[Coaching] Papa
Entretien avec Maxime Laroche, fondateur de l’Atelier du Papa
Par Patricia Cressot
Nous souhaitons en savoir plus sur votre parcours personnel, parlez-nous de vous?
Je viens du conseil, où j’ai sévis pendant plus de vingt ans. Avec deux spécialités, le L&D et le pilotage des KPI’s et un angle d’approche iconoclaste: les biais cognitifs.
Et puis j’ai rencontré ma femme. Elle a ouvert le champs des possibles, dont la parentalité.
Rien n’aurait pu se faire sans elle. Nous avons, avec notre « grand âge » (Quarantaine passée), connu de sérieuses difficultés pour avoir un enfant.
Nous nous sommes fait aider, via FIV, en Espagne. Et cela à donné des jumeaux. Quatre ans bientôt, ces bêtes là !
Puis nous avons quitté Paris, pour tenter une nouvelle aventure, plus équilibrée.
Pourquoi avez-vous décidez, d’aider et accompagner les papas?
Pour moi, la paternité, bien qu’étant quelque chose de plutôt nébuleux, a toujours été un non sujet. Donc dès le début de la grossesse, nous avons participé à toutes les échéances:
Les craintes des premières échos, le développement des petits, la préparation de leur arrivée, les cours avec la sage-femme…
Après, et pour livrer un petit secret, ma vie a basculé lors de l’accouchement. En salle de neonat. Beaucoup de monde qui s’active dans tous les sens, il fait très chaud, c’est la nuit. Je suis à côté de mes pompes, je flotte presque… Et puis, dans sa couveuse, ma fille ouvre ses yeux et les braque sur moi. Je sais bien qu’elle ne me regarde pas. Mais cette émotion, puissante, m’a renversé, balayé. Je suis papa. Ouh p… ! Je suis papa !
Depuis, de l’UME, en passant par le congé pat’, les nuits avec les biberons de 3 heure du mat’ qui piquent bigrement, les changes, la bouffe, l’école, les soins, l’éveil…Nous avançons conjointement. Nous sommes parents. A part égale.
Et donc, au hasard d’une rencontre, je suis tombé sur l’atelier du futur papa. Avec Gilles, Vacquier de la Baume, nous avons discuté longuement. Le fit est passé. Et je me suis senti, légitime dans cette action. J’ai ressenti cette évidence. D’être aligné. Et lorsque j’anime, je suis pile poil là où je veux être. Je suis utile, je fais du bien. Un luxe !
A titre personnel, je m’adresse aux papas, pas aux pères, aux papas. C’est important dans l’articulation pédagogique des ateliers. Je ne suis pas réellement en posture de « sachant ».
Je suis un papa, qui prend les papas pour ce qu’ils sont, pas tels qu’ils aimeraient être, ou qu’ils pensent devoir être. Je lève les postures, vais les chercher, les bouscule parfois, euh, souvent. Et c’est le jeu. Ils vont vivre une expérience. Leur vie d’avant., c’est fini. Par contre la vie continue. OK, mais être autonome, çà implique quoi ? Mon organisation au quotidien va changer, je fais comment ? Qui va faire quoi ? Comment je fais avec mon boulot ? Et c’est quoi ce foutu lien, comment je le crée ? Comment je le gère ? Et comment je fais avec ma femme ? Notre sexualité ?
Derrière ces préoccupations, il est crucial de leur faire toucher du doigt les notions de plaisir, d’émotions qu’ils vont éprouver en s’occupant de leur gamin. Et çà c’est ma botte secrète !!!
En quoi voyez-vous une différence entre mère et père s’il y en a une? ou comment l’inconscient collectif classe l’un et l’autre et quels sont vos tips pour sortir de ces classements ?
Pour être honnête, je manque de recul et de compétences pour m’aventurer sur ce sujet.
Je crois, par contre, que la société, dans sa composante réelle, nous montre que différents types de parentalités fonctionnent. Monoparentalité, homoparentalité, parentalité étendue (grand-parents, autres membres de la famille, amis proches…)
Après les biais et représentations sociales sont puissants. Prenons le cas du nouveau congé paternité: oui nous passons à 28 jours. Et après ?
C’est un changement de mindset dont nous avons besoin. Tant que celui-ci sera inférieur, et considéré comme « optionnel », les mentalités ne bougeront que très peu.
J’interviens dans des entreprises, où la maternité est encore trop souvent perçue comme un risque. Donc la paternité n’est pas spontanément la bienvenue.
Et puis, on colle encore une image peu valorisante d’un papa qui fait le choix de s’occuper de ses enfants. Ces clichés sont institutionnalisés, par les hommes mais aussi les femmes…
Alors que pour les entreprises, c’est un vrai vecteur de croissance et de durabilité.
Quand elles mettent en place une réelle politique de « parentalité », elles améliorent la qualité d’engagement des collaborateurs, donc l’engagement clients par la symétrie des attentions. De la création de valeur tout simplement.
Les ressorts de satisfactions sont toujours les mêmes, sens/utilité de mon travail, considération pour qui je suis, reconnaissance de mon travail, et, une rémunération correcte.
Certains l’oublie parfois !
Un petit conseil aux papas (et mamans aussi), pour le congé pat, prenez 15 jours ensemble, puis faites 2 « sessions » d’une semaine où le papa est tout seul. La charge mentale, çà se ressent, se comprend, et se pratique, au quotidien.
La place du père est-elle différente en Europe du nord peut être moins complexée par rapport à nos pays méditerranéen ? Ou c’est une fausse perception?
En fait, si vous prenez les pays scandinaves, la co-parentalité est effective.
Oui bien sûr, des dispositifs d’aides financières la favorisent. Néanmoins, c’est vraiment un question de mindset. Et cela embrasse les questions de développement, d’éducation, d’écologie, de systèmes politiques.
A contrario, vous prenez le cas de l’Allemagne, où des dispositifs similaires existent.
Et bien il est très mal vu pour une femme, de continuer à faire preuve d’ambition professionnelle, et d’élever ses enfants. Autrement dit, si une femme veut s’épanouir dans sa carrière, mieux vaut avoir un enfant tard. Ou pas du d’enfant tout.
Dans les pays latins, des différences existes aussi. Mais pas là où nous le pensons.
Prenez l’Espagne, la très catholique Espagne. Ils sont plus en avance que nous sur des sujets sociétaux: place des femmes, congé paternité, PMA, homoparentalité.
En France, il y a une réelle poussée conservatrice, en lame de fond, et les quelques progrès ne peuvent en aucun cas contre balancer la tendance, je le regrette.
Quelles sont les activités que vous suggérez de faire avec les enfants pour le plaisir et pour resserrer le lien père-enfants (évidemment selon l’âge)?
Et bien je vais vous dire, premièrement, pour tisser ce fameux lien, je parle du lien d’amour, d’affection, et bien il faut avant tout commencer par se l’autoriser en tant que papa.
Il faut donc être au plus clair possible avec qui l’on est. C’est un peu de boulot mais je pense que se préparer en se faisant aider pendant la grossesse n’est pas inutile.
Ensuite, j’insiste fortement sur la création du lien dès la grossesse.
Et puis, même si je ne vous l’apprend pas, les meilleurs « outils » sont encore et toujours, le jeu et le temps.
Comment les papas ont géré La COVID, les enfants, le stress travail, environnement anxiogène, manque d’activités/sortie?
Alors je crois qu’ici, il me faut remettre un petit peu les pendules à l’heure.
Nous aimons, collectivement, nous raconter des belles histoires. Mais si j’en crois les études sérieuses, les données du ministère de la justice, de l’intérieur et des services déconcentrés, ce sont les femmes qui ont majoritairement « encaissé » les différents confinements. Elles ont mis leurs carrière en « sommeil » pour s’occuper des enfants et de la maison. Les hommes, les papas en tête, ne se sont, pour une grande part, occupés que d’eux-mêmes, et de leur boulot, si important (oui je simplifie beaucoup, l’équilibre des salaires joue énormément…)
Des données récentes montrent que ceux qui ont bénéficié d’un espace dédié pour le télétravail, sont ces mêmes hommes. Leurs femmes se mettant souvent en quatre pour qu’ils puissent bosser tranquillement, alors qu’elles travaillaient souvent sur la table du salon avec les enfants en bruit de fond…
Si vous me demandez si les mentalités changent, je vous dis non. Si elles bougent un peu, je vous dis, oui. Et notamment chez les moins de 30 ans où l’équilibre vie pro/perso n’est pas un enjeu subalterne.
Mais je vais être direct, même si des spécimens rares d’hommes ont percuté et se sont appropriés au quotidien cette fameuse notion de charge mentale, force est de constater que, dans l’action, pas dans l’idée, si le souhait des hommes de participer plus activement n’est pas encouragé et soutenu par leur conjointe, ils restent dans le schéma classique. Madame pilote, et eux sont là en roue de secours.
Vous pouvez retrouver Maxime sur les liens suivants:
[Art] La Visite
Entretien avec Marie Theres, fondatrice de “La Visite”
Par Patricia Cressot
Après avoir obtenu son master en Histoire de l’Art à l’université de Vienne (Autriche) Marie-Theres Michel a dirigé une galerie d’art classique à Vienne. Elle décide ensuite de venir vivre en France. Un pays avec une culture, une langue et un savoir vivre qu’elle affectionne particulièrement. Elle s’installe d’abord à Paris où elle devient responsable d’une importante galerie d’art contemporain.
Sa vie privée la conduit ensuite à venir vivre sur la Côte d’Azur. Passionnée d’art et de culture, Marie-Theres Michel sillonne la région entre Aix-en-Provence et Monaco et y découvre des lieux extraordinaires.
Elle décide ensuite de mettre à profit son expérience de l’organisation d’événements artistique et sa connaissance de l’art pour offrir à ses clients des moments de découverte artistique uniques et entièrement personnalisés.
Quelle est votre première connexion avec le monde de l’art ?
L’histoire débute par mon arrière grand-père, Alfred Zoff, peintre de renom autrichien, entourée de ses œuvres parsemées dans la maison, mon regard s’émeut.
Je débute alors des études en histoire de l’art et prend connaissance d’une galerie qui travaille sur le catalogue de notre grand-père, alors mes parents fournissent lettres, articles et journal à a galerie et me propose que je les assiste. De là naît ma première expérience en galerie qui durera 9 ans.
En 2000, je rencontre mon mari, Frédéric et quitte la galerie viennoise, pour Lyon et travailler pour Art Price, la banque de données la plus complète (745 499 artistes référencés aujourd’hui). Mais le contact avec les artistes et les clients me manquaient. Je pars alors sur Paris pour la Galerie de Jérôme de Noirmont jusqu’en 2008. Une des plus grandes galeries d’art contemporain en France Après avoir mis fin en mars 2013 aux activités de leur galerie, Jérôme et Emmanuelle de Noirmont ont créé en 2015 Noirmontartproduction, une entité dédié à la production d’art contemporain, type Jeff Koons.
En 2009 je déménage dans le sud et en 2014 mes enfants plus grands, je souhaite reprendre mes activités artistiques, amener l’art vers les gens en organisant des expos et des visites privées, de la nait « La Visite ». De 10 copines aujourd’hui le réseau est de 1000 participants qui viennent aux différentes visites. Des évènements d’art dans la région PACA, j’ai décidé depuis le confinement de mettre en avant aussi la musique. J’ai souhaité que le soutien aux artistes soit dans la région, car on peut déjà commencer par aider ceux qui sont proches de nous sans aller très loin !
Quel courant artistique vous inspire le plus ?
Baigné dans l’art du 19ème et 20ème siècle avec un grand peintre classique type marine, j’ai aujourd’hui une faiblesse pour l’Art contemporain autres façon de s’exprimer et exprimer ses sentiments (politiques, personnels, ou de notre quotidien).
Comment voyez-vous l’évolution post-covid ?
Comment on se produit, se reproduit ? Comment continuer à faire vivre l’art ? L’art c’est la création. Pour continuer d’ailleurs à soutenir les artistes, j’ai créé « Mon Artiste et moi » association créée pour soutenir l’artiste. Nous avons 24 artistes sélectionnés et les ¾ sont parrainés. L’objectif est d’intègrer dans l’association pour faire des expositions, les artistes qui n’ont pas de moyens réguliers et vivent de création et ventes. Le 4 juillet prochain nous organiserons une expo à la villa Cameline à Nice. Cette action va au-delà du Mécénat, permettant de développer une amitié entre l’artiste et le parrain.
Des expos aux voyages d’art ?
L’été est riche en visite, le 8 juillet une visite et déjeuner à l’exposition d’Alberto Giacometti à Monaco, le 11 juillet un dîner artistes avec un Chef japonais dans un jardin parfumé à Grasse, un opéra le 18 juillet dans un jardin privé. Et les voyages artistiques sont principalement en Europe autour de visite de Fondations Privées, ou des «day trip » d’Amsterdam, Paris pour des expositions temporaires ou Biennale de Venise, en Toscane, dans les jardins de Nikki Saint Phalle, permet de découvrir l’art dans un autre cadre ou même sur place dans notre jolie région (Peyrassol, Le Muy, le Château la Coste).
Avez-vous une autre passion après l’art ?
Je suis très sociable, j’aime mettre en contact, je trouver cela fantastique. Je suis aussi une grande randonneuse, en Autriche où nous faisons des randonnées été comme hiver, respirer, découvrir des montagnes brutes, la nature.
Un souhait pour changer quelque chose dans notre société ?
Je trouve que nous ne sommes pas assez tolérants et j’aimerai que nous puissions accepter les autres tels qu’ils sont et laisser la liberté à chacun. Par exemple la pandémie a créé deux mouvements, entre ceux qui ont peur et ceux qui nient. On peut vivre avec ce problème si on accepte la liberté de l’autre. Chacun à sa manière d’interpréter et de ne pas imposer sa propre vérité.
LA VISITE
[Entrepreneurship] Princesse
Interview de Murielle Sitruk co-fondatrice de « Pourquoi Princesse », une entreprise qui s’engage pour briser les stéréotypes de genre dès l’enfance.
By Pascale Caron
Murielle possède un DEA en Propriété industrielle de Panthéon Assas (Paris II). Elle a commencé sa carrière dans le conseil juridique propriétés intellectuelles chez Vivendi et à L’agence du Patrimoine immatériel de l’état. En 2006 elle créé une première entreprise, Sweetcase, le trousseau parfait pour la maternité. Elle a ensuite co-fondé la Fédération de Lifestyle Bébé et Enfants en France (Kids Kube). Mais cette serial-entrepreneure ne s’arrête pas là. Il y a 3 ans Murielle a co-fondé avec Laura Drewett « Pourquoi Princesse » : pour en finir avec le sempiternel « rose pour les filles » et tous les autres stéréotypes qui ont la dent dure dès l’enfance. C’est un e-shop qui propose un univers « gender neutral ». Le but est d’élargir les champs des possibles montrés aux jeunes générations sans brider leur imagination et leur créativité en offrant des produits qui sont le reflet de toutes leurs passions. Elle vit avec sa famille à Paris (bien que Marseillaise for ever !) et a 2 filles.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
L’idée de créer une société a toujours fait partie de moi. J’ai été élevée par une grand-mère businesswoman qui a été une grande source d’inspiration. Quand j’ai eu mon bac, je savais que je devais monter mon entreprise : mais par où commencer ? J’avais rencontré par hasard l’attachée de presse d’Élie Kakou qui m’avait dit « fait du droit ça mène à tout ». J’ai donc suivi ce conseil et me suis lancée dans des études de droit. J’ai débuté ma carrière dans une grande société. En 2006, à la suite d’un plan social, je me suis lancée dans un business d’accessoires de mode. C’était aussi la naissance de ma 1re fille et j’ai utilisé cette période pour me former au niveau business. Mais je n’étais pas encore prête et j’ai décidé de reprendre un emploi de salarié au ministère des Finances. Ce nouveau job paraissait cocher toutes les cases à l’agence du Patrimoine immatériel de l’état. On était un peu comme des consultants en mode « startup », mais j’ai rapidement continué à rechercher du sens. J’ai compris dans ces expériences de salarié qu’il faut apprendre à se concentrer sur soi-même et ne pas croire que ces sociétés nous appartiennent. L’envie de redevenir entrepreneur m’a de nouveau démangée au moment de la naissance de ma 2e fille. J’avais la volonté de construire quelque chose, d’avoir un impact, de créer et innover dans un monde en mouvement. Je suis persuadée que le changement et l’impact passent aussi par les acteurs de l’économie. Ma 2e boite, a duré 5 ans, mais il a fallu se rendre à l’évidence que ma rémunération n’était pas suffisante. En approchant le groupe GPE pour essayer de vendre ma société, ils m’ont proposé de les accompagner en tant que consultante en stratégie et marketing sur la transition de la marque Natalys, je suis devenue consultante.
Comment est venue l’idée de Pourquoi Princesse ?
Laura, mon associée cherchait il y a 3 ans, quelqu’un pour la conseiller : elle était issue du monde de la tech et avait une idée de création qui relevait de compétences comme les miennes. Le déclic s’était fait à la naissance du fils de Laura, son 2e enfant. Elle avait été choquée par le contraste entre les vêtements « garçons » aux motifs dinosaures ou voitures et les ceux « pour filles » rose pastel, couverts de cœurs, de fleurs, ou de papillons. Sa fille, qui adorait les princesses, comme les avions et les expériences scientifiques, lui demanda une robe avec des voitures de course : impossible à trouver ! Nous avions une vision commune et surtout nous voulions voir grand : face au manque de diversité dans l’offre proposée, aussi bien dans la mode, le jouet ou les messages adressés en général, nous ne pouvions rester sans intervenir.
Nous avons créé « Pourquoi Princesse », car nous pensons qu’elles ont le droit d’avoir accès à bien plus que des habits de princesse, des produits de beauté et des activités stéréotypées. Pour stimuler leur confiance en elles et faire tomber les barrières auxquelles elles sont confrontées, nous avons eu à cœur de construire un univers de positivité et de possibilités. Nous avons transformé le concept initial d’empowerment des filles, à travers les robes, en un écosystème de « girl power » avec des livres, des vêtements et des accessoires inspirants.
Quel a été l’impact de la crise du COVID pour tes activités ?
L’impact a surtout été calendaire : nous avons dû repousser notre campagne de crowdfunding de mars à décembre. Mais nous avons mis à profit le confinement pour mieux connaitre notre communauté et renforcer les liens sur les réseaux. C’est ce moment-là que j’ai créé les mini-talks sur notre compte Instagram avec ma fille. Lors de ces talks, nous avons interviewé des « rôles modèles » femmes. Nous y avons convié des personnalités comme Aurélie Jean, Dr en Intelligence artificielle, ou Claraisse Agbégnénou championne du monde de judo. Depuis, l’activité s’est également installée sur Clubhouse, où j’anime un club sur l’égalité hommes/femmes. Nous avons des intervenantes inspirantes, comme Sabrina Herlory, la Directrice générale de MAC France qui est très engagée, mais aussi Emilie Daversin de V02 group, une Société de conseil en nouvelles technologies. Nous avons invité Chloé Sabban qui a créé les éclaireuses, le média social leader qui rassemble plus de 6 M de jeunes femmes sur les réseaux sociaux sur les secteurs de la beauté. Je reçois bientôt Mercedes Erra, fondatrice de BETC et présidente exécutive de Havas.
Quels sont tes prochains challenges ?
Définitivement c’est de lever des fonds publics et de rencontrer des Business Angels qui pourraient nous soutenir. Nous sommes une Digital Native Vertical Brand : nous cherchons des investisseurs concernés par le produit physique et qui n’ont pas trop peur du textile.
Nous avons rencontré Jean-Pierre Nadir dernièrement, le fondateur d’EasyVoyage, lors d’un jury de Business Angels. Il a été intéressé par notre concept, mais s’est quand même posé la question « Peut-on être engagé et faire grandir un business ». Pourquoi se pose-t-on encore cette question de nos jours ?
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ? Un livre à nous conseiller ?
Tout d’abord, Simon Sinek. Il est une inspiration sur le leadership. Il a écrit « Start with Why: How Great Leaders Inspire Everyone to Take Action ». Ses interventions sur TED sont des événements.
Je parlerais ensuite de Ivan Chouinard. C’est un entrepreneur pas comme les autres. Il a créé la marque Patagonia. Son livre « Let my people go surfing » est fascinant. Cette marque est un exemple qui arrive à garder ses engagements tout en étant rentable. Nous avons tous la responsabilité de cesser l’hyper-croissance.
Je citerai également Mercedes Erra que je reçois sur Clubhouse, la fondatrice de BTEC. Et pour finir, je suis très inspirée par Delphine Horvilleur.
Sinon, je lis actuellement « Sapiens », l’essai de Yuval Noah Harari. De l’âge de la pierre à la Silicon Valley, au carrefour des sciences et de la philosophie, « Sapiens » interroge l’histoire globale de l’humanité à un rythme haletant. Je prends une bonne claque.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
Oui, « Soit le changement que tu veux voir dans le monde », de Gandhi.
[BUSINESS] Magie
Interview de Johann Bayle magicien conférencier digital et consultant.
By Pascale Caron
La spécialité de Johann ce sont les conférences alliant magie et business. Son approche combine ses trois passions : la magie avec 20 années de pratique, l’art du management, découvert durant ses études à l’école de commerce ESSCA et le développement personnel. Lors de séminaires, ateliers ou team-buildings, il aborde l’intelligence collective, la cohésion d’équipe, l’expérience client, le leadership ou encore la conduite du changement. Ce qui est fascinant, c’est comment le processus créatif du magicien peut favoriser l’innovation en entreprise.
J’ai fait sa connaissance lors du 8 mars 2020, la journée du droit des femmes, à l’occasion de l’événement de La Verrière co-working, le rendez-vous incontournable d’« En voiture Simone ».
Le thème était, « comment se réinventer en temps de crise » et je suis ressortie enthousiasmée par ce cadeau que Valérie Ammirati nous avait offert en organisant cet événement en digital. C’était un vrai défi, car en ces temps digitaux une nième réunion Zoom représentait un sérieux challenge. Pendant 2 heures, je n’ai pas pu détacher mon attention de l’écran, à la fois fascinée comme un enfant devant l’inventivité de Johann, et emballée par les messages qu’il passait. J’en suis ressortie excitée et j’ai eu envie de vous offrir ce cadeau à mon tour.
Qu’est-ce qui t’a amené à devenir magicien-entrepreneur ?
Enfant, j’ai beaucoup déménagé. Fils de préfet, je changeais de ville tous les deux ou trois ans et je devais à chaque fois me faire accepter dans une nouvelle cour de récré. La magie me permettait de briser la glace et de fédérer autour de moi. Au cours d’un déménagement sur l’île de Mayotte, où nous sommes restés trois ans, je me passionne pour David Copperfield. Mon père me propose un marché : lors de ses voyages à Paris, il me rapportera tout le matériel de magie dont j’ai besoin, mais notera toutes les dépenses, à rembourser grâce aux recettes des spectacles. En prenant conscience des montants qu’il m’avançait, j’ai compris qu’il croyait en moi. Cela m’a donné le boost de chercher des clients pour lui rembourser son investissement. De retour en métropole en 2002, je suis décidé à devenir magicien, mais à la condition de sortir diplômé de l’École Supérieure des sciences commerciales d’Angers ! En 2007 je termine mes études et je m’essaye aux spectacles de magie. Je me dis que j’ai peu de chance que ça marche, mais au moins je n’aurais pas de regrets. À ma grande surprise, ça a fonctionné ! Chaque saison venait avec ses événements, mariages, arbres de Noël, soirées de fashionweek ; je me produisais uniquement en tant qu’amuseur. Après chaque spectacle je notais toutes les observations que j’avais relevées lors de la séance, sur les dimensions humaines, car cet aspect me fascinait. Je n’imaginais pas que ces notes seraient plus tard la base de mon futur métier. Au bout de 3 ans, j’étais arrivé à la constatation que vivre de sa passion en faisant toujours la même chose c’est le meilleur moyen de la perdre. Je devais inventer de nouveaux tours de magie et j’ai pensé à une scénographie inspirée du monde du luxe. J’ai commencé avec la marque Hermès sur le thème de la métamorphose : cela a ravivé la flamme de la passion. Lors des lancements presse et dans les zones duty-free des aéroports, je faisais apparaitre des flacons de parfum ou des bijoux pour Bulgari, des bluebox chez Tiffany & Co…
Je me transformais peu à peu en « Magicien anthropologue », car je continuais à noter mes observations dans mon journal. En 2014, j’ai décidé d’utiliser ces notes et de me lancer un nouveau défi afin de nourrir de nouveau ma passion. J’ai envoyé un mail avec le titre suivant à mes contacts « Comment la magie peut inspirer le management ? » et j’ai réservé un lieu à Paris. J’ai envoyé l’invitation comme une bouteille à la mer, à des managers, des leaders, et des commerciaux. Je n’avais pas encore écrit une seule ligne de ma conférence ! Le succès fut tel que l’on m’a sollicité quelques semaines plus tard pour une assemblée de dirigeants. Ce moment a changé ma vie. Quand j’ai vu ces PDG prendre des notes, j’ai réalisé que ce que j’avais appris en tant que magicien pouvait se transposer au business. Petit à petit, j’ai travaillé avec des marques comme L’Oréal qui m’ont demandé une conférence sur le thème de la confiance, Thales sur l’innovation, Nespresso, Air France, Shell… J’ai fonctionné au bouche-à-oreille et chaque nouvelle commande me permettait de créer un nouveau bloc de lego. Au fur et à mesure le magicien observait le contexte de l’entreprise et mon répertoire de legos s’agrandissait jusqu’à atteindre 80 thèmes. Je suis encore aujourd’hui entrain de comprendre ce qui s’est passé pendant 7 ans. Je me voyais comme un troubadour, et je n’imaginais pas que mes observations puissent intéresser des PDGs de sociétés. J’ai constamment testé les limites en me demande jusqu’où mon contenu pouvait être pertinent. Les dernières années j’ai amené les participants à partager leurs « success stories » entre eux. Je me suis nourri de leurs bonnes pratiques de dirigeants pour enrichir mon programme. Et je les repartageais grâce au langage pédagogique de la magie. J’ai alors posé mon costume de magicien et que j’ai endossé celui de « magicien-conférencier ».
2019 a été une année décisive grâce à 3 interventions majeures : quand j’étais en école de commerce, je m’intéressais aux travaux d’Éric Albert et son collectif USIDE. Je l’ai contacté en 2016 et en 2019 il m’a fait intervenir devant 600 cadres du Crédit Agricole. Finalement les participants nous écoutent en fonction du rôle que l’on décide de jouer. On fait « comme si », et on devient. En 2019, tout se passait bien. Je suis intervenu 2 fois au ministère de l’Intérieur. En décembre, j’ai donné ma dernière conférence devant un parterre de 600 entrepreneurs. La longue « standing ovation » que j’ai reçue m’a donné envie de voir encore plus grand. Des salles de milliers de personnes, me semblaient possibles…
Et la crise du COVID est arrivée… synonyme de l’écroulement de ton activité et comment as-tu rebondi ?
J’ai dû me réinventer et faire « apparaître » des concepts 100 % digitaux ! L’objectif est d’aider nos entreprises dans leurs défis actuels : maintenir l’esprit d’équipe à distance, favoriser les idées neuves, prendre la contrainte comme source d’opportunités, ou réenchanter le quotidien. On a bien besoin de magie en ce moment. J’ai pu surmonter le défi de la magie à distance en privilégiant les effets visuels, interactifs, et le « mentalisme ». Pour garder un auditoire captivé en visioconférence, la magie seule ne suffit pas. Mais combinée à d’autres outils pédagogiques (le storytelling, le questionnement stratégique, le jeu, l’expérientiel, etc.), elle permet un niveau d’attention étonnant. Mon prochain événement se fera devant 300 personnes, j’ai atteint les limites de zoom !
Quels sont tes prochains défis ?
J’en ai 4 : mon 1er défi sera d’aider les entreprises à faire revivre des moments de complicités entre équipes avec mes team-buildings magiques. Mon 2e sera de développer mon activité de conférencier-magicien digital auprès des entreprises et du grand public. Le présentiel me manque intensément, ma place est sur scène. J’aimerai tant que les conférences reviennent, mais je sais également que le digital va perdurer : je table donc sur ce qui est certain. Le présentiel finalement deviendra un bonus ou une bonne surprise. Mon 3e, sera d’imaginer des expériences digitales fortes et nouvelles. J’ai souvent le retour « Je ne pensais pas que l’on pouvait ressentir autant de choses en digital ». Le pouvoir de la visualisation aide à ressentir des émotions, et donne l’illusion aux spectateurs d’une relation intimiste.
Penses-tu à internationaliser ton activité ?
C’est déjà le cas, je fais 1 conférence sur 2 en anglais. Les 2 dernières étaient à NYC et Singapour, c’est la puissance d’Internet.
Et au fait ton 4e défi ?
Le 4e est de réussir à trouver la femme de ma vie. C’est un vrai challenge dans ces temps digitaux !
Avis à nos lectrices ! Quelles sont les personnes qui t’inspirent ? J’ai cru comprendre que David Copperfield a été très important pour toi, et que tu as pu le rencontrer.
Oui, quand j’ai rencontré David Copperfield, je lui ai demandé pourquoi il avait autant d’avance sur tous les autres magiciens, depuis 30 ans. Il m’a dit que la raison principale était qu’il ne s’inspirait pas des magiciens. Ses sources d’inspiration venaient du monde du cinéma, du théâtre, des comédies musicales et il les importait dans sa magie.
J’ai suivi son conseil : je m’inspire notamment de Alan Menken, le compositeur des musiques de Dysney. La manière dont il compose et parle de la musique est transposable à la manière de communiquer. De manière générale, tous les conteurs me fascinent : toute personne qui va me raconter une histoire et me captiver, même un chauffeur de taxi ! Et en dernier lieu le monde de la danse : un bon tour de magie s’apparente à une chorégraphie. Même si on « connait le truc » ça reste agréable à regarder. Et j’oublie Steve Jobs, pour de multiples raisons, dont la force de la simplicité « focus and simplify ».
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Maupassant est mon auteur préféré, je citerai « Bel ami » par exemple : j’admire sa capacité à faire apparaitre des endroits, des images, et des personnages en peu de mots. Il dépeint la nature humaine dans ce qu’elle a d’intemporel. Un autre magicien du verbe c’est Jules Renard avec son journal, si visuel.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
Je citerai la phrase du père Ceyrac « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». En ces temps bousculés, cela donne envie de donner plus que jamais…
[photo crédit pixabay-leandrodecarvalho]
[Entrepreneuriat] PHARMA
Interview d’Anne-Marie Noir, Président Directeur général des Laboratoires ASEPTA.
By Pascale Caron
De formation Psychologue clinicienne, diplômée de l’IAE de Paris en Administration des Entreprises elle rejoint les Laboratoires en 1994. Auparavant elle avait travaillé tour à tour comme psychologue en crèche familiale et PMI, responsable de formation et de recrutement, mais également professeur de psychologie.
À la suite du décès de son père Paul Lacroix, fondateur des Laboratoires ASEPTA, elle prend la tête de la société et la développe en favorisant l’innovation dans les produits et la renommée du « Made in Monaco » à l’international. En 2015 elle remporte le trophée « des Femmes de l’Économie de la région PACA Monaco » dans la catégorie : Chef d’Entreprise.
Peux-tu nous parler des Laboratoires ASEPTA ?
C’est en 1943 que Paul Lacroix et Henri Mas fondent les Laboratoires ASEPTA. L’idée de départ venait des croupiers du Casino de Monte-Carlo qui se plaignaient de douleur aux pieds. C’est donc grâce à une crème podologique appelée AKILEÏNE que le laboratoire démarre. Depuis d’autres gammes prestigieuses ont vu le jour comme VITA CITRAL, ECRINAL, COUP D’ÉCLAT et dernièrement D’ÂME NATURE. Les Laboratoires ASEPTA sont une entreprise familiale co-dirigée de nos jours par les descendants des membres fondateurs.
Plus de 75 ans après sa création, nous fabriquons toujours en Principauté de Monaco des gammes dermocosmétiques qui ont acquis une renommée internationale en restant fidèles à notre devise « Recherche Qualité et Innovation ». Aujourd’hui, nous employons plus de 200 personnes dans une structure moderne régie par les normes internationales en cosmétiques. Notre présence mondiale s’étend à plus de 60 pays sur les cinq continents grâce à un réseau de distributeurs et nos filiales en Allemagne, Belgique, Suisse, Tunisie et Canada.
Quelle success-story, étais-tu préparée à prendre la co-direction de l’entreprise ?
Pas vraiment ! Dans ma vie j’ai fait des choses différentes et je me suis souvent lancée sans me poser de questions : « je prends le risque et j’y vais ». C’est en lisant « Chien perdu sans collier » de Gilbert Cesbron que j’ai su que je voulais être psychologue. À l’époque mon père m’avait soutenue « si c’est ce que tu veux faire, fais-le ». Je me suis rapidement confrontée au marché du travail, car je n’avais pas choisi une voie facile. J’ai finalement rejoint un cabinet de recrutement : c’est ainsi que je suis rentrée chez un de mes clients comme adjointe du DRH. Mon mari est psychiatre et au cours de sa coopération nous sommes partis 1 an au Sénégal, avant de nous installer à Paris. J’ai eu 2 filles et 1 garçon. Ce dernier qui a lui aussi démarré sa carrière par la psychologie a rejoint les Laboratoires ASEPTA depuis 2 ans et il prendra ma succession.
Je n’envisageais pas de rentrer à Monaco dans l’entreprise de mon père. À cette époque mon père était à un carrefour. Il fallait prendre une décision pour les Laboratoires et il m’a demandé de le rejoindre, de m’engager à ses côtés pour prendre sa succession et pérenniser ce qu’il avait construit. J’ai donc décidé de suivre une formation continue à l’IAE pour ainsi une fois mon diplôme en poche rentrer à Monaco et intégrer l’entreprise.
J’estime que j’ai eu beaucoup de chance, car je n’ai pas eu à créer cette entreprise. J’ai également un excellent associé Monsieur Georges MAS, avec qui je m’entends très bien. En 2023 ASEPTA aura 80 ans. Nous avons une très grande stabilité des salariés, certains sont restés dans l’entreprise pendant 40 ans. Nous sommes dans la période de renouvellement, parce que les baby-boomers partent à la retraite : c’est une nouvelle page qui se tourne. Nous sommes dans la continuité de la volonté de mon père : nous travaillons en famille, nous restons indépendants et nous pérennisons l’emploi à Monaco.
Comment as-tu géré le poids des responsabilités ?
Je ne me suis jamais posé la question, j’ai appris en marchant. Pour moi le travail est une valeur essentielle. Quand j’ai commencé, il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas et j’apprends toujours. Je, suis bien entourée et je délègue tout en gardant le contrôle, même si la décision finale m’incombe. Je prends toujours un temps de réflexion, mis à part des cas d’urgence. J’utilise ma formation de psychologue. J’écoute les gens et une fois que ma décision est prise je ne reviens pas dessus de manière générale. Bien sûr on a quelquefois droit à l’erreur.
J’ai vu que par ailleurs tu es très engagée, peux-tu nous parler de l’association AFCEM dont tu es la vice-présidente ?
L’AFCEM (l’Association des Femmes Chefs d’Entreprise à Monaco) a été créée il y a 15 ans. À l’époque quand j’ai participé à sa création, nous étions 10. C’était une façon de faire connaitre les entreprises gérées par des femmes qui participaient à l’essor de l’économie monégasque. À cette période elles n’étaient pas vraiment reconnues. Nous avons fait beaucoup d’actions pour les femmes à l’étranger. Cette année sous la présidence de Joanna Houdrouge nous avons décidé de recentrer l’action sur Monaco. Nous avons pour projet de mettre en place un concours pour les étudiants, sur le travail en entreprise. Nous voulons créer des binômes, fille et garçon pour montrer qu’à plusieurs on est plus forts et surtout complémentaires. À travers l’éducation et les échanges autour de ce projet notre objectif est de démontrer que même s’il existe une distinction entre les sexes elle n’est en aucun cas un frein à la réalisation de projets. Chacun peut réaliser ce qu’il entreprend.
Quel a été l’impact de la crise du COVID pour les Laboratoires ASEPTA ?
La crise a été compliquée pour tout le monde, mais notre canal de distribution étant les pharmacies nous avons eu la chance qu’elles soient restées toujours en activité. Nous avons pu rebondir après les 2 mois de confinement. Nous avons eu une grande demande sur la gamme VITA CITRAL de crème pour les mains. A contrario, la gamme Sports Akileïne, dédiée aux soins pour les sportifs, a beaucoup souffert. Nous ne sommes pas à plaindre, car nous avons eu les aides précieuses du gouvernement et les employés ont exprimé leur volonté de reprendre le travail dès que cela a été possible.
Quels sont tes prochains challenges ?
L’entreprise est un moteur qui m’apporte chaque jour défis et challenges. Nous voulons aller plus loin et développer au maximum les Laboratoires ASEPTA, en France et à l’International.
Les consommateurs évoluent et leurs exigences avec. Depuis quelques années la composition des formules était la principale considération, désormais c’est une approche plus globale : emballages, approvisionnements, déchets… Dès à présent nous testons de nouveaux matériaux pour remplacer le plastique qui devrait être interdit en 2025. Le choix est difficile, car souvent une idée vertueuse au premier abord peut s’avérer encore plus désastreuse pour la planète à long terme.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
En tout premier lieu, mon père : il s’était lancé dans l’entrepreneuriat alors que ses parents étaient issus de mondes complètement différents. Il a fait HEC et m’a toujours laissé suivre la voie que j’avais décidé de prendre. Il était très charismatique et était aussi un excellent commercial.
J’admire beaucoup Simone Veil, l’histoire de sa vie et ses batailles. La façon dont elle a rebondi en gardant son optimisme pour le genre humain après tout ce qu’elle a vécu est une grande source d’inspiration pour moi. Elle a eu une force de caractère hors norme tout en conservant sa simplicité.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Pour me reposer et me délasser, j’aime lire des polars. Je recommanderais « Le siècle » de Ken Follet. Ce livre traverse toute l’histoire depuis la 1re guerre mondiale et même si elle est romancée, elle fait réfléchir aussi sur notre époque actuelle et la montée des extrêmes.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
« La vie est un risque et nous sommes là pour en prendre. Quand une occasion se présente même si elle n’est pas forcément réaliste, je fonce ».
[Cosmétique] hommes
[Cosmétique] hommes
Interview de Karine Coccellato, présidente et co-fondatrice d’Archiman, une ligne de soins cosmétiques dédiée aux hommes.
By Pascale Caron
Après des études en Économie et Finance à Sophia Antipolis, Karine a été pendant 7 ans directrice Europe et Moyen-Orient des cosmétiques Urban Decay. À la suite du rachat de la marque américaine par L’Oréal elle décide de quitter l’entreprise et de partir dans une société d’ingénierie à Sophia Antipolis. En juin 2017, elle passe le pas et crée avec sa sœur, Stéphanie, Archiman, une marque made in France, qui bouscule les codes de la beauté. Elles proposent une gamme de soins pour homme à base d’ingrédients naturels. Les packagings, d’un design Arty très original et écoresponsable, nous invitent à voir le mâle partout. Elles ont pour priorité la santé et l’environnement et ont établi une #Archiblacklist de composants controversés qui sont bannis de leurs produits.
Peux-tu nous parler de ton expérience chez Urban Decay ?
Dans les sociétés américaines, tout est possible. Pendant toutes ces années, j’ai eu la chance de m’exercer à l’entrepreneuriat. Je suis née à Nice, mais je suis partie à Paris à la fin de mes études pour travailler. À la suite d’un événement familial, j’exprime à mon boss mon désir de travailler quelques jours par semaine à Nice. Il me conseille de déménager le siège social, je n’en demandais pas tant ! Ma sœur Stéphanie me rejoint sur la partie opérations, RH et logistique. J’ai énormément appris de cette expérience et beaucoup voyagé. J’ai joui d’une grande liberté comme si c’était ma propre compagnie. Après le rachat de la société par L’Oréal, l’organisation et le modèle de management ont considérablement changé et je n’y trouvais plus ma place.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
J’étais encore au sein d’Urban Decay et on me propose alors un poste de directrice générale dans l’ingénierie à Sophia Antipolis, je décide de partir. Au cours de cette expérience qui a duré 3 ans, je n’ai pas retrouvé mon ADN, je n’étais pas dans le bon écosystème : j’ai perdu le sens. Stéphanie était restée chez Urban Decay et quand elle me conseille de fonder notre marque, j’ai accepté immédiatement !
Mon but était de me faire plaisir, de trouver du sens et créer de la valeur autour d’un produit. Je voulais me lever le matin et de me dire « j’ai accompli quelque chose ». Je me martèle souvent « Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie ». Cela me permet de ne pas regarder derrière et de repartir quotidiennement d’une nouvelle page blanche en essayant tout le temps d’être une meilleure version de moi-même. J’aime la pensée positive et je me dois d’être un modèle pour mon fils de 8 ans. Le Job le plus difficile après tout, c’est celui de maman !
Pourquoi avoir ciblé le marché des soins pour hommes ?
On est dans un vrai marché de niche. Il n’existait pas de marque chic et élégante qui prenne à la fois soin de l’homme et de son environnement. Certains hommes identifient les marques comme Biotherm aux cosmétiques de leurs pères. Il fallait une relève qui réponde aux besoins d’une clientèle de plus en plus jeune, responsable et en quête de sens. Depuis son lancement, Archiman a eu la consécration des experts de la beauté. Nous avons déjà reçu 3 awards de référence et nous sommes en finale pour un 4e et un 5e. Nous sommes distribués à l’étranger et comptons bien continuer notre déploiement international. Je suis convaincue qu’une marque doit être honnête et généreuse pour réussir. Nous avons défini l’Archiblacklits des ingrédients controversés : c’est notre cahier des charges pour nos fournisseurs.
Est-ce facile de travailler en famille ?
Oui. Stéphanie et moi avons des caractères diamétralement opposés et nous sommes très complémentaires. Dans les familles italiennes, on a l’habitude de vivre ensemble, on partage tout et c’est toujours « un pour, tous pour un ».
Quel est ton rôle préféré dans l’entreprise ?
Je m’occupe de la partie création, et de tout ce qui touche au produit. J’adore rajouter ma touche d’insolence. Sur tous les packagings, j’ai introduit un crapaud, c’est ma signature qui dit « I have kissed so many frogs to find my charming Prince ».
Je me fais plaisir quand je conçois les produits. Sur le nettoyant aux acides de fruits, par exemple, on peut voir des champignons hallucinogènes (« Let’s get acid »). Le côté structuré du packaging secondaire en carton rappelle la matière des polos masculins. J’ai le souci du détail.
Pour notre logo : Je voue une passion à Chanel et j’avais envie moi aussi d’avoir mon propre monogramme. Je me suis inspirée de l’œuvre du photographe espagnol Chema Madoz et nous avons rajouté le symbole de la féminité au cœur du M d’Archiman. Les hommes ont toujours une femme dans leur vie. (C’est un petit clin d’œil à leurs mères).
Quel a été l’impact de la crise du COVID pour Archiman ?
Nos ventes à l’étranger se sont arrêtées net. Nous avions signé un contrat avec les Galeries Lafayettes et avec Selfridges à Londres, 3 semaines avant le 1er confinement. Cette crise nous a forcées à nous digitaliser et à nous concentrer sur le marché français. Nous avons recentré notre énergie sur notre cœur de marque, amélioré les packagings et avons proposé à Pierre Frolla, l’apnéiste, d’être notre égérie. C’est une belle personne, engagée, avec de jolies valeurs et il a accepté par pure générosité. Cette aventure nous a permis de faire de riches rencontres.
Comment avez-vous financé votre entreprise ?
Nous avons d’abord démarré par de la « love money ». D’anciens fournisseurs d’Urban Decay ont cru en nous et nous ont suivies. On a par la suite finalisé une deuxième levée de fonds, juste avant la crise. Nous avons réussi à créer par nos ouvertures de capital un réel écosystème au service de la marque : chacun de nos investisseurs a une vraie valeur ajoutée au sein du développement d’Archiman. On y retrouve des experts en IT, presse, distribution, finance, juridique, logistique. Et cela n’a pas de prix.
Quels sont vos prochains challenges ?
Continuer l’ascension d’Archiman en France et à l’étranger ! J’ai énormément d’idées qui foisonnent de partout ; je me fatigue toute seule. Je me lève la nuit et je m’envoie des mails. Je souhaiterais aller beaucoup plus loin dans la gamme et même attaquer le côté nutritionnel, « Sky Is the Limit! »
De nouvelles perspectives s’ouvrent également à nous : nous venons d’intégrer un réseau de Social Selling. C’est une startup soutenue par la French Tech qui a 1200 stylistes beauté en France et en Belgique. C’est une très bonne façon de vendre nos produits.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je n’ai pas forcément des personnes en particulier. J’ai eu la chance de beaucoup voyager pour mon métier. J’adore Londres c’est ma ville de cœur, elle est cosmopolite, vibrante. Mon plaisir est de déambuler dans les rues et prendre des idées : tout est source d’inventivité. Le marketing et les marques américaines me passionnent. Elles m’inspirent énormément. Dans le monde de la mode, je citerai bien sûr, Coco Chanel et Yves Saint Laurent. J’aime le streetart, Banksi, Brainwash et l’esprit du tatouage. On retrouve tout cela dans Archiman.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’en ai un qui me parle beaucoup et que j’ai lu plusieurs fois : c’est « Les 4 accords toltèques » de Miguel Ruiz. On l’évoque souvent avec ma sœur, c’est notre « religion » pour ne pas perdre le fil. Ils sont affichés aux murs de notre société.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
« Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie » bien sûr, et « Make it simple », c’est ce que me martelait mon patron aux usas. Je l’applique quotidiennement dans le business.
[Entrepreneuriat] Élégance
[Entrepreneuriat] Élégance
Interview de Valérie KUNTZMANN COHEN, fondatrice de MAÏKO ACCESSOIRE.
By Pascale Caron.
Alsacienne de naissance, Valérie possède un Master en Ingénierie d’Affaires internationales de l’ISG Paris. Après avoir commencé dans le shipping, elle se retrouve dans le commerce international à Monaco. Elle a travaillé successivement dans l’industrie du parfum de Luxe ou elle était chef de la zone export des produits « Mass market » pour l’Afrique de l’Ouest, puis dans une société d’import-export (Mercure Intl of Monaco), où elle était brand manager pour des marques de prêt à porter et cosmétique en Afrique. Elle a ensuite travaillé pour M.M.C.I où elle a développé le département Logistique « Arts & Spectacles » ainsi que commercialisé l’entrepôt sous douane de la Principauté de Monaco. En juin 2018 elle décide de créer sa structure VKMC Consulting et son site internet d’accessoires de mode MAÏKO ACCESSOIRE.
Tu es une vraie globe-trotteuse, peux-tu nous parler de ton expérience dans le commerce international ?
J’ai en effet beaucoup voyagé, tout d’abord sur l’Afrique et ensuite dans le monde entier. Dans chacun des pays, je me suis intéressée à chaque personne rencontrée ainsi que leur culture et leur artisanat.
L’Afrique m’a tout particulièrement donné le goût de l’aventure et du challenge. La femme africaine m’a beaucoup inspirée. J’ai commencé dans l’industrie du parfum de luxe. Je devais organiser des tournées pour voir nos clients existants et rencontrer des prospects. Je partais toute seule et j’aimais rencontrer de nouvelles personnes avec qui échanger, des cultures différentes. Durant tous mes voyages, j’observais beaucoup.
J’ai ensuite travaillé dans une Centrale d’achat à Monaco, qui avait de nombreuses boutiques en Afrique dans l’alimentaire, le sport et le fashion. J’étais Brand Manager d’un certain nombre de marques et je passais 70 % de mon temps à l’étranger. Je partais encore une fois en Afrique pour donner des formations et m’occuper du merchandising des boutiques. On m’appelait l’Africaine blanche, car j’étais très à l’aise avec cette culture. Là encore, j’ai découvert une richesse incroyable avec un melting-pot de cultures, en voyageant non seulement en Afrique, mais également à travers le monde.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
En 2018, j’ai décidé d’arrêter mon activité salariée afin de me recentrer et réfléchir à un projet qui me tenait à cœur. J’allais prendre un nouveau tournant dans ma vie. J’ai eu envie de créer une marque. Par mes différentes expériences professionnelles, je suis une spécialiste du cursus du produit. Une fois celui-ci sorti d’usine, je maitrise la logistique, la mise en place dans les boutiques, le merchandising nécessaire pour le succès des ventes. Avec un début d’idée, l’aventure pouvait commencer. De belles rencontres m’ont permis de fonder MAÏKO en avril 2018.
Au départ, ça n’a pas été simple d’endosser la peau d’un Chef d’Entreprise. Mon papa, haut cadre bancaire me répétait constamment « qu’il était important d’assurer sa retraite et donc de travailler pour un employeur ». C’est grâce à une séance d’hypnose que j’ai pu couper cet élastique qui me tirait vers l’arrière et m’empêchait d’avancer. Ça a été très efficace !
Comment est venue l’idée de MAÏKO ?
Quand j’ai quitté mon dernier employeur, j’ai pris un an pour réfléchir à ce que je voulais faire. Mon mari, chef d’entreprise lui-même me poussait à créer ma société. J’ai commencé par aider une amie à monter son business et cela m’a permis de me rendre compte que mon expérience professionnelle était un atout pour monter un business dans la mode. J’ai commencé tout d’abord avec une ligne de vêtements pour femmes rondes : c’est là que j’ai appris qu’avant de se lancer il est indispensable de faire une étude de marché. C’était un domaine très compliqué, car aucune femme ronde n’est pareille. Je me suis rendu compte rapidement que vendre sur internet sans essayer n’était pas judicieux. Je proposais également de la maroquinerie et finalement j’ai pivoté vers l’accessoire de mode. Mes collections sont façonnées en Indonésie. J’ai eu un coup de cœur pour une boutique qui m’a permis de démarrer mon histoire pour les accessoires : les voyages sont toujours les sources d’inspiration. J’ai fait pas mal de ventes éphémères et la marque se vend beaucoup sur le site par le bouche-à-oreille.
Peux-tu nous parler du salon des services à la personne que tu organises depuis 2 ans ?
En effet je coorganise en tant que consultante (VKMC) le salon des services à la personne. Je commercialise les stands auprès des entreprises qui viennent exposer : c’est un sujet qui me parle beaucoup, car je vis la même situation au sein de ma famille. Nous en sommes à la 3e édition : les 2 premières étaient à Monaco et la prochaine se déroulera à Nice au Palais des congrès d’Acropolis le 24 février 2022. Les exposants sont divers, cela va des maisons médicalisées, aux maisons de retraite, des aides à la personne nous avons également un village de startups. C’est un beau travail d’équipe avec les organisateurs. Ce travail de conseil est un bon moyen pour moi de financer MAÏKO.
Je suis convaincue au fond de moi que ma marque va grandir !
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Je suis très inspirée par les chefs d’entreprise qui sont partis de rien et qui ont réussi tout en gardant une certaine humilité, car ils savent d’où ils viennent.
Mon mari est une source d’inspiration, c’est un homme d’affaires qui prend les choses avec beaucoup de recul, avec une belle philosophie de vie, il est mon étoile. Le fondateur de Mercure international, Adnan Houdrouge, la société pour laquelle j’ai travaillé, est un homme absolument incroyable. Il est parti de quasiment rien et en 2010, Mercure international of Monaco comptait près de 5 000 salariés dans le monde entier.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
J’ai beaucoup aimé, « La stratégie de la libellule » de Thierry Marx, le Chef de cuisine. Il nous promène dans son dictionnaire de bon sens et nous donne trucs et astuces pour avancer plus légèrement dans la vie. Il nous propose de nous inspirer de la libellule qui ne va jamais en arrière, mais attend pour trouver la brèche dans le mur.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
Oui, je me répète souvent « l’important c’est de s’écouter et de se faire confiance », car finalement si tu écoutes les autres tu ne fais jamais rien.
[RSE] Cosmétique
[RSE] Cosmétique
Interview de Candice Colin, CEO et co-fondatrice de BEAUTYLITIC (LITICA) et de OFFICINEA. By Pascale Caron
Candice possède un diplôme de l’institut d’Études Politiques (IEP) de Grenoble. Après une première partie de carrière pendant près de 10 ans dans de grands groupes financiers internationaux, elle s’installe en 2005 en Russie ou elle créé sa première entreprise. À son retour en France, elle crée un laboratoire cosmétique qui sera aussi à l’origine de l’appli CLEAN BEAUTY, la première appli de décryptage des cosmétiques lancée en France. En 2018, elle crée LITICA LABS, un société tech à l’origine de BEAUTYLITIC. C’est la première plateforme Saas BtoB d’analyse des cosmétiques à destination des retailers, e-commerce, marques, fonds d’investissement. Elle vient d’être récompensée par le Prix d’excellence de la beauté connectée par le magazine MARIE CLAIRE.
Qu’est-ce qui t’a amenée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
J’ai fait une première partie de carrière à Paris dans de grands groupes, principalement en relations investisseurs et en conduite du changement. J’ai aussi fait partie des premiers responsables RSE en France. Je n’avais jamais songé me lancer dans l’entrepreneuriat. C’est la vie qui en a voulu autrement.
En 2005, j’ai dû m’installer en famille à Moscou alors que ce n’était pas vraiment mon choix. J’avais déjà un enfant et j’étais enceinte du 2e. Je savais qu’une expatriation de ce type était peu compatible avec la poursuite de ma vie professionnelle et je voulais plus que tout continuer à travailler. J’éprouvais une urgence de rebondir. Maitriser la langue était devenu obsessionnel, je l’ai appris à marche forcée. Les premiers mois furent très difficiles. Mais au début des années 2000, la Russie était économiquement hallucinante, le pays semblait effervescent, je crois que ça m’a portée. Petit à petit, j’ai commencé à voir les choses sous un autre angle et j’ai commencé à envisager de créer une société. Totalement inconsciente, j’ai alors approché MAGIMIX qui a miraculeusement accepté de me confier sa distribution en CEI. C’était parti.
Qu’as-tu appris lors de cette expérience ?
Ce fut finalement une aventure hors norme et indéniablement cela reste la plus grande aventure de ma vie. J’ai pu pleinement expérimenter le terme « sortir de sa zone de confort », ça fait bateau, mais c’est très vrai. J’ai fait des choses que je n’aurais jamais imaginé faire et j’ai bien compris cette maxime « il faut parfois prendre un gros risque pour aller bien au-delà ». Cette expérience a été un révélateur de moi-même.
Mais nous avons du rentrer… Nous avons choisi de nous installer à Grasse dans notre maison de vacances. Continuer de gérer ma société de France était très compliqué d’autant qu’il a fallu compter avec un imprévu familial.
En effet à cette époque mon fils ainé Noah, a été diagnostiqué avec des troubles cognitifs très sévères : multi dys et hyper actif. S’il a eu une scolarité compliquée dans le primaire, son entrée au collège a été un « game changer » et il aura 18 ans dans un mois. Le sport et la compétition de snowboard au club « Back to back » d’Isola 2000, l’ont également beaucoup aidé.
Comment est née l’application CLEAN BEAUTY ?
La question d’une exposition aux perturbateurs endocriniens s’est peu à peu posée pour tenter d’expliquer les troubles de Noah puisqu’il n’y avait aucun antécédent familial. Je me suis alors intéressée de plus près à « cette soupe chimique » dans laquelle on était tous baignés, sans le savoir. C’est alors que je me posais beaucoup de questions, que j’ai rencontré l’une de mes associées, docteur en pharmacie industrielle, qui avait commencé à développer des soins ultra-clean. Notre société est née de notre rencontre.
Nous sommes parties du constat que tous les jours, une femme s’applique sur la peau plus de 200 ingrédients d’origine chimiques. Nous avons commencé par concevoir une marque de cosmétiques qui évacuait tous les composants controversés et nous avons choisi de la distribuer par la vente directe. Grâce à nos conseillères de vente, nous étions directement en prise avec le terrain. Nous nous sommes rapidement rendu compte que le questionnement sur les ingrédients était très fort.
C’est à ce moment que l’histoire de la société a basculé. Je me répète souvent, « rien ne se passera comme tu le penses ». Pour répondre à ces questionnements, nous avons décidé de lancer CLEAN BEAUTY une application B2C de décryptage des cosmétiques comme un « side project », pour répondre au besoin de nos clientes. Nous nous sommes lancés en même temps que YUKA (16M d’utilisateurs) et nous avons cartonné. Sans budget, sans marketing, mais avec une attente très forte nous avons recueilli rapidement 1M d’utilisateurs. Je devenais alors la créatrice de CLEAN Beauty et plus la CEO d’OFFICINEA !
Mais l’aventure ne s’arrête pas là : l’industrie de la beauté a commencé à nous contacter. Tout d’abord Guerlain, pour participer à leur comité d’éthique. Quelques mois après, Auchan, car ils s’interrogeaient sur leur démarche RSE et cherchaient une solution pour analyser leurs produits sur de très grands volumes : c’est comme cela que BEAUTYLITIC est née. Grâce à l’alliance de la science et de la tech, BEAUTYLITIC est le premier logiciel dans le cloud d’évaluation et de. Data analytics de la composition des cosmétiques à destination de l’industrie pour répondre aux grands enjeux de durabilité, devenus aujourd’hui des enjeux conso clés. La tech est un levier beaucoup plus fort que les produits, nous avons fait le choix de nous concentrer sur cette activité.
Bravo, pour ce parcours incroyable ! Quels sont tes prochains challenges ?
L’international est dans notre ligne de mire : nous avons conçu notre plateforme directement pour cela. Aux USA il n’y a pas de réglementation : en Europe on a 1300 ingrédients interdits ce qui est plutôt rassurant, contre seulement 30 aux USA. L’inquiétude sur les cosmétiques est mondiale, la nécessité de transformer l’offre aussi. Sur certains marchés, Clean Beauty peut nous servir de poisson-pilote. Nous avons pu évaluer le marché lors du CES, Las Vegas, 2019 et établi des contacts. Nous avons fait également une mission avec Rising Sud (le pôle eco région sud) en Californie.
Êtes-vous impactés par la crise du COVID ?
Pendant le 1er confinement, tout s’est arrêté, pour une société qui a 2 ans c’est flippant. Mais la santé est une valeur cardinale en beauté, tout est reparti en juin. La crise du COVID accélère aussi les prises de conscience, entraine des changements de consommation et la nécessité de plus en plus pressante de transformer l’offre. Au final, le contexte actuel est un accélérateur.
Quel a été le rôle d’InnovaGrasse, l’accompagnateur de startup dans ton développement ?
InnovaGrasse a été déterminante. C’est un écosystème entrepreneurial et scientifique génial. Elle héberge un laboratoire de la fac de Chimie de Nice Sophie Antipolis. Nous avons eu accès à des équipements incroyables qui nous ont permis de conduire nos recherches.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ?
Les entrepreneurs en général sont une source d’inspiration. Je n’avais pas cette vision quand j’étais salariée ni en sortant de Science Po Grenoble. Je suis admirative de ceux que se lancent, car c’est une course d’obstacles permanente.
Aurais-tu un livre à nous conseiller ?
Le réchauffement climatique et l’intelligence artificielle sont pour moi les deux plus grands enjeux auxquelles l’humanité a eu faire face. Je ne peux donc que recommander la lecture d’un livre passionnant sur l’IA « IA La plus Grande Mutation de l’histoire » de Kai-Fu Lee.
Ce Taiwanais raconte comment l’IA bouleverser la planète. Il explique comment la Chine utilise « le pétrole du 21e siècle », c’est-à-dire les données générées par ses centaines de millions d’utilisateurs. Grâce à une nouvelle génération d’entrepreneurs et à une course à l’innovation encouragée par les pouvoirs publics, la Chine invente un monde où l’intelligence artificielle se déploie dans toute la société, les restaurants, les hôpitaux, les salles de classe ou les laboratoires. Kai-Fu Lee nous donne sa vision des choses, mais elle vertigineuse et doit appeler à une plus grande prise de conscience sur les impacts sociaux, économiques et géopolitiques de l’IA.
Dans un autre registre sur le monde des start-ups, « Bad Blood » de John Carreyrou est incroyable. L’histoire hallucinante de la montée et de l’effondrement de Theranos, la biotech de plusieurs milliards de dollars fondée par Elizabeth Holmes.
En 2014, la fondatrice et PDG de Theranos, Elizabeth Holmes, était considérée comme le « Steve Jobs » féminin, dont la start-up promettait de révolutionner l’industrie médicale avec une machine qui rendrait les tests sanguins beaucoup plus rapides et plus faciles. Soutenue par des investisseurs tels que Larry Ellison et Tim Draper, Theranos a vendu des actions lors d’une levée de fonds qui valorisait la société à plus de 9 milliards de dollars, portant la valeur de Holmes à environ 4,7 milliards de dollars. Il y avait juste un problème : la technologie ne fonctionnait pas. C’est un livre passionnant qui se lit comme un thriller.
En conclusion aurais-tu une devise ou un mantra ?
Oui, elle me correspond bien et elle s’adresse également à mes clients : « Ce n’est pas la plus forte des espèces qui survit, ni la plus intelligente, mais celle qui réagit le mieux au changement. » — Charles Darwin.
[Blue] Yatching
[Blue] Yachting
Entretien avec Claire Ferandier-Sicard par Sabina Aliyeva de Rosemont pour Sowl Initiative
Claire est dans le monde du yachting depuis plus de 7 ans et elle travaille en tant que Chief Stewardess sur différents yachts. Il y a quelques années suite à un concours JCE qu’elle gagne, elle décide de créer sa société, ETYC. Elle accompagne et forme à Monaco les equipages des yachts aux gestes « Blue ». Elle travaille en partenariat avec la mission énergétique de Monaco et développe de nombreux projets.
Comment vous est venue cette idée ?
J’ai grandi en Guadeloupe et lorsque je venais en Métropole, vers Bordeaux, je ne me rendais pas compte de l’état de la Méditerranée. J’ai pu constater le niveau de la pollution plus tard en voguant avec les yachts et le premier déclic a été lors d’une traversée pour aller en Grèce. Je décide alors de noter dans le livre que j’étais en train de lire, les déchets que je voyais dans l’eau tout au long de la croisière. Puis d’autres moments m’ont tout autant surpris : un jour je remplaçais une Stewardesse sur un autre yacht que celui dont j’ai l’habitude et je remarque qu’ils utilisent encore des gobelets en plastique pour le café. Ils ne se rendaient pas compte que c’est un risque de pollution . Sachant qu’un bateau ça bouge, il y a souvent du vent, ces gobelets pourraient tomber dans l’eau par inadvertance, de même pour une bouteille d’eau en plastique. Or les études pointent des conséquences directes sur l’environnement des yachts.
J’ai donc décidé d’agir. J’ai commencé par faire des recherches sur les formations qui existaient pour les équipages, et s’il y en avait sur les bonnes pratiques à bord en matière d’écologie. Comme cela n’existait pas j’ai décidé de le créé. Je me suis d’abord formée à la norme ISO14001 qui est la plus accessible puis je me suis inspirée du Système de management environnementale pour en créer un spécialement adaptable à l’environnement instable qu’est un yacht. J’ai donc créé un « Système de Management Environnemental ETYC » très facile à mettre en place et adaptable à chaque département du bateau.
Comment avez-vous pu convaincre les propriétaires ? Sont-ils réfractaires ?
Au contraire, il y a plusieurs aspects que nous mettons en avant. D’abord, nos solutions permettent de réduire les coûts à long terme pour les armateurs, ensuite, nous leur faisons également gagner de l’espace à bord car il y a moins de stockage à faire, et enfin le service pour l’armateur reste haut de gamme, et nous leur offrons une nouvelle expérience. D’un autre côté, l’équipage aussi y gagne notamment du temps, car moins d’achats engendre moins de temps pour aller faire les course, pour les ranger et les stocker. L’avantage que nous avons, est que la nécessité de protéger les océans n’est plus à prouver. Nous savons tous que nous devons changer, nous n’avons pas besoins de les convaincre sur ce sujet. Nous devons simplement leur expliquer que les changements que nous apprenons à l’équipage ne rendra pas le service mauvais ou leur bateau low-cost, bien au contraire. Le luxe green ça existe et nous le prouvons.
Pourquoi personne n’y a pensé avant ?
Mettre en place de nouveau process prend du temps, du moins au départ. Le plus gros travail est celui de recherche, comment remplacer ça ou ça, trouver des solutions. La première réflexion qui se fait à bord est celle-ci « j’aimerais changer ma façon de travailler mais je ne sais pas par quoi commencer ». Nous leur apportons des solutions non seulement concrètes en terme de matériel et technologie mais également en terme d’actions et de réflexions. Sur le moment, ils n’y pensent pas car ils sont dans le « rush » des priorités, des travaux maintenance du bateau, etc et donc vont vers la facilité, la routine de travail.
Néanmoins, ils comprennent vite le bénéfice, une fois que tout est mis en place, et bien évidemment l’impact positif sur l’environnement et sur la mer.
La plaisance va-t-elle de pair avec l’écologie ?
Il n’y a aucune raison que cela n’aille pas ensemble. Les yachts ne représentent qu’1% des bateaux et ce ne sont pas les principaux polluants mais ce sont les principaux acteurs financiers de la mer pouvant créer des innovations technologiques impressionnantes et donner l’exemple aux plus petits bateaux. Les grands chantiers type Oceanco ou Lurssen mettent en place des nouveaux procédés, pour des bateaux moins polluant en co2, moins gourmands en énergie et ces installations devraient, selon moi, aller de pair avec le comportement de l’équipage. D’autres sociétés ont développé des initiatives dans ce sens tel que Yacht Carbon offset. Le concept aide l’industrie des super yachts à contrebalancer son impact environnemental : le calcul de CO2 émis par les yachts permet à compenser en développant des énergies non polluantes, c’est la compensation carbone. Dans le Yachting il y a une course à l’innovation et elle va dans le sens de la réduction de la pollution et de l’impact sur l’environnement.
Nous nous devons d’agir ensemble, d’associer la technologie aux comportements humains à bord.
Quel est la prochaine étape au-delà de la formation ?
Je crois en la certification et j’ai créé un PAVILLON ETYC permettant de certifier que le yacht audité respecte les mesures préconisées suite à la formation. De plus en plus de capitaines sont sensibles à cette démarche et nous sommes là pour les accompagner.
Retrouver Claire Ferandier-Sicard et son équipe ETYC www.etyc.fr