Interview de Manila Di Giovanni : Pionnière de la Réalité Virtuelle et du Metaverse, fondatrice de DWorld.

By Pascale Caron

À seulement 23 ans, Manila Di Giovanni Fondatrice de DWorld, s’est imposée dans un secteur dominé par les hommes dans le monde de la technologie et du metaverse.

Elle a établi sa compagnie, DWorld, révolutionnant l’univers de la réalité virtuelle. Son travail a été reconnu par de nombreux prix, notamment le « Monte-Carlo Woman of the Year Award » en tant que la plus jeune lauréate. Elle a collaboré avec le département smart cities de la Principauté de Monaco, ce qui a fait de Monaco le premier pays avec une économie virtuelle.

DWorld, a récemment annoncé un partenariat stratégique avec Impero pour créer le Metaverse des Philippines. Cette collaboration vise à réaliser une version virtuelle des villes de ce pays, offrant une nouvelle dimension au tourisme et à l’économie numérique. Le projet a été présenté lors de l’événement « Ready Marketing One », soulignant l’importance de la technologie dans la promotion du tourisme.

En novembre 2023, elle a été distinguée par l’Oscar de l’innovation ANGI 2023 décerné par Diana Battaggia, le chef de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel. Elle a reçu également le prix Aidda 2023, en Italie, soulignant son rôle de leader dans la création des smart cities dans le metaverse.

D’autres projets sont en cours comme la virtualisation de Genova, sa ville natale, dans le metaverse. L’objectif de DWorld est de fusionner le réel et le virtuel, offrant des expériences immersives et de nouvelles possibilités dans l’économie numérique.

 

Manila, parle-nous de ton parcours et de ce qui t’a amené à créer ton entreprise ?

Étant moitié italienne, moitié philippine, j’ai toujours eu une mentalité ouverte, un mélange d’Est et d’Ouest. J’évite les stéréotypes et j’embrasse les idées de tout le monde, ce qui m’aide à développer mon équipe.

Mon tout premier rêve était de devenir joueuse de tennis professionnelle jusqu’à l’âge de 16 ans. J’ai passé de nombreux mois, notamment à Barcelone, m’entraînant huit heures par jour, tout en poursuivant mes études secondaires. J’ai participé à de nombreux tournois, jouant même au niveau national en Italie et à l’étranger. Le tennis m’a appris l’importance du sacrifice et de la détermination. Réaliser ses rêves nécessite une volonté de fixer des objectifs clairs et de travailler inlassablement, jour et nuit, pour les atteindre.

Et puis au lycée j’ai dû choisir entre le tennis et les études. Si je gagnais le championnat national, je continuais, sinon je poursuivais mes études et me consacrais à une carrière entrepreneuriale. Je n’ai pas remporté ce tournoi ! Ça a été un moment triste et décisif pour moi, compte tenu de toutes les années de sacrifices que j’avais faits.

Cette expérience m’a inculqué une discipline et une perspective uniques que j’ai ensuite appliquées à mes études universitaires, à mon travail, et dans mes interactions avec mes collègues. Dans le tennis, surtout en double, il faut protéger son partenaire, faire preuve de leadership, et porter l’espoir de gagner. Ces mêmes qualités sont nécessaires en entreprise, notamment dans les startups où maintenir la motivation et afficher constamment des résultats est vital. Les difficultés rencontrées doivent être abordées avec un esprit d’équipe et un leadership fort. La constance et la performance sont cruciales, car sans elles, le moral de l’équipe peut baisser, ce qui affecte la viabilité à long terme de l’entreprise.

J’ai donc poursuivi des études universitaires à l’IUM à Monaco. Un des tournants a été les stages que j’ai effectués à Singapour et en Chine, plongeant dans les dernières technologies, comme la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle. À Shenzhen, j’ai vraiment vu l’innovation en action. C’était un tremplin pour les startups, une expérience qui a radicalement changé ma vision du monde.

J’ai terminé mes études à l’Université de Monaco en 2021. L’idée de DWorld est née de ma passion pour les mondes virtuels, influencée par les mangas et animés japonais. Je voulais créer un espace qui soit l’opposé d’un monde dystopique, un lieu qui pourrait aider les gens. À Singapour, j’ai été fascinée par l’idée des Smart Cities, et cela a renforcé mon désir d’améliorer les infrastructures et les capacités humaines, en particulier dans les nations en développement.

 

Quelle est la vision derrière DWorld ?

L’objectif de DWORLD est ambitieux : intégrer les entreprises, les services publics, et les résidents dans une économie virtuelle. Cela nécessite une reconnaissance mondiale et beaucoup de lobbying. J’ai présenté mon projet lors de ma deuxième année à l’IUM à Monaco, ce qui a conduit à la création d’un jumeau virtuel de la ville.

 

Quelle est la différence entre DWorld et d’autres mondes virtuels ?

La différence clé réside dans l’optimisation des polygones et l’intégration des écosystèmes réels. Dans DWorld, contrairement aux jeux virtuels, vous pouvez visiter des endroits avec vos proches dans un environnement multi-utilisateur, intégrant des entreprises réelles et des services publics.

Nous avons commencé avec Monaco, puis étendu aux Philippines grâce à un partenariat important avec le gouvernement. Nous travaillons actuellement sur l’ajout de Gênes, en Italie. Notre modèle économique repose sur des loyers payés par les entreprises pour leur présence dans DWorld et des commissions sur leurs ventes.

 

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Dans un avenir proche, nous espérons interconnecter au moins quinze villes, créant ainsi une société plus démocratique où les gouvernements et les citoyens peuvent interagir de manière transparente grâce à la blockchain.

 

Comment envisages-tu de rendre DWorld accessible à tous ?

La technologie doit être adaptée pour tous. Comme Internet il y a 20 ans, l’adaptation à ces nouvelles technologies est essentielle. Nous n’avons pas choisi de Cloud pour l’instant : notre plateforme peut se télécharger sur un ordinateur personnel, et nous travaillons avec des blockchains durables, qui sont utilisées pour les transactions, pour minimiser notre impact environnemental.

 

Manila, dans cette aventure entrepreneuriale unique, y a-t-il des personnes qui t’ont particulièrement inspirée ?

Souvent, on s’attend à entendre parler de mentors célèbres ou d’entrepreneurs à succès. Mais pour moi, l’inspiration est venue de mes parents. Ils ont été mon modèle ultime d’humilité et d’entrepreneuriat.

Mon père, en particulier, a bâti sa propre entreprise à partir de zéro. Ils m’ont élevée dans un esprit d’indépendance et d’entrepreneuriat, m’incitant à forger mon propre chemin.

Ils ont su trouver l’équilibre parfait entre me donner la liberté de faire mes propres choix et maintenir une certaine rigueur. Ma mère, en particulier, exigeait toujours le meilleur de moi, ce qui m’a inculqué une discipline ferme. Cette combinaison d’autonomie et d’exigence m’a aidée à grandir, tant personnellement que professionnellement : elle a été fondamentale.

Ils ne m’ont jamais poussée dans une direction spécifique. Ils ont respecté mes choix, qu’il s’agisse de ma passion pour le tennis ou mon intérêt pour l’entrepreneuriat. Cette liberté m’a permis de découvrir mes propres passions et de développer les compétences nécessaires pour les poursuivre.

 

As-tu un livre ou un podcast à recommander ?

Je recommande le podcast « Live Wide Awake – Sustainability & Conscious Leadership » de Steph L Dickson. Elle aborde des sujets cruciaux pour notre génération, notamment l’importance des défis environnementaux que nous devons relever.

 

Aurais-tu une devise ou un mantra ?

« There’s no risk in creating or taking part in the future. But there’s a risk in not changing and adapting while being left behind and not being able to grasp new opportunities. » Cette phrase est de moi 😉.

Les changements, en particulier dans les domaines scientifiques et technologiques, ne doivent pas être vus comme des risques, mais comme de nouvelles façons de résoudre des problèmes. Il est crucial d’avoir l’esprit ouvert et d’intégrer ces technologies dans notre vie quotidienne.

A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.

Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.

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