CWB, une soirée d’exception au Shangri-La: à l’honneur deux femmes du Luxe et de la Finance

Depuis sa création, le Cercle Wine Business, fondé et animé par Alain Marty, s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les amateurs de vin et les acteurs du monde des affaires. Ce réseau exclusif, qui rassemble dirigeants, entrepreneurs et experts du secteur, offre une plateforme d’échanges privilégiée autour de la passion du vin et des dynamiques économiques qui l’entourent.

Le mardi 11 mars 2025, le Shangri-La Paris a accueilli une soirée d’exception où notamment deux femmes influentes du luxe, de la finance et de la gastronomie ont été mises à l’honneur. Animée par Alain Marty, cette rencontre a permis de découvrir le parcours et la vision de dirigeantes d’exception, parmi lesquelles Ariane de Rothschild, CEO du groupe Edmond de Rothschild, et Karin Nebot, Directrice générale de la Maison Kaviari.

Un Programme d’Excellence pour une soirée inoubliable

Les invités ont été conviés à une dégustation exclusive, mettant en avant des maisons emblématiques du savoir-faire français. Nous avons pu déguster les champagnes Barons de Rothschild, Maison Villevert, spécialiste des spiritueux d’exception, Maison Poilâne, icône de la boulangerie artisanale, Vignoble La Dourbie, domaine viticole engagé dans une viticulture durable.

Cette édition du Wine Business Club a accueilli des personnalités de premier plan, issues de différents horizons. Jean-Claude Lavorel, Président du Groupe Lavorel, Karin Nebot, Directrice générale de la Maison Kaviari, Florian Grill, Président de la Fédération Française de Rugby et enfin Ariane de Rothschild, CEO d’Edmond de Rothschild ont apporté leurs témoignages.

À travers des interviews captivantes, ces figures emblématiques ont partagé leur approche du leadership, leur vision stratégique et leur engagement pour l’innovation dans leurs secteurs respectifs.

Pour conclure cette soirée en beauté, un dîner gastronomique d’exception a été orchestré par :

Tony Xu, Chef 1 étoile au Guide Michelin e Quentin Testart, Chef Exécutif des cuisines du Shangri-La

Les plats ont été sublimés par une sélection de vins, du Domaine de La Dourbie, présentée par Laurent Graell, Directeur Général Adjoint du domaine.

Cette soirée du Wine Business Club a célébré le talent et l’audace de dirigeants visionnaires et de femmes d’influence, tout en offrant aux invités une expérience œnologique et gastronomique d’exception. J’ai été particulièrement intéressée par les interventions des Entrepreneures de renom, voic donc un compte rendu des interventions de ces deux femmes inspirantes.

Karin Nebot : À la tête de Kaviari, l’Excellence du Caviar Français

Karin Nebot, Directrice générale de la Maison Kaviari, a partagé sa vision du marché du caviar et son engagement pour préserver l’héritage et l’excellence de cette maison historique. Son intervention a mis en lumière les défis du secteur, l’évolution des modes de consommation et l’importance du savoir-faire artisanal dans un marché en pleine mutation.

Avant de rejoindre la Maison Kaviari, Karin Nebot a évolué dans l’univers du luxe et de la mode, chez Ralph Lauren et Cartier, où elle a occupé plusieurs postes stratégiques en marketing et communication. Cela lui a permis de développer une approche orientée marque et expérience client, qui se reflète aujourd’hui dans le positionnement de Kaviari sur le marché du caviar.

Elle a également travaillé en boutique et en filiale, notamment aux États-Unis et à Miami, ce qui lui a offert une vision internationale des attentes des clients du luxe. En rejoignant Kaviari en 2009, elle a relevé le défi de moderniser l’image de la marque tout en préservant l’authenticité et le prestige d’un produit d’exception.

Fondée dans les années 1970, la Maison Kaviari est aujourd’hui une référence incontournable dans le monde du caviar d’élevage. Avec l’interdiction du caviar sauvage en 2009, l’entreprise a su s’adapter aux nouvelles réglementations tout en conservant une qualité artisanale unique. Kaviari travaille avec les meilleurs élevages à travers le monde, notamment en France, en Italie et en Chine, les trois plus grands producteurs mondiaux de caviar d’élevage. L’objectif est de garantir une sélection rigoureuse et une traçabilité parfaite des produits.

Aujourd’hui, Kaviari propose une gamme variée de caviars, adaptés aux attentes des gastronomes et des chefs étoilés :

  • Caviar Baeri : d’une grande finesse, appréciée pour sa texture délicate.
  • Caviar Osciètre : plus iodé et complexe en bouche.
  • Caviar Beluga : le plus prestigieux, à la texture fondante et aux notes subtiles.
  • Caviar Kristal : variété très prisée, aux grains dorés et à l’intensité aromatique unique.

Chaque caviar est issu d’un processus de maturation spécifique, permettant de développer ses arômes et sa texture avant d’être mis en vente.

Kaviari adopte une stratégie de distribution exclusive, en privilégiant :

  • 70 % du chiffre d’affaires de l’entreprise provient de la haute gastronomie, avec des collaborations avec les plus grands chefs étoilés du monde.
  • Kaviari est présent dans des établissements emblématiques du luxe alimentaire.
  • Les boutiques Kaviari situées principalement à Paris, offrent une expérience immersive aux clients en quête de découverte et d’exception.

Karin Nebot a insisté sur l’importance de l’expérience client dans l’univers du caviar. Contrairement à d’autres produits gastronomiques, il reste un mets de luxe souvent méconnu, et l’un des objectifs de Kaviari est d’éduquer le consommateur sur sa dégustation et son histoire.

Sous la direction de Karin Nebot, Kaviari a développé un concept unique de boutiques dédiées au caviar, où les clients peuvent découvrir les différentes variétés de caviar grâce à des dégustations guidées. Ils peuvent apprendre les meilleures associations culinaires pour sublimer le produit et participer à des ateliers immersifs avec des chefs spécialisés.

Ces boutiques offrent une expérience multisensorielle, qui va au-delà d’un simple achat. L’objectif est de démocratiser l’accès au caviar tout en maintenant son image d’exception et d’exclusivité.

Karin Nebot a souligné les défis auxquels fait face l’industrie du caviar. Notamment en raison ses réglementations strictes sur la pêche et l’élevage : depuis l’interdiction du caviar sauvage en 2009, les producteurs doivent respecter des normes drastiques pour garantir la traçabilité et la durabilité du produit.

La Chine étant aujourd’hui le premier producteur mondial, les guerres commerciales entre l’Europe et la Chine peuvent avoir un impact sur l’approvisionnement et les prix. Pour faire face à ces défis, Kaviari privilégie des contrats à long terme avec ses fournisseurs afin de garantir une stabilité des prix et une qualité constante.

Le marché du caviar connaît une évolution notable avec de nouveaux profils de consommateurs :

  • Une clientèle plus jeune et curieuse, attirée par des expériences gastronomiques uniques.
  • Un intérêt croissant pour des produits d’exception accessibles, notamment à travers des formats plus petits et des présentations innovantes.
  • Une recherche de transparence et de traçabilité, avec une attention particulière portée aux méthodes d’élevage durables.

Face à ces nouvelles attentes, Kaviari innove avec des présentations plus adaptées, des recettes créatives et une communication axée sur le savoir-faire artisanal et l’authenticité.

En tant que Directrice générale, Karin Nebot joue un rôle clé dans l’évolution de Kaviari. Son expérience dans le luxe lui permet d’apporter une approche moderne et élégante à une maison historique.

 

Ariane de Rothschild : une visionnaire à la tête de l’empire Edmond de Rothschild

Ariane de Rothschild, Présidente du groupe Edmond de Rothschild, a ensuite partagé son parcours, sa vision du luxe et de l’innovation, ainsi que les défis liés à la gestion d’un empire familial. Entre finance, viticulture, hôtellerie et engagement humanitaire, elle incarne une approche moderne du leadership, fondée sur l’excellence et l’anticipation des grandes mutations économiques.

Née à San Salvador, d’une mère française et d’un père allemand, Ariane de Rothschild a grandi dans un environnement international qui a forgé sa vision globale du monde des affaires. Après des études en finance et commerce international, elle entame sa carrière aux États-Unis, travaillant notamment pour la Banque américaine Chase Manhattan et d’autres institutions financières.

Son approche pragmatique de la finance et sa capacité à anticiper les tendances économiques la distinguent rapidement. En 1999, elle rejoint Edmond de Rothschild Group, un acteur majeur de la gestion d’actifs et de la banque privée. Le groupe gère aujourd’hui plus de 180 000 clients à travers plusieurs filiales en Europe et au Moyen-Orient (France, Suisse, Luxembourg, Espagne, Italie, Israël, Émirats arabes unis…).

Devenue CEO en 2015, elle apporte une nouvelle dynamique au groupe, misant sur l’innovation financière, la diversification des investissements et le renforcement du positionnement sur les secteurs de l’hôtellerie et du luxe.

Le groupe Edmond de Rothschild, fondé en 1953, repose sur une double expertise : la gestion de fortune et les investissements à long terme. L’objectif est d’accompagner les grandes fortunes et les entreprises dans la structuration et la transmission de leur patrimoine.

Ariane de Rothschild insiste sur l’importance d’une approche sur mesure, adaptée aux besoins des entrepreneurs et des familles fortunées. Le groupe ne se contente pas de gérer des actifs, il structure les stratégies de croissance, conseille sur la gouvernance et l’optimisation fiscale, et facilite les transmissions d’entreprises familiales.

Un des enjeux majeurs qu’elle souligne est la nécessité d’adapter ces services à une clientèle de plus en plus jeune et tournée vers l’entrepreneuriat. La nouvelle génération de clients ne se contente plus d’un simple conseil financier : elle recherche une approche éthique, engagée et connectée aux tendances de durabilité et de responsabilité sociale.

Le nom Rothschild est indissociable de la grande tradition viticole. Dès les années 1970, la famille investit dans plusieurs domaines viticoles prestigieux, développant une stratégie axée sur la diversification et la qualité. Sous l’impulsion d’Ariane de Rothschild, le groupe possède aujourd’hui des vignobles en France (Bordeaux), en Argentine, en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande et en Espagne. L’objectif n’est pas seulement de produire du vin, mais de réinventer l’approche viticole, en intégrant des techniques durables et en recherchant des terroirs d’exception. Cette diversification permet à la maison Edmond de Rothschild d’occuper une place unique sur le marché du vin de luxe, tout en capitalisant sur une image d’excellence et d’innovation.

Autre secteur clé du groupe : l’hôtellerie de prestige. Héritière d’une tradition initiée dès 1904 par la famille, Ariane de Rothschild a renforcé l’implantation du groupe dans l’hôtellerie haut de gamme, notamment à travers des partenariats stratégiques avec Four Seasons. Ces investissements dans l’hôtellerie de luxe s’inscrivent dans une vision long terme, où l’expérience client et l’art de vivre sont placés au cœur de la stratégie. Chaque établissement reflète l’ADN Rothschild, mêlant élégance, discrétion et raffinement, tout en intégrant des éléments contemporains pour séduire une clientèle exigeante.

Si le groupe Edmond de Rothschild est un acteur majeur de la finance et du luxe, il joue également un rôle clé dans le secteur philanthropique. Ariane de Rothschild poursuit une tradition familiale d’engagement, notamment à travers la Fondation Edmond de Rothschild, qui soutient des initiatives dans l’éducation, la recherche médicale et la culture.

Parmi les projets les plus emblématiques :

  • La Fondation Ophtalmologique Rothschild, située à Paris, qui est un centre de référence dans le traitement des pathologies oculaires complexes, notamment celles liées au cerveau.
  • Les Maisons d’Enfants Rothschild, qui accueillent et accompagnent des enfants en difficulté, perpétuant un engagement initié après la Seconde Guerre mondiale.
  • Des projets éducatifs et culturels, visant à promouvoir l’égalité des chances et l’innovation sociale.

L’innovation médicale est un axe particulièrement stratégique pour Ariane de Rothschild. Elle souligne que les avancées en intelligence artificielle et en neurosciences révolutionnent les soins de santé, et la fondation s’efforce de financer des projets à fort impact dans ce domaine.

Ariane de Rothschild ne se contente pas de gérer un héritage familial. Elle impose sa propre vision, combinant rigueur financière, passion pour le luxe et engagement sociétal.

Sa capacité à allier tradition et innovation en fait une figure clé du capitalisme familial moderne. Elle se distingue par une approche pragmatique du business, en mettant en avant l’adaptabilité et la responsabilité sociale, deux piliers qui définissent aujourd’hui les grands leaders d’entreprise.

Son prochain grand projet : le lancement du Gitana 18, un trimaran volant ultra-innovant, qui incarne à la fois l’excellence technique et l’héritage sportif des Rothschild dans le monde de la voile. Ce projet illustre la recherche permanente d’innovation et de dépassement, qui caractérise le leadership d’Ariane de Rothschild.

 

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.


[Directrice Réseau Initiative] Women In Leadership

Interview de Sophie Le Ray, Co-fondatrice de EVE LIST, Directeur de programmes du « RISE Executive women program » de IE Business School Madrid, et nouvellement Directrice d’Initiative Côte d’Azur.

By Pascale Caron

Sophie est une entrepreneure passionnante qui fourmille de projets avec une large expérience à l’international. Elle a décidé récemment de poser ses valises chez Initiative Côte d’Azur afin de soutenir l’entrepreneuriat local.

J’ai fait sa connaissance lors de l’Assemblée générale d’Initiative France. Nous avons partagé un taxi au retour de l’aéroport et on ne s’est pas arrêtées de parler pendant le trajet. J’ai eu envie de vous la présenter.

 

Peux-tu nous décrire ton parcours ?

Il est très atypique. Très jeune, mon rêve était d’être archéologue. Mais je n’ai pas voulu m’engager dans les études tout de suite. Donc mon bac en poche, je suis partie 2 ans à Paris puis aux États-Unis, où j’ai fait des petits boulots. De retour en France j’ai suivi un cursus universitaire d’histoire ancienne. J’ai poursuivi ma formation jusqu’aux portes du doctorat. J’avais 27 ans et j’étais déjà maman.

Cette période de ma vie a été déterminante, car c’est à ce moment-là que le doute s’est immiscé en moi : moi qui ne doutais de rien je me suis mise à me poser des questions. Je me trouvais étriquée dans le milieu universitaire. Si les études me plaisaient beaucoup, le système lui-même ne me convenait pas. J’ai vécu alors un grand moment d’épiphanie : mon ordinateur a explosé d’un coup, j’ai perdu toutes mes recherches et j’ai décidé de changer de voie, comme ça, d’un seul coup.

Je suis partie en Angleterre dans une société qui organisait des conférences et des sommets professionnels. Mon travail consistait dans la production des conférences. J’y ai rencontré mon second époux avec qui j’ai eu une deuxième fille. Cette nouvelle mission satisfaisait ma curiosité intellectuelle et me permettait de découvrir des civilisations en voyageant. Je dis souvent aux étudiants que dans la vie si on sait prendre les opportunités, cela nous ramène à l’essentiel.

De retour sur la Côte d’Azur, après quelques années je suis rentrée en tant qu’associée dans une société monégasque organisatrice d’événements professionnels, Naseba. Notre but était le soutien à la croissance des entreprises dans les marchés émergents, par l’introduction d’investisseurs, des sommets B2B et la formation des cadres. On s’est beaucoup développés dans le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique.

Cette expérience m’a amenée en 2008 à m’installer à Dubai et à travailler dans tout le Moyen-Orient, et j’y ai fait une grande découverte, le « féminisme ». Jusqu’à lors le fait d’être femme n’avait jamais été un frein. Les portes s’étaient toujours ouvertes facilement pour moi et je n’avais jamais vécu de plafond de verre.

Au Moyen-Orient j’ai rencontré des femmes fortes, intéressantes, qui avaient une manière de fonctionner différente de l’occident. En 2008, j’ai fondé le Global WIL Economic Forum (« Women In Leadership »), la première plateforme pour les femmes d’affaires dirigeantes au Moyen-Orient et en Asie. Ça a démarré comme un « gentle women’s club », qui avait pour but de casser l’image des femmes du Moyen-Orient, de « femme soumise », et de créer des ponts avec les femmes entrepreneures occidentales. On a pu organiser également WIL en Inde, Delhi et Bombay, en Malaisie à Kuala Lumpur, sous le patronage de la femme du 1er ministre de l’époque. En 2010 et 2012, on l’a amené en Arabie Saoudite et une dernière fois en 2018 au moment où Mohamed Ben Salmane est arrivé au pouvoir. Entre 2010 et 2018, la conférence a complètement changé et a passé à une fréquentation de 2000 personnes ; ça a été un grand moment pour moi qui a permis de boucler la boucle. C’était un gouffre financier, mais c’était tellement beau à voir que je ne pouvais pas m’arrêter.

En 2016, j’ai eu la chance de co-écrire « Game Changers: How Women in the Arab World Are Changing the Rules and Shaping the Future » avec mes partenaires spécialistes du leadership et de la diversité. J’ai pu rajouter ma contribution à base d’entretien des pionnières de la région, sur la place de la femme dans le monde arabe.

Je suis finalement rentrée en France, dans le sud, pendant la Covid. J’avais envie de faire autre chose. J’ai commencé à faire des missions pour des clients et j’en ai profité pour réfléchir à m’investir dans de nouveaux projets qui me parlent.

Avec un groupe de camarades, on a réfléchi à comment mesurer les efforts des entreprises en matière de parité homme femme et établir un score très simple, pertinent et impartial. Notre objectif était de le mettre en relation avec des chercheurs d’emplois. On s’est basé sur des données publiques et on a lié cela avec la plateforme Indeed. On a donc créé EVE List sous la forme d’une organisation à but non lucratif.

Je me suis associée au directeur informatique de ma précédente boite et un ancien directeur de JP Morgan à New York qui était rentré également pendant la Covid. J’ai sympathisé avec ce génie des maths qui avait travaillé après de femmes sans comprendre pourquoi il y avait ces divergences de traitement salarial entre les sexes. Il est parti depuis vers de nouvelles aventures, car il gère depuis un département à l’EDHEC de recherches en risques.

Cette aventure est finalement arrivée à ses limites, mais c’est elle qui m’a amenée vers Initiative, car dans le cadre de EVE LIST nous avions reçu le label Initiative remarquable.

Te voici donc depuis juillet, Directrice de la branche cote d’azur d’Initiative. Quelles sont tes premières impressions ?

C’est un véritable honneur pour moi de soutenir l’entrepreneuriat local. J’ai dans les mains un authentique bijou. D’un côté, nous avons une équipe de permanents forte, mais nous avons aussi à notre disposition 250 bénévoles experts dans leur domaine. C’est unique et formidable. Quiconque pense que la France n’est pas un endroit pour entreprendre est mal informé. Nous avons un taux de pérennité des entreprises accompagnées de 96 % sur 3 ans : c’est exceptionnel. Nous devons poursuivre et faire connaître ce travail d’accompagnement à toutes les catégories d’entrepreneurs de notre territoire.

Quels sont tes projets ?

La 1re étape est de comprendre les rouages, car c’est une machine complexe avec beaucoup d’intervenants. Je vais apporter ma personnalité et mon expérience dans le mix. Venant d’un univers international dans des domaines innovants, j’aimerais que l’on reste dans la continuité tout en développant l’expertise dans ces nouveaux domaines. On doit se rendre utile à l’écosystème existant. Innovant, ne signifie pas uniquement technologique. Une société intéressée par la RSE, sur l’agriculture ou dans la santé peut être innovante.

Nous devons procurer notre expertise à tous les secteurs et aux entreprises à tous les niveaux de leur progression : de la création, à la croissance sur de nouveaux projets, et également la reprise. Accompagner la croissance c’est un autre métier et c’est le cœur de mon expérience.

Nous sommes une institution financée par des fonds publics ce qui forme une grande rigueur. Je souhaiterais poursuivre le développement des partenariats privés avec des entreprises de la région qui soutiennent l’entrepreneuriat dans le cadre de leur programme RSE.

Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée, dans ta carrière ?

Je pense en premier lieu à ces femmes d’affaires du Moyen-Orient qui m’ont permis de changer ma vision de la femme dans l’entrepreneuriat. Au départ, j’étais plus dans l’état d’esprit ; « I am one of the boys ». Mais ces personnalités fortes ultras féminines, avec un équilibre vie privée et personnelle, dans une société extrêmement masculine, m’ont inspirée. Elles m’ont influencée dans ma façon de m’habiller et je n’ai plus adopté les codes masculins.

Sinon mon modèle d’entrepreneur c’est Coco Chanel. Elle incarne pour moi l’entrepreneure libre qui va jusqu’au bout de ses idées et qui ne lâche rien. C’était une femme avec une grande force de caractère qui a fait plusieurs fois faillite et n’a jamais baissé les bras.

J’avais lu un article très intéressant du fondateur de Airbnb qui n’avait pas eu le temps de finir sa formation à l’université, happé par le succès foudroyant de sa société. Il a donc utilisé sa célébrité pour organiser chaque mois des rendez-vous avec les cerveaux de ce monde ; il a profité de ses échanges avec Warren Buffet, Bill Gates et bien d’autres pour parfaire sa formation. Il arrivait avec une problématique et leur demandait comment ils le résoudraient. D’une certaine manière j’essaye de fonctionner comme cela. Il faut oser dire « je ne sais pas ». C’est un exercice qui marche à tous les niveaux et dans tous les business. Nous avons mis en place d’ailleurs chez Initiative des ateliers de cocréation, où des entrepreneurs se réunissent sur une problématique afin de trouver une solution par l’intelligence collective.

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Oui, le dernier livre de Pierre Lemaitre, que je lis actuellement, « Le grand monde ». Il nous propose une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses. C’est drôle et incisif, je me régale.

J’ai été très émue par « La Grâce » de Thibault de Montaigu. Au départ, l’auteur voulait écrire sur Xavier Dupont de Ligonnès. Suivant ses traces, il s’est retrouvé dans une abbaye bénédictine près de Carpentras, où il a eu la révélation que Dieu existait. C’est un livre magnifique.

D’un point de vue plus professionnel, je conseille Henry Cloud, un psychologue clinicien américain qui a écrit sur l’intégrité dans le leadership. Ces livres « Integrity » et « Boundaries » sont très intéressants.

En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?

Je m’inspire d’un verset de Saint Paul qui parle de courir la course de la vie en oubliant ce qui est derrière pour toujours tendre vers ce qui est devant nous. Je trouve que cette discipline s’applique très bien à la course de l’entrepreneuriat : s’inspirer des réussites et des erreurs du passé, mais surtout regarder en avant pour saisir les opportunités.

 

A propos de l’auteur : Pascale Caron, membre du comité MWF Institute est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie. Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.