Interview de Ines Bensalah, créatrice de la marque Inessa créations.
By Pascale Caron.
Diplômée de l’International University of Monaco (IUM), Inès est créatrice de mode, sous sa propre marque Inessa créations. C’est une jeune femme pétillante avec des étoiles dans les yeux et une grande bienveillance. Si elle n’a encore que 23 ans, ne vous méprenez pas, elle est une redoutable femme d’affaires. Elle a monté sa société toute seule à Monaco et peut soulever des montagnes pour atteindre ses objectifs. Elle veut réussir dans le monde de la mode et de la création artistique, dans le but d’aider à faire évoluer notre société sur des sujets qui lui tiennent à cœur.
Qu’est-ce qui t’a amené à te lancer dans la mode ?
Depuis que j’ai 8 ans je m’imaginais sur les catwalks, applaudie en tant que créatrice : j’ai récemment publié sur Instagram des dessins que j’avais faits à l’époque. J’avais même déjà défini les prix de mes vêtements.
Je suis née à Bastia au sein d’une famille d’artistes et de médecins. J’ai toujours été très rigoureuse en cours, je suivais les règles, car je savais ce que je voulais réussir pour être indépendante. J’étudiais au lycée Jeanne d’Arc de Bastia et dans le cadre de la journée des métiers, l’Université de Monaco était présente. J’étais alors en classe de seconde et j’ai décidé que c’était là que je voulais aller. Monaco m’apportait un contexte international et protégé et mes parents m’ont fait confiance. Intégrer une école de business plutôt qu’une école de mode a été un choix : mon but a toujours été de créer ma propre société, j’avais besoin de comprendre les codes pour mieux les casser ! À l’IUM où je suis rentrée en 2016, j’ai été présidente de l’association des étudiants pendant 3 ans avec la ferme intention de marquer l’histoire de l’université. Lors de la 1re année, j’ai organisé le défilé de mes rêves. Le directeur qui au début trouvait le projet trop ambitieux a été bluffé et m’a incitée à entrer en contact avec la Chambre monégasque de la mode.
En fin de 1re année, je devais faire mon 1er stage d’été. Je l’ai fait dans la startup d’un ami assez connu qui m’a aidé à comprendre le milieu et à rencontrer de bonnes personnes. À l’époque, je peignais déjà depuis plusieurs années et j’avais exposé lors de la fête nationale monégasque. J’avais été repérée par Matéo Mornar, un sculpteur contemporain très influent à Monaco. Pour me faire de l’argent de poche, je customisais des vêtements et des chaussures. J’ai donc proposé de customiser les vêtements qu’il vendait. Nous les avons fait porter par des personnalités monégasques et internationales ainsi que des athlètes très célèbres : ils se sont vendus bien au-delà de nos espérances. C’est grâce à ces expériences, que j’ai commencé à me faire une clientèle régulière dans ma ville natale et à Monaco.
À partir de ce moment, tout s’enchaine à une vitesse folle : je m’investis dans des domaines qui touchent aussi bien la jeunesse, l’écologie ou l’humanitaire. On me décerne de multiples prix comme : Made-in-Monaco Fashion Award, remis à l’ouverture de la Monte-Carlo Fashion Week en 2019. L’entrepreneurship award m’a été remis lors de sa cérémonie de diplôme de l’IUM.
J’ai reçu l’Award d’honneur de la mairie de Furiani en Corse, le même prix qu’avait reçu Laeticia Casta 5 ans auparavant. J’ai participé à l’édition digitale de la Monte-Carlo Fashion Week hors concours et j’ai représenté Monaco à la Fashion Week de Milan avec la Chambre de la mode italienne.
En 2020 j’ai signé pour être la créatrice du défilé le plus attendu pendant le Grand Prix de Monaco : Amber Lounge. Il a finalement été reporté à 2021, j’ai pu réaliser un de mes rêves en présentant une collection swimwear de luxe. Quand je pense que 3 ans auparavant, j’étais volontaire pour poser les sacs VIP à Amber Lounge !
Tu es très engagée auprès des jeunes, peux-tu nous en parler ?
J’ai créé ma société en dernière année de bachelor à l’IUM. Aujourd’hui j’interviens auprès des classes de master1 et 2 à Sophia Antipolis, mais aussi de bachelor à l’IUM et à Milan. Les sujets abordés sont l’entrepreneuriat, le développement personnel et l’écologie qui me tient vraiment à cœur. Je leur transmets qu’il faut croire en ses rêves et compter sur soi. Je m’investis pour la jeunesse au sein de la croix rouge monégasque, de la chambre monégasque de la mode et chez les FLMM, femmes leaders mondiales Monaco.
Je veux être la meilleure version de moi-même, afin d’aider les autres. Je suis bien entourée d’amis proches, qui viennent principalement du sport de haut niveau avec différents athlètes connus, comme notamment Hugo Micallef, l’ambassadeur de ma marque à Monaco, qui est un jeune boxeur olympique monégasque.
C’est un monde sain où l’on doit se dépasser et avoir une grande rigueur mentale. On se tire tous vers le haut avec chacun notre propre esprit de compétition. J’adore sortir et côtoyer le monde de la mode et son côté blingbling, ça me permet de découvrir de nouvelles personnalités et de m’inspirer de la diversité qui m’entoure. Mais dans ce milieu pour moi « être authentique c’est le nouveau chic ». C’est ce qui m’a permis de réussir et continuer à faire ma place tout en gardant les pieds sur terre. Mon monde intérieur et mes valeurs me raccrochent à la réalité. Pour réaliser mes rêves en tant qu’artiste, je dois penser à la réalité et m’imposer une grande rigueur.
Quelles sont les valeurs véhiculées par ta marque, j’ai lu « made in France », écoresponsabilité…
La mode est éternelle, c’est une parcelle d’art. Je suis une adepte de l’upcycling. Les tissus que nous utilisons sont des fins de série de grands noms du luxe, produits dans les Vosges. J’ai un contrat avec une usine de renom qui travaille avec les grandes maisons du luxe et qui me fournit des tissus en Jersey Bio. Ils produisent mes collections de prêt-à-porter de luxe. La qualité est primordiale et le savoir-faire monégasque est une valeur que je revendique. Il est très important pour moi de contribuer à l’image d’excellence de Monaco à l’international.
Les packagings de ma marque sont compostables en amidon de maïs et deviennent du composte à partir de 180 jours. C’est un concept depuis le début de la marque de redonner vie à des vêtements inspirés des créations uniques qui m’ont permis de me diversifier et de rester fidèle aux valeurs que je soutenais ! Nous concevons des produits de haute qualité étudiés pour un emploi à long terme, fabriqués en France pour maintenir la vision luxueuse, éthique et locale ainsi que l’artisanat et le fait main avec l’aide de mes couturières. En développant une ligne de pièces uniques faites à la main, nous accordons une nouvelle vie aux vêtements. Pour la Journée européenne de la Réduction des Déchets, nous avons collaboré avec la Croix-Rouge monégasque. Nous avons montré comment on peut réutiliser et recycler de façon glamour et créative, sans aucun déchet, les vêtements que la Croix-Rouge donne aux gens en détresse.
Quel a été l’impact de la Covid sur tes activités, et quels sont tes nouveaux challenges ?
J’ai très mal vécu le 1er confinement, j’ai trouvé cet arrêt brutal injuste, car ne rien faire me déprime. J’ai pu profiter de ma famille pendant 2 mois en Corse, mais j’avais l’impression que l’on me volait un temps précieux. J’ai dû apprendre à faire une pause, en faisant de la méditation et de l’hypnothérapie. Je me suis occupée de moi en mangeant mieux et bio. Puis j’ai participé à ma petite échelle en confectionnant plus d’un millier de masques. Nous les avons réalisés en coton biodégradable que nous avons livré gratuitement à destination du personnel de la Croix-Rouge monégasque, des boulangers, livreurs et maraîchers…
J’ai travaillé sur ma collection de prêt-à-porter et sur mon site de vente en ligne. J’y ai proposé un drop de 300 pièces sustainable en édition limitée des deux pièces phares que sont le lion et le phœnix. Le phœnix est un animal qui me correspond, car il symbolise la renaissance que j’ai vécue après cet arrêt forcé et qui m’a permis de me réinventer à chaque étape de ma vie. Nous sommes en boutique également, en Corse, Monaco, Luxembourg, Dubai et New York et bien d’autres. J’ai le support de plusieurs influenceurs comme Zoé Cristofoli, Mina Habchi et d’athlètes internationaux.
Mon plus gros challenge c’est de contrôler mes émotions tout en restant cette artiste wild et indomptable.
De nouvelles opportunités s’offrent à moi, notamment en novembre à Dubaï, où je représenterai Monaco pour l’exposition universelle. J’ai aussi un nouvel investisseur, ce qui me permet de développer ma marque de prêt-à-porter et d’améliorer le côté commercial. L’expansion à l’international est ma priorité et nous sommes aujourd’hui vendus dans plus de 6 pays ! Mais ce n’est que le début.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Tout d’abord, ma mère, elle est incroyablement zen. C’est un oiseau. On a toujours été couvés, mon frère, ma sœur et moi. Ma famille est stable et mes parents s’aiment depuis 33 ans. C’est cet équilibre qui me permet de naviguer dans ce monde de la mode, car elle m’a inculqué des valeurs saines d’amour que je compte donner aux autres. Les personnes toxiques sont parties d’elle-même.
J’adore Oprah Winfrey et son parcours de combattante. Je citerai également Monica Bellucci, icône de beauté, et Kris Jenner qui a réussi à créer un empire grâce aux médias et à l’influence !
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
« L’Alchimiste » de Paolo Coelho, est un merveilleux conte philosophique, une quête spirituelle que chacun de nous peut entreprendre. C’est une invitation à suivre son rêve pour y trouver sa vérité. « Nadja » d’André Breton dans les romans d’amour, ou « Ainsi parlait Zarathoustra » une œuvre magistrale de Nietzsche sur la foi en l’avenir et au futur. Toutes ces lectures nous inventent à faire le plus de bien possible avant la fin.
Pour terminer quelle est ta devise ? Et ton rêve ?
« Être authentique est le nouveau chic » et « success is the best revenge ».
Mon rêve : un jour je serais directrice artistique d’une grande maison. Je souhaiterais rester engagée et créer plusieurs associations dans le monde pour la jeunesse et l’éducation afin d’aider les autres à réaliser leurs rêves !