[Art] Bleue
[Art] Bleue
Entretien avec Sabine Geraudie par Patricia Cressot
Sabine Géraudie, est l’auteur de « la chaise de SAB » sur la Promenade des Anglais, au 107 Quai des Etats-Unis, au niveau du Jardin Albert 1er.
Sab est une artiste complète, peintre et plasticienne, solidaire et ancrée dans un monde malgré un contexte qui nous échappe. Entretien avec une femme comme on les admire.
Nous connaissons tous la « chaise bleue » de SAB à Nice, mais nous aimerions en savoir un peu plus, sur vous, Sabine Geraudie, l’artiste.
Je suis avant tout une autodidacte. J’ai commencé par la peinture à l’huile en faisant des répliques de grands maîtres et j’ai peu à peu développé ma technique pour la mettre au service de la création. Mon inspiration vient de la nature, en grands formats, dans un esprit toujours macrophotographique. La peinture à l’huile est restée une véritable passion pour moi. J’ai commencé par peindre des végétaux, puis les galets m’ont inspirée. À Nice ils sont gris du côté de l’Italie, ils sont plus colorés , façonnés par le ressac, limés par le bord de mer. Ils sont une jolie source d’inspiration.
Un jour, à la suite d’une commande, un client me demande une œuvre qui doit représenter « le bonheur et la difficulté d’y accéder » et d’ajouter : « Je tiens à ce qu’il y ai une touche Niçoise ». Je crée alors un corps asexué, qui se dresse sur des chaises bleues en quinconce et qui essaie d’attraper le soleil. Soleil, symbole de lumière, de chaleur, d’aura, de réussite, d’or. De cette commande est née cette œuvre , la chaise en 2D inspirée des anciennes et des nouvelles chaises mobilier qui jonchent la Promenade des Anglais .
Ce fut le début d’une belle histoire qui m’a portée vers la lumière.
Mais je suis avant tout une plasticienne et une touche à tout qui aime essayer différentes formes et matières. Je façonne les maquettes avant de mettre en forme un projet ou une commande.
Pour moi, être artiste c’est le plus beau métier du monde, car j’ai le pouvoir de tout revisiter. Je regarde encore le monde avec mes yeux d’enfant, il m’émerveille.
Des sculptures aux tableaux, vous diversifiez votre travail…
Je suis une véritable boulimique qui aime essayer des projets différents sans se mettre de barrières. Si j’avais une baguette magique, j’adorerais être Léonard de Vinci, soyons fous, pour toucher à tout, sans limites.
Quel a été l’impact de la covid sur votre travail et comment voyez-vous l’après-covid ?
En dehors de l’aspect terrible de la covid et de ses conséquences, j’ai pris cette période comme une opportunité. Pendant le confinement, le temps était suspendu. Ce fut un moment idéal pour me poser les bonnes questions et réfléchir à ce que je souhaitais changer dans mon travail. J’ai pu mettre à plat le côté juridique, les prix, les contrats et les certificats de confidentialité. Je me suis imposée une rigueur qui n’est pas très habituelle pour moi en tant qu’Artiste. Tout ce travail m’a permis de gagner encore plus de temps pour le consacrer à la création.
Puis, j’ai cherché à aider la communauté, à mon humble niveau. Un témoignage de médecin à la radio m’a fait prendre conscience que le corps médical se trouvait dans une sorte de tiers monde et manquait de moyens. J’ai trouvé cela inconcevable, dans une société aussi développée que la nôtre. J’ai alors décidé de mettre en place une campagne et de vendre des masques à un prix raisonnable en faveur du CHU de Nice. En un mois et demi, j’ai pu récolter 4 500 EUR. Je suis heureuse d’avoir pu me sentir utile.
Sensible à la cause des femmes, quel serait votre souhait pour rendre le monde plus égalitaire ?
Pour moi, la complémentarité entre les femmes et les hommes permet la diversité terrestre. Je souhaite juste que la femme soit plus considérée au 21e siècle. Que l’on considère qu’elle est indispensable avec ses multiples activités de femme active, de mère et de chef d’orchestre du foyer. Elle est trop souvent réduite à sa condition sexuée. Mais je suis contre un affrontement hommes/femmes. Cette diversité doit être une force et nous devons regarder au-delà de notre enveloppe humaine.
Quels sont vos prochains projets ?
Je voudrais grandir avant de vieillir. Faire, défaire, refaire et perdre moins de temps. Comme me l’a dit Pascal Coste : « on a le droit de se tromper plein de fois, mais on a pas le droit de commettre deux fois la même erreur ».
Vous êtes très impliquée, et solidaire avec le monde associatif et humanitaire. Qu’est-ce qui vous tient à cœur en ce moment ?
La cause No1, c’est celle des enfants. Leurs souffrances me sont intolérables : leur vie sera conditionnée dès leur plus jeune âge. Nous devrions agir à la racine et s’inspirer de la philosophie asiatique : on devrait faire « de la médecine préventive » au lieu d’agir après, en réparation ; cette façon d’appréhender la vie me plait.
Je suis sensible à la cause des personnes fragiles en général. Quand j’étais enfant dans les Vosges, la mort faisait partie de la vie. De nos jours, on nous parle de la mort comme une maladie honteuse que l’on cache, alors que c’est la nature. Pour de multiples raisons, la vieillesse, la maladie n’ont plus de place dans la société actuelle. On parque les personnes âgées comme des objets, alors qu’elles ont beaucoup à transmettre. On s’efforce de cacher notre vieillesse, nos rides, nos défauts. On devient égocentrique, les réseaux sociaux aggravent ce phénomène, on s’éloigne de la vie humaine.
Où est la solidarité ? Ne devrions-nous pas être plus unis et faire des choses ensemble, oser demander de l’aide pour une génération plus heureuse. Ce qui nous manque c’est une structure et la notion de famille. Il faut peut-être repenser le parcours scolaire. Avant, un enfant allait à l’école et s’il suivait un circuit court avec un brevet professionnel, il rentrait dans la vie active tôt et était fier de devenir un bon ébéniste, un bon boulanger… On est passé à un système normalisé où tous les enfants doivent faire des études. Tous ceux qui n’y arrivent pas sont considérés comme des cancres. Mais si on leur montrait simplement, sans viser le sommet de la montagne, que l’on peut être curieux, s’éveiller à des métiers manuels ou artistiques, ils pourraient cultiver l’art d’être heureux.
Je suis convaincue que l’Art peut les aider à trouver leur voie et susciter des vocations ou des envies. Nous devons éveiller la curiosité chez l’enfant : ne serait-ce, que la rencontre avec un seul tableau peut stimuler son imaginaire. L’école doit jouer un rôle, mais c’est aussi la responsabilité des parents de prendre du temps avec leurs enfants.
En conclusion je dirai qu’il faut prendre le temps d’avoir du temps.
Retrouvez Sab sur:
Site web http://sab-nice.fr
Facebook https://www.facebook.com/sabinegeraudie/
Instagram @sabpainter
[Soft] Skills
[Soft] Skills
Entretien avec Solenne Bocquillon-Le Goaziou, fondatrice, et CEO de Soft Kids.
By Pascale Caron.
Solenne possède un master RH de l’Université Paris Panthéon-Sorbonne 1. Elle a plus de 15 ans d’expérience dans les ressources humaines, dont 10 ans à l’international. Elle a démarré sa carrière dans les groupes français Printemps et Crédit Agricole avant d’entrer chez Shell en 2005. En 2013 elle a géré la stratégie RH d’une des entités de Shell de 15 000 collaborateurs à travers le monde. En février 2019, à la suite d’une restructuration, elle quitte Shell et intègre HEC Challenge+ à destination des créateurs de startups.
En avril 2020, l’application Soft Kids sort sur les stores, avec un premier programme pour cultiver la confiance en soi.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je pense que mon parcours professionnel y est pour beaucoup. Quand j’ai rejoint Shell, un groupe anglo-néerlandais, j’ai découvert une culture d’entreprise où les softs skills étaient plus importants que les diplômes. Généralement dans une grosse société française équivalente, tu rentres sur le classement de ton école et ta carrière est alors toute tracée. Dans cette société en revanche, on favorisait la pensée critique et ta progression pouvait être accélérée en fonction de ta personnalité. J’ai un passif dans les associations et j’ai œuvré pendant 3 ans au niveau national pour l’association « promotion et défense des étudiants ». Cela m’a permis de négocier directement avec les ministères dirigés par des personnalités comme F.Fillon, G.De Robien et L.Ferry et aussi d’être auditionnée au Sénat. Cette expérience m’a permis d’acquérir des softs skills qui ont été déterminants dans l’accélération de ma carrière chez Shell !
Je me suis sentie très à l’aise dans cette équipe internationale. Mes managers hollandais, américains et singapouriens ont laissé mes ailes se déployer et j’ai innové en créant par exemple le premier programme d’accompagnement de Startup chez Shell.
Mais l’envie d’entreprendre était la plus forte. Dans mon enfance mon père a été un exemple entrepreneurial, car il était dirigeant de société. J’ai toujours su depuis toute petite que je deviendrais dirigeante d’entreprise : mais je voulais avoir un impact sur la société, il me fallait une idée. Le déclic vient en 2017, quand on me confie une mission sur les compétences du futur et les métiers de demain. Je réalise que 85 % des professions de 2030 n’existent pas encore, et je prends conscience du fait que les compétences d’aujourd’hui ne sont pas suffisantes pour s’adapter au monde de demain. La solution, pour moi, se trouve dans les softs skills. C’est pour cela qu’en 2019, j’ai créé une application pour accompagner les enfants et leurs parents dans le développement des compétences douces. Mon but était de donner aux jeunes générations les armes afin d’appréhender le marché du travail du futur.
Qu’est-ce que t’a apporté le programme Challenge + de HEC ?
Il t’apporte une structure : tous les mois tu abordes un sujet différent et ton projet est passé au crible par les experts. En 9 mois cela permet de monter ta société. C’est très efficace et j’ai pu commercialiser en avril 2020 en commençant par un programme pour cultiver la confiance en soi en famille.
Comment vois-tu les métiers de demain, les bouleversements en cours, et l’impact sur les jeunes générations ?
Avec l’essor du numérique et de l’intelligence artificielle, le monde du travail est en pleine mutation. On estime que 65 % des enfants qui entrent aujourd’hui à l’école exerceront des métiers qui n’existent pas encore. On l’a bien vu avec la crise que nous vivons : la digitalisation des relations avec le télétravail nécessite un plus grand effort dans la collaboration, le rapport à l’autre afin de créer un esprit d’équipe.
Donc pour s’épanouir professionnellement, les nouvelles générations devront posséder des qualités humaines que sont les softs skills, ou compétences douces : comme la capacité à collaborer, l’esprit critique, la créativité, ou l’empathie. Malheureusement, le système éducatif actuel ne met pas en avant ces compétences et valorise à la place le par cœur, le mérite individuel ou l’idée qu’une seule bonne réponse est possible, selon le Rapport OCDE 2030.
J’ai vu que par ailleurs tu es très engagée, peux-tu nous parler de l’association Digital Ladies and Allies dont tu es la secrétaire générale ?
Comme je l’ai déjà dit, je me suis investie très tôt au niveau associatif. Je suis présidente de la crèche parentale de mes jumeaux, je collabore au sein de « The board network ». Son but est de nous entraider entre femmes à trouver des mandats d’administratrices. Digital Ladies and Allies est un « DO tank » dans lequel nous militons pour une meilleure représentativité des femmes dans les domaines technologiques et numériques. Nous avons édité un livre blanc avec 250 propositions concrètes pour accélérer la mixité dans la Tech. Au sein de notre association nous comptons notamment, Aurélie Jean, Docteur en IA qui publie régulièrement dans le point et qui a écrit « De l’autre côté de la Machine — Voyage d’une scientifique au pays des algorithmes ». Nous avons identifié quatre sujets sur lesquels nous travaillons. Tout d’abord, l’éducation qui ne motive pas les filles vers les professions du numérique, ensuite un déficit de rôle modèle et l’apprentissage à tout moment de ta carrière. Nous devons aider les femmes à réaliser que l’on peut changer de métier au cours de sa vie et se former au codage à tout âge. Pour finir, le recrutement dans les sociétés doit favoriser la diversité dans la Tech.
As-tu d’autres activités ?
Oui, j’ai développé une petite activité de Business Angel en investissant des tickets dans des entreprises qui me tiennent à cœur. Je suis notamment associée dans le Restaurant de Mory Sacko qui vient de décrocher une étoile, et dans Arquant, une startup de crypto. J’ai également investi et je figure parallèlement au comité stratégique de « Flint le robot ». C’est un outil qui mêle veille et intelligence artificielle et propose des articles de qualité, sélectionnés pour vous, tout en essayant de vous surprendre.
Quel a été l’impact de la crise du COVID pour Softkids ?
Le premier confinement a été pour ainsi dire, une opportunité. J’ai publié sur mon blog sur le thème du télétravail avec des enfants et l’un d’entre eux a été repris par Maddyness. Cela m’a permis de constituer ma communauté. Lors du lancement de l’application en avril 2020, j’ai eu beaucoup de traction. Je continue depuis les newsletters et pour le 3e confinement je propose certains des exercices gratuitement pour affronter cette période difficile.
Quels sont tes prochains challenges ?
J’ai commencé à contacter les écoles et je me lance dans le B2B avec en établissement privé. Je développe avec eux un programme sur la diversité et l’inclusion : l’acceptation de l’autre permet de lutter contre le harcèlement scolaire.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Pendant ma période chez Shell, Sheryl Sandberg me fascinait : elle est l’actuelle directrice des opérations de Facebook et a écrit un livre « Lean in » que je recommande. Elle nous motive à enfoncer les portes et y aller ! J’aime ce genre de femmes comme Pauline Laigneau, Aurélie Jean qui saisissent les opportunités, font avancer les choses et les mettent à la portée de tous. Je suis également beaucoup les entrepreneures, je pense, à Céline Lazorthes de la plateforme Leetchi.
Certains hommes m’inspirent également, comme Christophe André, qui a popularisé la méditation : je la pratique depuis 2013 et j’ai commencé avec lui.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Dans mon domaine de prédilection : « How children succeed » de Paul Tough. C’est une compilation des recherches sur le succès des enfants, j’en recommande la lecture.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
« À tout problème, une solution », c’est une phrase qui me fait prendre du recul.
[Art] Citoyen
[Art] Citoyen
Entretien avec Inès Baccouche, la fondatrice d’ArtforNess.
By Pascale Caron
Après un diplôme d’ingénieur à Grenoble INPG, elle a travaillé successivement chez ST Microelectronics, Infineo et Intel Labs. En 2017, Inès se lance dans un Master 2 de Skema, d’études entrepreneuriales. Elle crée ArtForNess, une galerie d’art en ligne pour ainsi faire le pont entre les deux rives de la Méditerranée. Son objectif principal est la promotion et la mise en valeur d’illustrateurs, de dessinateurs de bandes dessinées et designers d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Quand j’étais petite, je voulais être astrophysicienne : la magie de l’infiniment grand me fascinait, mais j’ai dû me confronter à la dure réalité du marché. Sur les conseils de ma mère, je me suis engagée dans une école de microélectronique. Après les classes prépatoires en Tunisie j’ai intégré l’INPG en France. L’étude de l’infiniment petit, des atomes et des électrons était tout aussi captivante. Pour pousser plus loin, j’ai également fait un master en nanotechnologies. Mon métier me plaisait, mais j’avais le syndrome de l’élève modèle : j’étais à la recherche d’une reconnaissance dans mon domaine et je pensais que mes qualités dans le travail suffiraient. Un de mes collègues m’a dit un jour « il faut que tu ries plus aux blagues du boss », des blagues misogynes et sexistes, non merci. Tout cela m’étouffait : je m’impliquais beaucoup, je sacrifiais ma famille, mais pourquoi ? J’étais à la recherche de sens, je n’apportais rien au monde, juste de nouvelles puces pour pouvoir facturer les téléphones plus chers. Mon fils cadet avait 2 ans et à l’époque présentait un retard de langage. Un matin, mon boss me fait venir et me « passe un savon » pour l’exemple alors que je n’avais rien fait. Dans la journée, la maitresse me convoque concernant mon fils cadet et ses problèmes scolaires.
S’en est trop, je décide de changer de métier. C’est difficile de prendre une telle décision, car tu laisses derrière toi une certaine aisance financière : mais je ne regrette rien, même si je dois l’admettre, c’était très dur la 1re année.
Comme je suis une bonne élève, je m’enrôle dans une formation d’entrepreneuriat à Skema et en parallèle je passe mon certificat de chef de projet PMI (Project Management Institute).
D’où t’est venue l’idée d’ArtforNess ?
Je suis restée une enfant et j’ai un imaginaire très fort, je lis beaucoup de « fantasy ». Au départ, je voulais créer une maison d’édition autour des livres illustrés que j’affectionne tant, mais la complexité du métier m’a obligé à pivoter. Le monde des BD Comics est un art sous-estimé, mais c’est vraiment un art à part entière. Les gens sont prêts à mettre un argent fou pour acheter un croquis signé. J’ai commencé par des dessins et ensuite des artistes dans la peinture et le collage m’ont contactée.
En tant que personne j’aime l’art, et je n’ai pas pour autant fait des études pour cela. Pour moi, l’art véhiculait une image élitiste, inaccessible, chère. J’ai voulu casser ces codes, en montrant la richesse artistique et culturelle du Moyen-Orient. Je présente des artistes émergents à des prix abordables.
Quand j’ai démarré en septembre 2019, j’ai pu participer à 2 événements, mais la crise est passée par là. J’ai dû rebondir et me lancer dans une campagne Ulule de financement participatif. Le B2C n’est pas évident, le nerf de la guerre est la visibilité et cela coute très cher. Cette campagne de crowdfunding m’a beaucoup appris sur le planning, le storytelling, et m’a apporté un petit souffle financier.
Je n’oublie pas pour autant mon premier métier : marier l’ingénierie à l’art me tient à cœur. J’utilise mon esprit d’analyse et des outils inconnus du monde de l’art, c’est ma force. Il m’arrive encore d’avoir le syndrome de l’imposteur, mais ce qui me confirme dans ma certitude c’est la confiance que les autres ont en moi : les artistes et mon mentor qui est au Canada. Le doute est présent, mais je l’ai enfermé dans un placard à double tour !
Je me forme constamment, c’est mon côté ingénieur. SEO, réseaux sociaux, je suis à l’affut des formations en ligne. J’ai pu participer à un programme d’« Artist curation » organisé par le « Goethe’s institute », avec plusieurs pays du monde. Cette formation m’a permis de mettre le doigt dans l’engrenage de l’art classique.
As-tu été accompagnée pour la création ?
J’ai démarré avec Initiative Terre d’Azur et je suis coachée depuis par les Premières Sud, elles me soutiennent beaucoup. Je suis passée aussi par Orange Femmes entrepreneures et bouge ta boite. Les premières m’ont permis de me rassurer. Je réfléchis beaucoup avant de m’engager et je ne me décide que quand j’ai tout analysé. Grâce à leur soutien, je prends de plus en plus confiance en moi et je me sens plus dans l’action.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je vais faire dans le classique : avec ses contradictions, ses forces et ses faiblesses, ma mère. Elle a sacrifié sa carrière pour nous élever, mais quand nous sommes partis, elle s’est lancée dans la vente à distance. Elle est rapidement devenue directrice commerciale pour la Tunisie. J’aime sa force de caractère, elle m’impressionne.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’en choisirai 2, que je lis à mes enfants, sur les femmes artistes et scientifiques, écrits par Rachel Ignotofsky : je pense à « Women in art – 50 fearless creatives who inspired the world ». Je conseillerai aussi « Women in science – 50 Fearless Pioneers who Changed the World ».
Aurais-tu une devise ou un mantra ?
J’en ai plusieurs : « you can fail but fail fast », « Keep it simple » et « better done than perfect » !
[Impact] Capital
[Impact] Capital
by Pascale Caron
Entretien avec Imène Maharzi fondatrice de OwnYourCash.
Diplômée de HEC en 2000, Imène travaille depuis plus de vingt ans dans le domaine de l’investissement. Elle a commencé au service de fonds d’investissement chez Arthur Andersen, puis est devenue investisseure à partir de 2006 chez Butler Capital Partners, pendant cinq ans.
Grâce à son expérience dans l’entreprise de son père, de 15 à 19 ans, elle est confrontée très tôt à des questions opérationnelles et commerciales, et décide à son arrivée à HEC de mentorer toutes sortes d’entrepreneurs. Une bonne façon de mettre son expérience à profit dans un monde préinternet… Depuis 2013, elle investit son temps et son argent dans des start-ups et des TPEs, principalement celles à impact social et environnemental positif. Pendant 3 ans, elle a repris une PME, qu’elle a dirigée et développée, dans le transport scolaire d’enfants handicapés à Paris.
En 2018, elle crée OwnYourCash : une plateforme dédiée aux femmes, qu’elles soient salariées, entrepreneures ou Business Angels en devenir. Elle part du constat que les projets fondés ou co-fondés par des femmes ont peu d’accès aux financements. Cette plateforme éducative va les aider à prendre en main leur destin économique. Elle les forme aux bases de la finance et de l’économie, leur donne les clés pour gérer leur argent et le faire fructifier, tout en démystifiant les aspects rebutants. Elle forme également une nouvelle génération de Business Angels, afin de fluidifier l’accès au capital des projets fondés par des femmes, et plus largement des projets sous-estimés par les financeurs classiques (projets à impact, etc.). Elle les engage à aller au-delà des préjugés, à apprendre à détecter des opportunités d’investissement sous-estimées.
Elle est aussi à l’origine du collectif #EllesComptent initié début décembre 2019, qui met en avant des entrepreneures à impact social et environnemental positif, en les exposant aux acheteurs potentiels.
Difficile donc de définir Imène, investisseure, mentor, repreneure, entrepreneure, créatrice de collectif et surement bien d’autres encore ? D’ailleurs pourquoi devrait-on lui mettre une étiquette, « on a la liberté d’essayer différentes choses », n’est-ce pas ?
Tout d’abord une première question à l’investisseure : quelle est la première chose que tu regardes quand tu étudies un dossier ?
En tout premier lieu, je rencontre la personne et je vérifie l’alignement entre ce que je comprends de la vision et les fondamentaux personnels de l’équipe fondatrice. Ce qui les met en mouvement. Je suis focalisée sur les sociétés qui résolvent un problème social et environnemental urgent. Leur vision sociale doit leur être chevillée au corps, parce que mener à bien un projet à impact est très difficile, et les pressions pour s’éloigner du projet initial seront nombreuses au fil du temps, des rencontres etc. Je vois une grande différence en les personnes qui se lancent dans un projet de manière théorique, narcissique ou romantique, « to do well because you want to feel good about yourself » et ceux qui seront les garants absolus du projet ; ceux-là ne dériveront pas de leur ligne de conduite. Je pense à une entrepreneure par exemple que j’adore, mais qui est réellement obsessionnelle sur des sujets qui peuvent nous paraitre banals, parce qu’elle sait que c’est fondamental pour ses bénéficiaires. Il s’agit de détecter ce genre de personnes et créer le climat de confiance pour les aider à réaliser de jolies choses.
Que tires-tu de ton expérience de repreneure ?
C’est une voie sous-estimée par les femmes et notamment des ex-dirigeantes/cadres supérieures, qui ont envie de liberté et de construire sur leurs compétences. Lorsqu’elles décident de quitter les structures où elles travaillent, généralement pour chercher plus de sens, les options leur paraissent assez limitées. Entrepreneure ou salariée ou freelance ? Elles se lancent souvent vers le service, car cela semble moins risqué et moins gourmand en capital au départ, et pour certaines ça marche. Mais j’invite le maximum de femmes à aussi considérer l’opportunité de reprise d’une petite entreprise une peu endormie, la redynamiser, y injecter son réseau, ses compétences, ses valeurs. Parce que partir de la feuille blanche avec un projet à soi, ce n’est pas forcément une voie évidente. Mais partir avec une équipe, avec un fonds de commerce, avec des produits existants, et les faire évoluer, les embarquer avec soi, cela peut parler à beaucoup !
Avec la crise actuelle, beaucoup de salarié.e.s sont en recherche de sens. Une reconversion, ce n’est pas que se lancer dans une carrière de Thérapeute ou de coach ! Des chemins différents existent. Et la reprise en fait partie.
C’est ce que j’ai fait de 2014 à 2017 : j’ai repris avec un associé, une entreprise familiale fondée il y a 20 ans dans le transport scolaire d’enfants handicapés à Paris. En 3 ans nous sommes passés de 30 à 70 salariés et nous avons triplé le Chiffre d’affaires.
J’ai beaucoup appris de cette expérience. En tant qu’investisseure, je couvrais déjà pas mal de secteurs. J’étais intervenue dans différentes sociétés de transport et je m’intéressais à l’impact sociétal, mais je n’avais jamais eu l’expérience du transport scolaire d’enfants handicapés.
L’entreprise fonctionnait comme une double hélice en matière d’inclusion : on aidait les enfants à accéder à une éducation comme tous les autres enfants, en les accompagnant à l’école. Et on réinsérait aussi des personnes éloignées de l’emploi, ou au RSA, en leur offrant un emploi d’accompagnateur. Dans cette entreprise se focaliser sur la qualité n’était pas une évidence ; mais une forte exigence sur la ponctualité, et l’attention portée aux enfants ont porté leurs fruits !
Cette aventure s’est arrêtée pour moi au bout de 3 ans, mon associé et moi n’étions plus alignés sur la stratégie. Ce départ a été une expérience douloureuse, mais l’expérience au global m’a apporté beaucoup, bien plus que je ne pouvais l’imaginer !
Quel a été le déclencheur pour te lancer avec OwnYourCash ?
Mi 2017, j’ai donc cédé mes parts à mon associée et le choc de ce départ s’est fait sentir même physiquement. J’ai pris beaucoup de poids en quelques semaines : à vrai dire, je porte encore ce poids-là, donc quelque chose me dit que cette histoire n’est pas tout à fait derrière moi. Ce changement m’a forcée à ralentir et à voir les choses différemment. J’ai repris le mentorat de sociétés à l’automne 2017 et mon activité précédente. Quelques mois plus tard, par hasard, je lis 2 articles sur l’accès au financement des entrepreneurEs de la tech. Des écarts ahurissants (de 50 % à l’époque) dans les montants levés entre équipes masculines vs féminines me sautent aux yeux. J’étais prête à le voir à ce moment-là peut-être, en tous les cas j’ai eu un flash !
J’ai fait le lien avec mes années de mentoring d’entrepreneures. Même si je voyais bien que c’était compliqué pour beaucoup de femmes de trouver du financement, je ne pensais pas que le problème était national et était statistiquement représentatif !
La demande de financement d’une femme est régulièrement plus faible qu’un homme. Cela ne se justifie pas uniquement par la nature du projet ou par un potentiel plus modeste : elles annoncent souvent le chiffre magique de 200 k€. Et j’ai pris l’habitude au fil des années, de contrevenir à cette sous-estimation et de les booster : « Que pourriez-vous faire avec 500 k€ voire 1 M€ ? ». Cela leur ouvre des perspectives, un chemin vers d’autres possibles. Et surtout, me permet de sentir l’ambition qu’elles portent réellement en elles, pas l’ambition qu’on a bien voulu leur laisser avoir.
Le sujet fondamental est, le rapport des femmes à l’argent. Pour moi, c’est la « dernière frontière ». Sans égalité économique réelle, l’égalité en droits entre hommes et femmes reste une illusion.
En matière de Business Angel, beaucoup pourraient se lancer, pas besoin d’avoir fait une école de commerce, d’être pro en finance, ni même d’être entrepreneur.e ou dirigeant.e soi-même. Être Business Angel c’est, être en veille, se former, exercer sa curiosité. Et avoir envie de vivre une aventure entrepreneuriale par procuration. Je pense qu’être Business Angel, c’est le nouveau MBA 🙂
Aurais-tu un exemple de pays que tu considères comme modèle pour la réussite des femmes ?
On ne doit pas être naïfs sur ce qui se passe dans d’autres pays progressistes. On ne doit pas plaquer des « trucs et astuces », sans tenir compte du contexte culturel. On peut voir des choses bien partout, mais globalement si l’expression du machisme est différente, elle est bien réelle. Je suis de culture professionnelle anglo-saxonne. Aux USA, par exemple, le sort des femmes même sur les côtes n’est pas idéal: même sur les tabous autour de l’argent ! Je ne crois pas au pays parfait sur ce sujet.
Quels sont tes nouveaux challenges ?
La 2e étape d’OwnYourCash est d’accélérer et d’inciter au passage à l’action : « Be a game changer, the world has enough followers ». C’est le slogan que j’avais choisi pour les premiers goodies fabriqués pour OwnYourCash. Régulièrement, je reçois des messages ou croise des personnes me disent « je lis tes newsletters », « je te suis sur les réseaux », en guise d’encouragement ou de compliment. Clairement ce n’est pas mon but, je voudrais qu’ils/elles passent à l’action. Qu’ils/elles apprennent à investir, déploient leur capital, soutiennent des entrepreneur.e.s à impact, ou osent parler d’argent plus librement.
J’aimerais relancer des contenus de formation sur la partie Business Angel, peut-être encore plus courts, et orientés vers la partie impact. Les projets de type ESS sont nombreux, mais peinent encore à trouver les premiers soutiens financiers, et tout le monde n’a pas d’ami.e.s /famille pour investir !
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je suis réservée sur la place prise par le concept des rôles modèles, je ne vois personne à qui j’ai envie de ressembler : le storytelling de parcours me met mal à l’aise. Cependant j’ai eu la chance d’avoir beaucoup de mentors dans ma vie, souvent des hommes d’ailleurs.
Parlons du fond : Adèle Van Reeth est très inspirante avec ses « chemins de la philosophie » que j’écoute en Podcast. J’aime beaucoup utiliser des métaphores pour expliquer des concepts et ses podcasts me nourrissent beaucoup. Le raisonnement par images m’élève et m’inspire.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Côté pro, je choisis Jason Calacanis, « Angel: how to invest in technology », un Business Angel un peu fou, le meilleur au monde. C’est un p’tit gars de New York d’origine grecque qui se considère toujours comme tel. Quand on pense qu’il a investi au premier tour dans Uber et depuis, dans 8 ou 9 licornes ! J’ai eu la chance de le rencontrer aux USA quand, à peine 3 mois après avoir lancé OwnYourCash. j’avais monté de toutes pièces, une délégation de de 10 Françaises talentueuses pour participer pendant 5 jours à une conférence Women In tech à San Francisco.
Côté perso, il m’est difficile de faire un choix. Je lis beaucoup et je décide généralement de lire un livre, au hasard à la bibliothèque, souvent en fonction de la couverture. Le hasard est très important pour moi.
Francois Cheng est un Académicien français, né en Chine. Ses livres me font penser à une peinture chinoise, tout en délicatesse en poésie et en retenue : je choisirais « L’éternité n’est pas de trop », par exemple. Mais c’est compliqué d’en élire un, c’est toute son œuvre qui me bouleverse.
Amin Maalouf est un auteur franco-libanais. Puisqu’il le faut, je choisis « Samarcande », c’est le premier que j’ai lu, mais toute son œuvre est formidable.
« Winston Churchill », par François Kersaudy. C’est la seule biographie où j’ai littéralement éclaté de rire : le biographe combine un regard critique et un réel attachement pour le personnage.
Pour finir, parlons de la somme « Incerto » de Nassim Nicholas Taleb, qui mène ses recherches sur le hasard. C’est un ancien trader, pointu en statistiques, devenu philosophe. Dans cette série on compte notamment « Black Swan » qui a été très fameux pendant la crise de 2008. Mon préféré c’est « Skin in the game » : je l’ai lu 2 ou 3 fois. C’est comme une discussion autour d’un thé avec lui. C’est également un personnage très particulier.
Pour finir aurais-tu une devise ou un mantra ?
J’en ai 2, un positif et un plus sombre :
« Nothing great was ever achieved without enthusiasm », Ralph W. Emerson.
« Et au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été », Albert Camus.
[MonacoTech] Appel à projets
[Start-up] Portrait
by Pascale Caron
Interview de Laure Fagard, Responsable communication et partenariats chez MonacoTech.
Laure gère la stratégie de communication, les relations Presse, et orchestre entre autres, des événements externes comme des ateliers startups avec des experts et des partenaires, des conférences et salons. Elle organise la participation à des événements phares de l’entrepreneuriat et des rencontres avec des partenaires potentiels. Elle fait partie de l’aventure depuis le début en octobre 2017 et s’est tout naturellement que nous l’avons interviewée sur le 6e appel à candidatures de Monacotech.
En quoi consiste ce nouvel appel à projets ?
Nous recherchons des projets innovants, avec au moins un premier prototype, à fort potentiel et impact social pour compléter notre équipe : 32 startups depuis 2017, et 16 actuellement incubées, comme Corialotech, Lanéva, Carlo, Vizua et bien d’autres.
Les candidats devront représenter les valeurs et stratégies économiques de la Principauté : la GreenTech, la CleanTech, la BioTech/MedTech, le Yachting, ainsi que le digital (IA, App.) et la Fintech.
La Principauté de Monaco offre des avantages non négligeables pour les jeunes pousses, car c’est le premier état à être couvert intégralement en 5 G. Certaines, comme Vizua, en profitent déjà pleinement.
Quels sont les atouts de MonacoTech pour les porteurs de projet ?
Une startup qui souhaite s’établir à Monaco reçoit un statut particulier pendant 18 mois, ce qui lui permet de tester son marché et démarrer ses ventes dès le début. Ils peuvent implanter soit le siège social, soit une succursale et bénéficier d’aides de l’expansion économique de Monaco, comme la bourse MonacoTech.
Le gouvernement monégasque a mis en place « le Fond Bleu » (Extended Monaco). Ce fonds permet aux sociétés monégasques de financer des projets de digitalisation jusqu’à 70 % du coût. Certaines de nos startups en ont déjà bénéficié.
Les startups au sein de MonacoTech ont également accès à un programme spécifique, avec un suivi personnalisé et participent à des ateliers animés par des experts. Nous leur donnons une grande visibilité, et les mettons en relation avec les acteurs de l’écosystème que sont des mentors, des investisseurs, des entrepreneurs ainsi que des partenaires locaux et à l’étranger.
Parmi les ateliers cette année nous avons mené du codéveloppement, organisé des conférences concernant la marque, les sites web pour améliorer sa présence en ligne et développer ses ventes. Nous avons traité des données personnelles, de la cybersécurité, du Risk management, des KPIs de suivi financier et bien d’autres.
Avez-vous des startups fondées et co-fondées par des femmes ?
Malheureusement pas assez de femmes porteuses de projet postulent à MonacoTech. J’en profite pour faire un appel ! Nous avons besoin de mixité : j’espère que cet article en motivera certaines.
Vous avez développé des passerelles avec d’autres pays, lesquels ?
Nous avons noué des accords de collaboration avec Capsula de l’Université de Tel-Aviv ainsi qu’avec ACET basé à Sherbrooke au Canada. Nous mettons les startups en relations et par la même offrons des possibilités d’ouverture vers l’international.
En conclusion, les candidats ont jusqu’au 26 avril, pour déposer leur candidature à partir du site www.monacotech.mc. Alors, n’hésitez pas !
[Start-up] Portrait
[Start-up] Portrait
by Pascale Caron
Interview de Priscilla Stanley, fondatrice de la startup Yumma.
Après des études en école de commerce et de management (ESCEM) elle a travaillé dans plusieurs entreprises en France et aux Etats-Unis et exerce encore en tant que chef de Projet en Informatique pour la transformation digitale, au service des entreprises de la région. Vous verrez tout au long de notre entretien que ce mot service a une grande signification pour elle.
En parallèle, elle mène une activité de photographe qui lui permet d’exprimer pleinement son côté créatif. De ses voyages et questionnements personnels sortent des images, qu’elle expose et vend en tirages limités. Elle s’adonne également aux portraits, qu’elle affectionne particulièrement, et aux reportages qui complètent la panoplie de son art. « Je vois ce que la plupart des gens ne remarquent pas. J’observe avec le cœur et ce que je ressens, je le mets en image. J’aime raconter des histoires ».
Elle se passionne par ailleurs pour les projets technologiques qui mettent l’humain au cœur de la réflexion, en s’appuyant sur le potentiel et l’intelligence du collectif. Elle se définit comme activatrice de changement positif. Il y a 3 ans, Priscilla s’est lancée dans l’entrepreneuriat avec YUMMA, un projet technologique et social innovant qu’elle gère grâce à sa longue expérience dans le domaine. « Avec Yumma j’ai donné du sens à ma carrière professionnelle avec un projet qui me tient particulièrement à cœur, car il touche l’essence de la société, la famille et son bien-être. »
Yumma c’est le premier réseau d’entraide dédié à la famille, avant et après l’école. L’application Yumma permet de constituer une communauté de personnes de confiance et d’informer en temps réel ce cercle en cas de besoin urgent de garde des enfants, de trajets à l’école ou d’aide aux devoirs. Yumma gère l’avant et l’après-classe, tout ce qui se passe en dehors du portail. Les parents n’ont plus besoin de multiplier les appels ou les SMS, leurs contacts privilégiés sont connectés en un clic, avec une réponse en temps réel. Dès que la demande est acceptée, Yumma prévient les autres contacts sollicités que la mission est prise en charge.
Le but de Yumma est de donner un coup de pouce aux parents débordés, de l’école primaire jusqu’au collège. La plateforme inclut la possibilité de faire appel à un bénévole voir même à un professionnel avec un système de fiches avec descriptif et photo, mais aussi des avis et des notes. L’appli permet aussi de demander des services à domicile, comme des courses, la cuisine, un vrai plus en ces temps bousculés.
Quel a été le déclencheur pour te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Ce n’est pas quelque chose de naturel pour moi : il n’y a aucun exemple dans ma famille ou mon entourage. J’ai dû apprendre et me constituer un réseau « from scratch ». Par contre, je viens du monde du Service, et j’entends par là, apporter un maximum de valeur à autrui au travers de mon travail, quel que soit l’aspect lucratif en jeu. Quand je crois en la valeur d’un projet ou d’une organisation, et par-dessus tout quand je travaille en équipe, ma motivation, mon esprit d’analyse et de création sont décuplés. Dans les grandes entreprises, je me suis parfois sentie bridée ou mal « employée ». Je suis passée par tous les types de ‘out’ en entreprise : Bore-out, Brown- out, et Burn-out. Je ne me suis jamais apitoyée sur mon sort. Et même si psychologiquement ces épreuves m’ont épuisée, elles m’ont permis de me recentrer un peu plus sur mes valeurs et ma véritable mission de vie.
Mon aventure entrepreneuriale a commencé avec la professionnalisation de mon activité de photographe à la suite d’une grosse commande de tirages d’art par le groupe Avantis. Essentiellement des photographies évoquant le voyage et l’industrie aérienne (domaine de mon client). J’avais gagné plusieurs concours photo qui m’avaient donné de la visibilité et offert cette belle opportunité. Une fois la société créée, j’ai développé mon art dans le portrait. Pour cela je suis sortie de ma zone de confort. J’ai dû travailler avec l’autre, entrer dans son intimité. Je suis toujours ébahie de voir mes clients à l’aise devant mon objectif. Leur confiance est très gratifiante. Pour ma part, je déteste être prise en photo, je fais donc mes propres autoportraits. Certains entrent dans le cadre de séries photographiques de type fonction documentaire. Plus récemment, j’ai développé une activité de reporter événementiel, j’ai couvert de nombreux événements sportifs notamment le marathon de Nice, mais aussi des mariages lors desquels je capte des instants de vie presque volés (les préparatifs, les petits gestes, et les regards entre invités et mariés sont mes moments préférés).
Alors que j’avais quitté mon emploi salarié pour me consacrer à mes projets artistiques, Yumma m’est tombée dessus par surprise. Peut-être mon esprit étant plus libre de créer, a-t-il pu plus facilement s’exprimer pour résoudre une problématique qui m’a longtemps chiffonnée. Cette nouvelle idée a fait son chemin sur 3 concours de startups, tous gagnés la même année dont un aux États-Unis. Je l’ai pris comme un signe, il fallait que ce projet aboutisse. J’ai donc dépassé mes appréhensions pour me lancer en tant que « solopreneur » dans l’aventure. Cela a été un catalyseur gigantesque de développement personnel et je me découvre chaque jour un peu plus.
Tu es aussi chef de projet pour un grand groupe, il me semble. Comment fais-tu tout cela?
Effectivement, je mène de front 3 activités professionnelles. Travailler également au sein d’une entreprise avec une équipe d’ingénieurs, de développeurs et de spécialistes métier, me stimule au quotidien. La structure que l’on trouve en entreprise a du bon, et les échanges réguliers avec des profils variés m’enrichissent. J’ai récemment découvert que j’étais une personne « multipotentielle » et cela m’a décomplexée. Toutes ces activités se complètent et nourrissent mes projets personnels. Il n’y en a pas une de trop. Le challenge est de trouver le meilleur équilibre entre chaque activité et honorer leur temporalité, quitte à sacrifier ses week-ends et soirées. Pour moi la ressource la plus importante est le temps, il faut donc que mes projets en vaillent la peine. Je suis très sélective. Et pour me ressourcer, je ne suis pas difficile, une balade en nature, une méditation, ou une séance de yoga et je repars !
Comment vis-tu cette période du COVID ?
Elle me dessert énormément pour Yumma, mais j’apprends à rebondir. Le but de Yumma est de permettre une meilleure organisation familiale en se basant sur un ADN de sécurité, de confiance et de bienveillance autour de l’enfant. Mais il y a actuellement une psychose sur la sécurité sanitaire (que je peux comprendre) qui bouscule sans cesse l’organisation des familles et ralentit le développement de Yumma. La communauté a besoin de s’agrandir pour fonctionner pleinement. Je travaille à de nouveaux partenariats dans ce sens et anticipe la reprise à une vie “normale”.
Un autre projet qui a pris du retard avec la covid, c’est la mise en place d’une exposition photographique permanente avec l’hôpital Simone Veil de Cannes pour le service ambulatoire, sur le thème de l’eau. Au travers d’images rapportées des États-Unis mis en regard avec des images réalisées à Cannes je montre la force et la nécessité de cet élément essentiel à la vie. Mon objectif est de sensibiliser le public à une problématique écologique d’envergure de manière subtile. Les photographies grands formats seront accompagnées d’un texte de ma composition.
Quels sont tes futurs challenges ?
J’ai obtenu une subvention de la BPI l’an dernier pour le développement de l’application. Maintenant, l’objectif est de faire grandir Yumma. Il faut recruter de nouveaux utilisateurs et pérenniser son service gratuit en l’accompagnant de services complémentaires. Pour cela il me faut trouver du soutien tant humain que financier (Business Angel et partenariats commerciaux).
Dans la photographie, j’ai un projet d’exposition photo sur le thème de la résilience. Ce qui m’inspire, c’est le rebond, panser ses blessures, trouver du sens à celles-ci et en faire quelque chose de beau. Comme l’arbrisseau qui pousse sur une terre brûlée, il se nourrit de ces cendres pour grandir. J’ai envie de faire vibrer l’audience en les accompagnant à travers un parcours visuel et sonore qui les plongera dans ces abîmes et qui les fera renaître des images. Ce ne sera pas forcément confortable, mais comme dans la vraie vie, il faut se confronter à ses émotions, quelles qu’elles soient “pour que ça sorte”. Ils finiront leur cheminement intérieur par l’espoir, “une porte ouverte”. Dans ce type de projets créatifs, c’est mon âme qui parle. Dévoiler cela au public est un challenge pour moi.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je n’ai pas UN nom en particulier. Beaucoup de personnes m’ont inspiré dans ma vie et particulièrement celles qui ont une histoire de résilience face aux difficultés “les gueules cassées qui rebondissent malgré tout”. Il y en a bien plus que l’on ne peut imaginer ! Et je trouve cela bon signe. Autrement, parmi les personnalités contemporaines, les biographies de Richard Branson et Elon Musk m’ont fascinée. Ce qui m’inspire chez eux c’est leur capacité de penser en dehors des conventions. On aime ou on n’aime pas, mais ils ont des visions incroyables et l’échec ne semble pas avoir d’effet sur eux. Ils restent fidèles à leur vision et persévèrent.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Il y a un livre que j’ai lu trois fois, c’est le seul, c’est un livre de Mark Divine, « The Unbeatable Mind » d’un ancien de l’US Navy. Il cultive l’esprit du guerrier dans le bon sens du terme. Il nous parle de comment se forger une résilience et de la ténacité mentale. Il décrit notre Radar intérieur, une intuition que tu apprends à écouter qui te permet de décupler ton potentiel. Mais ce qui m’a plu par-dessus tout, c’est que toutes ces capacités sont développées au service d’autrui. Le guerrier n’est pas destructeur, mais protecteur.
En ce moment je lis « Tout le monde ment et vous aussi » de Seth Stephens-Davidowitz sur l’Internet, le Big Data et ce que nos recherches Google (entre autres) disent vraiment de nous. J’ai toujours aimé la sociologie. Le « big data » apporte une nouvelle dimension d’analyse révélant parfois des comportements surprenants !
En conclusion aurais-tu une devise ?
« La seule chose qu’il y a entre moi et ma réussite, c’est moi ! » Cette petite phrase me permet de ne pas oublier que mes objectifs sont toujours à portée de main et qu’il me suffit de faire taire l’auto-saboteur qui est en moi.
Pour des tirages d’art en édition limitée, vous pouvez aller sur le site photo priscillastanley.com
Yumma est une app disponible sur GooglePlay et AppStore
[Green] architecte
QUAND LA VÉGÉTATION SE RÉCONCILIE AVEC L’ARCHITECTURE
Par Sarah Maury
Depuis la cabane primitive de Laugier, les architectes ont toujours rêvé d’une architecture faite de végétation. La relation entre végétation et architecture est quelque chose qui m’a toujours fasciné.
Les avantages que peut apporter la végétation aux bâtiments sont multiples quand elle est intégrée de manière appropriée. Les jardins verticaux dans les enceintes de bâtiment ou encore les toits verts en sont un bon exemple.
Ces systèmes interviennent dans le comportement bioclimatique des bâtiments et améliorent leurs performances.
La végétation améliore la qualité des bâtiments lorsqu’elle s’intègre aussi bien à l’intérieur que dans le cadre de son enveloppe. Elle améliore son efficacité énergétique parmi d’autres avantages. Mais en plus, la végétation intégrée dans les bâtiments améliore la qualité environnementale et visuelle des villes, augmentant la surface destinée aux espaces verts. La végétation apporte donc des avantages environnementaux mais également des avantages sociaux et économiques.
Nous allons voir dans cet article de quelle manière intégrer la végétation dans les bâtiments et quels bénéfices en retire-t-on :
1.Améliorer la qualité environnementale des villes Les façades, les toits verts ou tout espace vert en général, fournit un lieu de loisirs et de repos dans les villes. Ils transforment les espaces urbains en lieux de loisirs en plein air. L’image ci-dessous montre comment la végétation intégrée à la façade d’un bâtiment apporte de la vivacité et de la teinte à l'espace public en augmentant la qualité visuelle.
D’autre part, la végétation améliore également la qualité de l’environnement dans les villes car, entre autres avantages, elle atténue les effets d’îlot thermique en réduisant la température dans ses environs. Le rayonnement solaire est absorbé par
les plantes et le substrat et n’est pas stocké dans des matériaux de construction, régulant ainsi le climat local.
Les villes forestières seront-elles la solution durable à la pollution ou au changement climatique? Experts et Architectes en sont convaincus et l’ont démontré pour le projet de Forest Cities, en Chine permettant de purifier l’air.
2.Améliore la qualité de l’air intérieur et extérieur
La végétation absorbe de fines particules contaminantes; produits contaminants tels que l’oxyde d’azote, l’oxyde de soufre et
les particules en suspension. De cette façon, la végétation favorise le processus de purification de l’air et la création des environnements plus sains. Par exemple, 1 m² de couverture végétale retient 130 grammes de poussière par an, et un
bâtiment de 4 étages avec une façade végétale filtre 40 tonnes de gaz nocifs par an et capture et traite 15 kg de métaux lourds.
De plus, la présence de végétation permet l’absorption de CO2 et la génération d’oxygène par la photosynthèse. Un mètre carré de couverture végétale génère l’oxygène nécessaire à une personne chaque année.
3.Protège l’enveloppe du bâtiment de la détérioration et ajoute de la valeur à la propriété.
La végétation peut protéger contre les agents atmosphériques tels que les rayons ultraviolets ou la pollution atmosphérique. En ce sens, elle peut augmenter la durabilité des matériaux des boîtiers dans lesquels elle est installée. En augmentant la durabilité des matériaux, les coûts de maintenance peuvent être réduits en garantissant un état de conservation adéquat.
D’autre part, la végétation ajoute de la valeur à la propriété car en plus d’améliorer son comportement thermique, elle lui donne également un aspect agréable, améliorant sa qualité visuelle. L’acheteur de ce type de bâtiment évalue positivement la réduction de la consommation d’énergie du bâtiment et est conscient de la protection de l’environnement.
Quelques considérations à prendre en compte dans l’intégration de la végétation dans les bâtiments La végétation dans les bâtiments doit être intégrée de manière appropriée. Une sélection inappropriée du type de plante peut poser de graves problèmes. Ci-dessous, nous discutons de certaines des limites et des directives possibles pour leur intégration.
1.Irrigation et maintenance
Les espèces indigènes adaptées au climat ou nécessitant une irrigation réduite ou inexistante constituent toujours la meilleure option. D’autre part, le choix des plantes qui entraînent une consommation d’eau excessive pour l’irrigation doit être exclu.
En outre, un mauvais choix du type d’installation ou de son emplacement en fonction de l’orientation ou des conditions météorologiques peut entraîner un entretien excessif en raison de températures trop basses ou d’une exposition excessive au rayonnement solaire.
2. Orientation et type de végétation
La végétation bloque le rayonnement dans les trous vitrés.
En orientation Sud, l’option appropriée consiste à installer la végétation horizontalement pour bloquer le rayonnement solaire
indésirable. En orientation Est et Ouest elle sera positionnée verticalement.
Lorsqu’elle est installée dans des enceintes opaques, la végétation agit de la même manière. Elle bloque le rayonnement en été et, il est caduc, permet d’utiliser les gains solaires en hiver. Mais la végétation dans les climats froids peut également protéger du vent en empêchant les pertes d’énergie vers l’extérieur du bâtiment. Dans ce cas, il n’est pas intéressant que la végétation soit à feuilles caduques. Dans les climats secs ou à faible humidité relative, un type de plante qui favorise la réfrigération naturelle, à feuilles et à grandes feuilles présente un fort intérêt.
3.Toit vert
La présence de végétation sur les toits ajoute une protection solaire mais également une isolation thermique supplémentaire. Le substrat de la couverture végétale contribue déjà à améliorer l’efficacité énergétique de la toiture grâce à ses propriétés thermiques. Si nous évaluons en outre la capacité d’isolation thermique fournie par la végétation, cela dépendra s’il s’agit d’une couverture extensive ou intensive.
Un autre aspect à évaluer est le poids de la couverture végétale. Dans le cas de nouveaux projets de construction cette notion est à prendre en considération mais c’est part contre une exigence lorsqu’il s’agit d’une réhabilitation. D’autre part, une conception et une exécution correctes de l’imperméabilisation du toit et de l’évacuation de l’eau de pluie, ainsi que d’un bon entretien, seront essentiels pour prévenir les futures pathologies liées aux fuites ou à la présence d’humidité indésirable.
Vers une nouvelle Ère de l’architecture.