[Inspiration] Wax

[Inspiration] Wax

Entretien avec Elodie Avice, fondatrice de Wax-feel

par Patricia Cressot

Parlez nous de vous? Comment et quand avez vous débuté ?

Je suis Elodie, Franco-ivoirienne, expatriée à Dakar depuis aout 2018. Ma vie a commencé au début des années 80 dans le quartier de Cocody à Abidjan, une ville hyperactive. Mon enfance en Côte d’ivoire, reste pour moi pleine d’insouciance, de jeux dans les rues avec les amis(es). Je me revois me faufiler entre les machines à coudre des ateliers de tailleurs, pour y ramasser les chutes de tissus et ainsi pouvoir habiller mes poupées en bois. Depuis lors, la mode est restée une grande passion.

Le déclic a eu lieu, quand j’étais à Hanoï, capitale du Vietnam, loin de la France et de la Côte d’Ivoire.

En arrivant au Vietnam en 2015, je suis frappée par l’absence de la culture ouest-africaine. La méconnaissance des peuples et des cultures africaines dans la métropole Hanoïenne était tellement importante que je me suis sentie obligée de modestement y remédier. J’ai commencé par faire venir au Vietnam de l’artisanat traditionnel ivoirien et ouest-africain (masques, tissus, bogolan, statuettes). Une rencontre avec une amie australienne qui tient un concept store à Hanoï réveille ma passion pour la mode. Je m’attelle alors à créer mes premiers modèles et à les déposer dans son magasin. C’est le début de l’histoire de Wax Feel, ma marque de vêtements.

Où puisez-vous vos inspirations?

Je puise mon inspiration dans la diversité culturelle des différents pays où j’ai pu vivre lors de mes différents déplacements professionnels. J’utilise principalement des tissus, tels que la soie, de l’organza,  les  tissus ouest-africains tels que le koko dunda du Burkina faso, le meulfeu mauritanien, les tissus teintés à la main par les femmes du nord de la Côte d’ivoire….pour alimenter mes différentes collections, et du mélange culturel des différents pays où je suis passée. Un changement de pays implique un changement de population et donc une adaptation de mes collections à de nouveaux critères de mode.

A quel type de femme pensez vous en créant ?

Je ne crée pas uniquement  pour un type de femme prédéfini. J’aime le streetwear, je fais la promotion du savoir faire et de l’artisanat africain. Je pense que les femmes d’ici et d’ailleurs se reconnaîtront, forcement dans une pièce waxfeel. Certaines m’emmènent dans leur sphère en me demandant des modèles spécifiques. Tout est une question d’adaptation.

Quelle est votre inspiration du moment? Quelqu’un vous inspire?

Je cherche toujours à apporter un twist d’élégance dans mon vestiaire, telle est mon inspiration première. Ma prochaine collection s’annonce sur le thème de la légèreté, de la fluidité ….

Quels sont projets futurs et vos désirs pour la marque ?

Le départ définitif du Sénégal arrive à grand pas. Dans un premier temps j’aimerais garder le plus longtemps possible, la merveilleuse relation que j’ai avec mes différents collaborateurs sénégalais-es. Rencontrer d’autres propriétaires de concept store en Afrique et ailleurs pour d’autres collaborations. Je ne pense pas encore à la création d’une boutique waxfeel en raison de ma vie professionnelle et familiale qui m’emmène à déménager très souvent.


[Cosmétique] hommes

[Cosmétique] hommes

Interview de Karine Coccellato, présidente et co-fondatrice d’Archiman, une ligne de soins cosmétiques dédiée aux hommes.

By Pascale Caron

 Après des études en Économie et Finance à Sophia Antipolis, Karine a été pendant 7 ans directrice Europe et Moyen-Orient des cosmétiques Urban Decay. À la suite du rachat de la marque américaine par L’Oréal elle décide de quitter l’entreprise et de partir dans une société d’ingénierie à Sophia Antipolis. En juin 2017, elle passe le pas et crée avec sa sœur, Stéphanie, Archiman, une marque made in France, qui bouscule les codes de la beauté. Elles proposent une gamme de soins pour homme à base d’ingrédients naturels. Les packagings, d’un design Arty très original et écoresponsable, nous invitent à voir le mâle partout. Elles ont pour priorité la santé et l’environnement et ont établi une #Archiblacklist de composants controversés qui sont bannis de leurs produits.

Peux-tu nous parler de ton expérience chez Urban Decay ?

Dans les sociétés américaines, tout est possible. Pendant toutes ces années, j’ai eu la chance de m’exercer à l’entrepreneuriat. Je suis née à Nice, mais je suis partie à Paris à la fin de mes études pour travailler. À la suite d’un événement familial, j’exprime à mon boss mon désir de travailler quelques jours par semaine à Nice. Il me conseille de déménager le siège social, je n’en demandais pas tant ! Ma sœur Stéphanie me rejoint sur la partie opérations, RH et logistique. J’ai énormément appris de cette expérience et beaucoup voyagé. J’ai joui d’une grande liberté comme si c’était ma propre compagnie. Après le rachat de la société par L’Oréal, l’organisation et le modèle de management ont considérablement changé et je n’y trouvais plus ma place.

 Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?

 J’étais encore au sein d’Urban Decay et on me propose alors un poste de directrice générale dans l’ingénierie à Sophia Antipolis, je décide de partir. Au cours de cette expérience qui a duré 3 ans, je n’ai pas retrouvé mon ADN, je n’étais pas dans le bon écosystème : j’ai perdu le sens. Stéphanie était restée chez Urban Decay et quand elle me conseille de fonder notre marque, j’ai accepté immédiatement !

Mon but était de me faire plaisir, de trouver du sens et créer de la valeur autour d’un produit. Je voulais me lever le matin et de me dire « j’ai accompli quelque chose ». Je me martèle souvent « Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie ». Cela me permet de ne pas regarder derrière et de repartir quotidiennement d’une nouvelle page blanche en essayant tout le temps d’être une meilleure version de moi-même. J’aime la pensée positive et je me dois d’être un modèle pour mon fils de 8 ans. Le Job le plus difficile après tout, c’est celui de maman !

Pourquoi avoir ciblé le marché des soins pour hommes ?

 On est dans un vrai marché de niche. Il n’existait pas de marque chic et élégante qui prenne à la fois soin de l’homme et de son environnement. Certains hommes identifient les marques comme Biotherm aux cosmétiques de leurs pères. Il fallait une relève qui réponde aux besoins d’une clientèle de plus en plus jeune, responsable et en quête de sens. Depuis son lancement, Archiman a eu la consécration des experts de la beauté. Nous avons déjà reçu 3 awards de référence et nous sommes en finale pour un 4e et un 5e. Nous sommes distribués à l’étranger et comptons bien continuer notre déploiement international. Je suis convaincue qu’une marque doit être honnête et généreuse pour réussir. Nous avons défini l’Archiblacklits des ingrédients controversés : c’est notre cahier des charges pour nos fournisseurs.

 Est-ce facile de travailler en famille ?

Oui. Stéphanie et moi avons des caractères diamétralement opposés et nous sommes très complémentaires. Dans les familles italiennes, on a l’habitude de vivre ensemble, on partage tout et c’est toujours « un pour, tous pour un ».

Quel est ton rôle préféré dans l’entreprise ?

 Je m’occupe de la partie création, et de tout ce qui touche au produit. J’adore rajouter ma touche d’insolence. Sur tous les packagings, j’ai introduit un crapaud, c’est ma signature qui dit « I have kissed so many frogs to find my charming Prince ».

Je me fais plaisir quand je conçois les produits. Sur le nettoyant aux acides de fruits, par exemple, on peut voir des champignons hallucinogènes (« Let’s get acid »). Le côté structuré du packaging secondaire en carton rappelle la matière des polos masculins. J’ai le souci du détail.

Pour notre logo : Je voue une passion à Chanel et j’avais envie moi aussi d’avoir mon propre monogramme. Je me suis inspirée de l’œuvre du photographe espagnol Chema Madoz et nous avons rajouté le symbole de la féminité au cœur du M d’Archiman. Les hommes ont toujours une femme dans leur vie. (C’est un petit clin d’œil à leurs mères).

Quel a été l’impact de la crise du COVID pour Archiman ?

Nos ventes à l’étranger se sont arrêtées net. Nous avions signé un contrat avec les Galeries Lafayettes et avec Selfridges à Londres, 3 semaines avant le 1er confinement. Cette crise nous a forcées à nous digitaliser et à nous concentrer sur le marché français. Nous avons recentré notre énergie sur notre cœur de marque, amélioré les packagings et avons proposé à Pierre Frolla, l’apnéiste, d’être notre égérie. C’est une belle personne, engagée, avec de jolies valeurs et il a accepté par pure générosité. Cette aventure nous a permis de faire de riches rencontres.

Comment avez-vous financé votre entreprise ?

Nous avons d’abord démarré par de la « love money ». D’anciens fournisseurs d’Urban Decay ont cru en nous et nous ont suivies. On a par la suite finalisé une deuxième levée de fonds, juste avant la crise. Nous avons réussi à créer par nos ouvertures de capital un réel écosystème au service de la marque : chacun de nos investisseurs a une vraie valeur ajoutée au sein du développement d’Archiman. On y retrouve des experts en IT, presse, distribution, finance, juridique, logistique. Et cela n’a pas de prix.

 Quels sont vos prochains challenges ?

 Continuer l’ascension d’Archiman en France et à l’étranger ! J’ai énormément d’idées qui foisonnent de partout ; je me fatigue toute seule. Je me lève la nuit et je m’envoie des mails. Je souhaiterais aller beaucoup plus loin dans la gamme et même attaquer le côté nutritionnel, « Sky Is the Limit! »

De nouvelles perspectives s’ouvrent également à nous : nous venons d’intégrer un réseau de Social Selling. C’est une startup soutenue par la French Tech qui a 1200 stylistes beauté en France et en Belgique. C’est une très bonne façon de vendre nos produits.

Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?

Je n’ai pas forcément des personnes en particulier. J’ai eu la chance de beaucoup voyager pour mon métier. J’adore Londres c’est ma ville de cœur, elle est cosmopolite, vibrante. Mon plaisir est de déambuler dans les rues et prendre des idées : tout est source d’inventivité. Le marketing et les marques américaines me passionnent. Elles m’inspirent énormément. Dans le monde de la mode, je citerai bien sûr, Coco Chanel et Yves Saint Laurent. J’aime le streetart, Banksi, Brainwash et l’esprit du tatouage. On retrouve tout cela dans Archiman.

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

 J’en ai un qui me parle beaucoup et que j’ai lu plusieurs fois : c’est « Les 4 accords toltèques » de Miguel Ruiz. On l’évoque souvent avec ma sœur, c’est notre « religion » pour ne pas perdre le fil. Ils sont affichés aux murs de notre société.

En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?

« Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie » bien sûr, et « Make it simple », c’est ce que me martelait mon patron aux usas. Je l’applique quotidiennement dans le business.


[Entrepreneuriat] Élégance

[Entrepreneuriat] Élégance

Interview de Valérie KUNTZMANN COHEN, fondatrice de MAÏKO ACCESSOIRE.

By Pascale Caron.

Alsacienne de naissance, Valérie possède un Master en Ingénierie d’Affaires internationales de l’ISG Paris. Après avoir commencé dans le shipping, elle se retrouve dans le commerce international à Monaco. Elle a travaillé successivement dans l’industrie du parfum de Luxe ou elle était chef de la zone export des produits « Mass market » pour l’Afrique de l’Ouest, puis dans une société d’import-export (Mercure Intl of Monaco), où elle était brand manager pour des  marques de prêt à porter et cosmétique en Afrique. Elle a ensuite travaillé pour M.M.C.I où elle a développé le département Logistique « Arts & Spectacles » ainsi que commercialisé l’entrepôt sous douane de la Principauté de Monaco. En juin 2018 elle décide de créer sa structure VKMC Consulting et son site internet d’accessoires de mode MAÏKO ACCESSOIRE.

Tu es une vraie globe-trotteuse, peux-tu nous parler de ton expérience dans le commerce international ?

J’ai en effet beaucoup voyagé, tout d’abord sur l’Afrique et ensuite dans le monde entier. Dans chacun des pays, je me suis intéressée à chaque personne rencontrée ainsi que leur culture et leur artisanat.

L’Afrique m’a tout particulièrement donné le goût de l’aventure et du challenge. La femme africaine m’a beaucoup inspirée. J’ai commencé dans l’industrie du parfum de luxe. Je devais organiser des tournées pour voir nos clients existants et rencontrer des prospects. Je partais toute seule et j’aimais rencontrer de nouvelles personnes avec qui échanger, des cultures différentes. Durant tous mes voyages, j’observais beaucoup.

J’ai ensuite travaillé dans une Centrale d’achat à Monaco, qui avait de nombreuses boutiques en Afrique dans l’alimentaire, le sport et le fashion. J’étais Brand Manager d’un certain nombre de marques et je passais 70 % de mon temps à l’étranger. Je partais encore une fois en Afrique pour donner des formations et m’occuper du merchandising des boutiques. On m’appelait l’Africaine blanche, car j’étais très à l’aise avec cette culture. Là encore, j’ai découvert une richesse incroyable avec un melting-pot de cultures, en voyageant non seulement en Afrique, mais également à travers le monde.

 Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?

En 2018, j’ai décidé d’arrêter mon activité salariée afin de me recentrer et réfléchir à un projet qui me tenait à cœur. J’allais prendre un nouveau tournant dans ma vie. J’ai eu envie de créer une marque. Par mes différentes expériences professionnelles, je suis une spécialiste du cursus du produit. Une fois celui-ci sorti d’usine, je maitrise la logistique, la mise en place dans les boutiques, le merchandising nécessaire pour le succès des ventes. Avec un début d’idée, l’aventure pouvait commencer. De belles rencontres m’ont permis de fonder MAÏKO en avril 2018.

Au départ, ça n’a pas été simple d’endosser la peau d’un Chef d’Entreprise. Mon papa, haut cadre bancaire me répétait constamment « qu’il était important d’assurer sa retraite et donc de travailler pour un employeur ». C’est grâce à une séance d’hypnose que j’ai pu couper cet élastique qui me tirait vers l’arrière et m’empêchait d’avancer. Ça a été très efficace !

Comment est venue l’idée de MAÏKO ?

Quand j’ai quitté mon dernier employeur, j’ai pris un an pour réfléchir à ce que je voulais faire. Mon mari, chef d’entreprise lui-même me poussait à créer ma société. J’ai commencé par aider une amie à monter son business et cela m’a permis de me rendre compte que mon expérience professionnelle était un atout pour monter un business dans la mode. J’ai commencé tout d’abord avec une ligne de vêtements pour femmes rondes : c’est là que j’ai appris qu’avant de se lancer il est indispensable de faire une étude de marché. C’était un domaine très compliqué, car aucune femme ronde n’est pareille. Je me suis rendu compte rapidement que vendre sur internet sans essayer n’était pas judicieux. Je proposais également de la maroquinerie et finalement j’ai pivoté vers l’accessoire de mode. Mes collections sont façonnées en Indonésie. J’ai eu un coup de cœur pour une boutique qui m’a permis de démarrer mon histoire pour les accessoires : les voyages sont toujours les sources d’inspiration. J’ai fait pas mal de ventes éphémères et la marque se vend beaucoup sur le site par le bouche-à-oreille. 

Peux-tu nous parler du salon des services à la personne que tu organises depuis 2 ans ?

En effet je coorganise en tant que consultante (VKMC) le salon des services à la personne. Je commercialise les stands auprès des entreprises qui viennent exposer : c’est un sujet qui me parle beaucoup, car je vis la même situation au sein de ma famille. Nous en sommes à la 3e édition : les 2 premières étaient à Monaco et la prochaine se déroulera à Nice au Palais des congrès d’Acropolis le 24 février 2022. Les exposants sont divers, cela va des maisons médicalisées, aux maisons de retraite, des aides à la personne nous avons également un village de startups. C’est un beau travail d’équipe avec les organisateurs. Ce travail de conseil est un bon moyen pour moi de financer MAÏKO.

Je suis convaincue au fond de moi que ma marque va grandir !

 Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?

Je suis très inspirée par les chefs d’entreprise qui sont partis de rien et qui ont réussi tout en gardant une certaine humilité, car ils savent d’où ils viennent.

Mon mari est une source d’inspiration, c’est un homme d’affaires qui prend les choses avec beaucoup de recul, avec une belle philosophie de vie, il est mon étoile. Le fondateur de Mercure international, Adnan Houdrouge, la société pour laquelle j’ai travaillé, est un homme absolument incroyable. Il est parti de quasiment rien et en 2010, Mercure international of Monaco comptait près de 5 000 salariés dans le monde entier.

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

J’ai beaucoup aimé, « La stratégie de la libellule » de Thierry Marx, le Chef de cuisine. Il nous promène dans son dictionnaire de bon sens et nous donne trucs et astuces pour avancer plus légèrement dans la vie. Il nous propose de nous inspirer de la libellule qui ne va jamais en arrière, mais attend pour trouver la brèche dans le mur.

En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?

Oui, je me répète souvent « l’important c’est de s’écouter et de se faire confiance », car finalement si tu écoutes les autres tu ne fais jamais rien.