Interview de Layticia Audibert, CEO de Gandee

By Pascale Caron.

Gandee permet aux entreprises de devenir engagées et solidaires grâce au mécénat d’entreprise au profit d’associations. Quelle que soit leur taille (indépendant, startup, PME, ETI…), Gandee les accompagne pour booster leur RSE et leur marque employeur. Ils valorisent leur image, attirent des clients et les talents, et gagnent des marchés en devenant un acteur engagé.

Gandee met à leur disposition une sélection d’associations dans tous les secteurs d’activité (environnement, solidarité, etc.) répondant à une charte de qualité. Ils encouragent l’implication des salariés par les dons des collaborateurs, page de collecte, vote, team buildings. Ils proposent des outils de communication positive co-brandée avec des vidéos pour la diffusion interne et externe.

Ils sont incubés par l’accélérateur Allianz et font partie de la promotion 22/24 du Village by CA de Sophia Antipolis.

 

Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?

 Quand j’avais 6 ans, j’ai fini au tribunal pour enfants de Grasse. À la cantine j’avais remarqué que le fils du maire de l’époque était toujours mieux servi que les enfants les plus défavorisés. Telle une justicière j’ai instauré la révolution à la cantine assortie d’une bataille de purée. La mère de ce garçon m’a convoquée dans le bureau du juge pour enfants qui m’a dit alors « vous ne pouvez pas faire justice vous-même ». Il m’a quand même glissé à l’oreille en repartant « tu avais raison ». C’est comme cela que ma carrière dans le droit a démarré 😉.

À 7 ans je voulais donc être juge pour enfant et quand le juge Michel s’est fait tuer j’ai pivoté vers la carrière d’avocat. Les deux moments les plus importants dans notre vie sont le jour où on nait et le jour où on comprend pourquoi. J’ai compris à ce moment-là que je défendrais les autres.

J’ai finalement travaillé au sein de cabinets d’avocats et d’entreprises internationales (Ernst & Young Law, JBL…) avant d’intégrer Opportunité Asset Management en tant que Directrice Juridique puis CEO (Paris, Luxembourg, Belgique) pendant 17 ans. Et puis je ne me suis plus retrouvée dans ce métier.

Il y a 14 ans, ma sœur a eu un très grave accident de la route la laissant pour un temps tétraplégique avec deux enfants. Elle remarche depuis, même si elle nécessite une assistance de tous les instants. Devant le choc de tout cela, je suis devenue muette pendant une semaine. J’avais auparavant acheté une toile blanche pour réaliser un « vision board » de tous mes rêves et finalement j’ai réalisé un tableau. Quand j’ai recommencé à parler, j’ai montré ce tableau à des amis. En moins d’un mois, ma carrière de peintre était lancée en parallèle. J’ai vendu plus de 200 œuvres, je suis en coffre de collectionneurs et j’ai exposé d’ailleurs au Métropole à Monaco. Toutes ces ventes mon permis d’aider à financer la situation de ma sœur et contribuer à l’éducation des enfants.

J’ai écrit à cette époque un roman « De mort et d’eau fraîche » paru en juin 2011.

J’ai créé également un Webzine, de 2013 à 2018, « Le Provocateur de Sourires », le webmag des bonnes nouvelles, dont le but était de provoquer une gaieté instantanée !
L’idée générale était de proposer des sujets qui vous mettent de bonne humeur. Il prodiguait de l’espoir, rendait le sourire épidémique, montrait ceux qui ont osé et qui donnent valeur d’exemple. Nous voulions présenter des personnes positivement créatives, récréatives, inspirantes, des héros ordinaires ou pas ! Nous souhaitions partager avec les lecteurs des articles qui leur font se dire « pourquoi pas moi » ?

 

Quand il y a 5 ans ma sœur a finalement touché les assurances suite à son accident, c’est moi qui ai eu un accident grave de la route qui m’a laissée dans le coma.

De retour à la vie, j’ai eu envie de contribuer au monde, car c’était cela qui me rendait heureuse. Pour mon anniversaire, j’ai posté un message sur les réseaux, en proposant à mes amis de me faire un cadeau en aidant les autres. J’ai eu plus de 1200 témoignages de personnes qui ont épaulé une vieille dame, aidé un SDF, planté des arbres, etc.

C’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, et que l’idée de Gandee a germé. J’ai la conviction que c’est par la solidarité, la coopération, la bienveillance, que chacun peut rendre le monde plus beau.

Gandee a commencé comme une cagnotte solidaire pour les événements, anniversaires, mariages, décès. Puis, les entreprises l’ont utilisé pour les teams building pour engager leurs salariés. Gandee est maintenant devenue une plateforme de « Solidarity As A Service » qui permet aux PME de s’engager facilement dans des programmes de RSE en faveur d’associations de confiance via des solutions clés en main.

Gandee sélectionne des associations (Il y en a 1.3M en France) répondant à une charte de qualité, afin de trouver celle qui est en adéquation avec les valeurs, le métier, l’ancrage territorial de l’entreprise. Gandee assure le suivi administratif et les encaissements.

Pour les associations, Gandee propose des solutions de collecte solidaire 100 % sécurisées. Elles ciblent les événements de la vie des individus et des entreprises (team building, partage de produits…). Nous disposons du label DO GOOD, en partenariat exclusif avec SGS, pour garantir la probité des associations et générer la confiance des donateurs et mécènes.

Où en êtes-vous dans le développement de Gandee ?

Je suis entourée pour l’instant de quatre alternants. Nous venons de réaliser notre levée de fond ce qui va nous permettre d’embaucher deux commerciaux et un support administratif. Nous avons la volonté de nous étendre aussi dans le metaverse. Notre ambition est un déploiement dans d’autres régions de France et ensuite en Europe.

Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?

Le Mahatma Gandhi bien sûr. Le nom de ma société vient de lui : il était avocat et n’était pas parfait. Il a pu démontrer qu’à son niveau chacun peut faire sa part. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

Nelson Mandela et également mes parents, deux véritables humanistes m’ont inspirée. Mais même les gens méchants m’inspirent !

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

J’en ai tellement ! Je pense à Conversations avec Dieu, de Neale Donald Walsch. À l’approche la cinquantaine il fait le bilan de sa vie : il vient de perdre son travail, ses quatre mariages se sont soldés par des échecs et sa santé est défaillante. Pris de colère, il écrit une lettre pleine de doutes à Dieu. Et là, le miracle se produit ! « Dieu » lui répond de façon claire et compréhensible. Un entretien qui durera plusieurs années, où les questions les plus intimes et les plus énigmatiques seront posées : pourquoi suis-je si malheureux ? Pourquoi l’homme doit-il souffrir ? Qu’est-ce que le bien et le mal ?

Et puis il y a « La semaine de 4 Heures » de Timothy Ferriss, un Graal que je suis bien loin d’atteindre, travaillant 15 h par jour ! Peut-être dans quelques années.

Aurais-tu une devise ou un mantra ?

« Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de faire : c’est la seule. » (Gandhi), tel est mon credo.

 

À méditer…

 

A propos de l’auteur : Pascale Caron, membre du comité MWF Institute est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie. Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.