Interview de Marina Péré, fondatrice de Heaven Nice Com.

By Pascale Caron

Attachée de presse professionnelle, Marina a développé un savoir-faire en Média Training à partir d’un constat simple : il est difficile de parler, de se mettre en scène, de délivrer un message, on a besoin d’une aide extérieure. Quand on est une start-up de la région sud, on est déjà au moins une fois passée entre les mains expertes de Marina. BA06, Get In The Ring, Tedx Cannes, autant de grands événements où elle nous pousse à nous dépasser et à exceller dans nos pitchs. J’ai eu envie d’en savoir plus sur le personnage et je n’ai pas été déçue. Attention, accrochez-vous bien, ça décoiffe !

 

Qu’est-ce qui t’a amené à faire carrière dans la Communication ?

Au départ je voulais être avocate, mais les quelques mois que j’ai passés à la fac ne m’ont pas convaincue. Je me suis lancée ensuite dans des études d’« Art Communication Langage » à la Faculté de Nice (devenu par la suite Infocom Ndlr). C’était en 92 et on avait la chance d’avoir des profs et des conférenciers incroyables issus directement de l’école de Palo Alto, inspirés par Milton Erickson, Margareth Mead… J’ai eu l’immense chance de voir Anne Ancelin Schützenberger en conférence sur la psychogénéalogie. J’ai été littéralement « piquée en intraveineuse » de communication et je ne me suis plus arrêtée.

À la fin de mes études, j’ai décroché un stage au ministère de la Jeunesse et des Sports à Paris, sous Michèle Alliot-Marie. J’étais chargée de la revue de presse. Le matin je découpais les articles dans le journal et à l’époque on les collait et on photocopiait le tout : j’ai adoré ces odeurs de papiers et de colle. C’était aux antipodes de ce qui se passe aujourd’hui sur internet. Au bout de 2 semaines, je me lance dans une synthèse quotidienne de presse qui était très attendue par « Mme la Ministre ». On m’a proposé de me titulariser au terme des 2 mois, mais par des jeux politiques, l’équipe s’est retrouvée débarquée en une journée dans la « charrette » habituelle.

Je rejoins ensuite Sonodis, tenu par Michel Delvaux, qui m’avait repéré pendant mon stage. « Le jour où la môme se barre, tu m’appelles », avait-il demandé au directeur adjoint de la communication. C’est là que j’ai appris mon métier pendant 2 ans à Paris. On accompagnait les ministères, et les grands comptes comme EDF et le Crédit lyonnais. Il m’a inculqué les relations publiques : « quand tu déjeunes avec un client, tu parles de tout sauf de boulot. Tout se passe dans les 3 dernières minutes… ».

J’ai décidé ensuite de redescendre dans le sud. J’ai travaillé pour « Henri Martin », le bijoutier/joaillier à l’adresse prestigieuse « 1 place Masséna ». J’ai rejoint ensuite une entreprise de Sophia Antipolis (JLMD Ecologic Group), créée par un doux dingue amoureux de la nature, qui avait inventé un système antimarée noire juste après la catastrophe de l’Erika.

C’est à cette occasion que je me suis rapprochée de Monaco et que j’ai rencontré l’aide de camp du Prince Albert. Il me met en relation avec l’organisation du Ironman 70.3 de Monaco qui recherchait une attachée de presse. À l’époque, je n’avais aucune idée de ce que représentait Ironman 70.3, et je me suis retrouvée parachutée dans cet événement international complètement fou ! La première année, Marc Herremans, triathlète handicapé au destin incroyable y participait en fauteuil roulant. Sa présence nous a ouvert le plateau de stade 2 animé alors par Patrick Montel. Cette couverture médiatique m’a permis de gagner ma place dans l’équipe.

 

C’est à ce moment-là que tu as créé ta société ?

 J’ai décidé de monter ma boite en 2008 et les organisateurs de l’Ironman (Monaco et Nice NDLR) sont devenus mes clients pendant 3 ans encore. En parallèle je suis en charge des relations presse du Salon du Meuble de Nice (que j’ai organisé les 3 années précédentes). J’orchestre alors 18 conférences sur le développement durable, un sujet novateur à l’époque. Je me suis diversifiée dans des domaines de plus en plus différents, comme Cap 3000 jusqu’en 2018 et surtout l’UPE 06 en 2009 avec Yvon Grosso. Je me retrouve à la tête de l’organisation des événements BA06, « les entrepreneuriales », les 40 ans de l’UPE… C’est à cette époque que je rencontre le BA06 et Georges Dao. Par la suite je suis restée dans le pool en tant que coach.

 

Comment as-tu rejoint le TEDX de Cannes et la folle aventure de ShakeMyfirm® ?

Je suis une « TED lover », donc, quand Norbert Barré m’a proposé de participer à l’orchestration du TEDX à Cannes, je n’ai pas pu résister, même en bénévole, j’ai foncé. C’est à cette occasion que j’ai rencontré les Louis zéro avec qui j’ai eu un véritable coup de foudre professionnel. Nous avons organisé 4 TEDX de Cannes ensemble.

C’est avec eux que je me suis lancée dans l’aventure ShakeMyFirm® en 2017. Avec cet événement, nous avons réinventé la formation au management de l’innovation. Nous avons puisé dans les univers du divertissement pour créer une expérience inédite. L’idée était de propulser littéralement les participants hors de leurs zones de confort. La première session a accueilli 40 dirigeants de grandes entreprises et PME pour les sensibiliser et leur donner des clefs méthodologiques aptes à accélérer la transformation de leurs sociétés. On a engagé 15 comédiens, imaginé des escape games, des sessions d’idéation, pour leur apprendre à être agiles. Notre baleine c’était une phrase prononcée un jour par un grand patron du CAC40 « Quel sera le prochain petit con en sweat à capuche à venir défoncer mon modèle économique ? ».

ShakeMyFirm® est devenu ensuite, en 2018, un projet de plateforme digitale, dédiée à la formation et à l’expérience.

Quel foisonnement de projets, on a le vertige ! Mais quel a été l’impact de la période COVID sur ton activité ?

L’aventure s’est interrompue pendant la crise sanitaire. Sur le moment cet arrêt m’a fait du bien, car les voyages chaque semaine à Paris m’avaient épuisée. Cela m’a fait prendre conscience que je devais passer à autre chose. J’ai toujours eu le goût de l’entrevue, de l’image et du son. Après cette longue période dans la communication, la relation presse, la formation en Média Training, ou des projets en transformation digitale et managériale, j’ai eu envie de devenir animatrice radio/TV web!

En créant Les « Entre Vous de Marina » en novembre 2020, j’ai imaginé des entretiens en présentiel ou à distance, sur des sujets d’actualité, business, mais, aussi développement personnel et spiritualité. Tous ces univers qui composent mon propre monde. J’ai interviewé une pluralité de métiers, principalement des gens qui m’interpellent et qui m’inspirent.

À l’intérieur de cette chaine, j’ai conçu une capsule, 42 portraits et 7 questions sur le thème « 2020-2021, une année hors normes ». C’est un projet de longue haleine, qui est toujours en cours, car les temps de montage sont colossaux.

Je suis également active sur Clubhouse, avec le « club 33 trucs ». Même si l’engouement pour ce nouveau média est un peu retombé, on a quand même un certain succès. Nous faisons intervenir des experts qui parlent sur un sujet métier pendant 33 min et partagent leurs « trucs » avec l’audience. Je participe parallèlement à la matinale info de Clubhouse de 7 h 30 à 8 h, moi qui ne suis pas une lève tôt ! Nous sommes une équipe de chroniqueurs, d’horizons divers : un journaliste de la Tribune à Lille, un expat’ qui vit à Moscou, un directeur artistique Luxe à Paris ou une banquière geek à Guingamp. Le groupe est très énergisant.

Quels sont tes prochains challenges ?

Mon rêve est de concevoir ma propre radio Podcast dédiée aux entreprises et pour cela je dois lever des fonds, car c’est un projet ambitieux. Je voudrais lancer un ton différent, dans le principe du talk-show et peut-être trouver un lieu…

Aurais-tu un livre à nous conseiller ?

Je recommande celui de Philippe Bloch, « Bienheureux les fêlés. : Tout le monde peut créer son entreprise ». Conférencier et consultant renommé, il décide de fonder sa société. Il se lance en 1994 avec son associé dans un défi qui semblait perdu d’avance dans un pays aussi traditionnel que la France : réinventer le café en tant que produit et lieu. N’écoutant ni leur entourage, ni surtout leurs banquiers, ils ouvrent leurs deux premiers Columbus Cafés à Lille, puis à Paris. Passée l’euphorie de la création, les ennuis, les doutes, les angoisses et parfois les engueulades s’accumulent. Le rêve se transforme vite en cauchemar, mais l’aventure se finit avec succès.

Quel est ta devise ou ton mantra ?

« Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine », de Teillhard de Chardin. Ce mantra me permet de tout traverser avec le recul nécessaire.

À méditer.