[Bijou] de peau
Interview de Nawal Laoui, créatrice de la marque de bijoux Persée, @persee_paris.
By Pascale Caron.
Si les maisons de joaillerie traditionnelles restent des valeurs sûres, elles sont aujourd’hui talonnées par de nouvelles marques qui proposent des bijoux précieux à porter au quotidien. Parmi ces acteurs de la joaillerie, Persée est devenu un incontournable.
Nawal Laoui fait entrer le diamant dans une nouvelle ère, celui d’un bijou de peau, qui s’oublie par sa discrétion et sa légèreté.
En seulement 5 ans, la marque fait partie des noms les plus sollicités à travers le monde. J’ai voulu en savoir plus sur sa trajectoire.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Après un MBA en Management & Marketing du Luxe, j’ai dirigé ma carrière dans le secteur de la joaillerie puis de l’horlogerie.
J’ai toujours aimé voyager et mes études ont été jalonnées de plusieurs stages à l’étranger. Ce parcours a été fondateur. J’avais un désir de voyage et je cherchais sans cesse à aller le plus loin possible. Je suis d’abord partie à Shanghai en stage dans le digital où je me suis passionnée pour la culture chinoise au point d’en étudier et parler la langue.
Puis j’ai fait un deuxième stage de 6 mois à Los Angeles. Cette expérience dans une startup de la cosmétique de luxe a guidé ma carrière dans le secteur du luxe. Je jouais un vrai rôle dans l’entreprise ; j’étais responsable marketing et commerciale de l’Amérique latine.
J’ai dû sillonner les salons avec le directeur général, San Francisco, Las Vegas, San Diego… C’est à cette époque que je me suis formée au développement wholesale & stratégie business de marque.
J’ai terminé mes études avec un MBA en alternance à Paris dans la Joaillerie, pour une marque qui naissait, Redline. La fondatrice était jeune et à travers son parcours je me suis rendu compte qu’avec de la passion et un peu de moyens on pouvait arriver à ses fins. Si toutes mes camarades avaient rejoint de très grands groupes de luxe, j’avais fait le choix d’une plus petite structure, car le projet me semblait très challengeant. J’y suis restée 2 ans au cours desquels j’ai accompagné l’entreprise dans son développement commercial et stratégique.
À la suite de cette expérience, j’ai intégré des maisons dans la haute joaillerie et l’horlogerie, de Fabergé à Audemars Piguet.
Mais le modèle de salariat ne m’épanouissait pas. L’envie très forte de fonder ma propre société m’a poussée à tout quitter en 2017. Ma première volonté a été de créer une conciergerie, un Family Office pour fortunés Asiatiques, dans l’immobilier, l’art ou la joaillerie. J’ai donc fait un business plan et je suis partie à Hong Kong bien décidée à tester mon concept. Au même moment à Hong Kong se déroulait un salon de la joaillerie. J’y ai j’accompagné un ami qui avait besoin de mon expertise. Ce salon m’a fait prendre conscience que c’était ce milieu qui m’animait. J’avais les yeux qui pétillaient devant les bijoux, c’était mon monde. Je suis alors rentrée à Paris avec une nouvelle idée : créer une marque de joaillerie !
C’est comme cela qu’est née « Persée Paris » ?
J’ai toujours aimé les bijoux fins et délicats. Je souhaitais donc proposer une marque autour du bijou de peau, qui s’oublie par sa légèreté et se rappelle par sa singularité. Pour aller plus loin dans la légèreté du bijou, je me suis souvenue d’un procédé japonais rencontré lors de mon tour du monde, qui permet de percer les diamants au laser et leur donne délicatesse et originalité.
C’est comme cela que Persée est née, autour d’une mono technique. Avec la volonté d’apporter une approche plus contemporaine à la joaillerie, en bouleversant les codes, j’ai inventé une nouvelle façon de porter le diamant, sans serti, nu. En m’affranchissant des traditions, j’ai souhaité le mettre en apesanteur, entre légèreté et jeu de lumière. J’y ai associé les chaines les plus fines possibles, 0,6 mm, afin qu’elles se confondent avec la peau.
Persée est pensée pour chaque femme qui souhaite arborer le luxe au quotidien, en toute simplicité. L’originalité vient aussi du fait que tous les bijoux sont ajustables avec un système de fermeture unique. Ils possèdent tous une bille en silicone qui permet de jouer avec les longueurs.
Où puises-tu ton inspiration ?
Je suis passionnée par l’Art depuis mon enfance. J’ai donc débuté mes premières collections en rendant hommage à des artistes. Je me suis inspirée de Brancusi, Calder, Miro, Pierre Jeanneret et j’y ai mêlé mes origines marocaines.
Où en êtes-vous dans l’évolution de la société ?
Persée est distribuée dans une centaine de points de vente en Europe, Moyen-Orient & États-Unis. Nous poursuivons le développement de Persée avec l’ouverture de plusieurs « Piercings Labs ». Ils permettent une expérience retail où le client peut se faire percer l’oreille avec un bijou en or et diamant conçu spécifiquement pour l’acte de piercing. Dans la continuité nous avons développé plusieurs « chaines Labs » où le client peut se faire souder un bracelet pour la vie : une sorte de tatouage joaillier.
Quels sont tes prochains challenges ?
L’ouverture de plusieurs boutiques en propre, en Europe et au Moyen-Orient… Elles seront pensées autour de l’expérience client avec plusieurs services intégrés : le piercing, la gravure, la soudure, etc. pour offrir à chacun une expérience unique.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Lors de mon tour du monde où j’ai sillonné une quarantaine de pays pendant un an, j’ai rencontré Mohit dans une ONG à Delhi : « Teach for India ». Il avait étudié aux USAs, et travaillé dans les grands cabinets de conseil. Sa volonté avait été de rentrer en Inde et retrouver un sens à sa vie.
Il a voulu rendre l’éducation accessible à tous et notamment aux petites filles. Pendant mon séjour, j’y avais enseigné le français. Mohit est un homme de conviction, engagé et inspirant, qui apporte à sa manière son soutien à son pays en s’attelant à l’accès pour tous à l’éducation.
Plus globalement, toutes les personnes qui font avancer les choses à leur niveau m’inspirent que ce soient les entrepreneur(e)s, les artistes ; les médecins…
Aurais-tu un livre ou un endroit qui t’a fasciné lors de ton périple ?
Le Salar d’Uyuni, ou désert de sel en Bolivie m’a marquée. Il apporte la paix intérieure, avec son blanc immaculé à perte de vue.
Dans un autre registre, je conseille à tous ceux qui veulent monter leur entreprise « L’art de la victoire — Autobiographie du fondateur de NIKE ». Phil Knight, l’homme derrière le « swoosh », la virgule, est toujours resté dans l’ombre, et sa vie un mystère. Il raconte son histoire dans ce livre surprenant, drôle et inspirant.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer ! ».
A méditer.