[Tourisme] de ville en ville
Interview de Carine de Reymaeker, fondatrice de City Tour Game.
By Pascale Caron
Directrice Commerciale du Palais des Expos à Nice, Carine a une expérience de 16 ans dans le tourisme.
En juin 2022, elle a fondé City Tour Game pour offrir une visite de la ville de Nice à la fois ludique et artistique, en réalité augmentée et en mobilité douce. À travers cette initiative 100 % numérique et inscrite dans la philosophie du slow tourisme, elle promeut la transition écologique et valorise le patrimoine culturel tout au long de l’année.
City Tour Game c’est un escape game urbain et culturel, à travers 10 sites remarquables jalonnés d’énigmes. Certaines seront en réalité augmentée. Il y aura aussi un guide des « vraies » bonnes adresses typiques et/ou originales engagées dans le développement durable, et la possibilité d’explorer les pépites cachées et les meilleurs spots photo de la ville. Carine vise à offrir une expérience de visite alternative, pédagogique, respectueuse de l’environnement, et riche en découvertes et anecdotes locales.
Quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a poussée à créer ton entreprise ?
Je dois remonter à mes 11 ans. J’avais conçu une boite de jardinage où j’avais un seul client : mes parents. Je voulais gagner de l’argent, car j’étais déjà connectée avec la réalité de la vie grâce à eux. J’ai vite compris qu’il fallait se débrouiller par soi-même. C’était aussi le début du marketing, et de la publicité. Je suis de la génération culture pub et j’adorais ça. J’ai donc créé des fiches produits, des tarifs, imaginé un nom d’entreprise. Chaque prestation était à 5 francs ou 10 francs. Je faisais des devis, des factures et surtout, je veillais à me faire payer !
Je ne savais pas si j’avais envie de faire des études longues. Je me suis quand même dit « Fais un diplôme qui t’apportera un bagage. » J’ai opté pour un DUT Techniques de Commercialisation : le côté pratique avec l’intervention de professionnels m’a plu. Je suis ensuite partie à Paris faire une maîtrise sciences de gestion spécialisée en marketing.
Inconsciemment aujourd’hui je pioche dans ce que j’ai pu apprendre à un moment donné sur les bancs de l’école, et notamment pour la méthodologie et la structure. Une entreprise ou un projet, quel qu’il soit, c’est une pieuvre qui a plusieurs tentacules et il faut contrôler au minimum. Il faut être expert dans deux ou trois tentacules, mais les autres, on doit en avoir conscience et savoir les gérer. Le plus important est de s’épauler avec des sachants dignes de ce nom. Aujourd’hui, si City Tour Game réussit, ce que j’espère, ce sera 50 % par rapport à l’idée, mais aussi parce que je serai bien entourée.
Au début de ma carrière, j’ai été responsable marketing chez Renault. Je m’occupais des lancements produits et de l’évènementiel. C’était aussi le commencement du marketing digital avec l’arrivée d’Internet et des web sites. C’était aussi le début des CRMs : j’ai beaucoup appris. Et puis j’ai eu envie de rentrer à Nice pour retrouver une qualité de vie, dans l’idée de fonder une famille. Car même si je suis une acharnée du boulot, ma vie personnelle, fait partie de mon équilibre.
J’ai eu ma première fille et j’ai pris le temps de m’en occuper, mais j’ai tout de suite recherché du travail en parallèle. C’est là où je suis tombée dans le tourisme, il y a 16 ans.
À la base, c’était une société d’autocars. Le patron m’a proposé de créer et de vendre des excursions à destination du tourisme d’affaires et de loisirs. J’ai lancé ce département en ne partant de rien. Je me suis occupée de la production et de la commercialisation de ces produits touristiques.
Cette période de ma vie s’est écoulée de 2007 à 2019. Et puis, j’ai été démarchée par le Palais des congrès de Nice. Ça fait quatre ans que j’y suis. J’étais pleine d’énergie, j’avais carte blanche pour dynamiser l’activité commerciale du Palais des congrès.
Et puis je suis passionnée par les voyages depuis toujours. J’adore organiser les week-ends en famille, en couple, entre amis, les road trips. Une fois qu’on a sélectionné la destination, que ça soit le Costa Rica, les États-Unis ou Bali, je trace le cheminement et j’organise tout, les hôtels, les restos, les programmes journaliers… Déformation professionnelle ! Mais comme ça je voyage déjà en amont, pour vivre une belle aventure sur place avec mes acolytes de voyage. Personnellement, j’ai toujours cherché une activité touristique qui soit en même temps ludique et instructive. Si tu fais 10 000 kilomètres, ce n’est pas pour rien ! Mais ça peut vite être compliqué parce qu’on a tous des intérêts différents. Ça peut être l’histoire, le patrimoine, l’environnement, la biodiversité ou d’autres qui sont beaucoup plus légers, les anecdotes, les petits secrets ou juste s’amuser. Et quand tu te balades avec le guide du routard sous le bras ou avec un guide qui te fait faire une visite, tu subis. Tu n’as qu’une seule source d’information et pas forcément celle que tu cherches.
J’ai petit à petit transformé mes incertitudes professionnelles en tant que salarié, en une réflexion entrepreneuriale. J’ai commencé à monter mon projet, à l’écrire. C’est comme cela que j’ai créé City Tour Game en juin 2022.
Une autre facette de ma personnalité c’est la transmission. Je suis professeure à l’IUP Tourisme. J’ai des Masters 1 et des Masters 2. Entourée de jeunes j’ai réalisé qu’il faut démocratiser, vulgariser la culture et proposer un tourisme différent.
Dans l’offre actuelle soit tu fais du ludique (vélo, Segway), soit des visites guidées en groupe, et tu n’apprends pas forcément ce que tu as envie de connaître. Je voulais créer un tout-en-un, dans une démarche RSE. Les partenaires seront les bars, les restos, les magasins, sélectionnés sur leur authenticité, la mise en valeur le territoire, et/ou leur originalité.
J’y ai mis mon expertise et mes valeurs. C’est mon projet de vie. Parce que d’un côté, tout ce que j’ai appris à l’école, dans l’automobile et dans le tourisme, tout ça a constitué un savoir. Et de l’autre côté, je suis très, très attirée par l’innovation technologique.
Pour la suite, je cible les destinations touristiques qui ont vraiment du potentiel. La prochaine destination est Barcelone, car la taille de la ville est très similaire à Nice que je connais bien. Nous nous attaquerons après aux mastodontes que sont Paris, Londres…
J’externalise le développement à une société niçoise interactive 4D, qui est spécialiste du serious gaming. À la fin du jeu, je reverserai 1 euro par jeu vendu, à une cause environnementale qui œuvre sur le territoire. C’est important pour moi de laisser une empreinte positive et de m’inscrire dans un Tourisme Responsable et vertueux.
Comment trouves-tu le contenu ?
Pour chaque destination, je fais appel à des réseaux de greeters. Ils connaissent les bonnes adresses, les sites remarquables, les pépites. Leur aide est bien sûr couplée avec un travail de recherche, sur les réseaux sociaux, les influenceurs, les offices de tourisme.
Pour la partie culturelle, le nerf de la guerre, c’est Tom Obry, Nicestorique. Il fait des chroniques sur France Bleue. Il démocratise et vulgarise la culture. J’aime beaucoup ce garçon qui est encore étudiant en Histoire et qui explique avec des mots simples tout en supprimant tout ce qui est inutile. Il sait comment s’adresser aux nouvelles générations ! Je lui ai commandé les capsules vidéos : lorsque tu arriveras sur un site, tu auras le choix parmi trois bulles d’information. Les thématiques seront : Histoire & patrimoine, biodiversité & environnement ou petits secrets & anecdotes. Quand tu cliqueras, pendant une minute, tu auras des renseignements très spécifiques et concis par rapport à ta localisation, présentés sous le même format que ce l’on voit sur les réseaux sociaux : ludique et animé.
Quelles sont les personnes qui-t-on inspirées, dans ta carrière ?
Toutes les femmes qui ont contribué à avoir un monde meilleur. Celles notamment qui ont contribué à améliorer des conditions de vie des femmes. Simone Veil, c’est une femme admirable de par son parcours. En plus elle est niçoise ! Marie Curie aussi a été inspirante. Elles ont eu la force de caractère et l’audace malgré leur destin jonché d’épreuves.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Je lis beaucoup en rapport avec l’entrepreneuriat. J’ai un peu lâché les romans ces derniers temps ! Sinon, c’est Simon Sinek « Commencer par le pourquoi ». Ce livre m’a permis de réaliser que c’est comme ça que je fonctionne et qu’à priori je suis sur la bonne voie ! Commencer par « Pourquoi je fais ça ? » explique tout le déroulement de la suite.
Quelle est ta devise ou ton mantra ?
« Le meilleur moyen de prédire le futur c’est de le créer » Abraham Lincoln
Crédit photo @franzchavaroche
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
Du Théatre au Cinéma
Interview de Valérie Piola Caselli, fondatrice de Com’Media Conseil, Form’actrice chez Violette et Garance, Consultante en scénarios, scénariste et réalisatrice.
By Pascale Caron
Il est difficile de mettre Valérie dans une case. J’ai eu l’opportunité de la croiser dans plusieurs événements dans son rôle de Violette, vêtue de sa robe à pois. Son assurance et son énergie débordante m’ont beaucoup inspirée. C’est naturellement que j’ai voulu en savoir plus et je n’ai pas été déçue !
Peux-tu nous expliquer ta trajectoire et ce qui t’a amenée à créer ton entreprise ?
C’est un parcours de slasheuse. Atypique, multiple, avec comme dénominateur commun la compréhension de l’humain dans sa diversité et sa singularité et le plaisir d’écrire et de créer.
Je me suis toujours intéressée à la Psychologie. Mais à 18 ans, j’avais l’impression fausse qu’étudier cette discipline me conduirait forcément vers des face-à-face avec des patients aux histoires douloureuses. Trop difficile pour une hypersensible comme moi. J’ai donc choisi de faire une maîtrise en gestion d’entreprise et ensuite un DESS de marketing pour creuser véritablement l’aspect plus psychologique du consommateur. Il y avait 24 places pour 500 postulants. Pour me démarquer, j’ai décidé de faire un stage. Le hasard de la vie (si tant est qu’il existe !) m’a amenée au Figaro Méditerranée. C’est là que j’ai découvert le journalisme et à travers lui, le bonheur de rencontrer des gens intéressants et inspirants sans leur demander de chèque à la fin de l’entretien !
Je suis tombée sur une rédactrice en chef incroyable, Marie-Clémente Barbé-Conti, ma marraine de plume. C’était magique parce que mes petits articles devenaient de plus en plus grands. J’interviewais des gens connus, ou pas. Cette expérience m’a permis de relativiser la notion de célébrité, de m’enlever toute inhibition pour échanger avec quiconque sans gêne et avec authenticité.
Au bout de trois mois de stage, Marie-Clémence m’a même proposé de créer une rubrique, Campus, dans laquelle j’avais toute liberté. Je me suis essayée à tous les sports extrêmes. J’ai sauté en parachute, fait de la voltige aérienne… Et surtout, j’étais déjà très attirée par la culture et le théâtre et ne manquais jamais une occasion de relayer ce type d’infos ou de faire des portraits d’artistes. Au bout d’un an, j’ai eu mon DESS de marketing et ma carte de presse 15 jours après.
Je me suis rendu-compte que mon projet était de découvrir et d’apprendre des choses et que le journalisme allait me le permettre davantage. Après 5 ans au Figaro, j’ai rejoint Europe 2, ou je faisais des billets d’humeur et des chroniques. J’ai travaillé ensuite 9 ans à Télé Monte-Carlo pour le magazine Sud en réalisant des sujets de 9-10 minutes (dont certains étaient revendus à Arte). Là aussi, j’ai eu la chance d’avoir un rédacteur en chef, inspirant et bienveillant, Jean-Robert Cherfils.
Mes plus beaux souvenirs ? Un reportage au milieu des baleines sur un petit bateau du Musée océanographique au large de la Corse. Je pense aussi à 3 rencontres émotionnellement fortes avec Henri Salvador, des portraits d’artistes comme le sculpteur Nicolas Lavarenne, ces gens qui œuvrent à rendre le monde plus beau. Je pense à Michèle Ramin fondatrice de l’arboretum de Roure ou encore ce moment particulier où des SDF m’ont proposé de m’assoir avec eux par terre et d’observer le non-regard des passants…
Côtoyer toutes ces personnes a été un vrai enrichissement et aussi une source de questionnement. En situation d’interview, je croisais des gens merveilleux qui parfois ne savaient pas parler d’eux et d’autres, peut-être plus aguerris aux techniques de com’ qui communiquaient très bien, mais avaient-ils quelque chose à dire ? Une sorte de grande injustice relationnelle. Cela m’a interrogée et j’ai voulu creuser le sujet. J’ai repris six ans d’études à l’Université pour devenir Psychologue. Tout en continuant à être journaliste, j’ai travaillé sur l’impact de la caméra sur le comportement humain, les bouleversements pulsionnels quand on passe dans la lumière. J’ai étudié surtout ce que le stress peut amener de négatif dans la communication et comment le contrer.
Télé-Monte-Carlo a été mon laboratoire, parce que j’y menais mes « expériences » avec l’aval de mon rédacteur en chef qui me disait « La Piole, c’est quoi encore vos conneries ? Bon OK, allez-y. » C’était vraiment un très joli moment de vie.
Et puis toute histoire a une fin. Télé-Monte-Carlo a été racheté par TFI et AB production. Il n’était plus possible d’y faire du magazine. J’avais 15 ans de journalisme, un titre de Psy, 2 enfants, un mari, de fortes racines azuréennes… et avec tout ça, qu’est-ce qu’on fait ?
Aucune envie d’intégrer une entreprise et d’avoir un manager. Je tiens farouchement à ma liberté ! J’ai alors décidé de créer ma boite et fondé « Com’Media Conseil » autour du coaching, de la formation professionnelle (prise de parole en public et média training) et de cours à l’Université Côte d’Azur. J’ai affiné ma pratique en devenant Synergologue (experte en communication non verbale). Depuis 18 ans, j’accompagne des CODIR, des managers, des femmes et hommes politiques, des artistes aussi… Si les objectifs sont différents, la quête est toujours la même : aider la personne à être la meilleure version d’elle-même. C’est même la clé du charisme d’ailleurs.
Comment es-tu devenue Violette ?
L’aventure « Violette et Garance » est née il y a 10 ans d’une rencontre avec Muriel Cauvin, qui est également coach, intervenante, à l’EDHEC Business School. Elle est comédienne comme moi (je fais du théâtre depuis l’âge de 12 ans).
Nous sommes parties du constat que la formation ne suffisait pas à ancrer véritablement de nouveaux comportements. Il nous paraissait fondamental de créer des mises en situation, de les jouer, les faire ressentir en travaillant sur l’intelligence émotionnelle. On a un background similaire, et surtout les mêmes valeurs humaines, l’envie de faire bouger les lignes. Au départ on se nommait « AlterAction ». Notre but, c’était d’éviter les altercations. On s’est aperçu rapidement que nos personnages étaient devenus plus forts que nous et que tout le monde nous appelait « Violette et Garance ».
En temps normal, le Théâtre Forum est plutôt sociétal. Il vient du Brésil et a été créé par Augusto Boal sous le nom de Théâtre de l’Opprimé. Nous l’avons aménagé pour les entreprises, et déposé cette variante à l’INPI. Nos champs d’action sont entre autres le harcèlement, le sexisme, la diversité, le vivre ensemble, le handicap. Nous couvrons des thèmes très vastes comme le management, le recrutement, l’insertion professionnelle. Nous travaillons également dans le domaine médical sur l’empathie et l’annonce des mauvaises nouvelles aux patients. Nos clients, vont de la PME à la grosse entreprise, secteur public comme privé (Thales, la SNCF, le CNRS pour en citer quelques-unes) partout en France et même parfois au-delà (Belgique, Portugal).
Nous écrivons des saynètes sur mesure qui collent au quotidien des participants pour que les gens qui sont en face aient vraiment l’impression que l’on fait partie de leur univers. On joue une mauvaise pratique et ensuite nous invitons des personnes du public à prendre la place de la form’actrice en difficulté. Le but est de montrer qu’en changeant sa posture, on peut modifier sa relation à l’autre.
Nous sommes toujours habillées en noir à pois blanc, c’est notre dress code pour dire qu’on est des personnages. Même si nous réalisons un théâtre de la réalité.
Avec le Covid, l’histoire aurait pu s’arrêter là, mais cette contrainte nous a au contraire permis de nous démultiplier. Nous avons appris par la force des choses à faire du théâtre forum en visio. Aujourd’hui, nos clients nous demandent du présentiel et du distanciel. Nous faisons également du théâtre forum en vidéo.
Bref, je suis une « slasheuse », et heureuse de l’être ! Loin de m’éparpiller, je cumule les activités que j’aime et dans lesquelles j’ai une plus-value à apporter. L’objectif reste le même. En psycho existentielle, on demande aux gens leur « verbe de vie ». J’en ai deux. Le premier, c’est « contribuer » et le deuxième c’est « créer ». Avec le coaching, je « contribue » en accompagnant les personnes dans leur développement (développement du charisme, de l’affirmation de soi…). Idem avec le Théâtre Forum où nous déclenchons aussi parfois des déclics salutaires.
Et en innovant sans cesse sans jamais faire 2 fois la même chose, je crée.
Quels sont tes prochains challenges ?
Justement, me rapprocher plus encore du verbe « créer ». J’ai repris la plume par passion. Depuis deux ans, j’écris des scénarios de documentaires et des courts métrages. Seule, en groupe et de temps en temps en famille. Nous avons monté avec mes deux enfants « Bleu Cactus », un groupement d’indépendants qui réalise des vidéos de fiction, mais également qui offre ses services de média training, scénarios, de réalisation et de montage aux entreprises, formateurs, influenceurs. J’ai la chance d’avoir une fille Nina Calori, réalisatrice, scénariste et monteuse et un fils Noé Caselli, comédien et monteur.
Cerise sur le gâteau, notre dernière production « Roman », un court métrage contre les violences sexuelles totalise déjà 5 sélections en festival en France, Italie et Espagne. Il a même été dans le trio gagnant du prix « droits humains » et remporté le prix du public devant 1800 films au Femifilms de Stiges (festival espagnol sur le droit des femmes). Moi qui ai eu la chance de ne jamais avoir vécu ce type de drame, je me suis mise à la place des femmes victimes. Le but est de déclencher des prises de conscience sur le déni et sur la honte (qui devrait concerner uniquement celui qui perpétue l’acte). Toujours cette double envie de contribuer et de créer.
Ce petit film qui était là comme un don à ceux qui en avaient besoin me prodigue beaucoup de bonheur en retour. Ça a été un vrai kif pour moi d’interpréter la mère de « Roman ». De partager cette expérience en famille et surtout de recevoir autant d’avis positifs.
La machine est lancée. À tous les sens du terme. Bien sûr j’utilise un ordinateur, mais j’ai une vieille Remington qui me surveille à côté de mon bureau !
Enfin, je me suis lancée dans un tout nouveau défi. Forte de mes compétences de psychologie, de synergologie et d’écriture de scénarios, je propose dorénavant aux boites de production mes services de consulting. L’idée est de les aider sur leurs projets à développer les caractéristiques psychologiques des personnages, à mieux qualifier leur gestuelle et leur vocabulaire pour trouver une congruence, les rendre plus authentiques et toucher le public. On ne pose pas ses lunettes de la même manière si on a une tendance maniaque ou histrionique !
Mon idéal serait de travailler à 50 % comme scénariste ou consultante en scénario, et le reste sur Violette et Garance et le coaching.
Au total, déclencher l’intelligence émotionnelle du public ou des interlocuteurs qu’il s’agisse de fiction ou de réalité, c’est la même « histoire ».
Est-ce que tu aurais un livre, ou un podcast à nous suggérer ?
Je conseillerai « Novecento » d’Alessandro Baricco. C’est le récit d’un pianiste qui est né dans un bateau sur la mer. J’adore l’écriture de Baricco. Pour moi, elle se rapproche de la musique. Et surtout, le personnage rassemble tout ce que j’aime : l’authenticité, la poésie et un regard décalé sur la vie.
Aurais-tu une citation ou un mantra ?
« Un oiseau sur un arbre n’a pas peur que la branche casse, parce qu’il n’a pas mis sa confiance dans la branche, mais dans ses propres ailes ».
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
Retraites de Yoga
Interview de Lea Sapin, fondatrice de « The French smile ».
Il est difficile de mettre Lea dans une case, tour à tour diététicienne nutritionniste, Professeure de Yoga et de méditation, praticienne de massage bien être et cheffe de cuisine végétale.
Léa organise à travers le monde des retraites de Yoga au cours desquelles elle convoque ses fées dans une parenthèse enchantée. C’est aussi une globe-trotteuse, apnéiste, parachutiste. À seulement 31 ans, elle a déjà eu plusieurs vies et j’ai tout naturellement voulu en savoir plus…
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à vivre plusieurs vies en une ?
J’ai toujours eu une passion pour l’être humain. J’ai une grande sensibilité au corps et ce que l’on peut mettre dedans. Mon père est élagueur arboriste et il passe sa vie au-dessus de la canopée. Ma mère, plus ancrée dans la terre est juriste. Ils nous ont constamment encouragés, mon frère et moi, à vivre nos rêves. J’avais pour idée de base d’être prof des écoles, mais quand mon grand-père est tombé malade j’ai finalement choisi la nutrition.
Toute jeune à 21 ans j’ai commencé ma carrière en nutrition pédiatrique auprès d’enfants malades dans un centre hospitalier. J’ai pu réaliser alors ma chance d’être en pleine santé. C’était dur, mais j’avais le sentiment d’être au bon endroit. La mort fait partie de la vie.
Je suis finalement retournée chez l’adulte pour me rapprocher de mon domicile dans la clinique où mon grand-père avait été soigné pour son cancer. Il y avait beaucoup d’intoxiqués et de drogués entre 40 et 60 ans en fin de vie. J’y ai passé un an, mais cette période a été un accélérateur de prise de conscience : pourquoi se fait-on tant de mal ? Un patient un soir m’a demandé « Lea c’est quoi votre rêve ? ». J’ai subitement réalisé que mes rêves étaient de connaitre de nouvelles civilisations, de voyager. Il m’a dit « faites-le avant de crever ! ».
C’était un vendredi soir et le lundi il était transféré en soins palliatifs. Cette phrase a agi comme un électrochoc. J’avais de l’argent de côté, j’ai donc décidé un 21 février de partir faire un tour du monde, seule.
J’ai commencé par la Thaïlande, où se trouvait mon frère. Ça devait durer un an, mais finalement ce périple ne s’est plus arrêté pendant 4 ans.
C’est à Bali que j’ai découvert le Yoga. Je rencontrais des personnes qui clamaient « Le yoga a changé ma vie ! ». Pour moi le démarrage n’a pas été une mince affaire. C’était dur. Je me suis même dit « Ces gens sont fous ! ».
Au bout de quelque temps d’apprentissage, une amie d’enfance m’a rejointe et je me suis rendu compte que je n’étais plus la même. J’étais plus dans l’acceptation, j’avais gagné en maturité émotionnelle. J’avais le recul pour réaliser que la vie avait déjà des plans pour moi. J’ai décidé à ce moment-là de me laisser porter par le flow. J’étais en lune de miel avec moi-même, et en même temps j’avais un filet de sécurité, car j’avais de l’argent de côté. Je ne prenais que des « one-way tickets », sans retour. J’avais envie de savoir qui j’étais et quelle était ma place dans ce monde. J’ai donc continué ma route.
À 21 ans j’avais changé d’alimentation : j’étais passé à une cuisine totalement végétale qui a complètement évacué mes problèmes de migraine ophtalmique. Je me suis formée au grès de mes voyages. J’avais conscience que mon chemin était juste.
De passage à la réunion, je décide de réserver mon billet d’avion pour l’Inde pour partir aux sources du yoga. C’était en 2016 et je suis partie dans un Ashram en Inde pendant 1 mois ; c’était un reset complet de tout ce que j’avais fait jusqu’à présent. On était dans la dissolution de l’ego. Alors que j’étais issue d’une famille d’athées, j’ai prié Dieu et remercié la vie. J’avais l’honneur de pouvoir transmettre quelque chose… L’Hindouisme a pris pour moi tout son sens. Il y a d’ailleurs beaucoup d’incarnations féminines. Ma personne a changé et j’ai pu faire beaucoup plus confiance en la vie. En étant bien dans ma tête, j’ai pu aussi accepter mon corps. Plus tard en 2018, j’ai passé 2 mois à Dharamsala et j’ai pu rencontrer le Dalaï-Lama !
Mais mon voyage ne s’est pas arrêté là. Je suis ensuite partie au Népal à pied sur 300 km pendant 15 jours. Je me suis lancée dans l’apprentissage du Yoga thérapeutique. Mon expérience de l’hôpital a pris alors tout son sens. J’ai finalement réalisé une fusion de mes compétences : corps, mental, médical et spirituel.
Je me suis arrêtée ensuite à l’ile Maurice, où j’ai connu l’amour. J’y ai travaillé au sein d’une famille. Je formais les personnels de maison à la cuisine. Cette expérience m’a donné beaucoup d’assurance. Et puis au bout d’un an et demi, je me suis posé la question : soit je me mariais et fondais une famille, soit je repartais sur la route. Ce n’était tout simplement pas le bon moment. J’appelle alors mon père qui m’a dit « vas-y ma fille, la vie est longue… ».
J’ai eu mal, mais j’ai quand même décidé d’aller au Maroc pour me former à la cuisine végétale auprès d’un chef berbère. Au sein d’un studio de yoga de Casablanca, je supervisais 10 Sénégalais qui cuisinaient et en parallèle je gérais les séances de yoga. J’avais seulement 26 ans.
De retour en France, j’ai commencé les retraites de Yoga dans la vallée de la Chevreuse : j’ai trouvé la formule parfaite qui conjuguait toutes mes passions : Yoga, méditation, et nutrition. C’est devenu mon propre laboratoire où j’ai pu laisser libre cours à ma créativité. En parallèle j’ai continué à voyager, notamment au Costa Rica, pour me former auprès d’un chef végan.
Et puis je me suis retrouvée confinée à Tulum pendant la Covid. C’est là que je me suis perfectionnée en apnée. À partir de ce moment, apnée et yoga ont dicté mes voyages. J’ai pu plus profondément explorer mon mode intérieur sous l’eau. À l’été 2020, j’étais prête à rentrer en France et j’ai créé alors ma société « The French smile ». J’ai organisé depuis lors 70 retraites. Le yoga est devenu pour moi une manière consciente de vivre.
Tu t’es également mise récemment au parachutisme ?
J’avais déjà sauté en parachute pour mes 14 ans. Mon père m’avait dit « pour ton anniversaire tu vas t’envoyer en l’air ». À 30 ans l’an dernier, j’ai fait le bilan de mes rêves. Cette discipline en faisait partie. Si à 14 ans j’étais inconsciente du danger, quelques années plus tard, ce n’était plus le cas. C’était justement parce que j’avais peur qu’il fallait le faire. J’ai donc fait 15 jours de stage pour sauter au-dessus de la mer en solo. Ce nouveau défi m’a donné de l’élan et de l’excitation. Quand tu approches la mort en te mettant en danger, la vie reprend le dessus !
Quels sont tes prochains challenges ?
En 2024 ça fera 7 ans que je fais de l’apnée. J’ai décidé de devenir professeur. Je voudrais mixer retraite de Yoga et apnée soit en France ou en Égypte.
Pour couronner le tout, je viens de m’inscrire à mon premier Triathlon en juin 2024 !
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée ?
Tout d’abord par mon papa, puis ce malade à l’hôpital. Mon frère qui a 5 ans et demi de plus que moi m’a ouvert la voie en partant à l’étranger pour l’Australie et la Thaïlande, où il travaille à distance pour des sociétés françaises.
Ma mère juriste m’a toujours poussée à suivre mes rêves tout en me rappelant la chance que j’avais d’être une femme née en France.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Oui celui de Bronnie Ware, une infirmière australienne en soins palliatifs. Elle a partagé les derniers mots des personnes en fin de vie dans : « The Top Five Regrets of the Dying » (traduit par « Les Cinq Plus Grands Regrets des personnes en fin de vie »).
La plupart des gens, à la porte de la mort, n’avaient même pas réalisé la moitié de leurs rêves. Cela était dû pour la plupart à leurs choix conscients ou inconscients. L’un des principaux regrets exprimés en fin de vie est celui de ne pas s’être permis d’être heureux. Ce livre résonne en moi…
Je crois savoir quel est ton Mantra, peux-tu nous le partager ?
« Vivez vos rêves ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
Chef d'exception à domicile
Interview de Ama Lhajri, chef à domicile de « Chez Elle » à Bordeaux. Cheffe chez « chefs 4 the Planet ».
« Chez Elle » est un restaurant à domicile : les convives y viennent pour déjeuner ou dîner. Amal sert de deux à six couverts de manière privative. Les groupes de clients ne sont pas mélangés et il n’y a qu’un seul service. Le principe c’est la découverte.
En excluant ce que les gens n’aiment pas, Amal donne libre cours à son imagination pour leur offrir un voyage culinaire, entrée, plat-dessert. Chaque ligne évoque un pays différent. Amal est une personnalité solaire qui m’a séduite dès notre 1re rencontre au Mas de Pierre à Saint-Paul de Vence, lors d’une journée sur la RSE, organisée par CQS.
J’ai senti une force et un feu intérieur et j’ai eu naturellement envie d’en savoir plus.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amené à te lancer dans la cuisine ?
Mon arrivée dans la cuisine date d’il y a 20 ans. C’est un mal pour un bien qui m’y a poussée. « A blessing in disguise » comme disent les Anglais et à première vue l’issue était dramatique pour moi.
Je souffrais d’une maladie orpheline, une parodontite agressive qui provoque une fonte des os de la mâchoire et donc un déchaussement des dents et qui a également atteint mes sinus. À l’époque je travaillais chez Xerox et j’avais des paralysies qui m’empêchaient de me lever de mon lit.
Les médecins m’ont donné 1 mois à vivre. J’ai résolu que ce ne serait pas un être humain qui déciderait de mon heure de fin et je me suis battue. Cette maladie a entraîné des conséquences dramatiques sur ma santé, avec des infections pouvant se transmettre au cerveau, des risques de crise cardiaque, des problèmes oculaires, mais j’ai tenu bon. Il y a 5 ans j’ai été greffée de la mâchoire inférieure et supérieure et je revis.
Quand la maladie s’est déclarée, j’ai dû m’adapter à elle. Après des études de psycho à Amiens, j’ai décidé en 2008 de rejoindre ma sœur à Bordeaux avec ma fille. Je suis marocaine et on nous apprend à cuisiner avant de savoir marcher ! Je suis gourmande. J’aime le contact avec les autres. Ces deux données additionnées, j’ai conçu mon projet. J’avais pris conseil auprès de mon ami Bruno Oliver chef de « la fabrique by Oliver ».
Je suis autodidacte, mais j’ai beaucoup voyagé, gouté la cuisine de chefs, tel un parcours initiatique. Je me « nourris » de rencontres dans les deux sens du terme.
En 2010 je me suis lancée en démarrant par un repas de presse. Pendant la Covid, j’ai eu la chance d’avoir un reportage de CNEWS, ce qui m’a propulsée sur le plan médiatique. Depuis je vis comme si demain n’existait pas. J’essaye de transmettre cette deuxième vie dans ma cuisine.
Comment a réagi ta fille, fasse à ta maladie ?
Elle avait 4 ans quand elle s’est déclarée. Je ne lui ai jamais rien caché. Je n’avais pas le droit de baisser les bras. Elle a vécu ma résilience, et elle me voit heureuse et épanouie maintenant. Je suis fière d’elle : elle a fait un parcours scolaire exemplaire.
Comment as-tu rejoint « chefs 4 the Planet » ?
La cuisine marocaine est de base très écoresponsable. C’est comme cela que j’ai eu l’occasion d’apprendre à Stéphane Carrade, chef 2 étoiles à préparer un yaourt naturel à base de foin d’artichaut. Il a été séduit et en a parlé à Sébastien Ripari, co-fondateur de « chefs 4 the Planet ». Grâce à cet effet domino, j’ai intégré cette association mondiale.
« chefs 4 the Planet » est un réseau de chefs qui sont soucieux de la planète, de notre santé, et des générations futures. Face à la triple urgence sanitaire, climatique et sociale, l’association rassemble les chefs qui agissent, au quotidien. Leur but est de promouvoir une cuisine saine et responsable, locale, bio et accessible au plus grand nombre — de la fourche à la fourchette pour une gastronomie durable.
C’est grâce à eux que participé au festival de la gastronomie d’Agen, où nous avons cuisiné un repas à 6 mains. Sebastien Ripari est « l’homme qui murmure à l’oreille des chefs ». Il les accompagne notamment dans la quête de l’étoile. J’adhère totalement à cet engagement et j’en parle aux chefs que je rencontre. Je suis une ambassadrice non officielle. Lors de notre réunion au Mas de Pierre, ils ont décidé de nous rejoindre.
Quels sont tes prochains challenges ?
Après mon expérience à Bordeaux où j’ai cuisiné pour des personnalités comme Mr Juppé, à Saint-Barth pour le groupe Bagatelle, j’aimerais m’ouvrir à cette clientèle ultra exigeante de la Riviera. J’en dirais plus à la rentrée.
Quelles sont les personnes qui-t-on inspirée dans ta carrière ?
Tout d’abord ma maman qui a toujours cuisiné bio et naturel. Quand j’ai démarré mon restaurant, je me suis beaucoup inspirée de Cyril Lignac : un homme jovial et chaleureux qui fait une cuisine gouteuse et simple.
Je suis fan de pâtisserie et de Christophe Michalack. J’ai eu la chance de faire un événement avec lui, porte de Versailles.
Cedric Grolet est un chef d’une modestie et d’une bienveillance incroyable. J’ai eu l’opportunité de le rencontrer au Meurice. Et je citerai également Philippe Conticcini : c’est un amour de personne qui partage régulièrement ses recettes sur internet.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
« Les Fleurs du mal » de Charles Baudelaire. « L’amour est une rose, chaque pétale, une illusion, chaque épine, une réalité. ». J’ai réussi à enlever toutes les épines et j’avance !
Sinon je recommanderais un film « Happiness Therapy » réalisé par David O.Russell avec Bradley Cooper et Jennifer Lawrence. Il nous montre que la vie réserve parfois quelques surprises et que l’on peut transformer le négatif en rayon de soleil. Rien n’est grave, même pas la mort.
Quel est ta devise ou ton mantra ?
« Vivre comme si demain n’existait pas ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
Cosmétiques solidaires
Interview de Karine Chaouch Vernay, fondatrice de Care In, « Prendre soin aujourd’hui pour demain ».
Care In est une startup familiale engagée de l’économie sociale et solidaire à impact environnemental. En mars dernier, elle a été finaliste des « Trophées des Femmes de l’ESS ». C’est à cette occasion qu’elle a été l’invitée de Marlène Schiappa.
Maitresse de conférences, professeure de lettres, histoire/géographie et sciences politiques, et psychothérapeute spécialisée dans la gestion du stress, Karine est une personnalité inspirante comme on les aime. J’ai tout naturellement voulu en savoir plus.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?
Dans mon adolescence, j’ai vécu un drame, la perte brutale et accidentelle de ma maman. C’est après une période de reconstruction que j’ai rencontré très tôt l’homme de ma vie, footballeur professionnel à Saint-Étienne, Mohammed Chaouch.
J’ai mis mes études en standby, et j’ai été très vite enceinte de mon fils ainé Marouane et ensuite mon cadet Rayane. Avec le travail de mon mari, nous changions de ville régulièrement : Nice, Istres, Metz, Laval, et puis de pays, à Chypre. Il est par la suite devenu entraîneur et nous sommes partis à Rabat au Maroc.
Mais le décès brutal de ma mère que j’avais vécu dans mon adolescence me hantait et m’a poussée à reprendre les études en 2007. Une phrase qui me caractérise bien c’est « ne me secouez pas, je suis pleine de larmes ». Après un Master 2, j’ai fait une thèse sur « La gestion du stress et l’intelligence émotionnelle en milieu scolaire, en entreprise, et dans le sport de haut niveau ». C’est comme cela que je suis devenue maître de conférences.
En 2010, nous nous sommes expatriés au Qatar. Nous y sommes restés quatre ans et nous sommes partis ensuite au Bahreïn et puis en Thaïlande. Il y a toujours eu un vrai équilibre dans notre couple : on a réussi tous les deux à travailler dans chacun des pays où nous nous installions.
De retour en France, mon statut de maître de conférences ne me permettait pas d’avoir un poste stable, j’enchainais les remplacements. C’est comme cela qu’on a cherché une idée pour créer notre propre entreprise.
Je réfléchissais à une mission qui fait du sens. J’ai toujours été très engagée et notamment auprès de la Croix Rouge en tant que bénévole et ensuite en tant que formatrice : aider les autres est un moteur pour moi.
Et puis pendant la canicule, l’été dernier, j’ai dû jeter des crèmes visage de qualité qui avait été altérée par la chaleur. Cela m’a interpelée et j’ai effectué des recherches : le constat a été accablant. On jette 4 tonnes de cosmétiques par jour en France !
Partant de ce constat, j’ai donc pensé aux invendus des marques. Il existe plusieurs solutions dans l’alimentaire comme Toogoodtogo, dans la mode avec la seconde main avec vinted, mais il n’y a rien dans le domaine des cosmétiques.
C’est comme cela qu’est née l’idée maîtresse de Care In : une application qui permet de lutter contre le gaspillage tout en profitant de produits de beauté et de soin de qualité à petit prix.
Care In participe à l’économie circulaire pour une consommation plus responsable, plus durable et plus équitable. L’idée est aussi de réduire l’empreinte carbone due au transport et à la destruction des produits.
Nous faisons l’interface entre les magasins et les acheteurs. Nous avons une vocation sociale avec des prix doux pour les utilisateurs qui n’ont pas le pouvoir d’achat nécessaire. Un Français sur trois est en précarité hygiénique ! Y remédier est une des missions de Care In.
Nos utilisateurs pourront également verser un don à l’association Mamama qui aide les mamans solos en situation de fragilité. L’application est développée par la junior school de Central/Supelec.
Quels sont tes prochains défis ?
Nous avons de bons retours des partenaires qui sont prêts à nous suivre. Le challenge est de se faire connaître du grand public. L’application est lancée depuis quelques jours seulement.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?
Je pense à ma maman partie trop tôt. Elle a été un modèle de femme forte et résiliente. Elle m’a appris à ne jamais renoncer. Elle est toujours avec moi, dans mon cœur. Ces valeurs sont très ancrées en moi et je les ressens d’autant plus en ce moment.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Je pense immédiatement à « Parler d’amour au bord du gouffre » de Boris Cyrulnik.
Ceux qui surmontent un traumatisme éprouvent souvent une impression de sursis qui démultiplie le goût du bonheur et le plaisir de vivre. Il démontre que même les personnes qui ont de graves blessures affectives peuvent les transformer en grand bonheur.
Il veut montrer comment on s’engage dans le couple avec son histoire, ses fêlures et ses victoires. Et comment on transmet aux enfants une énigme, qui invite à l’étrangeté et à la créativité ? Je l’ai dévoré et je le relis régulièrement quand j’ai un doute.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » A. de Saint Exupéry
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
[Blockchain] Technologie, investissement
Interview de Nelly Chatue-Diop CEO et co-fondatrice de Ejara, une plateforme mobile d’investissement et d’épargne basée sur la blockchain adaptée au marché africain.
Nelly est née au Cameroun où elle est restée jusqu’au bac et est venue en France pour une classe préparatoire puis elle a étudié à l’École scientifique CPE de Lyon et devient ingénieure en informatique et télécommunications. Après 2 ans d’expérience comme consultante à Accenture, elle suit le programme MBA à HEC, spécialisé dans la finance, le marketing et la stratégie. Dans le cadre d’un échange international avec la London Business School, elle poursuit sa formation dans la finance.
En 2018, elle est nommée parmi le Top 10 des Directeurs de la donnée en Europe et en 2020. Elle fait partie de la liste globale des femmes de pouvoir dans la Data, par CDO Magazine. Elle est classée dans le Top 100 mondial des Visionnaires de la Donnée.
Nelly est une personnalité solaire. Nous avons beaucoup ri pendant cette conversation. J’espère que vous aurez autant de plaisir à lire la suite…
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?
Je suis issue d’une famille de 5 filles. Ma mère, cheffe d’entreprise, s’était mis la pression pour avoir un garçon, mais mon père était très fier de ses filles. Il m’a élevé avec la certitude qu’un jour je pourrais être « présidente du monde », si bien qu’à l’époque je pensais que ce poste existait.
Ils nous ont donné très tôt confiance en nous. Pendant ma scolarité depuis la 3e j’avais une correspondante à Valencienne. Après mon bac, la famille m’a accueilli. J’ai toujours été première de la classe de la maternelle en terminale S, après le choc thermique de l’arrivée en France, un 2e a été mes premières notes de maths en prépa. Quand on n’a pas l’habitude, l’échec nous apprend l’humilité.
J’ai sans cesse été tentée par les maths et la physique. À l’époque le ministère de l’Intérieur avait publié une information sur les métiers qui permettaient de transformer rapidement sa carte de séjour étudiant en carte de travail : l’informatique en faisait partie. C’est comme cela que j’ai fait mon choix ! Au-delà de mon attirance naturelle pour l’innovation, ça a été un argument supplémentaire.
Après mes études, j’exerce tout d’abord chez Accenture et je me rends très vite compte que la perspective de devenir directeur informatique ne m’enchante guère. Je veux être à la table de décision !
C’est pour cela que je poursuis mes études par un MBA HEC avec une deuxième année à London Business School. J’ai ensuite tenu 3 mois dans une banque d’affaires et en pleine crise de 2007/8 j’ai rapidement compris que cette carrière n’était pas pour moi.
C’est comme cela que je débute dans le pricing au sein d’une boite de consulting américaine. Mon client était Mc Donald. On était au début des stratégies de prix et de yield management dans la restauration. Être consultant c’est sympa : quand ça marche, c’est grâce à nous, mais s’il y a un problème on n’est pas dans l’opérationnel donc on n’endosse pas la responsabilité. C’est devenu vite frustrant, j’avais envie de me frotter au réel.
J’ai donc intégré Franprix, où j’ai rencontré un leader inspirant, généreux et innovant qui m’a marquée pour le reste de ma carrière : Jean-Paul Mochet. De 80 produits chez Mc Donald, je passe à 80 000. J’y suis restée 3 ans et ça a été une expérience très formatrice.
Je suis ensuite débauchée par Régis Schultz de Darty et je me retrouve dans un univers multicanal, ecommerce. Mais la FNAC fait son acquisition 6 mois plus tard et l’équipe de management change. Je n’avais pas envie de voir ma carrière pilotée par quelqu’un d’autre.
Après la naissance de mon 2e enfant, 3 possibilités s’offrent à moi. Tout d’abord un poste « plan plan » dans la grande distribution, ou intégrer une grosse structure américaine dans le eCommerce. La 3e est plus risquée : assurer la direction data de Betclic. Moi qui n’avais pas vu un match de foot depuis 1990 quand le Cameroun est devenu le premier pays africain à atteindre les quarts de finale d’une Coupe du monde ! Me voilà dans l’univers des paris sportifs. Je me dis qu’il faut savoir prendre des risques.
Ce nouveau poste m’oblige à déménager. Je suis mariée à un homme extraordinaire qui m’a toujours suivi. Il démissionne et s’occupe des enfants. Cet environnement était extra du point de vue technique. C’est à cette époque que je suis immergée dans l’Intelligence Artificielle et que j’en mesure la puissance.
Malheureusement dans le COMEX je me retrouve dans une atmosphère toxique principalement du fait d’un collègue malveillant.
Je me réfugie alors à mes heures perdues dans l’univers de la blockchain et des cryptoactifs. C’est en 2015 que je commence à entendre parler de la blockchain, et je me plonge dans le livre blanc du Bitcoin. Je perçois rapidement le potentiel pour l’Afrique. Enfin, derrière les titres de journaux : « Africa rising », j’y perçois le « Comment » ! À travers l’« open financial system » et le « freedom money ».
Après l’IA la journée et ce collègue — vampire qui dévore mon énergie, mon hobby du soir devient la Blockchain. En 2018 en vacances au Cameroun, j’assiste à une 1re conférence sur le sujet en Afrique.
Je perçois très vite que c’est le moment pour l’Afrique ! Je crée un incubateur dans le garage de mes parents : j’installe 2 jeunes et je leur dis « surprise me ». L’été suivant, j’organise un 1er Meetup et 90 personnes y participent. Les gens sont venus en bus et certains ont fait 6 heures de trajet. La télévision est la ! Clairement l’engouement a démarré.
C’est ce moment qui a été déclencheur ?
Oui, c’est là que je propose à mon mari « Si on rentrait au Cameroun ? ». Mes fils ont alors 7 ans et 3 ans. Je laisse tomber les stock-options, le salaire confortable et je retourne dans un pays où j’ai finalement vécu moins longtemps qu’en France, sur des technos que personne ne comprend !
Mais je suis convaincue de ma décision, un idéal me porte. C’est comme cela qu’en 2020 je fonde Ejara.
Je pars du constat qu’en Afrique nous avons un grand problème d’inclusion financière. Moins de 20 % des personnes sont bancarisées. Et encore ce chiffre est haut, car ne sont dénombrés que les comptes en banque et non les titulaires uniques desdits comptes.
Il y a aussi une difficulté de propriété, surtout pour les femmes. Les veuves se voient souvent confisquer leurs terres par la belle-famille au moment du décès de leur époux. Près de 80 % des conflits dans les tribunaux sont liés à la propriété de titres fonciers.
L’Afrique francophone a également été traumatisée par la dévaluation du franc CFA en 1994. J’ai vu mon père se retrouver du jour au lendemain sans salaire et sans alternative avec une monnaie que ne valait plus rien : toutes nos économies avaient fondu, et le gouvernement n’était plus en mesure de payer les fonctionnaires.
Avec Ejara, nous donnons l’opportunité à tout le monde de diversifier ses investissements en bitcoin ou en stablecoins sur un portefeuille résilient. On offre aussi la possibilité d’épargner sur des obligations du Trésor des pays d’Afrique Centrale (zone CEMAC) via la tokenisation de ces actifs. Et demain pourquoi pas d’investir dans l’or grâce à ce même procédé de tokenisation : nous sommes sur le continent qui produit ces matières 1res et personne ne peut en acheter !
Avec Ejara, j’ai l’obsession de la propriété : chaque personne qui achète un bitcoin le possède réellement ; nous sommes le 1er non custodial wallet d’Afrique. Tout va très vite : en 2021 une 1re boite de Corporate Venture en France nous suit avec un ticket de 50 000 EUR. On se dit qu’on ne s’en sort pas trop mal.
Et puis un événement tragique change tout pour nous, la mort de George Floyd et le mouvement « Black Lives Matter ». Twitter s’emballe et je rencontre énormément des personnes de la fintech sur les réseaux qui se proposent d’aider/prodiguer des conseils aux entrepreneurs noirs, notamment celle qui deviendra mon « lead investor » sur ma 1re levée de fonds.
On est en avril 2021. Jason Yanowitz m’invite à un podcast sur Blockworks et sans savoir vraiment qui c’était. Je suscite un engouement des VCs qui me demandent « are you raising funds? ». Je réponds « Of course » et en une semaine je prépare mon pitch deck et je lève 2 M de $ en seed !
1 an plus tard, on a coché toutes les cases et je repars pour une 2e levée de fonds en série A. Je lève 8 M de $. En 2022 on atteint 1M de $ CA et aujourd’hui en mai 2023 nous avons près de 135 000 clients.
Nous avons 47 collaborateurs. Nous sommes basés à Douala, Abidjan et Bordeaux et opérationnels dans 10 pays d’Afrique francophone (Cameroun, Gabon, Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Togo, etc.).
Nous avons 60 % de filles dans l’équipe de développement. Nos utilisateurs sont composés à 40 % de femmes. Quand je vois des vendeuses de tomates du marché, des chauffeurs de motos-taxis investir dans des dettes souveraines et dans l’avenir de leur pays, je me dis que j’ai réussi le pari.
L’idée est aussi de mobiliser la diaspora : « participez à la reconstruction de cette Afrique ! »
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’en ai co-écrit un : « Web3, blockchain, jetons, cryptomonnaies, NFT, DAO : une révolution décentralisée pour tous », sur comment redonner le pouvoir à tous.
Sérieusement, je relis souvent Daniel Kahneman « Système 1, système2 ». Comment prenons-nous nos décisions ? Qu’est-ce qui guide nos préférences et nos jugements ? Quand faut-il faire confiance à notre intuition ? Il nous emmène à la rencontre étonnante des deux « personnages » qui se partagent notre esprit. Le « Système 1 » est rapide, intuitif et émotionnel ; le « Système 2 » est lent, réfléchi et logique. Il expose les ravages des dogmatismes et des biais cognitifs dont nous sommes les jouets : illusion de familiarité, effet de halo, biais optimiste…
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
Elle est attribuée à Benjamin Franklin — « Many people die at twenty-five and aren’t buried until they are seventy-five ».
Quand je prends un risque si le pire qui puisse arriver en cas d’échec n’est pas la mort,je fonce.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
Marketing et Bien-etre
Interview de Lauriane Fayard fondatrice et CEO Market Web Design — agence digitale spécialisée dans le milieu du bien-être/sport/santé/nutrition et de Pure Média spécialisé dans le bien-être.
Ancienne athlète de haut niveau, sa passion pour le bien-être, son mode de vie végétarien et le sport ont été la source d’inspiration de sa société de communication digitale.
Après un master en « digital strategy » de l’ISEG de Lyon, elle a créé « Market Web Design » il y a 6 ans. Son but est d’aider les marques et les professionnels avec les mêmes valeurs à se lancer sur le web et se développer. Elle a récemment lancé « Pure Media » dédié aux « consomm-acteurs » qui cherchent à améliorer leur qualité de vie : comprendre comment mieux manger, bouger, consommer et mieux vivre de manière globale. Ils offrent une expérience authentique en testant des produits de marques engagées, et proposant des conseils et astuces pour prendre les bonnes décisions pour la santé, l’environnement et le bien-être.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?
Mes 2 parents sont salariés, je n’avais donc pas de modèle d’entrepreneur à la maison. Mais pour autant, ils ont toujours cru en moi et m’ont soutenue dans mes multiples passions. Sans eux, je n’en serais jamais arrivé là.
De 6 ans à 18 ans, j’ai eu une première vie en tant que gymnaste de haut niveau. Faire du sport de manière intense très jeune apporte beaucoup de rigueur et une condition physique hors norme, mais agit également sur sa croissance : j’ai eu pas mal de retard dans ce domaine.
Mes journées étaient réglées autour de ma passion. Je faisais mes devoirs devant le gymnase ! Je pratiquais 6 h de sport par semaine et participais aux compétitions le Week-end.
Après mon bac j’ai dû choisir des études qui n’étaient plus compatibles avec ma pratique sportive. J’ai tout arrêté d’un coup ; cette phase a été très difficile à vivre. J’ai traversé un trou d’air, une dépression… Je ne trouvais plus mon équilibre.
À côté de la fac il y avait une salle de sport : c’est comme cela que je me suis rapprochée du milieu du bikini fitness : c’est un dérivé du body-building. C’est une catégorie de compétitions de musculation féminine qui s’est imposée ces dernières années. Les athlètes qui y participent doivent démontrer leur forme physique optimale et leur capacité à se sculpter un corps parfait. Les jugements portent également sur la condition physique générale des concurrents.
De 18 à 21 ans, je me suis donc imposé une discipline de fer, avec 40 min de cardio par jour, 6 jours sur 7, une alimentation sans sucre à base de riz, poulet et légumes. Cette discipline exige d’être très égocentrée, mais après mon arrêt de la gymnastique c’était ce dont j’avais besoin.
J’ai également beaucoup appris sur moi, la femme que j’étais et celle que je souhaitais devenir.
En poursuivant mes études à l’ISEG, j’ai fait un stage dans une société qui me propose à la fin de travailler pour eux en consulting. Je me suis donc lancée à mon compte en parallèle de l’école, dans le digital. Ma vie été réglée autour de ma pratique sportive, mes études et mon client.
Pour finaliser mon master, j’ai fait un dernier stage dans une agence de Com. C’est à ce moment-là que tout a basculé. J’ai été harcelée moralement par mon maitre de stage. Toute cette confiance que j’avais accumulée s’est évanouie. Il ne comprenait pas que je puisse avoir une activité sportive tournée autour du physique et à la fois avoir un cerveau ! Il m’humiliait en m’appelant Brenda, m’isolait dans une pièce loin de mes collègues… Je savais que s’il ne validait pas mon stage je n’aurais pas mon diplôme, alors je rongeais mon frein.
J’en suis même arrivée à douter de moi ! Au bout de 4 mois, j’ai demandé de l’aide à mon école, qui m’a conseillé de finir le stage et de ne rien dire. Mais ça a empiré : je pleurais tous les jours dans les toilettes… À cette époque, un nouveau salarié est recruté dans l’équipe qui a tout de suite analysé la situation et m’a dit « Ne doute jamais de ton talent ».
Et puis c’est allé trop loin « mise à part ta plastique, il n’y a rien dans ta tête. J’ai envie de te virer, mais j’hésite encore », m’a asséné mon bourreau. J’ai littéralement explosé. Ma mère a rédigé un mail à l’école et le directeur a mis fin au stage.
Après ces 6 mois d’enfer, j’en ai mis 4 à me reconstruire, mais j’ai continué à faire beaucoup de sport. J’ai revu mon client, je leur ai tout raconté. Ils ont confirmé qu’ils m’accordaient leur confiance. Ça m’a reboostée et mon diplôme en poche j’ai créé la société. Mon désespoir c’est transformé en haine et en énergie. J’ai fédéré autour de moi 2 alternants et 3 prestataires externes.
Nous créons des sites web e-Commerce, définissons la stratégie digitale de nos clients. Ils sont généralement dans le milieu du bien-être et du sport. Cela va de la société de compléments alimentaires, aux centres de bien être, aux indépendants et coachs sportifs.
En parallèle, j’ai également stoppé les compétitions bikini pour me recentrer sur moi-même, me réconcilier avec la nourriture et surtout me concentrer sur le développement de mes sociétés. Pour autant, je continue de pratiquer du sport à travers plusieurs disciplines : fitness, remise en forme, Pilates, yoga, méditation, course à pied etc. C’est comme ça que je trouve mon équilibre et c’est aussi ce que je désire transmettre : le sport c’est la santé et bien plus que ça !
Quels sont tes prochains défis ?
Depuis novembre dernier nous avons lancé « Pure media », dédié aux consommateurs qui souhaitent mieux manger, mieux bouger, mieux vivre et mieux-être. Nous testons des produits de marques engagées, en fournissant des conseils et astuces pour prendre les bonnes décisions pour la santé, l’environnement et le bien-être. D’un autre côté, nous proposons aux marques une plateforme permettant de promouvoir leurs services/produits. Le but ultime est d’influencer les gens pour vivre une vie plus saine, raisonnée et équilibrée. J’ai dans l’idée également de lancer des box bien être.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?
Tout d’abord ma maman qui m’a toujours soutenue. C’est une personnalité indépendante qui m’a appris que l’on peut se réaliser seule quand on est une femme. Et puis aussi mon mentor à l’ISEG, une entrepreneure qui m’a donné l’exemple en me montrant que l’on peut réussir en tant que femme.
Aurais-tu un podcast à nous conseiller ?
« Marie sans Filtre » est un podcast intime, féministe et politique, publié une fois par mois. Marie Albert (@mariealbertfr) a 28 ans, c’est une aventurière, journaliste et autrice. Dans ce podcast, elle raconte ses expériences intimes et déconstruit le patriarcat. C’est très cru, elle va droit au but.
Je conseille dans un tout autre genre Le Rendez-Vous Marketing, un podcast produit par DHS Digital et présenté par Danilo Duchesnes. Il s’est donné pour mission de nous aider à développer notre acquisition de clients en ligne et faire de nous un meilleur marketeur.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Tes seules limites sont celles que tu te fixes. Crois-en toi-même, ton talent et ton propre potentiel. Ne laisse jamais personne te faire douter de toi ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
[Médecine] réanimation
Entretien avec le Professeur Isabelle Rouquette Vincenti, du CHPG de Monaco.
Si vous aimez les parcours atypiques et les femmes fortes qui décoiffent, vous êtes au bon endroit. Après avoir été médecin militaire pendant quarante ans, le colonel Professeur Isabelle Rouquette Vincenti dirige actuellement le service de réanimation du Centre hospitalier Princesse-Grace. Familière de la médecine de crise, elle et son service se sont illustrés notamment pendant le coronavirus en faisant preuve d’ingéniosité pour s’adapter et innover. Nous avons tout naturellement voulu en savoir plus.
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours et ce qui vous a amenée à embrasser une carrière médicale ?
Dans mon enfance, j’ai vécu à Madagascar dans une totale liberté, comme une petite sauvageonne. Mon père a fait une carrière de banquier privé là-bas. C’est la que j’ai acquis le gout de la nature et du sport.
À quatre ans, je savais ce que je voulais faire plus tard : médecin. Les seuls médecins sur l’ile étaient des militaires français, et mon inspiration de l’époque était le Docteur Picca, une grande figure de Madagascar.
Je n’ai jamais douté de ma vocation, j’étais passionnée pour les livres « Les hommes en blanc », d’André Soubiran. Rien ne pouvait me faire dévier de ma trajectoire, j’ai eu mon Bac à 17 ans et je me suis présentée au concours de médecine militaire.
Qu’est-ce qui vous a poussée à faire vos études dans l’armée ?
J’avais dans l’idée de suivre les traces du Docteur Picca : poursuivre mes études dans l’armée et de retourner outre-mer. La chance m’a souri, car c’était la 2e année que le concours était ouvert aux filles. Sur 2000 inscrits il y avait 200 places et seul un quota de 10 % de filles était autorisé.
Me voilà partie pour un 1er concours. J’ai beaucoup aimé l’école militaire, parce que je suis très sportive. J’ai intégré l’école de Bordeaux. On était 1 fille pour 10 garçons et je m’y suis sentie bien.
La 1re année, un peu assise sur mes lauriers, j’ai vécu une année plutôt cool et je me suis retrouvée 1 ère collée ! C’était le 1er échec de ma vie, j’étais sans doute trop jeune. Mais.. il y avait surement une raison, car la 2e année j’ai rencontré mon futur mari et toute une bande de copains avec qui plus tard nous avons poursuivi nos études militaires.et que je retrouve encore actuellement régulièrement. Mes parents m’ont avoué plus tard qu’ils se sont beaucoup inquiétés, mais ils n’ont rien laissé paraitre : j’ai réussi la 2e fois haut la main en arrivant dans les 1res !
Quelle est la spécificité des études dans l’armée ?
Jusqu’en 4e année, on est en internat, on va à la « fac » en uniforme. On a des contrôles de connaissances toutes les semaines : si on a moins de 10 on reste bloqués le Week-end, ce qui pousse à travailler ! Quand on rentre dans l’armée, les études sont financées et on est rémunérés, mais on doit cependant 10 ans à l’armée.
En 4e année on passe le concours d’Aspirant et on finit Capitaine après le doctorat. Tous les étés on passe 1 mois d’activités militaires, ce qui m’a permis d’acquérir le Brevet de skieur militaire et d’alpiniste avec les chasseurs alpins. J’ai été la 1re femme à passer le diplôme de plongeur de bord de la marine.
La dernière année on est à l’école d’application. On y apprend comment être médecin militaire en pratique. On passe ensuite par 3 ans minimum de médecine générale en régiment avant de présenter les concours d’internat pour faire une spécialité.
C’est à cette époque que vous avez fait votre spécialité ?
Oui, ma vocation était d’être réanimatrice. J’ai tout d’abord eu mes 2 filles en 6e et 7e année d’études et j’ai fait 7 ans de régiment en treillis et rangers ! J’ai appris à construire un bloc opératoire sous des tentes, dans la boue ou des hôpitaux dans des écoles pendant un conflit armé. J’ai fait des missions notamment en Yougoslavie. Une fois que mes filles ont eu 7 ans, j’ai passé l’assistanat, option réanimation.
Avez-vous eu des différences de traitement en tant que femme ?
J’étais la 1re femme en anesthésie/réanimation militaire et j’avais le respect de mes équipes dû à mon grade de capitaine jusqu’à celui de colonel. Dans l’armée toutes les personnes du même grade ont des salaires identiques, c’est très équitable. J’ai quand même le souvenir du chef de service qui à mon arrivée n’a pas pu s’empêcher de dire « j’espère que vous n’aurez pas de 3e enfant ! ».
Vous avez également passé l’agrégation pour devenir Professeur encore un concours !
J’ai fait 5 ans d’assistanat, l’équivalent de l’internat et de chef de clinique, à Paris. C’est mon maitre de stage le professeur Brinquin, qui m’a poussée à passer le Professorat à mon tour. C’est un examen très dur sur une semaine qui nécessite 1 an de préparation. À l’époque je travaillais à l’hôpital et je révisais pendant les trajets, le soir et les week-ends !
Quand j’ai réussi mon concours en 2003, j’ai choisi mon affectation à Paris et j’y suis restée jusqu’en 2009. J’ai été chef de service de la réa et responsable du caisson hyperbare. Mon mari et moi sont passionnés de plongée, il est d’ailleurs actuellement médecin-chef de l’école de plongée d’Antibes !
Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter l’armée ?
Je me suis relevée d’un cancer du sein et de l’estomac. J’ai subi une gastrectomie qui m’a empêchée de repartir en mission.
J’ai donc démissionné en 2009, et j’ai rejoint l’hôpital catholique Saint-Joseph à Paris dans un poste où je supervisais 40 anesthésistes réanimateurs. Cet hôpital était en déficit de 28 millions et pendant 4 ans on a bataillé pour faire des économies sur tout, sans compromettre bien sûr la sécurité des patients.
On a réussi à revenir à l’équilibre. Mais quand on nous a demandé de transférer la réanimation chirurgicale en réanimation médicale (ou je n’aurais pas été cheffe de service !), ma relation avec le Directeur s’est durcie ce qui m’a poussée à chercher ailleurs. Je n’ai même pas eu à chercher et on m’a proposé un poste au CHPG à Monaco et j’y suis depuis 8 ans. Mon père était veuf et habitait Nice, j’ai saisi l’occasion de me rapprocher de lui.
Quels sont vos challenges ?
Nous avons excellé pendant la crise de la COVID en faisant preuve d’ingéniosité pour nous adapter et innover. Maintenant, il faut gérer le post COVID. Et puis je dois m’occuper de ma succession, car je pars à la retraite dans 2 ans. J’ai déjà plein de projets pour la suite : je suis notamment passionnée de treks. Je suis allée dernièrement au Sénégal et j’ai participé à une course dans le désert en 4x4, avec ma fille : le trophée Rose des Sables en 2022.
Quelles sont les personnes qui vous ont inspirées dans votre carrière ?
Ma mère avec son caractère affirmé a été mon inspiratrice, malgré une période houleuse à l’adolescence !
Au niveau professionnel, 2 d’entre elles ont été fondatrices ; le Docteur Picca à Madagascar et mon maitre de stage le Professeur Brinquin qui a fait de moi celle que je suis en croyant en moi. Ces 2 personnes m’ont donné totalement confiance en moi : je ne doute de rien et je ne lâche jamais rien !
Avez-vous un livre à nous conseiller ?
Oui, « La pudeur à l’épreuve du soin » d’Éric Fiat. J’ai adapté ma pratique et j’y ai ajouté la médecine non conventionnelle : Hypnose et aromathérapie ont trouvé leur place dans mon service.
Quel est votre devise ou votre mantra ?
« Tout est possible et surtout ce qui ne l’est pas ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
[Architecture] d'exception
Interview de Shirine Zirak, architecte franco-iranienne fondatrice du studio SHIRINE DESIGN.
Après avoir débuté sa carrière au côté de Jacques Garcia durant 11 années, elle a créé son agence en 2007. Passionnée par l’histoire de l’architecture, elle s’en inspire et réécrit ses codes tout en les modernisant. Elle a une affinité toute particulière pour le XVIIIe siècle, et les années 1930. Elle réinterprète et magnifie leurs spécificités dans un style contemporain et raffiné, avec des lignes tendues et graphiques. Elle met l’accent sur le choix des matériaux et des textures. Les maîtres-mots de sa vision de l’architecture sont : unicité, excellence, perfection et luxe.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à voler de tes propres ailes ?
Je suis Franco-Iranienne : mes 2 parents viennent du monde médical. Mon père est un chirurgien iranien. Il a rencontré ma mère, française, à la faculté de médecine de Montpellier pendant ses études. Elle était en dentaire. Ils se sont mariés et sont partis en Iran. C’est là-bas qu’elle s’est installée en tant que chirurgien-dentiste. Il y avait une belle communauté française avant la révolution. Ses patients étaient presque exclusivement français. J’ai donc été́ élevée dans deux cultures différentes et j’en suis la synthèse.
J’ai passé mon baccalauréat en Iran. Puis c’est à Paris que j’ai suivi un cursus en École d’Architecture (DPLG).
J’ai par ailleurs souhaité acquérir les compétences ad hoc pour une définition parfaite de l’aménagement intérieur de mes projets. Il était primordial pour moi de proposer des projets esthétiques et fonctionnels correspondant aux besoins et aux attentes de mes clients.
Architecture et architecture d’intérieur sont, intimement liées et complémentaires.
C’est pour cela que j’ai prolongé mon parcours par des études d’architecte d’intérieur à l’École Française d’Enseignement Technique (architecture d’intérieur et design) à Paris.
Mais ma curiosité et ma soif d’apprendre ne se sont pas arrêtées là. Férue de bâtiments historiques et de vieilles pierres, j’ai suivi un enseignement à l’École de Chaillot. Cette école à l’issue d’un concours très sélectif, forme des architectes spécialisés dans la conservation et la restauration architecturale, notamment des bâtiments classés et des monuments historiques. J’ai ainsi obtenu le diplôme d’architecte du Patrimoine.
Ces trois formations me donnent une expertise unique dans mon domaine et en font mon succès. Le fait d’être architecte du Patrimoine me permet d’allier la connaissance de l’architecture classique avec les contraintes des nouvelles technologies pour les mettre au service de ma clientèle et de mes propres exigences. Ce triptyque me permet de réaliser de A à Z des projets tant prestigieux que complexes. Au cours de mon parcours professionnel, j’ai travaillé́ avec les plus grands tels que Christian de Portzamparc ou encore Jean-Jacques Ory.
L’une des expériences les plus marquantes a été celle de ma collaboration avec Jacques Garcia dont j’ai été́ le bras droit pendant 11 ans. J’ai travaillé sur ses projets les plus prestigieux partout dans le monde. Je peux en citer quelques-uns : Hôtel Mamounia à Marrakech, Hôtels et casinos du groupe Lucien Barriere, bars et restaurants des frères Costes, le Métropole à Monaco…
Et puis j’ai eu envie de m’émanciper et de laisser libre cours à ma créativité. En bref je souhaitais dévoiler ma propre identité en créant mon agence en 2007.
Peux-tu nous en dire plus ?
Mon 1er contrat était un projet pour un couple russe très médiatique dont je ne révèle pas l’identité pour des raisons de confidentialité. Il s’agissait de 2 chalets de 7000 m² à Gstaad (l’un des plus gros projets en Europe). Un projet unique aux dimensions pharaoniques.
Une autre rencontre marquante a été celle avec Karl Lagerfeld avec qui j’ai collaboré très étroitement jusqu’à la fin de sa vie.
La conception du projet Odyssée au sein de l’hôtel Métropole à Monaco fut notre premier projet commun. Vaste complexe, le programme portait sur la création d’une nouvelle piscine avec Spa, salles de réunions, fitness, terrasses et un restaurant/bar pour le chef étoilé Joel Robuchon.
Tous deux passionnés, perfectionnistes et amoureux de l’excellence à la française, nous étions en phase et sur la même longueur d’onde. Notre collaboration a été un réel succès.
Nous avons également collaboré sur de nombreux projets en France et à l’international, notamment son studio de création chez Chanel, deux tours résidentielles très haut de gamme à Taiwan (JUT), avec restaurant, spas, fitness…
Notre collaboration allait atteindre son apogée avec un projet de 250 000 m² en plein centre d’Istanbul (hôtels, centre culturel…). Malheureusement le projet n’a pu être concrétisé suite à la disparition de Karl.
Actuellement, deux décennies plus tard, je travaille à nouveau sur la rénovation de l’hôtel et du centre commercial Métropole avec plusieurs architectes et décorateurs de renom dont Jacques Garcia, mais aussi Piu Arch, et Fabrice Notarie.
Comment as-tu pu concilier vie perso et vie pro ?
Je me suis séparée de mon mari architecte quand mes filles avaient 4 et 7 ans. Je les ai donc élevées seule.
À l’époque où je travaillais pour Jacques Garcia sur le projet du Métropole à Monaco, je mettais un point d’honneur à faire l’aller-retour dans la journée Paris-Monaco pour voir mes enfants le soir.
Comme le dit mon père, une manière de faire le bilan est de soupeser dans une balance notre vie. Je pense que j’ai fait de mon mieux pour elles et que j’ai plutôt réussi à faire pencher la balance du bon côté. Je suis fière d’elles, car elles ont fait de belles études, l’une est architecte et la cadette est avocate.
Entre-temps est-ce que tu t’es remariée ?
J’ai rencontré mon ancien compagnon en 2009 avec qui j’ai vécu quelques années de bonheur. Malheureusement il est décédé en 2016 d’un accident de parapente en Argentine. Nous étions très heureux, mais la vie en a décidé autrement. J’ai mis de nombreuses années à faire mon deuil.
Lorsque le Métropole m’a demandé d’intervenir sur leur restauration en 2020, mes filles étaient parties de la maison, rien ne me retenait plus à Paris. Parallèlement je menais 3 projets de villas sur la Côte d’Azur. J’ai donc accepté de m’installer à Monaco pour superviser ce projet de rénovation.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ?
J’ai toujours été fascinée par le personnage de Karl Lagerfeld. Un homme sans cesse à la recherche de la perfection et de la beauté du luxe. Collaborer avec lui a été une immense satisfaction pour moi.
Par ailleurs, à l’instar d’autres professions, dans mon domaine d’activité chaque collaboration est un enrichissement et une source d’inspiration. Cependant, en tant qu’architecte, mon inspiration prend également ses sources dans ma vie personnelle, dans mon vécu.
J’ai grandi dans une famille éduquée et cultivée. Ce sont mes parents qui m’ont inspirée et m’inspirent constamment par leur ouverture d’esprit. Ils m’ont toujours poussée vers l’excellence en respectant mes choix.
Quel est ta devise ou ton mantra ?
Unicité, excellence, perfection et luxe.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
[Equilibre] hormonal féminin
Interview de Caroline de Blignières, Co-fondatrice de MiYé, la marque naturelle In & Out dédiée à l’équilibre hormonal féminin.
By Pascale Caron
MiYé s’appuie sur un comité multi-expert holistique (gynécologues, nutritionnistes, phytothérapeutes, naturopathes) pour lever les derniers tabous sur le bien-être et la santé au féminin.
L’objectif est d’aider les femmes à naviguer sereinement avec leurs cycles et leurs fluctuations hormonales, tout au long de leur vie. Pour cela, Caroline et Anna, les 2 fondatrices ont conçu des produits naturels et bio (soins et micronutrition) sans phytohormones ni perturbateurs endocriniens suspectés. Elles s’adressent aux symptômes les plus courants de la puberté à la ménopause.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à créer ton entreprise ?
Avant de fonder MiYé, j’ai travaillé pendant 15 ans pour plusieurs sociétés en développement produit et également en digital. J’ai commencé en 2005 chez Fleurance Nature qui en était à ses débuts (moins de 5M d’€ de CA). Quand je suis partie, ils faisaient plus de 20M d’euros de Chiffre d’affaires. C’est une expérience unique de pouvoir vivre l’expansion et le dynamisme d’une compagnie en croissance, avec une équipe dirigeante brillante. J’ai gardé d’excellents contacts et certains font d’ailleurs maintenant partie de notre board.
J’ai toujours eu une âme d’intrapreneure, fonctionnant en général en mode projet. C’est à cette époque que j’ai transitionné du développement produit vers le digital, ce qui est peu courant. J’y suis restée 8 ans. On a internationalisé la marque en Asie ce qui m’a donné des envies de voyage..
C’est comme cela que je suis partie à Dubai pour le Sephora Local « Faces ». J’ai travaillé dans le digital pour le monde de la beauté. J’y ai découvert des habitudes de consommation radicalement différentes : des dépenses pharaoniques que les parfums et le make-up et des soins de peaux complètement délaissés à des marques ultra basiques. On avait une présence phygitale, mêlant physique et digital.
De retour à Paris j’ai rejoins une entreprise à taille humaine, Caudalie, avec une belle âme entrepreneuriale et la culture du produit.
En 2010 au moment de la naissance de ma fille, je me suis intéressée de plus près aux perturbateurs endocriniens. Mes copines me surnommaient la « référence Yuka », je scrutais tous les ingrédients. J’ai été sensibilisée à ces menaces invisibles, que j’ai creusées pendant presque 10 ans. Quand j’ai décidé de créer ma société dans ce domaine, mes amis m’ont dit « Tu vas enfin pouvoir travailler sur tes névroses ! ». :)
Après plusieurs échanges avec des gynécologues, naturopathes, sages-femmes, j’ai choisi de me concentrer là-dessus. J’ai rencontré notamment Candice Colin qui a conçu une base de données avec Beautylitic et Clean Beauty qui est ma bible.
MiYé signifie « la bonne amie » en provençal, car j’ai fini par m’associer avec mon amie d’enfance. J’ai connu Anna sur les bancs du lycée. Au départ de mon aventure entrepenariale, elle me mettait en contact avec de futurs partenaires et puis finalement tout s’est fait comme une évidence. À l’aube de nos 40 ans, nous avons sauté le pas. Nous avons eu besoin d’être en phase avec nos valeurs, et nous avons ressenti l’urgence d’agir et de lever le voile sur les perturbations hormonales, puisqu’elles peuvent impacter notre quotidien et notre santé.
L’association, un grand sujet, comment ça se passe entre vous ?
Ce n’est pas toujours facile, mais on y arrive plutôt bien. Amies de puis les bancs du lycée, nous sommes très transparentes entre nous et on a appris à gérer le « roller coaster » émotionnel qui consiste à diriger une entreprise. Nos postes sont très distincts. Elle est basée à Paris, et gère le B2B et des retailers. Je suis au Business Pole de Sophia Antipolis et je m’occupe des produits et du B2C. On a démarré pendant la COVID à distance, ce qui nous a obligés à nous organiser et à partager les tâches en amont. On a réussi à déléguer une partie des tâches administratives à des tiers de confiance. Ça nous laisse plus de temps pour se consacrer à ce qui nous fait vibrer : le développement de nouvelles gammes, l’échange avec les pairs… etc.
Comment avez-vous lancé votre marque ?
Nous avons beaucoup fonctionné au bouche-à-oreille en proposant de tester les produits, organisé des Lives et travaillé sur le référencement naturel. On a également fait une campagne de crowdfunding. On a démarré la société en février 2020 et commercialisé les 1ers produits en mars 2021. On a pu gagner en notoriété après notre passage dans Brut et à la télévision notamment. Nous sommes disponibles dans 150 points de vente, comme anton et wilem, Mademoiselle Bio, le bon marché et dans l’espace santé de Monoprix. Notre taux de réachat est haut, ce qui est rassurant.
Quels sont vos prochains challenges ?
Nous sommes en levée de fonds pour aller plus loin et investir dans la R&D et les études cliniques. Tous les indicateurs sont bons pour intégrer un partenaire qui va nous aider à attaquer le marché en offrant des synergies. Nous sommes en constante évolution. Notre challenge est de développer des outils digitaux qui vont permettre aux professionnels de santé comme les naturopathes de faire des consultations flash de 30 min en s’accompagnant de nos outils digitaux ( pré-bilans et fiches conseils.)
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ?
Je citerais Candice Colin, fondatrice de BEAUTYLITIC. Elle a créé un laboratoire cosmétique qui est aussi à l’origine de CLEAN BEAUTY, la première appli de décryptage des cosmétiques lancée en France. BEAUTYLITIC, c’est la première plateforme Saas BtoB d’analyse des cosmétiques à destination des retailers, e-commerce, marques, fonds d’investissement. Elle est très engagée et m’a beaucoup soutenue.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’en ai 2 : tout d’abord « Éloge du vivant » de Isabelle Célestin Lhopiteau. Elle offre une vision novatrice de la santé et du bien-être, mêlant Hypnose, méditation, yoga, acupuncture, sophrologie… Ces pratiques traditionnelles séduisent de plus en plus de patients, en particulier lorsqu’ils souffrent de troubles chroniques que les médicaments modernes ne parviennent pas à soulager.
Psychologue à l’hôpital public, elle a exploré pendant près de trente ans toutes les manières de soigner dans le monde. Elle est aujourd’hui une pionnière de la médecine intégrative en France. Au lieu de les opposer, elle incorpore ces approches thérapeutiques complémentaires à la médecine conventionnelle.
Le deuxième est « Le sexe de la santé » d’Allison McGregor. C’est un Médecin urgentiste, pionnière de la santé féminine aux États-Unis. Elle montre non seulement comment la médecine moderne centrée sur l’homme nuit aux femmes, mais aussi quelles mesures elles peuvent adopter pour réduire leurs propres facteurs de risques et faire avancer les choses autour d’elles.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
Tout d’abord Coco Chanel « Prenez mes idées j’en aurais d’autres ». On « inspire » beaucoup de startup autour de nous, c’est la loi du succès.
J’aime beaucoup cette citation de Nietzsche « Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.