La Lumière dans les Ténèbres !

Une seconde chance

pour les femmes incarcérées ?

 

  • Sophie, quelle impulsion vous a amenée à créer la Commission Prison & Réinsertion ?

Sachez que l’Amour brise toutes les chaînes !

Rien ne me prédisposait à m’intéresser au milieu carcéral jusqu’au jour où le témoignage de M. Christian Kadi, aumônier protestant référent de la Maison d’Arrêt (M.A.) de Nice et de Monaco me bouleversa :

« Les circonstances malheureuses de la vie amenèrent une jeune femme à entrer en détention.

Alors enceinte, elle donna naissance à son bébé dans les murs sombres de sa cellule.

A peine le temps de goûter à la joie de sa maternité que la réalité frappa à sa porte. Son nouveau-né allait être placé dans un foyer !

Bouleversée aux larmes à l’écoute de ces quelques mots, une compassion forte et soudaine me saisit. Mon cœur se serra dans ma poitrine, l’oxygène me manqua… Et si cela m’était arrivé ? L’idée m’était plus qu’insupportable ! »

Si les femmes détenues sont affligées à cause de leurs erreurs, elles ne doivent pas être abattues.

Si elles ont honte de leurs comportements, elles ne doivent pas être réduites au désespoir, mais elles doivent être visitées et non abandonnées, encouragées, et non dans la détresse.

Il devait exister une solution pour ces femmes de reconstruire leur vie et de se réinsérer !

Je décidais donc d’agir en leur faveur en créant en 2015 la Commission Prison & Réinsertion.

 

  •  Quelles actions avez-vous mises en place ?

En janvier 2017, avec le soutien du Directeur de la M.A. de Nice et de la Directrice du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) des Alpes Maritimes (A.M), je créais un atelier Couture avec le savoir-faire et le grand cœur de Marie-Rose. Le but était de dispenser des cours pour une embauche dans des boutiques de retouches. Des cœurs rouges furent confectionnés lors d’un Gala à Monaco en présence de nombreuses personnalités. Les détenues reçurent un diplôme, un don financier et l’appréciation du Ministère de la Justice Française.

En septembre 2017, l’atelier Couture contribua également à la réalisation de robes pour enfants en vue de leur vente à la Boutique du Rocher de la Fondation Princesse Grace à Monaco. Mission réussie ! Les détenues se sentirent valorisées. Elles reprirent l’espoir d’atteindre de nouveaux objectifs dans leur vie.

En octobre 2017, l’autorisation nous fut donnée, à Emilie et moi-même, par le S.P.I.P des A.M d’accompagner une détenue les 6 derniers mois de sa détention vers la sortie, par des visites de soutien et de travail dans l’enceinte de la M.A. de Nice.

Une année plus tard, la Direction des Services Judiciaires de Monaco m’autorisa à effectuer également des visites à la M.A. de Monaco.

Notre compassion de « marraines de cœur » ouvrit la porte de l’Espérance pour ces détenues.

 

  •  Y-a-t-il plus de bonheur à donner qu’à recevoir ?

Bien évidemment ! Sachez-le ! Celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment !

En février 2018, en partenariat avec Caterina, Décoratrice, et Betty, Formatrice de Métiers, j’organisais un déjeuner privé à la M.A. de Nice. La décoration et le service en salle furent assurés par les détenues. Un apprentissage et un paisible partage en présence du Directeur de la M.A. de Nice et de la Directrice du S.P.I.P des A.M. 

En septembre 2018, j’encadrais un nouvel atelier Coiffure, Maquillage et Manucure à la M.A. de Nice pour révéler aux femmes qu’elles sont une perle de grande valeur. Marie-Josiane, coiffeuse-styliste, dispensa bénévolement des cours en vue d’une embauche dans des salons. Accompagnée par Brigitte,et toutes deux remplies de compassion pour ces femmes, elles leur permettent encore aujourd’hui de retrouver beauté perdue et dignité.

En octobre 2018, des ordinateurs furent offerts à la M.A. de Monaco grâce à la générosité d’un homme d’affaire monégasque. L’occasion de retrouver pour les détenues une motivation pour le travail.

 

  • Quels sont vos projets et les soutiens indispensables pour ne pas replonger dans le milieu carcéral, mais devenir une participante productive de la vie économique du pays ?

(En prison)

Recherche de bénévoles investis à la formation de métiers.

Recherche d’entreprises pour réaliser des missions courtes (petits travaux rémunérés) dans l’atelier de production du Quartier Femmes.

Nomination de marraines (avec langues étrangères) pour préparer les femmes à leur sortie : aide à la formation, à la recherche d’un emploi, d’un logement, à la rédaction d’un CV, à la simulation d’entretiens de recrutement etc…

Dons de vêtements, collecte de papiers à lettres, enveloppes, timbres etc…

 

(Hors prison)

Recherche de sponsors et de partenariats avec des entreprises en vue de l’embauche des femmes sortantes :

  • Partenariat avec des entreprises de textile offrant un pack « habit de travail ».
  • Partenariat avec des entreprises de cosmétiques pourvoyant à un « coffret maquillage ».

Organisation de rencontres sous la forme d’un forum emploi « job dating ».

Création d’outils de communication pour sensibiliser la population et les entreprises à une prise de conscience du désert moral et financier de ces femmes lors de leur libération.

 

  • Pouvez-vous témoigner d’une réinsertion réussie ?

V. grandit dans une famille avec de bonnes valeurs. A 25 ans, elle s’installe en couple. Malheureusement, les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs et ce compagnon l’entraine dans la délinquance. Dans sa cellule, V. accepte que tout péché peut conduire à la chute d’une famille, d’une carrière ou d’une vie. Elle se repent et met tout en route pour travailler au sein de la prison et prouver sa bonne volonté à mener une vie en règle. L’écoute, le partage avec l’aumônier et la marraine l’aident à traverser ce douloureux parcours. Grâce à l’action de l’Association Impact Monaco Riviera et de ses partenaires, V. trouve un emploi et un logement. Elle reste reconnaissante et comprend que le temps prouvera que son passé est terminé et que toutes choses sont devenues nouvelles dans sa vie.

 

  • Pour conclure, comment définissez-vous votre identité ?

Ma vie est abondamment bénie, car je cherche à plonger toujours plus mes racines dans l’Amour ; et c’est pourquoi mon coeur crie pour ceux dont le destin reste attaché à la souffrance.

 

*Sophie Verhaaren

Vice-présidente de « Impact Monaco Riviera » (association chrétienne pour le bien d’autrui).

Chef d’entreprise de « American System Nettoyage » (entreprise industrielle depuis 1987).

Associée à son époux, de «7 Heaven Management » (achat, vente et management de voitures, avions et bateaux – Concept Terre-Air-Mer depuis 2000).

Contact : [email protected]