Interview de Intissar Belhassen, fondatrice et Managing Director de InfinIT services,
By Pascale Caron
Diplômée d’un Master grande École à l’ISG Paris, Intissar a passé 7 ans dans le Conseil IT et le recrutement. Après une expérience en tant que Managing Director d’Ametix Group, elle a créé depuis septembre 2021, InfinIT une toute jeune entreprise de services du numérique à Sophia Antipolis (ESN).
Peux-tu nous retracer ton parcours et comment es-tu devenue Managing Director d’Ametix à 25 ans ?
Ametix était un cabinet de recrutement et ESN (NDLR. Entreprise de Services du numérique, appelée avant 2013 SSII) à taille humaine de 100 salariés lorsque je les ai rejoints. Pendant de mes études à l’ISG Paris, je me suis découvert une fibre 100 % commerciale, mais je ne connaissais rien à l’IT. L’une de mes amies était en apprentissage chez eux ; elle était tellement motivée et impliquée que cela m’a donné envie de les rejoindre. Les valeurs et la culture de cette entreprise me correspondaient parfaitement. C’était une entreprise avec une organisation horizontale, participative, qui faisait confiance à ses salariés.
J’ai rejoint Ametix en 2015 et c’est là que j’ai eu la chance de rencontrer mes mentors. Vincent Klingbeil et Patrick Bunan m’ont beaucoup appris. Au bout de six mois, ils m’ont proposé une évolution de carrière et j’ai pris le poste de Business manager. Ils nous mettaient tous les outils entre les mains afin d’exploser nos objectifs dès la première année. C’était une société à l’époque qui me faisait vibrer, car nous sortions amplement du cadre de l’ESN classique. Nous étions pionniers dans le numérique à Paris en organisant le concours du meilleur développeur de France, le MDF (plus gros concours d’Europe). Au fil des années, il était même devenu stratégique pour les personnages politiques d’y être vu. Ametix travaillait avec tout type de clients, du Lab d’innovation aux grands comptes du CAC40 et tous ces projets dans lesquels nous nous engagions. Au bout d’un an et demi, j’avais fait le tour de la question et je ne pensais plus qu’à une seule chose, la création de valeur. Je savais que nos fondateurs nous faisaient confiance, mais de là à m’accorder la possibilité d’ouvrir une succursale dans le sud de la France à 25 ans, qui plus est, enceinte de 6 mois… Ils l’ont fait.
Nous avions été rachetés par Docaposte qui avait une antenne à Sophia Antipolis : cela faisait du sens. Ils ont cru en mon idée et ont dit oui ! Je suis consciente que c’était une chance énorme : j’avais des patrons fous, de vrais mentors qui m’ont poussée à me dépasser ! Mon mari, chirurgien esthétique, trouve un cabinet également dans le Sud et me suit. Les planètes étaient alignées. Go ! Nous quittons Paris…
Je crée donc « from scratch », une nouvelle structure à Sophia Antipolis et au bout de 10 personnes je commence à avoir du budget pour embaucher en interne. J’ai alors expérimenté le métier de leader, et je me suis passionnée pour cela : guider l’humain, le faire monter en compétences tout en transmettant les outils sans imposer de modèle. J’ai mis en place un management participatif, de confiance, et un climat social reposant sur la bienveillance. En 3 ans, nous atteignons 65 collaborateurs. Ce fut une forme d’entraînement à l’entrepreneuriat. Comment gérer des budgets, fixer des objectifs, recruter des talents, les fidéliser, qu’ils soient productifs et épanouis ? Et surtout s’assurer que l’humain reste au cœur des préoccupations lorsqu’un intérêt financier entrait en jeu ? Notre métier est répandu, mais n’est pas exercé de façon identique chez tous nos concurrents. Je ne voulais pas de « requins » dans mon équipe.
La quatrième année, l’histoire a voulu que nous ayons fusionné avec une ESN qui faisait 4 fois notre taille. Et là, s’est opéré le choc des cultures. Nous n’avions deux ADN aux antipodes. Ils ont eu un effet bulldozer sur tout ce que nous avions pu construire et entreprendre jusqu’alors.
Docaposte avait compris qu’un regroupement pur et dur aurait brisé l’ADN d’Ametix et nous avait préservés. Nous avions d’extraordinaires synergies entre nous et avons vécu une merveilleuse aventure ensemble. Cette fois, ce n’était malheureusement pas l’esprit de cette nouvelle fusion. Une page se tournait et je commençais à en écrire une autre.
Qu’est-ce qui t’amène à te lancer dans l’entrepreneuriat ? D’où t’est venue l’idée d’InfinIT ?
Cette situation a précipité les choses. Je suis partie d’Ametix fin août 2021 et j’ai créé InfinIT en septembre, c’est tout frais. J’exprime une immense gratitude envers tous ceux qui ont contribué à cette expérience. Notamment, mon équipe, qui m’a suivie, car nous avions tissé des liens et vécu une aventure si précieuse que nous n’avons pas pu nous quitter. Un groupe atypique avec des personnes de toute séniorité et de tous horizons, c’était notre force. Je ne souhaitais pas perdre cela : nous avons transformé ce départ en phénomène positif avec l’avènement d’InfinIT. Nous sommes sur un marché très « pénurique », et le manque de profils IT se fait de plus en plus ressentir. Notre existence est plus que jamais nécessaire et nous apportons à nos clients l’accompagnement dont ils ont besoin.
Quels sont les challenges dans cette nouvelle entreprise ?
Nous avons pour ambition de créer de la valeur dans cette communauté IT, grâce à notre cœur de métier qui est le conseil et le recrutement. Nous voulons organiser également des événements tels que des hackathons, des « meetups » sur des thèmes comme le Big data, l’IA, ou l’user Expérience. L’idée est de fructifier le savoir-faire que nous avons accumulé chez Ametix à Paris.
Quel est l’ADN de cette nouvelle entreprise ?
Notre objectif dès réception d’un besoin, est de faire un match avoisinant les 100 % entre les compétences demandées et le « mindset » du candidat avec l’entreprise. Cela passe tout d’abord par une connaissance approfondie de l’aspiration du client, de son environnement et de son climat social. En parallèle, nous établissons une proximité avec les postulants. Nous avons un processus de recrutement très précis qui nous permet d’élaborer une relation de confiance avec chacun d’entre eux. Même si la marge d’erreur existe toujours, nous la minimisons.
Quelle est la proportion de femmes parmi les équipes ?
Comme tu le sais, le ratio dans le métier de la Tech est extrêmement bas, et je n’ai pu en mobiliser que 15 % de notre effectif. Elles sont plus présentes sur la rédaction fonctionnelle ou l’user expérience. J’ai eu l’opportunité de recruter en Tunisie et au Maroc et là la représentation était beaucoup plus élevée.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je pense tout d’abord à une femme d’affaire accomplie qui a géré plusieurs sociétés tout en faisant très bien son job de mère, la mienne.
Mon mari, qui exerce l’un des plus beaux et difficile métier du monde, chirurgien.
Et je citerai mes mentors, Vincent Klingbeil & Patrick Bunan, les co-fondateurs d’AMETIX, qu’ils ont revendus au bout de 6 ans au groupe la Poste et qui continuent aujourd’hui de surfer sur la vague du succès. Ils sont encore là pour moi, nous échangeons régulièrement. Tout conseil venant d’eux est bon à prendre. Par exemple, « Toujours faire deux heures de veille technologique par jour », par Vincent et « Rester humble en toute circonstance », par Patrick.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Oui, « Le Secret » de Rhonda Byrne. Elle explique la loi de l’attraction et prouve, par de nombreux témoignages, que c’est une philosophie efficace. Penser positif et être bienveillant envers son environnement. C’est une conception de la vie qui s’applique à tout le monde et qui nous engage à être de belles personnes. Je la mets en pratique quotidiennement dans le travail, le management, et ma vie de tous les jours. Cela me permet de prendre les meilleures décisions, lorsque parfois certains intérêts pourraient nous pousser à basculer du mauvais côté, et surtout dans notre métier !
Pour terminer quelle est ta devise ou ton mantra ?
La persévérance est mon mot d’ordre. Il faut toujours tenir bon et avancer, car notre plus gros frein n’est que notre esprit.
À méditer.