Interview de Sandra Hilger, fondatrice et directrice artistique de la marque « SH HILGER joaillerie ».

By Pascale Caron

Sandra Hilger est une professionnelle de la Joaillerie depuis une vingtaine d’années. Cette passionnée des beaux objets et des matières d’exception a évolué dans l’univers du négoce de pierres précieuses et des métaux précieux. En 2014 elle crée une marque de joaillerie inspirée, pensée et fabriquée en France.

J’ai rencontré Sandra lors de son vernissage dans la Galerie de Laurence Jenk à Monaco. Ses créations d’exception, ses dessins et photos se fondaient parfaitement dans cette magnifique galerie d’art. J’ai voulu en savoir plus sur cet univers et ce qui l’a incité à fonder sa propre marque. Voici une interview tout en sensibilité.

 

Peux-tu nous retracer ta carrière dans le monde de la Joaillerie et ce qui t’a poussé à fonder « SH HILGER joaillerie » ?

Très jeune, je possédais un sens artistique, le goût des beaux objets et des matières d’exception. J’ai intégré une école de bijoutier-joaillier et complété ma formation en gemmologie. J’ai poursuivi mon chemin dans des univers confidentiels : le négoce des pierres précieuses, la métallurgie des précieux. Mon parti pris sera le secteur du luxe. Ma passion première pour les gemmes m’a dirigée vers une société de négoce. Je rejoins par la suite un groupe international suisse, leader dans le domaine des métaux précieux.

Après vingt années d’expertise, j’ai voulu transposer mes connaissances pour m’offrir d’autres horizons, de pouvoir m’exprimer à travers mes réalisations. C’est un projet de vie, un véritable voyage créatif.

L’aventure commence au deuxième semestre 2014. Une marque c’est d’abord une identité visuelle. Je l’ébauche sur la base d’un souvenir d’enfance, un cadeau fait par mon aïeule, il y a plus de 30 ans. Je découvre un carton perdu au fond de la cave contenant quelques échantillons d’un papier à lettres avec mes initiales.

Mon processus créatif a alors débuté par l’écrit : j’ai commencé par poser des mots, des phrases, qui sont devenus par la suite mes 9 thèmes de collections.

Mes inspirations ont pris vie devant mes yeux, se transformant en dessins, en gouachés de Joaillerie qui sont des étapes indispensables pour façonner mes créations.

J’ai fondé ma société fin 2019, c’est une affaire familiale mes filles m’accompagnent dans cette aventure. Une date qui n’était pas vraiment propice vu la suite que l’on connait et l’arrêt de l’économie en 2020.

 

 

Quelles sont les valeurs de ta marque ?

Elles sont basées sur un savoir-faire de l’artisanat français, les compagnons du devoir, maîtres artisans et entreprises EPV (Labellisées au patrimoine vivant). Mes pièces sont élaborées au sein d’ateliers français par des artisans de renom. J’ai conscience que la région de Lyon où je réside regorge de compétences d’exception, je conçois avec leur collaboration.

Mes créations sont des bijoux haut de gamme, novateurs, affirmés, élégants et luxueux, complétés par une excellence de fabrication. L’ensemble des collections sont numérotées, certifiées en nombre limité. Quelle que soit la gamme, les réalisations n’excèdent pas 29 exemplaires. Les pièces de haute joaillerie sont façonnées au nombre de 1, 3 ou 5.

 

Peux-tu nous présenter quelques pièces iconiques ? J’ai eu la grande chance de les voir et j’ai été fascinée par la bague de phalange…

Ma première création a été ce pendentif que j’ai nommé « That’s not All » en or rose sablé & or gris palladié 18 Cts, diamants, et corne naturelle. C’est un bijou unisexe, porté peut-être un jour à Saint-Tropez ou Saint Barth par des femmes, des hommes qui s’offrent le choix de la différence, de vivre l’expérience de la découverte. Chacune de mes réalisations est pensée en visualisant qui les revêtira…

Chaque pièce demande des mois de recherche et développement comme la Bague de phalange articulée « Origine Divine », en or rose 18 Cts, diamant blanc & jaune, et nacre sculptée. Je l’imagine au doigt d’une beauté sublime, d’une Égérie aux origines éclectiques. J’ai mon idée, j’oserais un jour l’approcher…

À l’intérieur des bracelets « Entrée Privée », Or jaune 18 Cts diamants & saphir rainbow, se dissimulent de petits messages. On peut les deviner sur les côtés transparents du cylindre : une autre exploration technologique qui a pris plusieurs mois de conception.

Peux-tu nous parler de Lyon où tu as tes bureaux ?

Derrière les vitrines chics de la rue Édouard Herriot ou du 6e arrondissement se cache un savoir-faire unique, qui fait de Lyon, l’une des deux places fortes de la joaillerie française avec Paris.

Nos locaux sont conformes à mon image. J’ai choisi de travailler, à l’abri des regards dans un appartement de caractère en étage où je rencontre mes clients avec élégance et professionnalisme, en toute confidentialité.

 Quels sont tes prochains challenges ?

La deuxième étape est la commercialisation. Depuis 2020 j’ai eu plusieurs commandes de particuliers pour des bijoux sur mesure, essentiellement par le bouche-à-oreille. Le but est de développer mes créations et de les faire connaitre au plus grand nombre. C’est là que les choses se compliquent, car je n’aime pas me mettre en avant : je préfère que « ces extensions de moi-même » parlent d’elles même. Mais je dois quand même me faire violence, et franchir le seuil de mon bureau pour aller à la rencontre de mes futurs clients.

 Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma grand-mère Paule Hilger qui m’a tout appris, je la cite « pour arriver dans la vie, il faut de la volonté, la réflexion viendra après ». Romy Schneider et Grace Kelly ont été pour moi des femmes iconiques, singulières, fascinantes. J’alimente mon imaginaire de tout ce qui m’entoure, l’architecture, des cultures de l’Extrême-Orient à l’Inde ou l’Asie. Je suis curieuse de tout. Je passe tous les jours devant l’Hôtel Dieu de Lyon. C’est son dôme, comme celui du Taj Mahal qui est à l’origine de la bague « Origine Divine ». La nature également, « Audace végétale » vient d’un grillage au fond du jardin…

 Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Les livres de Boris Cyrulnik sur la résilience sont autant de réponses à mon hypersensibilité. Ce trait de caractère est ma force, car il me permet de créer, mais aussi ma faiblesse, car il est difficile à maîtriser… C’est surement pour cela que je commence par l’écriture, en mettant des mots sur mes maux. Tout est dit, ou plutôt suggéré. Difficile en effet de lever le voile…

 

 

En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?

« Il n’y a pas d’erreurs dans la vie, il n’y a que des leçons. Il n’existe pas d’expériences négatives, il n’y a que des occasions de mûrir, d’apprendre et d’avancer le long de la voie de la maîtrise de soi. » Robin S. Sharma.