[Art] Collection
Interview de Wendy Lauwers fondatrice de Multi Art Events pour Sowl Initiative,
Propos recueillis par Patricia Cressot
Wendy, étais-tu prédestinée à l’art ?
Pas du tout ! A l’âge de 20 ans, j’ai d’abord été acheteuse dans un magasin à Bruxelles et Knokke le Zout en Belgique parcourant Paris, Amsterdam, Milan. J’ai toujours eu un goût pour la mode et pour coordonner les vêtements entre eux, je me rends compte aujourd’hui je fais toujours ceci, coordonner les couleurs, mettre en place, les tableaux et les sculptures. Je m’adapte aussi au lieu et l’œuvre s’adapte au lieu, avec petits ou grands formats en fonction de la taille des murs et du lieu.
Et puis j’ai fais des études de psychologies, des cours du soir, étudiant différentes méthodes dont le PNL (programmation neurolinguistique), et la sophrologie faisant des exercices pendant 2 ans, des stages et à la clé une certification.
A l’époque je me posai beaucoup de questions sur ce que je voulais faire, ce qui me plaisait. Une première rencontre a impacté ma vie. J’ai rencontré Blake Ward, nous avons eu une histoire sentimentale. Il était beau, travaillait dans un atelier, aimait la matière, la sculpture alors je l’ai aidé à organiser ses expos et j’ai été son modèle. Nous avons eu une relation pendant 7 ans et son atelier était à la rue des violettes. Il a développé son art figuratif et abstrait. Il m’a proposée de prendre en charge ses relations publiques. De fait, j’ai commencé à organiser de premiers évènements sur Monaco, avant d’élargir ma mission à l’international, avec des expositions au Vietnam, à Londres et à New York….
Lors d’un séjour universitaire à Hanoi en 2003, il prend conscience des effets dévastateurs des mines terrestres, il commence alors une série de « desculptées » intitulée « Fragments » .Son installation sur place nous a éloigné, je ne voulais pas quitter mes enfants.
Avec le recul la psychologie m’a beaucoup aidé à comprendre les artistes, les accompagner, les conseiller sans jamais les juger. Et c’est ce que j’avais commencé à faire avec Blake. Chaque artiste a sa sensibilité, mon approche est positive tout en étant honnête.
Et après Blake ? Une autre rencontre impacte ta vie ?
J’ai lu un livre « Comment sortir de ce monde vivant ? » d’Alain Forger qui vivait à Monaco, et ce livre a été un déclic. Le livre est un récapitulatif de philosophie, de psychologie, de spiritualité, sa clientèle est composée d’hommes d’affaires dans le monde.
Je l’ai contacté à l’époque avec audace grâce à Facebook. Il a accepté de m’inclure dans son groupe restreint de personnes qu’il coach et accompagne.
Quel déclic! je suis descendue à l’Expansion Economique et j’ai créé ma société Multi-art events !
Quelle est l’identité de Multi-art events ?
Une fois ma réputation installée, j’ai été contactée par d’autres artistes qui ont souhaité que je développe leur carrière, à partir de 2013 avec Multi Art Events.
En vue de soutenir le travail de cette structure, qui organise des expositions et des événements, j’ai créé en 2014 Multi Art Gallery qui propose de retrouver les œuvres de ces mêmes artistes à la vente en ligne.
L’identité que je souhaite lui donner est un savant mélange de création artistique sous toutes ses formes, peintres, sculpteurs, photographes et autres plasticiens, qui se réunissent sous ce label sur des événements où il y a autant d’artistes internationaux à la réputation établie que de jeunes artistes émergents et prometteurs. Nice-Matin a qualifié nos Expositions annuelles « d’Art Frais » par « le délicieux mélange des genres et le dynamisme de ces expositions d’artistes internationaux dans un cadre à la fois chaleureux, élégant et habilement, réfléchi pour mettre en valeur les messages de chaque artiste. Loin des multiples foires d’art impersonnelles, les événements ressemblent à celle qui les a conçus et qui sélectionne tous les participants à travers un travail minutieux, soutenu par de nombreux voyages, à la recherche de nouveaux talents. »
En rejoignant ma communauté Multi Art Events, les artistes participent non seulement à des expositions, mais bénéficient d’un soutien médiatique régulier et d’une mise en valeur soutenue par une solide visibilité sur les réseaux sociaux. Grâce à ma formation de RP, j’ai gardé mes réflexes de communicante pour développer cette structure dédiée à l’art. C’est aussi un réseau de collectionneurs privés et d’amateurs internationaux qui me suivent autant par amitié que par respect ma passion; Cela m’a d’abord amenée à étudier la psychologie, avant de me passionner pour l’art dans sa capacité à booster l’échange d’idées et sa puissance vectorielle dans l’évolution de la pensée sociétale.
Mon objectif est de faire de Multi Art Events une plateforme artistique, reconnue aujourd’hui pour la qualité de ses propres événements et pour ses collaborations avec certains événements internationaux d’envergure. Après avoir conquis la Côte d’Azur, Multi Art Events est en plein développement pour imposer son label en Europe et dans le monde.
Qu’apprécies-tu à Monaco depuis ton arrivée il y a 25 ans ? Que conseilles-tu à quelqu’un qui s’y installe aujourd’hui ?
Ce que j’apprécie à Monaco, c’est ce concentré exceptionnel de nationalités multiples, mais aussi la sécurité du territoire et l’efficacité de ses services administratifs. Le gouvernement Monégasque est à l’écoute de ses résidents et fait tout pour les aider. Les personnes qui s’installent aujourd’hui en Principauté doivent absolument avoir une spécialité, sortir du lot, faire quelque chose de différent et offrir des services de qualité. Pour moi, c’est essentiel pour ses résidents, qu’un endroit veille aussi scrupuleusement à offrir des services qui correspondent réellement aux attentes de sa population. Monaco le fait avec brio.
L’art et la Covid. Comment as-tu géré les événements artistiques pendant la covid?
Cela n’a pas été facile car la plupart des événements ont dû être reportés. J’ai réussi à sauver, in extremis en Septembre 2020, le lancement l’Art Rivera Tour, pour une exposition de dix jours à l’Hôtel de Paris de Saint-Tropez, à l’occasion des Voiles de Saint-Tropez.
Pendant le confinement, consciente du désarroi des artistes, j’ai choisi de les soutenir au mieux de ce que la situation le permettait. J’ai concentré mon travail sur les réseaux sociaux pour publier toutes les œuvres que je trouvais intéressantes, même celles d’artistes que je ne connaissais pas. Mon but était de faire mon possible pour les promouvoir afin de déclencher quelques ventes. Une fois l’intérêt suscité, je m’effaçais pour établir un rapport direct entre les artistes et les collectionneurs, afin de soutenir au mieux leur création dans une période où les artistes ont souffert plus que quiconque car contrairement à d’autres professions, eux n’ont bénéficié d’aucunes aides. Or sans être exposés, les chances de vendre pour les artistes sont très limitées.
Quels sont tes coups de cœur artistiques ? Quelles sont les grandes tendances que tu as pu noter?
J’ai une sensibilité personnelle pour l’Art abstrait, le Pop-Art et le Street-Art. Pour mes expositions, j’aime créer un mélange congruent de styles qui s’entrecroisent et se superposent, en vue de créer des ponts et des liens entre les œuvres et les genres. Parfois elles se rencontrent dans une unité de ton, de matières…ou dans un message qui utilisent une symbolique commune.
J’aime faire des mises en scène colorées et des accrochages qui évoluent au fil des jours. Quand le temps d’exposition le permet, j’aime faire vivre l’exposition et créer des surprises par ce biais. C’est ce que j’ai proposé cet été sur l’exposition de quinze jours à l’Espace 22 à Monaco. Ceci génère de nouvelles émotions, des rencontres surprenantes où le potentiel acquéreur redécouvre une statue, un tableau sous un éclairage ou un angle différent. La découverte d’une œuvre d’art est quelque chose de subtile, c’est un moment, une émotion, un sentiment. Mon travail est d’offrir l’écrin qui saura créer l’instant magique de cette rencontre.
La plupart des galeries actuellement proposent essentiellement du Pop-Art, j’aime donner leur chance à des artistes plus classiques, en incorporant leurs œuvres à mes expositions. Certaines de leurs techniques sont remarquables, je suis très admirative du travail de tous ces artistes.
Moi qui ai étudié la psychologie, je sais combien une œuvre d’art est pour certains artistes une forme de thérapie, où ils extériorisent un sentiment profond, une émotion qui leur est fondamentale. Leurs œuvres sont des morceaux d’eux-mêmes auxquels, bien souvent, ils sont incapables de donner une valeur marchande. J’interviens aussi à ce niveau pour conseiller l’artiste et trouver sa bonne place sur le marché.
J’aime aussi créer des rencontres improbables, en m’impliquant dans des ventes aux enchères pour des associations caritatives de qualité, comme celle des Femmes Leaders de Monaco. Ici, l’audience n’est pas uniquement faite de collectionneurs et d’amateurs d’art. Lors de ce type de manifestation, le challenge est d’amener des personnes qui sont là pour soutenir une cause, à découvrir, ressentir, apprécier des œuvres d’art qu’ils n’auraient pas découvertes autrement. Dans ce cas, la présentation du catalogue est encore plus indispensable puisque le temps réparti à l’explication de l’œuvre est particulièrement limité. Le but étant d’interpeller le plus de gens possible pour faire monter au mieux les enchères. Je suis reconnaissante à tous les artistes qui ont la générosité d’offrir leur travail pour ce type de manifestations. C’est important pour les causes qu’elles défendent, mais je pense que c’est aussi important pour ouvrir le regard de personnes qui ne poussent pas systématiquement la porte d’une galerie d’art.
Quelles sont les personnes et personnages qui t’inspirent ?
Mes sources d’inspirations sont multiples et remontent parfois loin dans le passé. Je suis aussi admirative de ces artistes du XXème siècle, comme Picasso, Dali ou le maître incontesté en la matière Andy Warhol, qui ont su jouer sur le marketing pour imposer leur vision artistique. Tant d’artistes des siècles passés, dont les œuvres valent aujourd’hui des millions, sont morts dans la misère… et le cycle se répète ! Il y a aujourd’hui trop d’achat d’œuvres d’art qui se font à des fins spéculatives, j’essaie toujours de motiver les collectionneurs à acheter plutôt en fonction d’un coup de cœur, d’une émotion, d’un vrai désir que pour faire une opération financière, car il faut soutenir les artistes de leur vivant. Il faut leur donner les moyens de continuer leur démarche artistique car elle est fondamentale pour l’évolution de notre société elle-même. L’art n’est pas quelque chose de figé qui n’a sa place que dans des galeries, des musées ou dans un coffre-fort. L’art qu’il se fasse tableau, sculpture ou sur tout autre support est là pour accompagner notre quotidien dans nos lieux de vie, nos bureaux, les halls de nos immeubles et même dans nos jardins. C’est un message, une émotion qui nous porte avec bienveillance.
Quels sont tes prochains projets?
Après une exposition à l’Espace 22 en aout dernier je réitère une nouvelle exposition du 8 au 18 novembre prochain avec une belle sélection d’artistes dans cette galerie prestigieuse. Ainsi que ma contribution a un évènement caritatif aussi a Monaco le 15 octobre, pour la sélection des artistes, la mise en place de la vente aux enchères et la préparation du catalogue.
Continuer le ’Art Rivera Tour qui est un événement annuel organisé dans des lieux prestigieux de la Côte d’Azur. Nous sommes tellement bien accueillis à Saint-Jean-Cap-Ferrat, grâce au dynamisme de son équipe culturelle, que nous y préparons déjà un troisième rendez-vous en Juillet 2022. Nous ferons aussi des événements Galeries et des événements caritatifs.
En dépit des aléas du Covid, mon programme 2022 est particulièrement riche et international. En collaboration avec une société Italienne, je vais participer au grand salon d’art contemporain WAD à Dubaï et puis nous enchaîneront sur celui de New York, avant de rejoindre le Miami Art Basel (2022/2023). Certains de mes artistes ont vraiment le niveau pour être présentés sur ces rendez-vous internationaux majeurs. Il est aujourd’hui essentiel dans la progression d’une carrière artistique d’être référencé sur ce genre de manifestations qui sont visitées par les galeries du monde entier.
Si tu pouvais voyager, sans restrictions et limites, où irais-tu?
Je pense que je continuerai à développer le principe de galerie itinérante, en explorant des endroits insolites avec un mélange d’artistes internationaux et locaux. J’aime l’aventure artistique et ce qu’elle révèle de l’humanité. Le monde est tellement vaste et il y a tant à voir…