Interview de Marine Wetzel co-fondatrice de Imana.care.
Marine a fait partie de l’équipe qui a lancé Station F. Elle a ensuite créé le programme d’incubation où elle a accompagné plus de 800 entrepreneurs tech dans tous types d’industries. Elle a été également à l’initiative de la FemTech au sein de Station F, dédié aux startups dans la santé de la femme, et conçu l’initiative FemTech pour le collectif Sista.
Avec Shiraz Mahfoudhi, elle a fondé Imana care, qui offre une solution digitale destinée à aider les femmes souffrant de déséquilibres hormonaux à réduire leurs symptômes de manière holistique.
Elles proposent des programmes personnalisés pour adapter son mode de vie, en fonction de sa pathologie, pour diminuer ses symptômes hormonaux. Ces programmes sont basés sur des études cliniques et conçus avec des médecins et praticiens de santé spécialisés. Ils reposent sur 3 piliers principaux : nutrition, exercice physique et santé mentale. Imana care permet parallèlement aux femmes d’accéder à une communauté de confiance pour qu’elles puissent échanger entre elles, et questionner directement des experts médicaux. Imana care est listée dans les 20 startups prometteuses de 2022 d’Eldorado.co.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je viens d’une famille d’entrepreneurs. Je savais au fond de moi que je monterais mon propre business un jour. En dernière année d’étude, j’ai tout d’abord rencontré 3 associés avec qui nous avons fondé une première startup. J’ai dû renoncer au projet au bout de 8 mois. Si sur le papier nous étions complémentaires, j’ai appris que l’association peut être délicate. Au même moment Station F se lançait, ce qui coïncidait avec la fin de mon master Entrepreneur. À l’époque j’avais pour projet de partir en voyage « backpack » avec ma sœur, mais cette opportunité était trop attrayante. Mes années chez Station F ont été une expérience incroyable. Nous avions pour mission de faire rayonner la France en tant que leader de l’innovation et de la Tech dans le monde ! Cette dimension internationale me grisait. C’était une aventure intrapreneuriale, surtout la 1re année, car tout était à construire. J’ai par la suite piloté les programmes d’accompagnement des entrepreneurs que l’on gérait en direct. Au bout de 3 ans, je commençais à avoir des fourmis dans les jambes. Je me passionnais déjà pour les sujets Femtech : un marché qui est estimé à près de 1000 milliards de dollars d’ici 2027 ! J’ai profité de l’écosystème incroyable de station F afin d’interviewer une multitude d’acteurs, et de comprendre comment faire la différence dans cette industrie. J’ai analysé les problématiques, et proposé un programme d’accompagnement pour les Femtechs à Roxanne la directrice. Le concept a séduit et nous avons entamé un premier pilote début 2021. Devant le succès rencontré, le programme a été relancé en septembre dernier et nous faisons maintenant partie des incubées avec Imana care.
Où en êtes-vous dans le développement de votre activité ?
Nous avons démarré en mai 2021 avec une première pathologie : le Syndrome des Ovaires polykystiques (SOPK). Notre ambition est de devenir le compagnon quotidien des femmes afin de les accompagner dans leurs déséquilibres hormonaux. Que ce soit le SOPK, qui touche 10 % des femmes en âge de procréer, ou encore l’endométriose, le syndrome prémenstruel ou la ménopause, il y a beaucoup à faire. On considère donc que toutes les femmes souffrent d’au moins d’une perturbation hormonale à un moment de leur vie. Quand on pense par exemple qu’elles passent en moyenne entre 30 et 40 % de leur existence ménopausée, c’est énorme !
Imana care se base sur des études cliniques ayant montré l’impact du mode de vie dans le cas de la pathologie SOPK. Notre application est conçue avec la collaboration de médecins et d’experts du domaine. Nous avons lancé notre premier produit en « No Code », créé notre premier programme avec un comité de praticiennes de santé, et 37 utilisatrices. Nous voulions prouver que la santé en B2C pouvait intéresser les femmes et mesurer l’efficacité du programme en temps réel : l’essai est transformé. Avec ce premier programme, notre but est de mettre en pratique les résultats de ces études et sortir ces femmes de leur isolement en échangeant sur la plateforme.
Quels sont tes prochains challenges ?
Nos étapes à venir sont d’incorporer un CTO dans l’équipe d’associés, de structurer le board médical constitué pour du long terme et de passer à l’échelle ce que nous avons développé.
Notre vision à terme est de devenir une plateforme de santé référente pour les femmes proposant une approche complète, holistique et communautaire.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
La première qui me vient à l’esprit c’est Sheryl Sandberg pour le côté pro, mais aussi perso. C’est une femme d’affaires et une militante féministe américaine incroyable qui a su pousser les portes fermées. Elle est l’actuelle directrice des opérations (COO) de Facebook.
Quand j’étais encore étudiante, j’ai pu assister à une intervention de Ludovic Huraux, le CEO et fondateur de Shapr et également le co-fondateur d’Attractive World. Son discours très inspirant avait résonné en moi, j’avais l’impression de me voir. Il expliquait comment il avait lancé sa 1re boite. À l’époque il avait 1000 idées dont il parlait à ses amis sans passer le pas de l’entrepreneuriat. Je me suis retrouvée dans son parcours. C’est peut-être grâce à son intervention que je me suis lancée même si j’en avais peur : en me disant que si ça ne marche pas j’aurais surtout beaucoup appris.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Dans le sujet des Femtechs, je recommande « Femmes invisibles » ; tout au long de cette enquête, Caroline Criado Perez montre que les femmes sont tout simplement absentes de la majorité des études statistiques, au détriment de leur santé et de leur sécurité.
Sinon je pense à « Et soudain la liberté », un roman autobiographique d’Évelyne Pisier, une personnalité incroyable, dont le livre a été terminé par son éditrice suite à son décès. Cette histoire surprenante fait d’elle une réelle héroïne de roman d’aventure. On y croise des personnes aussi célèbres que Fidel Castro ou Bernard Kouchner, et bien d’autres !
En filigrane de ce récit mouvementé, qui débute dans les geôles indochinoises, et se poursuit en France, en Nouvelle-Calédonie, ou à Cuba, se dessine le parcours atypique d’une future militante féministe. C’est un livre que m’avait offert une amie et qui fait maintenant partie de ceux que je recommande le plus !
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Le but est dans le chemin ». Le plus important c’est de prendre du plaisir dans son quotidien, plus encore que la finalité ultime.
À méditer