la coopération et la bienveillance. Je recherche un apaisement des tensions au sein des équipes et la conservation d’un climat sain et performant, toujours dans l’objectif de prévenir les risques psychosociaux et de préserver la santé mentale au travail.

Je suis également formatrice en communication interpersonnelle et en Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM France). Ce programme est soutenu par le ministère de la Santé et des Solidarités et l’ARS. Mes process sont certifiés qualité QUALIOPI pour les actions de formation et les bilans de compétences.

J’interviens régulièrement en école de commerce et je publie des articles de presse dans des journaux spécialisés sur la médiation, tels que la revue nationale « Intermédiés ».

 

Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?

Je citerai mon professeur à la Faculté de Nancy, qui a aussi été mon maître de stage pendant mon année d’études d’Avocat, Maître Jean-Louis Beaufort. Spécialisé en droit des affaires, il m’a apporté une ouverture d’esprit sur la profession. Sur ma dimension entrepreneuriale, c’est Monsieur Klajman, Directeur juridique du groupe Usinor-Sacilor, qui m’a inspirée.

Chacun d’entre eux m’a orientée dans la carrière que je poursuis actuellement. C’est ma longue expérience dans l’entreprise qui m’a poussée vers le sujet de la qualité de vie au travail, de la santé mentale et de la médiation comme outil de prévention et de management.

 

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Parmi les nombreux ouvrages en lien avec la médiation, j’en ai choisi trois :

Marshall B. ROSENBERG, « Les mots sont des fenêtres… ou bien ce sont des murs », Éditions La Découverte, 2005. Une communication de qualité entre soi et les autres est aujourd’hui et pour le futur une des compétences les plus indispensables et les plus précieuses. Grâce à des exemples et des concertations simples, nous apprendrons à transformer des différends potentiels en dialogues paisibles et à nous rendre la vie plus belle, également par un travail d’introspection.

Jacqueline MORINEAU, « La médiation humaniste », Éditions Erès 2016. Dans cet ouvrage, elle revient aux sources historiques, culturelles et spirituelles de la médiation humaniste qu’elle a développée, pratiquée et enseignée depuis trente-trois ans. Le concept est que tout conflit matériel cache une dimension profonde, que l’on doit s’attacher à débusquer. « On doit oser descendre dans le labyrinthe de la vie pour répondre à la vraie demande ».

Robert A. BARUCH BUSH, Joseph P. FOLGER, « La médiation transformative », Coll. TRAJETS, Éditions Erès, 2018. Cette méthode met en avant la non-directivité du médiateur et son respect intégral de l’autodétermination des participants, de l’expression de leurs ressentis et de leurs points de vue.

 

Aurais-tu une devise ou un mantra ?

J’aime beaucoup la citation de Nelson Mandela « C’est toujours impossible jusqu’à que ce soit fait ».

 

À méditer…

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie. Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.