Danses Africaines

Rencontre avec Aminata Sanou

SL : Artiste originaire du Burkina Faso, Aminata vous êtes danseuse, chorégraphe et directrice artistique, quel a été le déclencheur de cette histoire ?                 

AS : je suis la benjamine d’une fratrie de six frères et sœurs dont quatre sont des artistes professionnels, enfant d’un père forgeron et d’une mère de la lignée des griots. J’ai appris avec facilité la danse traditionnelle lors des cérémonies de mariages et de baptêmes et côtoyant ainsi les grandes figures de ces arts de tradition vivante.

 La danse est venue grâce à ma famille, ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand-mère et mes arrières grands-pères ont toujours chanté, dansé, joué de la musique à Bobo-Dioulasso.

 

SL : Comment avez-vous professionnalisé votre passion ?

AS : Dans les pas de grands maîtres-danseurs, je me suis formée à la capoeira, au théâtre, en technique de danse contemporaine avec des chorégraphes et metteurs en scène de renom tels que Salia SANOU, Seydou BORO, Serge Aimé COULIBALY, Aguibou Bougobali SANOU, Luc PETTON, Moise TOURE, Farguas ASSANDE.

 

SL : Vos chorégraphies sont devenues collaboratives et engagées

AS : En effet, en 2008, j’ai joué dans le duo « Elles osent » chorégraphié par Lévy Tiérema Koama de la Compagnie Sombo dans le cadre de la 7ème édition du festival «  Dialogues de corps », «Instinct acts against violence ».

En 2009, j’ai participé à un projet international qui se déroule en Allemagne « Signes et Sens» une chorégraphie collective réunissant des danseurs et chorégraphes burkinabés, français, nigériens, marocains et sénégalais, où je suis interprète. En 2010, j’ai également dansé dans «Anhumanus», pièce chorégraphique de mon grand frère Aguibou Bougobali Sanou de la Compagnie Tamadia, d’ailleurs pièce qui a concouru aux 7èmes rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien, «Danse l’Afrique danse».

 

SL : en 2010, votre ligne de carrière commence à se dessiner

AS : En 2010, dans le cadre du programme « Profession artiste », je suis accueillie 3 mois en résidence au Centre National de la Danse à Paris – Pantin . Je créée alors ma toute première pièce solo « Une Autre » qui remportera le premier prix du programme « Visas pour la création » 2011 de l’Institut Français de Paris.  Le thème central est la condition de la femme africaine , quelle est sa place dans la société ?

 

SL : en 2011, votre prochaine étape est de créer votre compagne internationale ?

AS : oui j’ai l’envie de mettre avant sur la scène internationale l’Afrique de l’Ouest et mes racines du Burkina Faso en créant la Compagnie Aminata Sanou-Tamadia International.

En 2013, dans le cadre du projet «Ch’mins de traverse » et en collaboration avec l’association Carvin culture, notre compagnie « Cie Aminata Sanou » crée le spectacle DON KADI autour des danses et musiques du royaume mandingue . Les chorégraphies se multiplient ,en 2014, je participe à Kalunga de la chorégraphe martiniquaise Agnès DRU. En 2015, je crée le spectacle « Les pas du silence » pour quatre danseuses, pour le festival IN-OUT DANCE FESTIVAL à Bobo-Dioulasso. En 2016, Je me lance dans la création de ma pièce chorégraphique pour 3 musiciens et 5 danseurs intitulée « Le Temps des Griots».

 

SL : Le Griot est ancré dans la tradition orale, et a vocation à transmettre la parole sage, la danse s’en inspire ?

 SA : « Le temps des Griots » est séquence dansée, un plaidoyer par la danse en vue d’aspirer à une société meilleure, une société d’équité et de solidarité où les droits de l’Homme seraient plus respectés. C’est une pièce chorégraphique où les artistes incarnent le griot – celui qui est l’absolu de la parole sacrée en Afrique ? – afin de dénoncer les différentes formes d’intolérance et de discrimination de notre société actuelle.

 

SL : la danse, plus globalement la culture, est–elle vecteur de valorisation africaine ?

AS : j’en suis convaincue et dans ce sens, je créé en  mai 2012 « les rencontres artistiques et culturelles de Carvin » lors de la 6e édition du festival Tamadi’Arts à Carvin ; C’est un festival pluridisciplinaire qui, en plus d’œuvrer pour le dialogue et la valorisation des arts et des cultures, se veut être un cadre de rencontres et d’échanges entre des artistes professionnels venus des quatre coins du monde. J’espère que la 10e édition de ce festival aura lieu en mai 2021.

 

En 2017, je suis danseuse interprète dans A ReBours, une création chorégraphique de Aguibou Bougobali Sanou. A ReBours, c’est d’abord un questionnement sur ce qu’il subsiste du rôle du tambour dans la société contemporaine, de sa symbolique sacrée jusqu’à sa plus profane utilisation. Face aux nombreuses crises multiformes que connaît le monde, «A rebours» a été créé dans un but d’alerter les uns et les autres sur les risques de l’avènement d’une 3ème guerre mondiale. Cette chorégraphie est aussi l’une des voix qui prônent l’expression de la diversité culturelle.

 

SL : vos dernières actualités ?

AS : En 2020, je créé une pièce chorégraphie « Mouvements non autorisés » accueillie pour une première résidence à Abidjan (Côte d’Ivoire) au mois de février.

 Le 18 juillet 2020, avec beaucoup de reconnaissance et d’honneur j’ai reçu le prix d’Ambassadrice culturelle 2020 de l’UNESCO et Center for Peace lors de l’événement commémorant la journée internationale Nelson Mandela.