Interview de Caroline de Blignières, Co-fondatrice de MiYé, la marque naturelle In & Out dédiée à l’équilibre hormonal féminin.
By Pascale Caron
MiYé s’appuie sur un comité multi-expert holistique (gynécologues, nutritionnistes, phytothérapeutes, naturopathes) pour lever les derniers tabous sur le bien-être et la santé au féminin.
L’objectif est d’aider les femmes à naviguer sereinement avec leurs cycles et leurs fluctuations hormonales, tout au long de leur vie. Pour cela, Caroline et Anna, les 2 fondatrices ont conçu des produits naturels et bio (soins et micronutrition) sans phytohormones ni perturbateurs endocriniens suspectés. Elles s’adressent aux symptômes les plus courants de la puberté à la ménopause.
Peux-tu nous expliquer ton parcours et ce qui t’a amenée à créer ton entreprise ?
Avant de fonder MiYé, j’ai travaillé pendant 15 ans pour plusieurs sociétés en développement produit et également en digital. J’ai commencé en 2005 chez Fleurance Nature qui en était à ses débuts (moins de 5M d’€ de CA). Quand je suis partie, ils faisaient plus de 20M d’euros de Chiffre d’affaires. C’est une expérience unique de pouvoir vivre l’expansion et le dynamisme d’une compagnie en croissance, avec une équipe dirigeante brillante. J’ai gardé d’excellents contacts et certains font d’ailleurs maintenant partie de notre board.
J’ai toujours eu une âme d’intrapreneure, fonctionnant en général en mode projet. C’est à cette époque que j’ai transitionné du développement produit vers le digital, ce qui est peu courant. J’y suis restée 8 ans. On a internationalisé la marque en Asie ce qui m’a donné des envies de voyage..
C’est comme cela que je suis partie à Dubai pour le Sephora Local « Faces ». J’ai travaillé dans le digital pour le monde de la beauté. J’y ai découvert des habitudes de consommation radicalement différentes : des dépenses pharaoniques que les parfums et le make-up et des soins de peaux complètement délaissés à des marques ultra basiques. On avait une présence phygitale, mêlant physique et digital.
De retour à Paris j’ai rejoins une entreprise à taille humaine, Caudalie, avec une belle âme entrepreneuriale et la culture du produit.
En 2010 au moment de la naissance de ma fille, je me suis intéressée de plus près aux perturbateurs endocriniens. Mes copines me surnommaient la « référence Yuka », je scrutais tous les ingrédients. J’ai été sensibilisée à ces menaces invisibles, que j’ai creusées pendant presque 10 ans. Quand j’ai décidé de créer ma société dans ce domaine, mes amis m’ont dit « Tu vas enfin pouvoir travailler sur tes névroses ! ». 🙂
Après plusieurs échanges avec des gynécologues, naturopathes, sages-femmes, j’ai choisi de me concentrer là-dessus. J’ai rencontré notamment Candice Colin qui a conçu une base de données avec Beautylitic et Clean Beauty qui est ma bible.
MiYé signifie « la bonne amie » en provençal, car j’ai fini par m’associer avec mon amie d’enfance. J’ai connu Anna sur les bancs du lycée. Au départ de mon aventure entrepenariale, elle me mettait en contact avec de futurs partenaires et puis finalement tout s’est fait comme une évidence. À l’aube de nos 40 ans, nous avons sauté le pas. Nous avons eu besoin d’être en phase avec nos valeurs, et nous avons ressenti l’urgence d’agir et de lever le voile sur les perturbations hormonales, puisqu’elles peuvent impacter notre quotidien et notre santé.
L’association, un grand sujet, comment ça se passe entre vous ?
Ce n’est pas toujours facile, mais on y arrive plutôt bien. Amies de puis les bancs du lycée, nous sommes très transparentes entre nous et on a appris à gérer le « roller coaster » émotionnel qui consiste à diriger une entreprise. Nos postes sont très distincts. Elle est basée à Paris, et gère le B2B et des retailers. Je suis au Business Pole de Sophia Antipolis et je m’occupe des produits et du B2C. On a démarré pendant la COVID à distance, ce qui nous a obligés à nous organiser et à partager les tâches en amont. On a réussi à déléguer une partie des tâches administratives à des tiers de confiance. Ça nous laisse plus de temps pour se consacrer à ce qui nous fait vibrer : le développement de nouvelles gammes, l’échange avec les pairs… etc.
Comment avez-vous lancé votre marque ?
Nous avons beaucoup fonctionné au bouche-à-oreille en proposant de tester les produits, organisé des Lives et travaillé sur le référencement naturel. On a également fait une campagne de crowdfunding. On a démarré la société en février 2020 et commercialisé les 1ers produits en mars 2021. On a pu gagner en notoriété après notre passage dans Brut et à la télévision notamment. Nous sommes disponibles dans 150 points de vente, comme anton et wilem, Mademoiselle Bio, le bon marché et dans l’espace santé de Monoprix. Notre taux de réachat est haut, ce qui est rassurant.
Quels sont vos prochains challenges ?
Nous sommes en levée de fonds pour aller plus loin et investir dans la R&D et les études cliniques. Tous les indicateurs sont bons pour intégrer un partenaire qui va nous aider à attaquer le marché en offrant des synergies. Nous sommes en constante évolution. Notre challenge est de développer des outils digitaux qui vont permettre aux professionnels de santé comme les naturopathes de faire des consultations flash de 30 min en s’accompagnant de nos outils digitaux ( pré-bilans et fiches conseils.)
Quelles sont les personnes qui t’ont inspirée dans ta carrière ?
Je citerais Candice Colin, fondatrice de BEAUTYLITIC. Elle a créé un laboratoire cosmétique qui est aussi à l’origine de CLEAN BEAUTY, la première appli de décryptage des cosmétiques lancée en France. BEAUTYLITIC, c’est la première plateforme Saas BtoB d’analyse des cosmétiques à destination des retailers, e-commerce, marques, fonds d’investissement. Elle est très engagée et m’a beaucoup soutenue.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’en ai 2 : tout d’abord « Éloge du vivant » de Isabelle Célestin Lhopiteau. Elle offre une vision novatrice de la santé et du bien-être, mêlant Hypnose, méditation, yoga, acupuncture, sophrologie… Ces pratiques traditionnelles séduisent de plus en plus de patients, en particulier lorsqu’ils souffrent de troubles chroniques que les médicaments modernes ne parviennent pas à soulager.
Psychologue à l’hôpital public, elle a exploré pendant près de trente ans toutes les manières de soigner dans le monde. Elle est aujourd’hui une pionnière de la médecine intégrative en France. Au lieu de les opposer, elle incorpore ces approches thérapeutiques complémentaires à la médecine conventionnelle.
Le deuxième est « Le sexe de la santé » d’Allison McGregor. C’est un Médecin urgentiste, pionnière de la santé féminine aux États-Unis. Elle montre non seulement comment la médecine moderne centrée sur l’homme nuit aux femmes, mais aussi quelles mesures elles peuvent adopter pour réduire leurs propres facteurs de risques et faire avancer les choses autour d’elles.
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
Tout d’abord Coco Chanel « Prenez mes idées j’en aurais d’autres ». On « inspire » beaucoup de startup autour de nous, c’est la loi du succès.
J’aime beaucoup cette citation de Nietzsche « Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse ».
À méditer.
A propos de l’auteur : Pascale Caron est membre du comité de MWF Institute et spécialiste de la technologie dans le domaine de la santé. Elle est CEO de la société Yunova Pharma, implantée depuis 2020 à Monaco et commercialise des compléments alimentaires dans la Neurologie.
Pascale est également directrice de rédaction de Sowl-initiative.