[ART] Galerie
Interview de Claire Le Gouill, fondatrice de l’Art de Claire Galerie.
By Pascale Caron.
« Art de Claire Galerie » est une galerie d’art moderne située au sein du Village des Talents Créatifs, à Puget sur Argens.
Claire est également membre du jury du « festival de la photographie surréaliste » de Fréjus, et commissaire d’exposition du Festival Base’art. Elle est très engagée au niveau associatif et a participé à la création de la délégation FCE, Var Esterel dont elle a pris la présidence en 2023.
Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir cheffe d’entreprise ?
J’ai toujours été passionnée par l’art et la culture. J’y ai baigné depuis toute petite, car ma grand-mère était chanteuse d’opéra.
Au départ ma passion était la danse, mais mon corps n’a pas suivi et j’ai dû renoncer à mes rêves pour des problèmes de genoux. Je suis originaire de Nice et je me suis ensuite passionnée en autodidacte pour les artistes de l’école de Nice. J’ai construit mon gout pour l’art à travers les œuvres d’Arman et de César en parcourant les musées de ma ville natale. A 19 ans, j’ai travaillé pour l’emblématique Jean Ferrero et sa femme Michelle au sein de sa caverne d’Ali Baba rue du congrès à Nice. Nous avions un rapport affectif, tant et si bien qu’ils ont nommé leur 2e fille Claire… C’était une première plongée dans le monde de l’art auprès d’un homme qui avait côtoyé mes idoles et avait rassemblé une collection d’exception.
Après un DUT en communication et une licence des arts du spectacle option danse, j’ai débuté ma carrière au sein de la compagnie de danse Bruno Jacquin en tant que chargée de la diffusion et de la communication. Puis J’ai été responsable communication et relations presse pour le théâtre de Draguignan. Quand je suis tombée enceinte, j’avais 25 ans puis j’ai réfléchi à une reconversion. Mon ex-mari était dans l’immobilier, et j’ai créé pour son entreprise une nouvelle activité de location saisonnière et d’administration de biens pendant 15 ans.
En 2018, à la suite de mon divorce, j’ai revu Jean Ferrero qui est toujours resté mon mentor. Je n’avais pas encore une idée précise sur ce que je voulais faire et c’est lui qui m’a suggéré d’ouvrir ma propre galerie. J’ai donc suivi son conseil en appliquant ma vision du monde de l’art : le lier au monde de l’entreprise. Mes valeurs sont l’honnêteté, le partage et la transmission du savoir-faire. L’art doit être accessible au plus grand nombre.
Les galeries sont des sortes de musées gratuits. Elles permettent d’éveiller à l’art, ceux qui ne fréquentent pas forcément les grands lieux. Je mets un point d’honneur à partager, à aller à la rencontre d’autres publics et j’organise ainsi des expositions hors les murs. Je propose notamment des ateliers de « team building » pour les entreprises, de l’art événementiel mêlant l’art et la musique. Nous offrons également des œuvres d’art, avec les artistes de la galerie, lors d’événements caritatifs comme pour l’association « Pallia aides », à l’opéra de Nice, ici l’artiste Alexandre LLSSG. Les artistes que je représente sont dans la grande majorité des artistes émergeants de la région. Et des artistes reconnus comme Patrick Moya et Jean-Marc Calvet. Je fonctionne au coup de cœur, humain et artistique.
Quels sont tes futurs challenges ?
Mon challenge principal est d’aller à la rencontre de mes collectionneurs, des amateurs d’art en organisant des vernissages, en exposant hors des murs, en créant des rendez-vous. Pour cela je mets en place des collaborations, comme avec le Théâtre Le Forum à Fréjus, avec des domaines viticoles ou en faisant des salons d’art contemporain comme Nice Art expo qui va se tenir prochainement en avril. Je voudrais faire rayonner l’art sur notre territoire.
Peux-tu nous parler de ton engagement auprès des Femmes Chefs d’Entreprises ?
Nous avons créé avec des femmes dirigeantes du territoire une antenne FCE Var Esterel. On s’est lancé ce challenge et nous sommes actuellement 17 membres. J’ai élue présidente pour 2023/2024. Il y a tout à construire, mais tout le monde est motivé et de bonne volonté. Nous partageons toutes les mêmes valeurs de solidarité et d’entraide. Je suis également au conseil d’administration de l’Union patronale du Var.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ?
Je citerais Jean Ferrero. C’est un personnage singulier qui m’a poussée à ouvrir ma galerie. Quand j’ai commencé stagiaire chez lui à 19 ans, je classais, j’astiquais les bronzes de l’école de Nice qui constituait sa collection tout en écoutant ses histoires avec les artistes…
Il y a aussi Suzanne Tarasieve, une grande figure du monde de l’art qui nous a quittées l’an dernier. Elle a propulsé notamment Éva Jospin une artiste qui travaille dans le recyclage. Elle s’est démenée pour mettre en avant des artistes français.
Comme elle je sélectionne également des artistes dans le recyclage et je participe à certaines œuvres en cocréation : cela me permet de donner libre cours à mon imagination.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
« Femmes d’art », c’est un média, un podcast, un livre et un Club dédiés aux femmes qui font le monde de l’art aujourd’hui. Il a été lancé en 2019 par Marie-Stéphanie Servos, d’abord sous forme de podcast. « Femmes d’art » a vocation à mettre en lumière toutes les femmes qui créent ou agissent dans ce secteur, qu’elles soient artistes, galeristes, historiennes ou directrices d’institutions. C’est aussi un, Club qui rassemble des amatrices d’art, des collectionneuses et des expertes autour d’événements inédits, dans des lieux artistiques et culturels d’exception.
Quel est ta devise ou ton mantra ?
J’en ai 2, une de Wonder Woman « Risquer c’est l’assurance de vivre sans regret », et une autre de Nietzche « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ».
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.
[FCE] Paris
Interview de Dorothée Elbaz, fondatrice de Hub-G.
By Pascale Caron.
Dorothée dirige une société de communication par l’objet et digitale. Elle est également très engagée dans l’entrepreneuriat féminin et a été présidente de FCE Paris Île-de-France pendant 4 ans. Parmi ses multiples activités, elle est parallèlement conseillère prud’homale de Paris et secrétaire générale de la CCI. J’ai rencontré Dorothée lors du congrès annuel de Femmes Chefs d’entreprise à Nice, et j’ai eu envie d’en savoir plus sur son parcours.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je suis issue d’une famille de 6 enfants, dont 4 garçons, et j’étais la petite dernière pendant 7 ans avant l’arrivée de ma sœur que je réclamais. Mon père était entrepreneur, j’ai donc baigné très tôt dans ce milieu. J’ai eu une enfance décalée, car j’ai été diagnostiquée haut potentiel, très tôt. J’avais du mal à m’adapter aux gens de mon âge, ce qui m’a forgé un caractère de battante. J’ai passé mon bac à 15 ans, avec 3 ans d’avance et j’ai tout fait de bonne heure. J’ai rencontré mon mari à 16 ans et je me suis mariée à 20 ans.
Sortie du bac je me suis lancée dans des études de droit pour devenir avocate, mais j’ai eu mon premier enfant à 20 ans et j’ai dû arrêter mon cursus en maitrise.
J’ai finalement commencé dans le métier que j’exerce aujourd’hui par hasard. J’étais venue pour soutenir une amie, seulement quelques jours. C’était une société d’import-export d’objets de décoration venus d’Asie, chez Atoll.
Cette aide ponctuelle, c’est en définitive transformée en un travail passionnant d’acheteur, chez Comexo, pour les enseignes de vente par correspondance de Lille, comme la Redoute, les 3 Suisses et Yves Rocher. J’excellais dans mon domaine.
Au bout de 5 ans j’ai commencé à avoir des fourmis dans les jambes : un chasseur de têtes me contacte et me propose un poste de technico-commercial pour la société Caesar diffusion. J’ai suggéré à mon patron de l’époque de me donner ma chance au commercial, mais il a refusé. J’ai donc décidé de rejoindre cette nouvelle aventure spécialisée dans l’importation et la communication par l’objet. Je leur ai apporté une méthode de travail. J’ai innové en faisant de l’import à la source et en créant des showrooms et je générais à moi seule 30 % du chiffre d’affaires de la boite !
Entre-temps, j’avais déjà 2 enfants, et je me suis confrontée au sexisme des hommes lorsque j’ai annoncé ma 3e grossesse. J’étais très engagée, continuant à travailler à distance y compris le week-end. Mais cela n’a pas suffi, ils se sont séparés de moi juste avant mon retour par lettre recommandée : à l’Américaine ! L’ironie du sort est que je n’avais même pas reçu la lettre, car c’était la Pentecôte : un jour ouvré, pour les sociétés privées, mais fermé pour la Poste ! Mon bureau avait été vidé et l’entrée m’était interdite. Depuis ce jour-là, révoltée, je me suis engagée dans la défense du droit des femmes.
Et tu as créé ton entreprise ?
Oui, j’ai reproduit ce que je savais faire en fondant tout d’abord « Créations Dor ». J’aimais ce nom, car il avait un petit côté « Christian Dior ». J’étais située place de l’étoile, avec l’arc de triomphe sur mon logo.
Fonder son entreprise n’est pas un long fleuve tranquille et j’ai bien sûr fait face à la solitude du dirigeant. Il fallait vendre, sourcer, mais aussi faire l’administratif et les tâches ingrates tout en assumant mon rôle de mère. Mes bureaux étaient localisés près de mon frère, expert-comptable, et mon mentor. Il m’a accompagnée avec son côté pragmatique et terre à terre, et m’a permis de prendre du recul. Un bon commercial fait la pluie et le beau temps dans une entreprise, et gagne généralement mieux que le patron ! Je m’en suis rendu compte à ce moment-là, mais la liberté, ça se paie. Le plus dur était de faire face à mes émotions. Une question me taraudait : mais comment font les autres femmes dirigeantes ?
En creusant, je suis tombée sur un article en 2007, où Marie-Christine Oghly, actuelle présidente monde FCEM et présidente France à l’époque, m’a inspirée. J’ai donc rejoint la délégation de Paris. J’ai intégré le bureau en tant que responsable de la communication très rapidement et j’en ai pris la présidence en 2017 pour un mandat de 2 ans qui a été renouvelé jusqu’en 2022. Je suis actuellement Vice-présidente Île-de-France.
Cette communauté m’a énormément aidé : nous avions beaucoup de problématiques communes.
Pendant ce temps mon entreprise se développait autour de mes clients, comme L’Oréal ou SNCF. Mais 3 événements m’ont obligée à penser à la suite. Tout d’abord j’ai perdu mon père en 2015 ce qui m’a beaucoup affectée. J’ai également eu un 4e enfant ce qui m’a obligée à lever le pied et à déléguer à mon équipe, puis il y a eu la pandémie.
La période de la Covid m’a contrainte à repenser mon activité et j’ai décidé de prendre un virage numérique. J’ai changé le nom de ma société qui s’appelle maintenant Hub-G (en référence à Objet), au carrefour de la communication digitale et de l’objet avec le G de green comme éco-engagé.
J’ai fait une formation et je me suis appuyée sur de nouveaux profils qui sont venus enrichir mon équipe : des community managers. Nous avons démarché une clientèle différente : avocats, experts-comptables, restaurants. Mon activité reste encore 75 % orientée objet physique, mais nous progressons.
Peux-tu nous parler de ton mandat aux Prud’hommes et à la CCI ?
En adhérant aux FCEs, on est investies d’une responsabilité, nous devenons des ambassadrices. On est souvent sollicitées pour des prises de mandat.
J’ai donc répondu présente pour les Prud’hommes depuis 5 ans. J’ai pu utiliser mes compétences de droit et ça a été ma revanche sur ce que j’ai subi.
Je suis également à la section commerce de la CCI. Nous avons la grande chance d’avoir une femme présidente de la CCI Paris, Soumia Malinbaum, et je fais partie du bureau restreint. L’entrepreneuriat féminin est au cœur de nos priorités.
Quels sont tes prochains challenges ?
Le plus important est de réussir la transformation numérique de mon entreprise en passant mon activité à 50/50. J’ai également des ambitions internationales : j’ai déjà pris des contacts avec le Canada.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ? Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Dans la sphère familiale, je citerais mon père, un chef d’entreprise, taureau et fonceur comme moi qui ne parlait pas beaucoup, mais dont je buvais chaque parole. J’avais une relation fusionnelle avec lui et je voulais réussir pour lui. Mes frères et moi, nous sommes tous devenus patrons, surement en suivant son exemple.
Je suis une fan absolue de Simone Veil, et je collectionne des tableaux la représentant ; j’aime la pugnacité de Christine Lagarde. J’ai été fascinée à l’époque par le côté fonceur de Bernard Tapie qui réussissait tout et j’admire beaucoup l’audace de Xavier Niel que j’ai eu la chance de rencontrer.
Coté livre, je conseillerais, « Le 2e sexe » de Simone de Beauvoir, et les livres d’Isabelle Badinter sur la famille. Pour finir, je conseille « Réinventer les aurores » du grand rabbin de France Haïm Korsia. C’est un manifeste puissant contre l’indifférence, un plaidoyer pour la fraternité.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Je ne pense pas qu’il existe une autre qualité aussi essentielle au succès, quel qu’il soit, que la persévérance. Elle surmonte presque tout, même la nature. » De John Davison Rockefeller, industriel américain et premier milliardaire de l’époque contemporaine !