Interview de Carmina Catena co-fondatrice et CEO de HiPe Kids.
Consultante pédagogique et speaker officiel du programme Cambridge English de 2012 à 2020, elle est Coach et enseignante depuis 19 ans. Son but est de rendre l’anglais accessible à tous à travers des cours en ligne.
« Permettre aux enfants d’aujourd’hui d’apprendre avec plaisir et aux adultes de demain de s’exprimer avec aisance », voilà la raison d’être de HiPe Kids. Son associé El Mehdi Benrahhalate est CTO en charge de l’innovation technique et du déploiement des technologies adaptées à l’enseignement en ligne.
HiPe Kids ce sont des cours d’anglais individuels dans un format de 25 minutes, 100 % personnalisés pour chaque jeune de 3 à 18 ans. Ils sont entourés de 30 professeurs, de langue maternelle anglaise, diplômés et pédagogues selon la méthodologie du programme Cambridge English, une certification suivie par 5,5 millions de personnes à travers le monde.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir chef d’entreprise ?
Depuis toute petite ma mère me poussait à prendre des initiatives et à créer des business ! J’ai collecté des vêtements pour les envoyer en Yougoslavie, j’ai conçu une activité de lavage de voitures à 11 ans avec ma copine. On nettoyait les voitures tous les week-ends pour 30 francs !
Et puis j’ai commencé la fac en France et je ne me suis pas sentie dans mon élément. J’ai décidé de poursuivre mes études en Angleterre. Il faut dire que je suis Française par mon père, et Anglaise par ma mère, ce qui m’a laissé le choix.
Arrivée là-bas, je suis tombée enceinte et j’ai eu mon fils en 2e année. Mère célibataire, je me suis adaptée à ses horaires et j’ai pris des cours en alternance tout en enseignant l’anglais dans la journée. J’ai fini avec un master en linguistique appliquée. Et puis la vie réserve des surprises, j’ai rencontré mon conjoint, et je suis rentrée en France pour le suivre dans le Sud en créant ma 1re société de cours d’anglais.Au bout de 1 an, mon fils a voulu retourner en Angleterre. C’est là que j’ai commencé à travailler pour Cambridge University, en alternant une semaine sur deux en France et en Angleterre.
C’est à cette époque que j’ai instauré des cours à distance en utilisant Skype, une semaine sur deux ! Au fur et à mesure, je me suis spécialisée dans les enfants. C’est en participant au « What Hackathon » en 2017 que l’idée s’est concrétisée. J’y ai rencontré Medhi mon associé et nous avons crée HiPe Kids (pour « High Individual Personalised English ») en 2018. J’ai débuté avec une équipe restreinte composée de ma mère qui est également professeur et de quelques amis. On a commencé à 4 et nous sommes actuellement 30. Ils sont « Teachers but not only ».
Qu’est-ce qui différencie HiPe Kids des autres plateformes ?
Je suis une passionnée des softs skills et de l’humain. Je crois dur comme fer qu’il n’y a qu’une seule méthode d’enseignement possible, celle qui doit s’adapter à l’enfant. Nous sommes dans l’ultrapersonnalisation.
Nos apprenants varient de 3 ans à 18 ans avec un background culturel multinational : des Français bien sûr, mais également des Belges, des Suisses, des francophones vivant au Qatar, ou en d’outre-mer. Chaque culture doit être prise en compte.
La personnalité de l’élève et son projet sont évalués de manière précise. Nous prenons aussi en compte les neuroatypismes, dysphasies, dyspraxies, autismes, Hauts Potentiels intellectuels ou émotionnels. Certains de nos enseignants sont spécialisés et donc après l’interview je fais le matching entre l’apprenant et le professeur. Si le programme est codifié (A1, A2, B2,… etc.), nous pouvons utiliser des livres différents en fonction des aptitudes de l’élève.
Où en êtes-vous dans le développement de HiPe Kids, quels sont tes prochains défis ?
Notre challenge est de lever des fonds, tout en gardant le côté humain et personnalisé qui est le cœur de HiPe Kids. La plupart de nos concurrents ont levé 1,5 M d’euros. Nous cherchons un investisseur qui nous apportera du support, des idées et pas simplement de l’argent.
Nous espérons avoir le statut de jeune entreprise innovante bientôt, et nous sommes en cours de développement d’une application qui va automatiser une partie de l’évaluation et faire le matching grâce à l’IA. Nous travaillons également avec des chercheurs en neuroatypismes.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré dans ta carrière ?
Ma mère m’a montré la voie, à chaque problème elle a toujours trouvé une solution.
Valérie Blanchot Courtois, présidente de Human Ventures SAS, m’a beaucoup inspirée. Elle a cru en moi et m’a donné confiance. Elle conçoit et facilite des bootcamps afin de challenger les business models et les équipes en phase de lancement ou de pivot. Avec son partenaire SKEMA Business School, elle conçoit et organise des formations-actions à l’intrapreneuriat, entrepreneuriat en contexte d’incertitude. Elle est très impliquée dans les écosystèmes de l’innovation. Tour à tour business angel, présidente du Comité de Sélection de l’incubateur PACA Est, elle a cofondé une startup de la transition énergétique et été CEO de transition d’une startup dans l’habitat connecté.
Chaque personne autour de moi est aussi une source inépuisable d’inspiration.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Mon livre de chevet c’est « Chagrin d’école » de Daniel Pennac. C’est une histoire très touchante qui met le doigt sur ce que je crois profondément dans l’enseignement. Il y aborde la question de l’école du point de vue de l’élève, et en l’occurrence du cancre. Le livre mêle les souvenirs autobiographiques et les réflexions sur la pédagogie. Il parle des dysfonctionnements de l’école, sur le rôle des parents et de la famille, sur les modes de communication modernes, sur la soif de savoir et d’apprendre. Sur la dernière de couverture, il a mis un de ses bulletins scolaires. Le commentaire d’un professeur « élève gai, mais triste élève » résume bien le poids de l’école sur ces enfants qui ne rentrent pas dans le moule.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Dis-moi et j’oublie. Montre-moi et je me souviens. Implique-moi et je comprends. » Elle est attribuée à divers auteurs, des Chinois à Benjamin Franklin, et elle illustre bien ma méthode d’enseignement.
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.