Interview d’Anne Davené, co-fondatrice de Gangz
by Pascale Caron.
Passionnée de mode depuis toute petite, lorsque qu’elle faisait des études dans l’informatique à Paris, Anne se lance dans le stylisme et devient personal shopper. Elle imagine le concept de shopping événementiel. Après avoir travaillé pendant huit ans aux États-Unis dans la Business Intelligence chez Business Objects, elle décide de développer son activité de personal shopper online. Lorsque Marie Michaud et Anne Davené se rencontrent en 2012, les deux femmes partagent la même passion de la mode et le goût de l’aventure entrepreneuriale. Elles se lient rapidement d’amitié et décident d’unir leurs compétences. Elles créent un concours de mannequins New Fashion Generation en 2012 qui devient dès la 1re édition, le plus grand événement en France, devant celui de « Elite Model Look », avec plus de 80 000 candidatures ! Anne et Marie repèrent ainsi des « new faces » françaises et s’occupent de leurs placements dans le monde entier. Quelques années plus tard, en 2016, elles ouvrent leur propre agence digitale, Gangz.
Comment es-tu passée de Business Objects au monde de la mode ?
Depuis toute petite j’avais du mal à choisir : j’étais bonne dans beaucoup de matières, c’était difficile pour moi d’imaginer un métier, car le champ des possibles était infini. Il y avait une chose dont j’étais certaine, c’est que je voulais partir travailler aux USA. Lorsque j’ai rencontré mon futur mari à 18 ans, il savait que l’on partirait. Ce fut chose faite après des études d’informatique, je suis partie chez Business Objets dans la Silicon Valley. Travailler dans une structure américaine était un rêve pour moi : j’avais de l’autonomie, la possibilité de m’exprimer, je m’y sentais bien, à ma place. Je suis rentrée en France pour des raisons familiales et j’ai continué à travailler pour Business Objects France. Quand ils m’ont proposé de partir au Canada, j’ai dû faire un choix, celui de rester en France et de changer de carrière.
J’ai réfléchi et ai décidé de créer ma propre activité : j’ai toujours aimé la mode, sans être vraiment une fashion addict. Je me suis donc lancée dans de « l’évènementiel shopping » avec des sociétés américaines pendant 2 ans. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Marie. C’est elle qui m’a proposé un projet de casting. Nous avons alors fondé New Fashion Generation, qui dès la 1re édition a rassemblé 80 000 candidats, du jamais vu. Notre particularité était bien sûr le digital, mais également le fait que nous avions élargi les critères et ouvert les candidatures aux hommes. À partir de ce moment-là, notre aventure s’est accélérée et nous avons signé un partenariat avec Next Models à l’international. Très vite une frustration est née en nous, car sur toutes les personnalités atypiques que nous leur présentions, ils n’en sectionnaient généralement qu’un tout petit nombre correspondant à leurs critères. C’est de cette frustration qu’est née l’idée créer notre propre agence pour elles, les personnalités atypiques, les gueules, les rondes, les seniors…
Peux-tu nous parler de Gangz ? Quelles sont vos valeurs ?
Nos valeurs sont l’égalité des chances, la beauté plurielle et l’emploi de proximité.
Notre agence ouvre ses portes à toutes les personnes majeures, sans autre critère d’entrée. Il n’existe pas de Gangzter type. Nos talents sont très différents les uns des autres ; ce sont des femmes et des hommes de tous horizons et à la personnalité singulière. Nous avons créé la catégorie YOU&ME, car il y a une vraie demande : dernièrement les chips Lays nous ont fait confiance pour une publicité, autant te dire que la catégorie YOU&ME a été bien sollicitée. Nous avons également des comédiens d’animation sur la plateforme qui sont généralement enrôlés pour des événements Pop-up éphémères.
Nous recrutons sur tout le territoire et à l’international et valorisons l’embauche de proximité via un système de géolocalisation facilitant la recherche de talents locaux. Il est d’usage que les agences recrutent à 90 % à Paris : nous avons voulu changer cela.
Notre vocation est de simplifier à la fois les candidatures et la recherche de talents pour les entreprises. Après avoir créé leur compte sur gangz.io, les clients peuvent établir des listes de « talents favoris » et remplir un formulaire avec les informations correspondant à leur projet. La plateforme propose alors des profils complémentaires adaptés. Les Gangzters reçoivent par SMS la demande de mission qu’ils acceptent ou refusent. Une fois la sélection définitive validée, les contrats de travail se génèrent automatiquement, lesquels sont signés de façon électronique. Le client peut ainsi gérer ses budgets depuis son dashboard et consulter nos suggestions afin d’optimiser ses dépenses. Nous avons inventé les entretiens en Visio différé, ce qui nous permet de caster nos gangzters avec plus de souplesse.
Il existait déjà des plateformes de mise en relation, mais aucune n’était complètement digitalisée, et nous sommes 30 % moins chères qu’une agence classique. Gangz est née en 2016 et depuis lors nous avons levé 1 million d’euros en 2019. Ces fonds ont été destinés à l’amélioration de notre plateforme et au développement d’un programme de rapid learning : la Gangz Academy. L’agence est implantée en France, Allemagne, Belgique, Suisse. Avec 10 000 Gangzters inscrits et 600 entreprises clientes depuis la création. Nous rassemblons une équipe de 14 personnes, dont 2 stagiaires.
Quel a été l’impact de la crise du COVID sur ton activité ? Quels sont tes prochains challenges ?
Pendant la crise, si l’équipe était en chômage partiel, Marie et moi avons quand même continué l’activité commerciale et signé un contrat avec un gros client en événementiel en France qui nous a fait confiance pour ses développements à l’international. Nous avons fermé notre bureau à Paris et mis tout le monde en télétravail. Le bureau de Nice est devenu le point de chute où nous nous retrouvons 2 jours par semaine. Nous avons instauré des rituels comme le café obligatoire le mardi matin ou le Yoga du jeudi midi. Nous avons réuni tout le monde en séminaire de 3 jours aux iles de Lérins lors du déconfinement, ces moments sont essentiels pour se reconnecter.
Cette période nous a permis de nous poser, de réfléchir à la stratégie et aux process et de démarrer notre internationalisation. En mai 2021 nous avons rajouté 5 pays.
Nos prochains challenges, c’est de poursuivre cette internationalisation, mais à la vitesse supérieure : c’est pour cela qu’en 2022 nous partirons en campagne pour une deuxième levée de fonds.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Ce sont les gens du quotidien, ma boulangère par exemple qui garde le sourire tout le temps… Mais en premier lieu j’ai été inspirée par ma mère, prof de français et mes grand-mères, des femmes fortes qui ont toujours prôné l’indépendance et l’égalité.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Je suis un fan de romans, je les dévore, ils sont pour moi un moyen d’évasion. Mon 1er souvenir en maternelle a été ma frustration de ne pas savoir lire. En général il me faut des livres épais avec des histoires. Depuis quelques années je ne lis plus qu’en anglais. Généralement quand je commence un auteur, je lis tout de lui. Actuellement je suis dans ma phase Harlan Coben, le dernier « Innocent » est très bien.
Pour terminer quelle est ta devise ?
« Qui ne risque rien n’a rien ». On doit créer ses opportunités et développer sa chance. Même de petits risques te permettent d’ouvrir le champ des possibles.